Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



 PREMIERE PARTIE

A CARTHAGE,
AUX LIONS
LES CHRÉTIENS

Introduction

Carthage ne présente plus que quelques ruines dans un des cadres les plus admirables du monde. Centre commercial très important, elle comptait au moment de sa gloire plus de 700.000 habitants de différentes provenances. Elle avait été fondée en 814 avant Jésus-Christ par les Phéniciens qui avaient à leur tête la légendaire reine Didon. Ce peuple de marins et de commerçants s'étendait sur le littoral qui aujourd'hui se rattache au Liban.
Carthage, par son développement considérable, attira l'attention des Romains qui en devinrent les ennemis acharnés. Après plusieurs guerres, ils la détruisirent totalement au cri de « Delenda est Carthago», «Carthage doit être détruite !». La ville fut néanmoins rebâtie et devint l'opulente capitale de la province romaine dite «Africa». Ce nom fut repris dans la suite pour désigner tout le continent.
On ne sait rien du moment ni de la manière dont le christianisme s'y implanta.
Les visions dont il est question dans le récit étaient fréquentes chez les premiers chrétiens, comme d'ailleurs dans bien des épisodes bibliques.
Les églises de la Tunisie et de l'Algérie qui se sont plus tard rattachées à Rome ont complètement disparu.


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Drôle de dialogue dans une prison

- Saturus, Saturus !

À cet appel, se lève un homme couché dans un cachot infect et obscur, où quelques prisonniers misérablement vêtus étouffent de chaleur. Il a reconnu la voix et s'écrie :
- C'est toi, Perpetua ? Enfin je te retrouve. Comment sais-tu que je suis ici ?
- La nuit dernière, je t'ai vu en rêve et depuis ce moment-là, j'étais persuadée que tu nous rejoindrais. Tous les bruits de la prison nous sont familiers. Ce matin, j'ai entendu le geôlier ouvrir la porte de ta cellule et dire : « Voilà un imbécile qui s'est dénoncé comme chrétien. On ne lui demandait rien. Mais puisqu'il se déclarait lui-même coupable, on a bien dû l'amener ici. Quel idiot ! » Saturus, les gardiens n'ont rien compris à ta noble attitude. Toi, notre catéchiste, tu as voulu partager nos souffrances et venir ici te livrer à nos bourreaux, alors qu'à Thuburbo, sans qu'on sache pourquoi, tu as échappé à la police impériale qui poursuivait les chrétiens.
- Perpetua, je n'aurais pas pu supporter un jour de liberté supplémentaire, en vous sachant en danger de mort. Je suis accouru au plus vite à Carthage non pas à votre secours, car hélas ! il n'y a rien à faire. L'édit du nouvel empereur romain Septime Sévère, qui remonte au début de cette année, est formel : tous les nouveaux convertis doivent être mis en jugement. On m'avait oublié, j'ai réparé cet oubli et je suis heureux d'être avec vous. Nous serons jugés ensemble, et, s'il le faut, nous mourrons ensemble pour le Christ. Es-tu prête au grand sacrifice ? Dans quelques jours, nous serons peut-être exposés aux bêtes. As-tu peur ? jusqu'à présent tu as courageusement confessé ta foi dans ta ville natale, où chacun avait de la considération pour toi. Tu as résisté à tous les arguments du diable. Sois fidèle jusqu'à la mort !
- Oui, Saturus, je le serai. Souffrir pour le Christ, c'est un privilège et une joie. je suis toujours en communion avec Dieu qui répond à mes prières. il me rassure par les rêves que je fais.
- Quel est le rêve où je suis intervenu, Perpetua ? Dieu nous révèle beaucoup de choses par les songes.
- Eh bien ! Saturus, j'ai vu tout d'abord une échelle d'or. Le sommet touchait au ciel, le pied était gardé par un dragon hideux. Et toi, Saturus, je t'ai vu gravir les échelons. Tu avais beaucoup de peine, parce que les montants étaient hérissés de glaives bien tranchants, et tu devais chercher les rares endroits où tu pouvais poser tes mains. Mais rien ne t'arrêtait. Tu allais toujours plus haut. Et voilà que tu m'as fait signe de monter à mon tour.
- C'est exact, Perpetua. Je t'ai appelée à la foi.
- Avant de mettre le pied sur le premier échelon, j'ai poussé un cri en apercevant le dragon couché qui me barrait le passage. C'était comme une prière qui sortait du coeur : « 0 Jésus, viens à mon aide ! » Aussitôt, d'un coup de pied, j'ai eu la force d'écraser la tête du monstre et j'ai pu me mettre à grimper. Ce fut aussi difficile que pour toi. Tout à coup s'étendit devant moi un immense jardin herbeux. Au milieu un vieux berger de haute stature était en train de traire les brebis de son troupeau. Des milliers d'agneaux tout blancs paissaient en paix dans cette prairie. Le berger leva la tête et m'accueillit avec douceur. « Salut, mon enfant, me dit-il, approche-toi et prends la nourriture que je te donne.» je fis quelques pas dans sa direction, et il me tendit une bouchée de fromage, que je reçus les mains jointes. Nous mangions aussi du fromage dans les repas fraternels qui suivaient nos réunions à Thuburbo. Tandis que je l'avalais comme une nourriture sacrée, je me vis entourée d'une assistance nombreuse qui disait d'une voix forte : « Amen ! » C'est cela qui m'a réveillée, et je me suis retrouvée sur mon grabat de prisonnière, avec un goût suave dans la bouche. J'ai compris que la mort me serait douce. Aussi je n'ai aucun souci à me faire. Dieu y pourvoira. Tu m'écoutes, Saturus ?

Saturus doit tendre l'oreille pour écouter Perpetua. La muraille qui sépare les deux cachots est épaisse, et les prisonniers ne suivent pas ce dialogue. Ils se déplacent dans l'étroite cellule où ils sont enfermés, et cela fait du bruit. On ne peut pas crier trop fort, les gardiens entendraient et appelleraient vite les soldats pour faire taire les captifs qu'ils accuseraient de mutinerie

Les prisonniers ne s'attendent à rien de bon. Il y a des voleurs et des criminels, mais aussi des adeptes de cette foi nouvelle qui commence partout à s'infiltrer, dans toutes les couches de la population. Les chrétiens, que peuvent-ils redouter ? ils n'ont pas peur de la mort, mais ils ne savent pas encore quel sera leur supplice. Ils attendent avec patience le procès, en priant pour leurs persécuteurs. Vont-ils être offerts en spectacle à la population de Carthage qui aime tant les combats de gladiateurs contre les fauves ? ils somnolent plutôt qu'ils ne dorment, et dans l'état de veille où ils se trouvent, ils ont des moments d'extase, favorisés par leur épuisement physique. Ils ont des visions et en éprouvent un grand réconfort.

- Eh bien ! Perpetua, je pense bientôt connaître, comme toi, la vraie félicité. Le Christ n'a-t-il pas promis la couronne de vie à ceux qui persévèrent jusqu'à la fin ?
- Tu sais, Saturus, j'ai fait encore d'autres rêves. J'ai vu mon frère Dinocrates, qui est mort à sept ans à Thuburbo, tu te souviens ?
- Oui, Perpetua, il avait une affreuse plaie au visage qui le faisait terriblement souffrir. Il se cachait quand on venait chez toi.
- Saturus, Dinocrates m'est apparu tout d'abord dans un endroit obscur avec d'autres gens misérables comme lui. Il était morne et défiguré plus que jamais. Je le voyais marcher pour venir jusqu'à moi, mais il était incapable d'avancer. Il y avait un réservoir plein d'eau fraîche. il voulait s'en approcher pour boire, car il avait une soif dévorante, mais l'eau s'éloignait de lui. J'en fus si affligée que je me réveillai en sursaut.
- Crois-tu que ton frère est malheureux au ciel ?
- Attends la suite. J'ai revu mon frère, un peu plus tard. Il était tout à fait transformé. Enveloppé de lumière, il rayonnait et buvait à longs traits de l'eau du réservoir dans un vase d'or qui n'était jamais vide. Oh ! comme il se livrait joyeusement à ses ébats d'enfant ! J'ai compris qu'il avait passé de notre monde, où il n'a connu que les ténèbres, à la merveilleuse vie du royaume de Dieu.

Saturus ne réagit pas. Il fait silence, car il vient d'entendre un bruit de ferraille. Son regard se dirige vers la lourde porte qui, entrebâillée, laisse passer le geôlier suivi de deux inconnus.


Table des matières

 

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