NOUVELLES GLANURES
6. Courage moral
.
Résister.
Dans le midi de la France, on peut
voir aujourd'hui encore une tour qui se nomme la Tour de
Constance. Sous Louis XIV, plusieurs femmes protestantes y
furent enfermées parce qu'elles refusaient de
renoncer à leur foi pour plaire au souverain. Dans
cette tour, se trouve une chambre sombre et lugubre,
où ces pauvres femmes passèrent bien des
années de leur vie. Parmi elles se trouvait une noble
huguenote qui s'appelait Marie Durand. Le seul crime qui lui
avait valu la prison, était d'être la soeur
d'un pasteur protestant. Pendant sa captivité, elle
grava avec un instrument de fer, dans la pierre du sol, ce
seul mot : " Résister ". Elle passa quarante ans dans
cette prison. On raconte que sa plus grande consolation, en
gravant ce mot, fut l'espoir que d'autres personnes, venant
après elle, se trouveraient en le lisant
fortifiées dans leur foi.
|
.
Hugo
Latimer.
H. Latimer exerçait à la
cour du roi d'Angleterre, Henri VIII, les délicates
fonctions de chapelain. Il arriva qu'un de ses sermons, dans
sa courageuse droiture, mécontenta le souverain ;
celui-ci ordonna au prédicateur de parler, le
dimanche suivant, de manière à effacer
l'impression fâcheuse produite par sa parole
sévère.
Ce jour amena dans l'église une
foule attentive. Latimer commença en ces termes
:
« Hugo Latimer, sais-tu bien
devant qui tu vas prêcher aujourd'hui ? Devant le haut
et puissant monarque qui a le pouvoir de te faire mourir.
Tiens-toi donc sur tes gardes. Toutefois ne perds pas de vue
que tu es ici le messager du
Tout-Puissant. Veille donc à
remplir ton mandat fidèlement. »
Ensuite il répéta le
sermon du dimanche précèdent.
Après le service, le roi fit
venir son chapelain.
- Comment as-tu osé parler
comme tu l'as fait ce matin ?
- Sire, j'ai fait ce que je devais
vis-à-vis de mon Dieu et de mon roi. Ma conscience ne
me reproche rien.
Henri VIII se leva et lui tendit la
main.
|
.
Héroïque empire sur
soi-même.
Agrippa d'Aubigné,
retiré en Saintonge, y reçoit la visite de
Taley auquel il confesse son extrême dénuement
; il n'a pas les moyens d'aller jusqu'à La Rochelle
où les Huguenots l'attendent. Et Taley d'en profiter
pour lui dire :
- Vous possédez des
pièces concernant la Conspiration d'Amboise et l'une
d'elles porte la signature de ce chancelier de l'Hospital
qui a lâchement délaissé votre parti.
Laissez-moi faire savoir à ses ennemis, ou à
lui-même, que cette pièce compromettante est
entre vos mains; eux ou lui vous donneront bien 100 000
écus pour l'obtenir.
Aussitôt d'Aubigné va
chercher les papiers en question et, brusquement, les jette
au feu en présence de Taley.
- Malheureux, que faites-vous?
- Avec ma pauvreté croissante,
je risquerais de succomber à la tentation ; je
brûle donc ces pièces pour qu'elles ne me
brûlent pas.
|
.
Contre
l'idolâtrie.
Un jour, vers la fin de février
1525, Farel rencontra sur un pont une procession qui
s'avançait en récitant des prières a
saint Antoine. Deux prêtres marchaient en tête,
portant la châsse du saint. Farel croit voir une
troupe d'idolâtres ; son zèle s'enflamme, il
s'indigne, saisit la chasse et la jette du haut du pont dans
la rivière ; puis se tournant vers le peuple, il leur
dit : « Pauvres idolâtres, ne laisserez-vous
jamais votre idolâtrie ? »
Le peuple et les prêtres furent
stupéfaits et « si Dieu, dit un manuscrit,
n'eût par une spéciale providence
protégé Farel, ils l'eussent tué
».
(Farel, par L.
JUNOD.)
|
.
Dieu esprit
et vérité.
Farel, accompagne d'un
jeune homme du Dauphiné, passait, un soir, au pied du
château de Valangin, quand ils furent assaillis par
une vingtaine de personnes qui les frappèrent
à coups de bâtons. Ils se saisirent de Farel et
de son compagnon et les menèrent au
château.
Comme ils passaient
près d'une chapelle, leurs ennemis voulurent les
contraindre à se prosterner devant une image de la
Vierge Marie et à implorer sa grâce. Mais lui
leur disait :
- Adorez un seul Dieu
en esprit et en vérité et non des images
muettes, sans âme ni pouvoir. je crie merci à
Dieu et non à un autre ; c'est lui que j'ai offense
et nous ne devons demander grâce, ni merci à
aucun autre
A l'ouïe de ces
paroles, ils le battirent et frappèrent sa tête
contre la muraille.
(Farel,
par L. JUNOD.)
|
.
Une
fière réponse.
Les bourgeois de
Neuchâtel, après avoir accepté la
Reforme, venaient de supprimer la messe et, dans leur
zèle, estimaient indispensable de faire
disparaître toute trace d'idolâtrie.
Ils brisent les
images, renversent les autels ; les hosties
elles-mêmes sont distribuées et mangées
comme du simple pain.
A cette vue, les
chanoines et les chapelains qui étaient restes
jusqu'ici comme pétrifiés, prièrent le
gouverneur de la ville, Georges de Rive, de rétablir
l'ordre. Celui-ci ordonna aux évangéliques de
paraître devant lui :
- Dites au gouverneur,
répondirent les bourgeois, que pour le fait de Dieu
et concernant les âmes, il n'a point à nous
commander.
(Farel,
par L. JUNOD.)
|
.
Conduit par
l'Eternel.
Comme Farel arrivait
à Bâle, ses amis lui demandaient : Où
allez-vous ?
- Je l'ignore, je ne
sais rien, sinon que je suis contraint par la bonne
volonté de mon coeur d'entrer en l'oeuvre du
ministère.
- Eh bien !
rendez-vous à Berne, sur laquelle l'aurore de
l'Evangile commence à se lever ; mais sachez que des
croix et des tribulations vous y attendent.
- Je ne l'ignore pas,
mais je n'ai aucune crainte, je n'ai dans mon coeur d'autre
voeu que de porter remède à l'ignorance du
peuple et de faire part a d'autres de la grâce que
j'ai reçue de Dieu.
Farel suivit cette
indication providentielle en passant, il voulut visiter
Montbéliard ; on ne l'y reçut point ; c'est
alors que, continuant sa route, il alla, pour la
première fois, à Neuchâtel.
(Farel,
par L. JUNOD.)
|
.
Respect
pour lui!
Un digne pasteur
vaudois remontait la pente rapide qui du lac conduit a l'un
des villages du vignoble. Devant une maison isolée,
deux hommes étaient engagés dans une
conversation assez vive à laquelle mit fin
l'arrivée du pasteur. Au bout de quelques instants,
ce dernier, après un court arrêt, rejoignit un
des interlocuteurs qui avait pris les devants et qui
n'était autre que le nouvel instituteur du
village.
- Monsieur le pasteur,
dit-il, je crains bien de m'être fait un
ennemi.
- Et comment ?
- La personne que je
viens de rencontrer et qui me paraît un des gros
bonnets du village, m'a offert un verre a sa cave et je n'ai
pas accepté. Elle a fini par se fâcher : «
Monsieur le régent, laissez-moi vous donner un bon
conseil. Si vous vous mettez sur le pied de refuser un
verre, vous passerez pour un « fiérot » et
vous vous ferez beaucoup d'ennemis. Allons, entrez !
»
- Et que lui avez-vous
répondu ?
- Merci, je n'ai pas
soif ; je dois rentrer chez moi. Il n'a rien voulu entendre.
Monsieur le régent, m'a-t-il dit encore, si vous me
refusez, c'est fini entre nous.
- Eh bien! mon ami, je
crois que vous pouvez vous rassurer, dit le pasteur en
souriant, je me suis arrêté un instant
auprès de votre homme et savez-vous ce qu'il m'a dit
? « Cette fois, monsieur le pasteur, nous avons un bon
régent. J'ai tout fait pour l'obliger à
prendre un verre à ma cave, jamais il n'a voulu.
Respect pour lui! »
(Bulletin de l'Union
évangélique.)
|
.
Sur la
table d'opération.
Le pasteur G. Pons de
Naples raconte qu'une de ses paroissiennes, mère de
famille, dut aller à l'hôpital pour y subir une
grave opération. Son cas, intéressant pour la
science, avait attiré un grand nombre de professeurs
et d'étudiants. Au moment où on allait la
chloroformer, elle dit :
- Monsieur le
professeur, que Dieu conduise votre main !
Ces mots furent
accueillis par les rires de plusieurs des assistants. Mais,
sans se laisser intimider, la malade jeta sur ceux qui
l'entouraient un regard plein de fermeté :
- Oui, messieurs,
dit-elle, que Dieu veuille conduire la main de celui qui
doit m'opérer !
Cette fois, il n'y eut
plus de rires. Le médecin lui-même, un homme a
cheveux blancs dit, les larmes aux yeux :
- Vous avez raison ;
sans le secours de Dieu, nous ne pouvons rien faire.
|
.
Pour le
Maître
Voyageant, un jour, en
wagon avec une troupe d'ouvriers à moitié
ivres qui proféraient d'épouvantables
blasphèmes, Dora Pattison, la brave infirmière
anglaise connue aussi sous le nom de Soeur Dora, se dressa
de toute sa hauteur et leur cria à haute voix :
« je ne veux pas entendre parler ainsi du Maître
que je sers. » Ces hommes se jetèrent alors sur
elle avec des menaces et des injures, puis la tinrent de
force à sa place.
Quand elle
réussit à sortir du wagon, elle entendit une
voix rude lui dire : « Touchez-la, Madame, vous
êtes une brave et crâne femme ! Vous aviez
raison et nous avions tort. » Elle toucha la main
à cet homme qui s'éloigna rapidement.
|
.
David et
Goliath.
Dans une famille de
mineur belge. Le père boit depuis longtemps et
toujours plus. La vie de la famille est un enfer :
misère, disputes, coups. Une enfant, une fillette qui
va aux réunions des protestants, qui donne son coeur
à Dieu. Menaces du père, interdiction,
violences. L'enfant, chassée de la chambre de
famille, se retire dans un bûcher pour prier. Et
voilà qu'un jour le père rentrant entend un
murmure de voix qui sort du bûcher. Il s'approche, il
écoute, il entend son enfant qui prie avec tant de
ferveur que soudain, il est étranglé par
l'émotion, toute l'ignominie de sa vie lui est
révélée, son coeur est brise : l'enfant
a vaincu le géant, David a vaincu Goliath !
|
.
Sur la
grande place.
Sur la grande place
d'Estavayer, le dernier samedi de juillet 1919. Toute la
population est rassemblée pour accueillir le
Président de la Confédération, Gustave
Ador, en passage. Autorités, musiques, police. On
attend. Pour le moment, c'est une pauvre vieille femme,
ignorante et inconsciente de tout ce qui se passe, qui
traverse péniblement la place, son
seau a la main, pour
aller chercher de l'eau à la fontaine. Un jeune homme
dans la foule. Sa conscience lui dit : Va aider à
cette pauvre femme. - Mais « tout le monde » est
là qui te verra... qu'est-ce que « tout le monde
dira... » « tout le monde » se moquera de toi
... «tout le monde » dira que c'est pour la blague
... « Vas-y » dit la voix intérieure. Un
moment d'hésitation et sous les regards de tous, le
jeune homme rejoint la vieille à la fontaine et lui
porte son seau a travers la place : David a vaincu Goliath
!
|
|