MÉDITATIONS EN MARGE DE L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC
PRÉFACE
Entre le moment où les pages qui suivent nous ont
été confiées et la date où leur
publication est devenue possible, celle qui les
rédigea est entrée dans le monde invisible,
suivie de près par son mari.
Mme J. Pannier a tenu une place trop importante
dans les milieux protestants, en particulier dans les
mouvements de jeunesse féminine, pour qu'il soit
nécessaire de la présenter aux lecteurs. Ce
n'est pas davantage le lieu de retracer les multiples
aspects de son activité au service du Maître.
Cette femme de grand coeur, également pourvue des
dons les plus variés, n'eût d'ailleurs pas
admis qu'on s'attardât à parler d'elle au seuil
de cet ouvrage.
Son but, ici, comme en toutes choses, fut de
s'effacer elle-même pour laisser parler son
Maître. Et la valeur de ces pages tient
précisément à ce qu'elles ne sont pas
des commentaires de caractère intellectuel, fruits de
recherches théoriques, d'études linguistiques
ou théologiques. Elles sont des
interprétations vivantes, à la lumière
de longues expériences approfondies par une dure
épreuve, de la pensée et de l'enseignement de
Jésus. La vaste culture dont l'auteur pouvait se
prévaloir, ne transparaît - par exemple dans le
choix judicieux des citations ou le rappel de certaines
données géographiques ou historiques - que
pour mettre plus nettement en évidence la
vérité évangélique, afin qu'elle
agisse plus efficacement sur l'âme qui s'en
nourrit.
Cet ouvrage est comme le testament spirituel que
laisse Mme Pannier à tous les disciples du Christ qui
demeurent à l'oeuvre au milieu de leurs
frères. Ils y trouveront le secret d'un amour plus
intense, d'une fidélité, d'une puissance et
d'une joie renouvelées, dans cette intime communion
avec le Maître qui se dégage de chacune de ses
pages. lis affermiront leur volonté de service au
contact de cette intention qui constamment s'affirme, mais
se précise avec une netteté
particulière dans la conclusion, traduisant le but
poursuivi par l'auteur pendant sa vie tout entière :
être toujours un témoin du Sauveur.
Quant à ceux qui, encore aux
frontières de la foi, liront ce livre dans
l'intention d'aller à la rencontre de Jésus
pour l'interroger par eux-mêmes, ils ne manqueront pas
d'éprouver la sincérité et la
délicatesse avec lesquelles l'auteur leur facilite le
chemin.
Puisse nombre d'entre eux, au cours de ces
méditations, recevoir la lumière qui
transfigure la vie. C'est à la fois le voeu le plus
cher de l'amie qui nous les confia avant de retourner
à Dieu, et de ceux qui les livrent aujourd'hui au
public.
Edmond MERCIER
Directeur des Publications
de la Société Centrale
Évangélique.
.
INTRODUCTION
Ces méditations ont été
écrites pendant des mois de maladie et
d'immobilité forcée. Elles n'ont aucunement la
prétention d'être un commentaire
exégétique ou théologique et n'ont rien
d'original. Si elles sont le fruit d'heures de retraite et
de silence, elles le sont probablement plus encore de tout
ce qu'a pu recevoir des autres chrétiens, pendant sa
vie, une femme qui bénit Dieu d'avoir beaucoup
entendu, beaucoup lu, beaucoup vu et à qui Il a fait
la grâce de cheminer longtemps avec Lui.
Telles quelles, dans leur simplicité,
elles ont aidé celle qui les a pensées devant
Dieu à se rapprocher de son Sauveur, à Le voir
vivre, agir, souffrir. Mon seul désir et ma
prière ardente est qu'il en soit de même pour
quelques-uns de ceux ou de celles qui les liront.
J. PANNIER-SCHLOESING.
.
LES ORIGINES DE
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC
QUI ÉTAIT
L'ÉVANGÉLISTE LUC ? SON HISTOIRE
Sur la côte nord-ouest de l'Asie Mineure, au pied
du Mont Ida, célèbre dans la mythologie
grecque, et non loin de l'endroit où jadis
s'élevait la ville de Troie, était
situé le port de Troas, au premier siècle de
l'ère chrétienne. C'était un de ceux
qui reliaient l'Europe à l'Asie à travers la
mer Égée, semée des îles
grecques. Alexandre y avait débarqué et les
souvenirs de l'Iliade d'Homère y demeuraient
encore.
Mais ce n'étaient certainement pas ces
souvenirs qui habitaient la pensée de l'apôtre
Paul quand, au cours de son deuxième grand voyage
missionnaire, il arriva à Troas.
Il avait eu le chagrin, à Antioche de
Syrie, de voir Barnabas et Marc se séparer de lui.
Seul Silas était resté son fidèle
compagnon. À Lystre, sur les hauts plateaux, il avait
pris avec lui le jeune Timothée, fils d'un
père grec et d'une mère israélite
pieuse. L'ayant circoncis, il l'instruisait jour
après jour, le formant pour le saint
ministère. Mais si à Iconium, à Lystre
et à Derbe, les Églises naissantes
étaient affermies dans leur foi, dans la province
d'Éphèse et en Bithynie la porte paraissait
pour le moment fermée à l'Évangile :
« Le Saint-Esprit les empêchait d'annoncer la
Parole », dit le livre des Actes, et c'est l'âme
triste que Paul dut arriver à Troas.
Dieu ne laisse pas longtemps sans indication ceux
qui s'abandonnent complètement à Lui. A ce
moment de la vie de l'apôtre, Il
lui envoya une vision nocturne, celle d'un Macédonien
l'appelant en Europe. C'était une direction
précise.
À ce moment aussi apparaît, dans la
pénombre, un nouveau compagnon, Luc, le modeste
auteur du Livre des Actes et du troisième
Évangile.
Qui était ce Luc ? Son nom indique son
origine grecque. Des exégètes l'ont fait
naître à Philippe de Macédoine, d'autres
à Antioche, d'autres encore à Troas. Aucune
indication n'est donnée à ce sujet dans le
Nouveau Testament. Ce que nous savons par les
épîtres de Paul, c'est qu'il était
médecin; « le médecin bien-aimé
».
L'apôtre le connaissait-il avant cette
rencontre à Troas où Luc décide de
l'accompagner dans son voyage en Europe ? Le pluriel «
nous » est employé par l'écrivain du
livre des Actes pour la première fois dans ce
chapitre XVI. Peut-être servit-il de guide à
ses compagnons dans ce premier contact avec la
Grèce.
À Philippes il assista au culte, sur le
bord de la rivière, demeura chez Lydie avec
l'apôtre, vit celui-ci et Silas arrêtés
et menés en prison. Mais quand ils furent
relâchés et quittèrent la
Macédoine, Luc resta à Philippes et comme il
ne parle de lui-même que pour mieux parler de Paul,
nous ne voyons le mot « nous » reparaître
qu'au moment du troisième voyage missionnaire, quand
l'apôtre revient à Philippes.
Pendant ce long intervalle, le médecin Luc
est-il resté dans cette ville de Philippes ?
Contribua-t-il par sa présence, par son
ministère laïque, à édifier
l'Église, une des plus chères au coeur du
grand apôtre « ma joie et ma couronne »,
écrit-il) ? Nous l'ignorons encore, mais pouvons le
supposer. Ce que nous devinons de
l'évangéliste à travers ses
écrits cadre si bien avec ces chrétiens de
Philippes à qui Dieu avait fait la grâce «
non seulement de croire en Lui, mais encore de souffrir pour
Lui », et qui savaient si généreusement
subvenir aux besoins de leur père spirituel.
Paul, accompagné cette fois de sept
auxiliaires
(Actes, XX, 4) se dirige vers Troas, où
deux d'entre eux l'ont précédé.
Puis, après sept jours passés dans
cette ville, une partie de ses compagnons, dont Luc, va
jusqu'à Assos, où l'apôtre les
rejoint par terre. C'était au
printemps déjà avancé, puisqu'ils
avaient célébré la fête de
Pâques à Philippes; la navigation parmi les
îles, Chios et Samos, devait être magnifique.
Enfin ils arrivent à Milet, et Luc décrit avec
émotion la visite des anciens de l'Église
d'Éphèse et les adieux de l'apôtre Paul.
Puis de nouveau l'on repart par mer, longeant la côte
d'Asie Mineure, s'embarquant ensuite à Patara en
Lycie pour la Phénicie, faisant escale à Tyr,
puis à Ptolemaïs, arrivant enfin à
Césarée.
De là, malgré les avertissements
contraires et l'angoisse des chrétiens,
l'apôtre veut se rendre à Jérusalem.
« Comme il ne se laissait pas persuader, nous ne le
suppliâmes pas davantage, et nous dîmes : «
Que la volonté du Seigneur se fasse », dit
Luc.
On ne sait pas si c'était le premier
séjour de l'auteur du troisième
évangile à Jérusalem. Il y est
resté pendant la captivité de l'apôtre
Paul, l'accompagnant peut-être à
Césarée, mais, modestement, il rentre encore
dans la pénombre jusqu'au temps où
l'apôtre, en ayant appelé à
César, est emmené à Rome.
Est-ce pendant cette période de la vie de
l'apôtre Paul que Luc a interrogé à
Jérusalem les témoins oculaires dont il parle
dans le prologue de son Évangile ? Nous aimons
à nous le figurer dans l'Église, recherchant
ceux qui avaient eu la douceur de connaître
Jésus pendant sa vie terrestre et de le suivre en
Galilée et en Judée, les faisant parler
longuement du Sauveur, confrontant leurs divers
récits avec ce qu'il savait déjà et ce
que lui avait, de son côté, enseigné
l'apôtre Paul.
Il n'oubliait pas celui-ci, et l'histoire de la
comparution de l'apôtre devant Festus puis devant
Agrippa et Bérénice est si
détaillée, si vivante, qu'il est probable que
Luc mêlé à la foule put y assister. Ce
qui est certain, c'est qu'il s'est embarqué avec
l'apôtre quand celui-ci partait pour Rome, prisonnier.
Lui-même paraît avoir été libre et
être à bord comme passager, peut-être
même comme médecin. Il est là au moment
du naufrage et une fois de plus s'efface entièrement,
pour mieux mettre en lumière le courage et la foi de
Saint Paul. Et quand, après toutes les
péripéties du dangereux voyage on
débarque en Italie, il le suit
encore jusqu'à Rome. Pour beaucoup
d'exégètes, c'est pendant les deux
années où Saint Paul était prisonnier
dans la ville éternelle que Luc écrivit son
Évangile et le livre des Actes.
Luc est cité trois fois dans les
épîtres. La première fois c'est dans
l'épître aux Colossiens écrite soit
pendant la captivité à Césarée,
soit pendant la première captivité à
Rome du grand apôtre. Luc y est appelé le
« médecin bien-aimé », et nous
pouvons penser qu'il était autorisé à
donner des soins à son père spirituel. Dans
l'épître à Philémon, datant de la
même époque, il est appelé « mon
collaborateur » par l'apôtre. Dans la
deuxième épître à
Timothée, Saint Paul, probablement captif une seconde
fois à Rome, écrit : « Luc seul est avec
moi. »
Fidélité dans le travail, dans les
voyages, les souffrances, les persécutions, la
prison, qui nous font voir à travers
l'écrivain le compagnon dévoué, le
disciple constant qu'était Saint Luc, un ami plein de
prévenance et d'affection.
SON CARACTÈRE
Médecin, ayant probablement fait de bonnes
études, peut-être en Grèce même,
Luc était un homme cultivé, d'une culture
générale assez différente de cette
culture rabbinique que Paul avait reçue à
l'école de Gamaliel. Il écrivait en grec, sa
langue maternelle, et très probablement pour
d'anciens païens grecs et latins. Il veut les instruire
dans la foi en Jésus-Christ. L'un d'eux était
cet excellent Théophile, « ami de Dieu »,
auquel il a dédié son Évangile et le
livre des Actes, selon une coutume de son temps et de son
pays.
Grec par son origine et sa première
éducation, Luc l'est aussi par certains traits de son
caractère. Tout son Évangile est plein d'une
poésie qui, à côté de la
révélation qu'il nous transmet par le
Saint-Esprit, en fait un livre charmant. Les
premières pages avec les figures délicieuses
d'Élisabeth et de Marie, les cantiques magnifiques de
Zacharie, de la mère de Jésus, de
Siméon, les récits de l'Annonciation, de la
nuit de Noël, de l'adoration des bergers, toute
l'atmosphère de Bethléem
autour du Sauveur enfant, ont non seulement rempli de
lumière, siècle après siècle, la
foi des croyants, mais ont encore été pour
l'art, la peinture, la musique, la littérature, les
inspirations les plus merveilleuses qu'on puisse
rêver. À travers les phrases de
l'évangéliste, d'un style si précis et
si pur, toutes les générations ont
participé à la joie annoncée par les
anges, et se sont agenouillées devant la
crèche du divin nouveau-né.
Puis c'est la Galilée, son paysage si
mesuré, si paisible, le lac inondé de
lumière, le plateau plein d'herbe et de fleurs
où Jésus enseigne, nourrit les foules,
Capernaüm où Il guérit les malades.
jamais Lin mot inutile, une description purement
littéraire et pourtant, pas à pas, comme si
nous avions eu le privilège d'être un de ses
auditeurs, nous suivons « le Seigneur ». Luc
l'appelle ainsi plus souvent que Matthieu et Marc, et c'est
lui aussi qui a recueilli les paraboles exquises où
en quelques mots, et d'une manière à la fois
frappante et poétique, le Sauveur a condensé
son enseignement sur son oeuvre de rédemption : la
drachme perdue, l'enfant prodigue
(1). « Le Fils de
l'homme est venu chercher et sauver ce qui était
perdu. » Tout l'Évangile de Luc est
résumé dans cette phrase. C'est la vraie bonne
nouvelle du salut que ce Grec, disciple de l'apôtre
Paul et humble historien du Seigneur Jésus-Christ
veut aider à transmettre au monde païen dont il
est sorti. Saint Paul l'avait formé à son
école; Tertullien l'appelle «l'illuminateur
» de Luc. L'évangéliste avait appris
à connaître les richesses de l'Ancien
Testament. Mais, comme les disciples sur le chemin
d'Emmaüs dont il nous a transmis l'histoire, son coeur
brûlait au dedans de lui-même quand à
travers les écrits des prophètes il
découvrait par avance la personne du Sauveur. Pour
lui plus encore que pour Matthieu et Marc, Jésus
n'est pas seulement le Messie promis, des siècles
à l'avance, ou le Fils du Dieu vivant; Il est tous
les deux, mais Il est aussi et surtout le nom « le seul
nom donné aux hommes par lequel ils puissent
être sauvés », ce nom devant lequel tout
genou fléchira dans les cieux, sous
la terre, et sur la terre, et toute langue confessera que
Jésus-Christ est le Seigneur à la gloire de
Dieu le Père.
Une autre note qui résonne dans cet
Évangile est celle de la joie, celle qui
éclate dans les cantiques des premières pages,
et la joie du ciel pour tout pécheur qui se repent.
Aux heures douloureuses du ministère en Judée,
elle est comme voilée, et Luc suit, comme les autres
évangélistes, le coeur brisé, le chemin
du Calvaire, mais avec la résurrection le soleil
brille de nouveau, et après l'ascension c'est sur une
note d'allégresse et de louange que se termine
l'Évangile : « Les disciples, l'ayant
adoré, s'en retournèrent à
Jérusalem pleins d'une grande joie, ils se tenaient
continuellement dans le temple, louant Dieu. »
Louanges de Dieu, voix qui
s'élèvent pour le glorifier, actions de
grâces des malades guéris, des aveugles qui
voient, hosannah des foules qui assistent aux miracles, joie
des anges qui accueillent les pécheurs repentants,
Luc aime à nous en conserver le souvenir. « Le
Grec converti a vu de trop près le monde païen
pour se faire illusion sur l'humaine misère, mais il
sait que la grâce est la plus forte, et que l'Esprit
saint est ouvrier de rénovations merveilleuses
(2). » Ceci donne
à son message une force de joie qui rappelle la
recommandation de l'apôtre Paul : «
Réjouissez-vous dans le Seigneur; je vous le dis
encore : réjouissez-vous! »
QUELLES SONT LES SOURCES DE CET ÉVANGILE?
Luc nous les fait connaître lui-même dans les
versets 1 à 4 de son premier chapitre. Aux
premiers temps de l'Église, après la
Pentecôte, la prédication des apôtres,
témoins oculaires de la vie de Jésus, fut
certainement orale. Mais, au bout d'un certain nombre
d'années, sous l'influence de ces mêmes
apôtres, quelques personnes essayèrent de
mettre par écrit ce qu'elles avaient entendu. Il y
eut alors ce qu'on appelle des «
catéchèses », résumés de
l'enseignement de tel ou tel des disciples du Sauveur. On a
pensé que l'Évangile de Marc fut ainsi la
catéchèse de l'apôtre Pierre,
écrit directement sous l'influence de celui-ci. Luc a
dû avoir connaissance de cet Évangile, dont il
suit le plan pendant toute une partie du sien. Mais, ayant
eu le projet de le compléter, il a probablement pris
connaissance d'autres catéchèses, et
peut-être aussi de l'Évangile de Matthieu.
Certainement (comme il le dit lui-même) il a
interrogé de nombreux témoins et fait des
recherches exactes. On peut même se demander s'il n'a
pas pu voir Marie, la mère de Jésus, et si
elle ne lui a pas ouvert ce trésor de merveilleux
souvenirs sur l'enfance de son fils « qu'elle gardait
et repassait dans son coeur ». C'est peut-être ce
qui a donné lieu à la légende qui fait
de Luc le peintre de la Vierge : légende que,
d'ailleurs, tous les exégètes sérieux
ont rejetée.
Tout cela : catéchèse des
apôtres, enseignement de Saint Paul, récits des
témoins, c'est la trame humaine du livre, mais il
faut y chercher autre chose, sans laquelle ni la
fidélité ni le talent de l'écrivain
n'auraient suffi à faire, pour nous, de cet
Évangile ce qu'il est : la révélation
merveilleuse du Fils de Dieu, notre Sauveur.
Pour arriver à nous pénétrer
de ce mystère, nous songeons à un paysage de
montagne que nous avons eu souvent sous les yeux : un
premier plan de sapins et de prairies, des murailles hautes
de rochers dénudés, un commencement de glacier
avec sa moraine grise, une vallée solitaire
s'enfonçant dans le brouillard; tout cela triste,
terne, sous un ciel bas et gris.
Puis, du sommet du Mont Blanc, un grand coup de
vent des hauteurs balaie tous les nuages, et sous la
splendeur merveilleuse du soleil, les cimes
étincelantes de lumière apparaissent. Les
sapins se dessinent admirablement sur le ciel bleu, la
prairie s'émaille de fleurs, la vallée s'anime
de cloches de vaches, le glacier à la moraine grise
devient un grand fleuve blanc, et les rochers
eux-mêmes prennent des teintes magnifiques. Tout est
changé parce que la lumière de Dieu brille sur
le paysage.
Il en est de même de l'Esprit qui a
vivifié, inspiré, illuminé
les pages de l'Évangile. Luc,
consciencieusement, patiemment, avec fidélité,
zèle, foi, a recueilli tous les documents. Puis
apportant tout cela à Dieu, il s'est mis humblement
à la disposition de son Seigneur, ne demandant plus
qu'une chose : rendre témoignage à son
Sauveur, et apprendre à Théophile, à
ses amis, à mieux Le connaître pour mieux
L'aimer et mieux Le servir.
Sous l'influence du Saint-Esprit ce qui
n'était qu'un récit humain est devenu la
parole de Dieu, la manifestation vivante de son amour, le
portrait du Fils unique venu du Père pour nous
apporter le salut et la paix. Mystère profond si
souvent caché aux savants qui, se servant de leurs
lunettes humaines, ont traité ce petit livre comme un
document d'histoire quelconque; mais
révélé à ceux qui croient,
à des enfants, à des esprits tout simples et
droits, comme aux plus grands chrétiens. «
L'Esprit de vérité vous conduira dans toute la
vérité », a dit le Sauveur à ses
disciples.
Laissons-nous donc, humbles lecteurs de Saint
Luc, conduire par cet Esprit. Si nous lisons et relisons cet
Évangile, le méditant jour après jour,
la figure de notre Sauveur bien-aimé se dessinera
pour nous à travers ses pages bénies. L'Esprit
de Dieu éclairant la parole écrite nous
amènera à mieux contempler la Parole vivante.
Et puisse Dieu nous faire la grâce de devenir à
notre tour les témoins de l'amour du Père
révélé en Jésus-Christ, notre
Sauveur.
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