Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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MÉDITATIONS EN MARGE DE L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC


LE TEXTE DE L'ÉVANGILE
ZACHARIE ET ÉLISABETH
LUC, 1, v. 5 à 25.

 

Dans le chapitre III de son Évangile, Luc précisera plus tard la date du commencement du ministère de Jean-Baptiste, insérant dans la trame de l'histoire humaine la date de l'apparition du Fils de Dieu. Autour de l'Évangile de l'enfance, la chronologie est moins précise.

« Au temps d'Hérode ». C'était Hérode le Grand, gouverneur de la Palestine au nom des Romains. Dans la première scène trois personnages seulement : un vieux couple fidèle, digne, pieux, à qui n'a pas été donnée la joie d'avoir des enfants, un ange du Seigneur : Gabriel. Zacharie est désigné par sa classe et par le sort pour aller à Jérusalem dans le lieu saint, à côté du Saint des saints, offrir l'encens sur l'autel des parfums, à l'heure bénie de l'adoration du soir. Au dehors, sur le parvis d'Israël et le, parvis des femmes, le peuple prie, et dans le temple, dans sa haute fonction sacerdotale, Zacharie est là, en la présence de Dieu.

Voici soudain l'apparition de l'ange, le trouble du sacrificateur, et les promesses qui lui sont faites au nom de l'Éternel. Tout d'abord : « Ta prière est exaucée. » La longue attente de ceux qui avalent tant désiré un fils et mis en Dieu leur espérance pour cela, va être terminée, et en même temps c'est l'attente, c'est l'espérance d'Israël, qui vont recevoir leur couronnement. Ce fils qui va naître, sujet de joie et d'allégresse pour ses parents, sera un serviteur du Très-Haut.

« Il sera grand devant le Seigneur », dit Gabriel. Bossuet, commentant ce verset, et le rapprochant de la promesse faite à la Vierge Marie quelques mois plus tard, écrit : « Jésus sera grand comme le Fils, Jean sera grand comme un serviteur, comme un héraut qui marche devant son maître et Inspire le respect à tout le monde. Jésus est grand par son essence et Jean sera grand par un éclat et un rejaillissement de la grandeur de Jésus. »

« Il sera rempli du Saint-Esprit, marchera devant Dieu et préparera au Seigneur un peuple bien disposé. » Devant la grandeur de cette promesse, Zacharie tremble et doute. Nos âmes humaines, même quand elles ont demandé les grâces de Dieu et se sont préparées à les recevoir, ont peine à en saisir toute la beauté et la profondeur. C'est dans un silence forcé, descendant sur lui comme un châtiment de son manque de foi, que Zacharie retourne à son foyer. Ce silence, Élisabeth le partagera à son tour, et cachera aux yeux de tous la bénédiction qui lui sera faite, et dont elle ne comprendra que plus tard la grandeur.

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L'ANN0NCIATI0N
LUC, 1 : 26 à 38.

Nazareth est une petite ville cachée dans un repli des collines de Galilée. Même après dix-neuf siècles de christianisme, malgré ses églises, ses couvents, ses Pèlerinages, elle reste une humble bourgade sans éclat. Dans un coin de la basilique, dont, les murailles, dit-on, remontent au temps de Saint Louis, on vous montre un piller près duquel aurait eu lieu l'apparition de l'ange Gabriel dans la chambre de la Vierge Marie. D'autre part J'ai sous les yeux en écrivant, une reproduction de la délicieuse Annonciation de Fra Angelico avec le petit cloître florentin plein de douce lumière, et l'atmosphère de pureté et de recueillement, baignant les deux figures exquises, inclinées l'une en face de l'autre. Cela et les cloches sonnant l'Angélus dans la paix des campagnes, et les Ave Maria s'élevant de tant d'églises et de couvents, c'est la poésie traditionnelle de cette page de Saint Luc. Mais là n'est pas sa vraie grandeur. Elle est ailleurs.

Elle est d'abord dans le mystère de l'Incarnation. Dieu, le Très-Haut, le Tout-Puissant, envoyant son Fils sur la terre dans une humble chair mortelle. Celui que de toute éternité les anges adorent, va naître d'une femme, devenir un de ces petits sans défense qui vagissent dans les bras de leur mère, un être soumis à la maladie, à la souffrance, à la mort. Mystère adorable de l'amour du Père, incarné dans le Fils! Nul n'en sondera jamais la profondeur.

Il y a dans l'Annonciation un autre mystère, celui de l'acceptation de Marie. Une jeune fille toute simple, que rien n'a préparée, semble-t-il, à cette heure extraordinaire, s'incline, sans comprendre, devant l'ordre transmis par l'ange et dit tout naturellement : « je suis la servante du Seigneur. Qu'il me soit fait selon sa volonté. »

D'un seul élan, dans toute la force de sa soumission et de son humilité, Marie s'est élevée aussi haut que possible sur l'échelle de la spiritualité. Cet abandon complet à la volonté de son Seigneur, cette foi qui saisit la promesse parce qu'elle vient de Lui, sans chercher à savoir quand et comment elle s'accomplira, cette simplicité entière dans l'obéissance, c'est l'aboutissement du chemin de la sanctification. Cette enfant l'atteint du premier coup. Certes, parce que ses bras ont porté le divin enfant Jésus, que son sein l'a nourri, elle est « bénie entre toutes les femmes ». Mais elle l'est aussi, et plus encore peut-être, parce qu'elle a saisi et accepté sans hésitation la grâce merveilleuse que Dieu lui a faite, et s'est inclinée tout de suite et humblement sous la main du Père.

Marie, petite vierge de Nazareth qui te savais pécheresse, mais croyais à la puissance de Dieu, nous t'admirons et nous t'aimons! Puissions-nous comme toi apprendre à obéir et à servir!

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LA VISITATION
LUC, 1, 39 à 56.

 

Le chemin est long de Nazareth aux âpres montagnes de Judée. Marie se hâte pourtant. L'ange lui a annoncé la grâce faite à sa cousine, et, avec un besoin tout féminin de confidence et de sympathie, elle se dirige vers la demeure d'Élisabeth. Les voilà en présence l'une de l'autre, chacune avec son mystérieux secret, son espérance merveilleuse. Préparées par la longue attente d'Israël, élevées dans la foi du peuple élu, ces deux femmes si différentes : la plus âgée avec son passé de fidélité au devoir et de soumission dans l'épreuve, la plus jeune acceptant sans hésiter ces étranges responsabilités que Dieu lui donne, communient dans la même reconnaissance et la même joie.

Élisabeth salue d'abord sa cousine avec respect, comme celle qui est choisie de Dieu, et aux lèvres de la Vierge monte un chant d'action de grâces que l'Église répétera à travers les siècles. Le Saint-Esprit est là dans cette modeste maison, couvrant de son ombré ces deux femmes ignorées du monde. Par elles et en elles il glorifie la maternité. Au seuil de l'histoire évangélique, il nous montre Dieu, le Dieu tout-puissant, employant deux humbles mères pour collaborer à l'oeuvre de son amour.

Élisabeth et Marie passèrent trois mois réunies, se recueillant, se préparant à leur tâche magnifique. Douceur de croire, de prier ensemble, d'attendre dans la paix et l'espérance l'heure où la promesse s'accomplirait. Bénie soit l'affection chrétienne voulue et sanctifiée par Dieu qui aide des amies unies en Lui à accomplir sous son regard sa sainte volonté!

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NAISSANCE DE JEAN-BAPTISTE
LUC, 1, v. 57 à 80

 

La promesse faite à Zacharie est accomplie : le petit enfant est là, et autour de lui voisins et amis viennent remercier l'Éternel de sa miséricorde envers le vieux couple. Mais le père et la mère savent très bien que ce qu'ils ont reçu de Dieu ne leur appartient pas. Le fils qui leur a été donné doit, dès sa naissance, être consacré par l'Esprit. Il sera prophète du Très-Haut et, avec ce lyrisme admirable qui fait des premiers chapitres de Saint Luc un cantique à la gloire de Dieu, Zacharie le proclame. Le jour qu'Israël attendait approche. Le Sauveur va venir, et ce petit Jean qui dort dans son berceau et dont on se demande : « Que sera-t-il ? » marchera devant Lui pour préparer sa voie.

« Le soleil nous a visités d'en haut pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et l'ombre de la mort. » Ce verset a retenti comme un bienfaisant son de cloche de génération en génération. Mais savons-nous savourer toute la douceur qu'il nous apporte ? Si souvent nous nous sentons encore, comme ceux d'Israël au temps de Zacharie, « assis dans les ténèbres et l'ombre de la mort ». Pourtant si sur eux s'est levée la lumière du soleil, depuis lors elle ne s'est pas couchée. Elle demeure sur nos sentiers, si rudes soient-ils, et elle baigne encore de ses rayons notre pauvre terre inondée de sang.

Oh! si nous n'étions plus aveugles, si le Saint-Esprit nous donnait comme à Zacharie le pouvoir de discerner les merveilles de Dieu, et de saisir par la foi leur accomplissement, alors, malgré les épreuves, les tourmentes, les guerres, malgré notre faiblesse, et par-delà notre péché pardonné en Jésus-Christ, nos pas seraient dirigés par Lui dans le chemin de la paix.

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À BETHLÉEM
LUC, II, 1 à 20.

La plus belle histoire du monde, la plus connue, la plus aimée aussi. Chaque fois qu'on la relit, à quelque âge que ce soit, on se sent redevenir l'enfant qu'elle a émerveillé jadis. Puis, comme les bergers, on va s'agenouiller devant la crèche de Bethléem. Grotte ou humble chaumière ? peu nous importe. Cette étable est pour nous le lieu très saint où chaque année, à Noël, nos coeurs reprennent de la force, de la joie, de l'espérance.

« Le Sauveur est né! » Que serions-nous sans ce message des anges ? Parce que tu l'as entendu, que par la grâce de Dieu il a retenti à ton oreille, tout n'est-il pas changé pour toi ?

Certes, aux heures où ta conscience est claire et lucide, tu sens plus que jamais ta culpabilité devant le Dieu très saint. Tu vois aussi la grande vague du mai déferler autour de toi et dans le grand combat qui se livre entre les ténèbres et la lumière, ta foi chancelante et craintive se demande parfois qui sera le vainqueur. Alors tu perdrais courage et tu risquerais de t'abandonner sans résistance au flot, si la parole : « Un sauveur vous est né », n'était pas là comme une bouée de salut.

« Un Sauveur vous est né. » Ce petit enfant qui dort sur la paille, c'est le signe visible, palpable, de la miséricorde du Dieu d'amour, c'est cet amour lui-même enfermé dans une chair mortelle comme la nôtre, pour être plus près de nous. Ce Sauveur c'est le tien, tu le sais, tu le crois, tu adores; mais c'est aussi Celui qui est envoyé dans le monde afin que quiconque croit en Lui ait la vie éternelle. « Quiconque » : ceux des tiens pour lesquels tu es dans l'angoisse et la peine; ton Église que tu voudrais plus vivante et plus forte, ta patrie qui chancelle, pour laquelle tu souffres; cette humanité plongée dans le péché, de laquelle tu désespères souvent. Oh! saisis la promesse, saisis-la pour tous avec cette foi donnée par Dieu qui peut transporter les montagnes, proclame-la autour de toi, et, comme les bergers, retourne à ta tâche quotidienne glorifiant et louant Dieu. Noël! Noël!

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LA PRÉSENTATION AU TEMPLE
LUC, II, v. 21 à 40.

Fidèles à la tradition israélite, à la loi de Moïse, au jour indiqué pour la purification, Joseph, Marie et le petit enfant montent à Jérusalem, au temple. Pour les lecteurs grecs et latins l'évangéliste souligne avec complaisance cette obéissance aux prescriptions légales.

Ainsi chaque jour de jeunes couples offraient au Seigneur un don de reconnaissance pour leur premier-né. Parmi ceux qui allaient et venaient dans les parvis : sacrificateurs vêtus de l'éphod sacré, docteurs subtils de la Loi, pharisiens orgueilleux, nul ne se doutait de ce que représentaient ce ménage et ce petit enfant pauvrement vêtus. Aucun de ces hommes, se croyant les interprètes choisis de la loi divine, ne comprenait que l'heure du salut et de la suprême miséricorde avait sonné.

Mais le Saint-Esprit est là. Dans les versets 25 à 27 Il est nommé trois fois. Nous apprenons qu'il va chercher le vieillard Siméon dans sa demeure. Lui ouvrant les yeux par sa vertu toute-puissante, il lui permet de discerner au milieu de la foule le petit enfant qui Incarne l'amour de Dieu. Car Siméon, comme la prophétesse Anne qui le rejoint près de Jésus, comme Zacharie et Élisabeth, comme Marie, était de ceux qui dans la foi et la patience attendaient la venue du Messie, la délivrance d'Israël. Parce qu'ils avaient cru longuement, obstinément, Dieu leur permet de toucher du doigt la réalisation de la promesse : « Mes yeux ont vu ton salut », dira Siméon. Le Saint-Esprit, l'hôte divin dont la présence illumine tous ces premiers chapitres de l'Évangile, fait de ces humbles croyants des voyants, discernant les signes des temps et comprenant le mystère de l'amour de Dieu. Comme Zacharie, comme Marie, Siméon chante à son tour avec cette ferveur profonde, et ardente qui est par elle-même une grâce de l'Esprit et qui se traduit en prière.

Seigneur, envoie-nous cet Esprit, et permets-nous de Te reconnaître quand Tu t'approches de nous!

L'ENFANCE DE JÉSUS
LUC, II, v. 40 à 52.

L'évangéliste Saint Luc a passé sous silence le voyage de la sainte famille en Égypte et le massacre de Bethléem qu'a racontés Saint Matthieu. C'est dans le cadre de Nazareth qu'il aime à replacer l'enfance du Seigneur. Deux versets 40 et 52 la résument; elle est normale, sans choses extraordinaires ni récits merveilleux. Dans la paix d'un foyer d'humbles travailleurs, Jésus grandissait en sagesse, en stature, devant Dieu et devant les hommes,et la grâce de Dieu reposait sur lui. Obéissant envers ses parents, doux envers tous, il se faisait aimer, et dans son développement harmonieux, le bon plaisir de Dieu voyait en Lui non seulement le Fils choisi et destiné au salut du monde, mais encore l'expression de l'humanité, créée par amour et telle qu'elle aurait pu être sans les désordres du péché.

Le récit du voyage à Jérusalem est le seul incident qui tranche sur ce simple tableau. Les Israélites de ce temps circulaient beaucoup, nous le voyons par ces premiers chapitres de l'Évangile. Ils avaient la coutume de monter à Jérusalem chaque année pour y célébrer la fête de la Pâque. On y allait en bande : parents, voisins, amis, chantant des psaumes le long de la route, et couchant en chemin dans des caravansérails destinés à cela. C'était la première fois que Marie et Joseph y emmenaient Jésus. Probablement dans le calme de là vie ordinaire, le souvenir des merveilles de Bethléem s'était estompé dans leur esprit, et dans cet enfant qui grandissait à leur foyer, les parents voyaient surtout le garçonnet de douze ans qui leur était soumis.

Quand dans ce voyage, émus, inquiets, probablement fâchés, ils le retrouvent dans le temple, Marie et Joseph doivent apprendre que Jésus, trésor confié à leurs soins, ne leur appartient pas. Il y a, aux versets 48 et 49, une opposition entre la phrase de Marie : « Ton père et moi te cherchions avec angoisse », et la réponse de son fils : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des affaires de mon père? »

L'enfant a conscience que son Père et la tâche qu'il pressent lui être confiée passent avant tout. L'Esprit Saint repose sur lui et, s'il n'éclaire pas encore tout le chemin devant Lui, il établit pourtant entre Dieu et Lui une communion étroite. Sans l'éloigner de ses parents, cela le met sur un plan différent. Où ils ne peuvent voir qu'un manque d'attention ou d'obéissance, il y a déjà une vocation.

Dans bien des vies chrétiennes sonne ainsi une heure qui Paraît d'abord séparer ceux qui s'aimaient. Elle sonne spécialement pour les mères et leur déchire souvent le coeur. Il leur faut saisir la grande leçon des affections humaines et donner à Dieu sans arrière-pensée ceux qu'elles aiment, même si leur tendresse doit en souffrir. Marie, bénie entre toutes les femmes, ne le comprit pas ce jour-là, et ne devina pas le sens profond et caché de la réponse de Jésus. Alors, quittant les docteurs, son fils retourna avec elle à Nazareth, redevenant l'enfant simple et soumis qu'il était.


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