Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



MÉDITATIONS EN MARGE DE L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC


VERS LE CALVAIRE

 

On le conduisit dehors pour le crucifier. Portant lui-même sa croix, Jésus fut dirigé vers le lieu appelé le Calvaire. Comme ils l'emmenaient, ils réquisitionnèrent un passant qui revenait des champs, un homme de Cyrène, nommé Simon, père d'Alexandre et de Rufus, et ils le chargèrent de la croix pour la porter derrière Jésus. Une foule immense de peuple le suivait ainsi que des femmes qui se lamentaient et le pleuraient.

« Filles de Jérusalem, leur dit Jésus en se tournant vers elles, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants. Car voici des jours viennent où l'on dira : « Heureuses les stériles, heureux les flancs qui n'ont point enfanté » et les mamelles qui n'ont point allaité! » Car alors on se mettra à dire aux montagnes : « Tombez sur nous » et aux coteaux : couvrez-nous. « Si le bois vert est ainsi traité., qu'arrivera-t-il au bois sec! »
On emmenait deux autres hommes, des malfaiteurs, pour les mettre à mort en même temps que lui.

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GOLGOTHA

Ils arrivèrent au lieu appelé Golgotha, ce qui veut dire le lieu du Crâne. Là ils le crucifièrent ainsi que les malfaiteurs, l'un à droite, l'autre à gauche et Jésus au milieu. « Père, disait-il, pardonne-leur car ils ne savent ce qu'il font! »

Ils voulaient lui donner à boire du vin mêlé de fiel; quand Il eut goûté, Il refusa d'en boire. Pilate rédigea aussi une inscription. Il fit placer l'écriteau sur la croix. Il y était écrit : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs. Beaucoup de Juifs lurent cette inscription parce que le lieu où Jésus était crucifié était près de la ville et qu'elle était écrite en hébreu, en latin et en grec. Les chefs des prêtres dirent donc à Pilate : « Ne mets pas le roi des juifs mais mets que cet homme a dit : « je suis le roi des Juifs. » Pilate répondit : « Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit! »

Cependant, après avoir crucifié Jésus, les soldats prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une pour chaque soldat; ils prirent aussi la tunique. Mais cette tunique était sans couture, d'un seul tissu depuis le haut jusqu'en bas. Ils dirent donc entre eux : « Ne la déchirons pas mais tirons au sort à qui l'aura. » C'était afin que fût accomplie cette parole de l'Écriture :
« Ils se sont partagés mes vêtements et ils ont jeté le sort sur ma robe. »

Ainsi firent les soldats. Puis ils s'assirent là et le gardèrent. Le peuple se tenait aussi là et regardait.

Les passants l'injuriaient, hochant la tête et lui disaient
« Ohé! toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même si tu es le Fils de Dieu! descends de la croix! »

De même aussi les chefs des prêtres, les scribes et les anciens l'injuriaient et disaient : « Il a sauvé les autres et Il ne peut se sauver lui-même. Ah! le Christ! Le roi d'Israël! qu'Il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui. Il s'est confié en Dieu, que Dieu le délivre maintenant s'Il veut de lui! Car Il a dit : « je suis Fils de Dieu! »

Les soldats s'approchèrent pour se jouer de lui; ils lui offraient du vinaigre en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi! »

Or l'un des malfaiteurs crucifiés l'injuriait, disant : « N'es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même et nous aussi! » Mais l'autre éleva la voix pour le reprendre : « Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation. Pour nous c'est justice, car nous recevons ce que méritent nos actes, mais celui-ci n'a rien fait de mal! » Puis il dit à Jésus : « Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ta royauté! » Alors Jésus : « En vérité, je te dis que tu seras aujourd'hui avec moi dans le paradis! »

Or près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, la soeur de sa mère, Marie femme de Cléopas, et Marie-Madeleine. Jésus voyant sa mère et près d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère - « Ma mère! voilà ton fils... Puis Il dit au disciple : « Voilà ta mère! » Depuis cette heure le disciple la prit chez lui!

Le soleil s'obscurcit et des ténèbres se firent sur tout le pays jusqu'à trois heures. À trois heures Jésus poussa un grand cri et dit : « Éloï! Éloï! Lama sabachthani! » C'est-à-dire:
« Mon Dieu! Mon Dieu! pourquoi m'as-tu abandonné! »

Quelques-uns de ceux qui étaient là, l'ayant entendu, disaient:
« Tiens le voilà qui appelle Élie, voyons si Élie viendra le délivrer. »

Après cela, sachant que tout allait être consommé afin que l'Écriture fût accomplie, Jésus dit : «J'ai soif! » Il y avait là un vase plein de vinaigre. On trempa une éponge qu'on fixa à une tige d'hysope, et on l'approcha de sa bouche. Quand Jésus eut prit le vinaigre, Il dit : « Tout est accompli! »

Puis il s'écria à voix haute : « Mon Père! Je remets mon esprit entre tes mains! » Et laissant retomber sa tête, Il expira.
Et voici que le voile du temple se déchira en deux, du haut en bas; la terre fut ébranlée, les rochers se fendirent, les sépulcres s'ouvrirent; plusieurs des saints qui étaient morts ressuscitèrent et sortant de leur tombeau après la résurrection de Jésus apparurent à plusieurs.

Cependant le centurion et ceux qui gardaient Jésus avec lui, voyant le tremblement de terre et tout ce qui arrivait furent épouvantés et dirent : « Véritablement cet homme était juste! Cet homme était Fils de Dieu... » Et toute la foule qui s'était rendue en masse à ce spectacle, témoin de ce qui se passait, s'en retournait en se frappant la poitrine.

Quant aux personnes qui l'avaient connu, elles se tenaient toutes à distance, ainsi que des femmes qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée et qui le servaient : Marie, mère de Jacques et de Josés Salomé, mère des fils de Zébédée, et beaucoup d'autres qui avaient fait avec Lui le voyage de Jérusalem. Elles regardaient de loin...

On était au jour de la préparation, veille d'un sabbat qui devait être solennel. Afin que les corps ne demeurassent pas sur la croix pendant le sabbat, les Juifs vinrent demander à Pilate de faire briser les jambes des suppliciés et de les faire enlever.

Les soldats vinrent donc et rompirent les jambes au premier, et ensuite à l'autre, qui était crucifié avec Jésus. Mais lorsqu'ils vinrent à Jésus lui-même, lis s'aperçurent qu'Il était mort et ne lui rompirent point les jambes; seulement un des soldats lui perça le côté d'un coup de lance et aussitôt il sortit du sang et de l'eau.
Ces choses sont arrivées afin que cette parole de l'Écriture fût accomplie :
« Aucun de ses os ne sera rompu. »

Ailleurs l'Écriture dit encore:
« lis regarderont à celui qu'ils ont percé. »

Déjà, il se faisait tard.
Un homme riche appelé Joseph, d'Arimathée en Judée, était membre estimé du grand conseil. Il n'avait consenti ni à la décision, ni à l'action de ses collègues. Il attendait lui aussi le royaume de Dieu et même il était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs. Il alla hardiment se présenter devant Pilate et lui demanda le corps de Jésus! Pilate s'étonna que celui-ci fût déjà mort. Il fit appeler le centurion et lui demanda s'il y avait longtemps qu'il avait expiré.

Après avoir entendu le rapport du chef des gardes, il ordonna qu'on remît le corps à Joseph. Celui-ci acheta un linceul et se rendit au Calvaire. Après lui, vint aussi Nicodème, celui qui était allé au début, de nuit, trouver Jésus. Il apportait environ cent livres d'une composition de myrrhe et d'aloès. Ils descendirent donc le corps de Jésus, l'ensevelirent dans des linges avec des aromates comme les Juifs ont coutume d'ensevelir et enveloppèrent le corps dans un linceul pur.

Or il y avait au lieu ou Il avait été crucifié un jardin, et dans ce jardin un sépulcre neuf, taillé dans le roc, où personne n'avait été mis. Ce fut donc là qu'ils déposèrent Jésus.

Le sabbat allait commencer.

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LE TOMBEAU DE JÉSUS
LUC, XXIII, 25 à 56.

Une après-midi de samedi saint à Jérusalem. Il faisait merveilleusement beau et déjà chaud malgré l'altitude élevée de la ville. Nous étions allés à ce qu'on appelle le « tombeau de Gordon ». D'après les découvertes archéologiques les plus récentes comme d'après la tradition séculaire, il semble bien que le jardin de Joseph d'Arimathée ait été à l'emplacement du Saint Sépulcre actuel. Mais les bouleversements que les temps et les guerres ont apportés à la topographie de la cité sainte et la piété superstitieuse des générations successives ont fait de ce coin de terre un endroit où l'imagination chrétienne a grand' peine à situer le récit des Évangiles. Il en est autrement du tombeau de Gordon, très probablement apocryphe, mais dont la simplicité, la solitude, l'atmosphère de recueillement, forment un cadre approprié à la méditation du croyant.

Au pied d'un coteau dénudé, où se dresse un cimetière musulman et qui a la forme d'un crâne, un jardin ombragé et dans ce jardin un sépulcre datant certainement des premiers temps de l'ère chrétienne, avec une ouverture basse qu'une grosse pierre pourrait aisément boucher, A l'intérieur une plate-forme longeant une cavité ayant la forme et la longueur d'un être humain avec, à la tête, un coin de rocher simulant un oreiller. Découvert au siècle dernier par le général anglais Gordon, ce tombeau reçoit les visites de ceux qu'offusque et peine le clinquant bruyant et théâtral du Saint Sépulcre.

Ce samedi, veille de Pâques nous y avons passé des heures bénies, le Nouveau Testament dans les mains, relisant et comparant les récits pleins de réalisme des quatre évangiles. Le jardin était solitaire; dans un arbre chantait un oiseau et d'humbles petites fleurs s'ouvraient le long des allées. De temps en temps, le vieux gardien anglais venait nous retrouver puis se retirait discrètement en disant : « Dieu vous bénisse! » Tout parlait de paix autour de nous et il était facile d'évoquer le cortège : Joseph d'Arimathée, les saintes femmes, Marie en pleurs s'appuyant sur Jean, et le corps rigide et glacé que, pleins de désespoir, ils couchaient au tombeau, Nous avons tous accompagné jusqu'au bout des êtres aimés et déposé dans la terre, plus froide encore que le rocher, leur enveloppe périssable. Nous avons connu les heures douloureuses où les yeux sont clos, la voix muette, où un voile impénétrable à nos pensées humaines est tiré entre nous et ceux que nous pleurons. Des questions angoissées se posent à nos esprits, un vide profond est creusé dans nos vies. Comme Joseph d'Arimathée, comme Marie, comme les saintes femmes, nous rentrons chez nous, le coeur lourd et l'âme déchirée.

Ce samedi nous songions avec sympathie à toutes les larmes humaines versées près des tombeaux; pourtant, dans la paix du jardin de Gordon, une grande espérance habitait nos coeurs. C'était la veille de la résurrection et un sépulcre vide s'offrait à nos regards. « Ne cherchez pas parmi les morts Celui qui est vivant. » Tout Jérusalem dit cela au chrétien. « Celui qui croit en moi vivra quand même il serait mort et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. » Uni au Père, vivant dans la communion avec Lui par la grâce du Sauveur, le croyant ne craint plus la mort pour lui-même ou pour les siens. Le mystère demeure, mais la certitude est là, « Dieu n'est pas le Dieu des morts mais le Dieu des vivants », a dit encore Jésus, Remettons-Lui avec foi le sort de nos bien-aimés disparus.

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LA RÉSURRECTION
LUC, XXIV, 1 à 12.

Entre toutes les nuits qu'a vécues l'humanité, la nuit de Noël avec le chant des anges et la naissance du Sauveur est la plus mystérieuse et la plus douce; il n'y a pas non plus de matin de printemps plus rayonnant que ce matin de Pâques, où de très bonne heure, nous voyons les femmes venues de Galilée avec Jésus s'acheminer vers son tombeau. Déjà le vendredi soir elles ont préparé les aromates nécessaires. Puis le sabbat est arrivé, très strictement observé par ces Israélites fidèles, passé probablement dans les regrets et dans les larmes. Le premier jour de la semaine, dès l'aube, les voilà sur pied. Calvin, sévère, condamne-leur désir d'embaumer le corps du Maître comme une superstition mais nous sommes tentés d'y voir au contraire la fidélité de leur attachement et de leur vénération. Luc nomme trois d'entre elles : Jeanne, Marie, mère de Jacques et Marie de Magdala, qui, dans l'évangile de Jean, passe au premier plan. Elles ne savaient pas quelle merveilleuse révélation les attendait. Pas plus que les disciples, elles n'avaient compris les paroles du Maître et elles étaient préoccupées de la pierre à rouler pour entrer dans le sépulcre et de la tâche d'amour qu'elles voulaient accomplir. N'est-ce pas ainsi que souvent, tout pleins de pensées humaines, nous allons au-devant des grands mystères de Dieu ?

Les voici tremblantes, étonnées, émerveillées devant le tombeau vide et recueillant les paroles des anges. Elles vont être, dans leur humilité, les premières annonciatrices de la résurrection, et Dieu leur « fait un honneur singulier, ôtant aux hommes leur charge d'apôtres et la résignant à icelles pour quelque peu de temps » (Calvin). Car saisies de crainte et de joie, elles se sont souvenues, elles ont compris et, en hâte, elles s'en retournent vers « les onze et les autres » pour proclamer la grande nouvelle. Matthieu raconte qu'elles ont rencontré Jésus; Jean nous parle de l'entrevue du Maître et de Marie de Magdala dans le jardin; Luc passe ces faits sous silence. Il lui suffit de nous rapporter le témoignage des femmes auprès des disciples, l'incrédulité de ceux-ci, le départ précipité de Pierre courant au tombeau. Le Seigneur attend le soir pour se montrer à l'apôtre tandis qu'Il s'est fait reconnaître aux femmes dès le matin.

Essayons de partager complètement leur joie! Depuis des siècles elle a rayonné sur l'Église chrétienne, elle a été le grand levier de son action. Au jour de la Pentecôte, Pierre proclamera : « Ce Jésus de Nazareth que vous avez fait mourir par la main des impies, Dieu l'a vraiment ressuscité en le dégageant des liens de la mort. » Et Paul écrit aux Corinthiens : « Si Christ n'est pas ressuscité notre prédication est vaine et votre foi est vaine aussi. »

C'est sur cette certitude de la résurrection pierre angulaire de sa structure, que l'Église a été bâtie. Grâce à la résurrection, elle sait que le Père a accepté le sacrifice rédempteur du Fils, que la justice de Jésus-Christ revêt le pécheur pardonné. Dieu affirme ainsi son droit sur nous et sa grâce nous prend à Lui pour l'éternité.

L'intelligence tremble devant le mystère, mais la foi le saisit et adore... Comme Thomas touchant les plaies du Sauveur, prosternons-nous en disant : « Mon Seigneur et mon Dieu! »

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LE CHEMIN D'EMMAÜS
LUC, XXIV, 13 à 25.

Ils étaient deux voyageurs, marchant en cette après-midi du premier dimanche sur la route ensoleillée traversant l'âpre Judée. Étaient-ils deux frères, deux amis, un couple, comme le suggèrent certains commentateurs? Peu importe. Un lien très fort, celui qui unit entre eux les disciples, les rapprochait dans une même tristesse, dans une amère désillusion. Ils avaient peut-être quelques jours auparavant gagné Jérusalem dans l'enthousiasme. Jésus de Nazareth, qu'ils connaissaient et aimaient, « ce prophète puissant en paroles et en oeuvres devant Dieu et devant tout le peuple » allait triompher. Il chasserait l'envahisseur, Il rendrait à Israël son indépendance ; un règne d'amour, de paix, de joie allait commencer. Hélas! non seulement ils avaient vu souffrir et mourir ce Maître respecté mais encore toutes les espérances que sa venue avait éveillées dans leurs coeurs étaient mortes. Dieu, le Dieu tout-puissant n'avait pas délivré de la main de ses ennemis celui qui disait venir en son nom. Jésus s'était-il trompé ? Les chefs des prêtres étroits et orgueilleux avaient donc raison, Il fallait renoncer au rêve de liberté et de gloire; Il fallait reprendre la vie quotidienne, la tâche monotone, obéir aux prescriptions pharisaïques et ne plus croire que le « royaume de Dieu » était proche.

Pauvres pèlerins! Nous avons connu comme vous ces heures douloureuses où toutes les espérances paraissent mortes, les prières inexaucées ; où dans le sentiment poignant du mai qui règne, de notre totale impuissance, de notre faiblesse, de nos chutes, la foi chancelle... Gaston Frommel appelait cela « la marée basse » et job s'écriait déjà : « Mon âme est dégoûtée de la vie; je donne cours à ma plainte. »

Soudain sur le chemin d'Emmaüs quelqu'un a rejoint Cléopas et son compagnon; le même voyageur parcourt encore nos routes et marche à côté de nous. Il est là. Nous ne le reconnaissons peut-être pas encore, mais l'impression de solitude, d'amertume, de déception profonde s'enfuit peu à peu. Il parle, Il explique, le mystère s'éclaire, les yeux s'ouvrent, la foi renaît. Son Esprit nous enseigne à comprendre les Saintes Écritures; elles deviennent pour nous le livre merveilleux de la Révélation.

« Il fallait que le Fils de l'homme souffrît », dit Jésus aux pèlerins. Avons-nous compris que toute l'histoire d'Israël a préparé cela et que depuis la chute et notre rébellion, la grâce de Dieu cheminait vers nous mais ne pouvait se réaliser que dans le sacrifice entier du Fils. Tout l'Ancien Testament, la loi, la prophétie s'illuminent peu à peu pour nous et nous prenant par la main, nous mènent au pied de la croix. « Il fallait que le Fils de l'homme souffrît. » Il fallait la douleur du Père, l'angoisse du Fils, l'abandon momentané, pour que la création faite par amour soit aussi restaurée, sauvée par l'amour. De la souffrance sort le salut, de la défaite apparente, la victoire.

Aux voyageurs d'Emmaüs le chemin parut court dans la compagnie de Celui qui projetait sa lumière sur les mystères de l'Écriture et sur les problèmes de la vie. Quand le soir vint, ils voulurent le garder avec eux à l'hôtellerie. Dans les ténèbres de l'heure actuelle, nous avons nous aussi besoin de garder avec nous cette divine présence qui fera rayonner sa clarté dans notre obscurité. Par elle, dans la parole de Dieu, nous trouverons la force d'aller de l'avant et, partageant le pain d'angoisse et de misère de l'humanité, d'être pourtant les annonciateurs de la grande espérance. Le soir vient, la nuit et ses terreurs approchent : « Reste avec nous, Seigneur, reste avec nous. »

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AVEC LES DISCIPLES
LUC, XXIV, 36 à 45.

Ils sont probablement réunis à nouveau dans la chambre haute et les deux voyageurs d'Emmaüs viennent de raconter leur rencontre. Soudain Jésus se trouve au milieu d'eux « debout » dit le texte grec. Devant cette présence surnaturelle, cette apparition extraordinaire, ils sont étonnés et saisis de crainte. Il nous est difficile de nous représenter le Sauveur après la résurrection et nous comprenons le trouble des disciples même quand ils ont entendu la voix de leur Maître prononcer la salutation : « La paix soit avec vous. » Quel sens chargé de puissance elle prend dans sa bouche!

Jésus les rassure, leur montre ses mains et ses pieds meurtris par les clous, Il mange devant eux. Avec amour, avec bonté, Il leur manifeste la réalité de sa présence. C'est bien Lui, le Seigneur aimé revenu pour un temps parmi les siens, leur expliquant les Écritures. « Ce sont ici les paroles que je vous disais quand j'étais avec vous. » Il faut que les disciples comprennent. Ce Jésus glorifié, qu'ils ont eu de la peine à reconnaître mais dont l'apparition fait leur joie. Il va de nouveau les quitter en apparence, pour devenir plus proche d'eux par Son Esprit.

« Si nous avons connu le Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus de cette manière », dira Saint Paul aux Corinthiens. La communion spirituelle intime et profonde va s'établir entre le Seigneur et ceux qu'Il a appelés à le servir. Mystère étrange et magnifique, joie céleste dont nous pouvons être les héritiers.

Si, suivant Saint Luc sur les chemins de la Galilée et de la Judée, nous avons plus d'une fois, méditant ses pages, envié les malades que Jésus guérissait, les foules qu'Il nourrissait, les humbles qui écoutaient sa parole, nous comprenons maintenant devant le Christ glorifié que notre privilège est plus grand encore que celui de ceux qui l'ont connu en chair. I l n'est pas seulement à côté de nous; Il peut pénétrer nos âmes, les transformer, pétrir notre volonté, purifier notre coeur. Nous sommes encore, nous sommes toujours, comme les disciples de jadis, de pauvres êtres incrédules et pécheurs, mais Il veut nous revêtir de sa force et de sa sainteté. Il est pour nous, Il est en nous : justice, rédemption, sanctification.

Oh! Dieu, que te rendrons-nous pour ce don inexprimable! Nous ne pouvons que t'adorer dans la reconnaissance infinie.

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L'ASCENSION
LUC, XXIV, 46 à 55.

Les derniers versets de l'Évangile selon Saint Luc, la dernière vision du Sauveur, son dernier enseignement, son ascension vers le ciel. Luc la racontera tout au long dans le livre des Actes dédié de nouveau à son ami Théophile, aussi n'insiste-t-il pas ici sur cette scène. Il la place près de Béthanie tandis que Matthieu a l'air de la situer plutôt en Galilée. Peu importe. Ce qui nous frappe en cette fin de l'Évangile, c'est à la fois une promesse et un ordre, promesse et ordre qui seront pour nous comme un résumé du long chemin que nous avons fait avec l'évangéliste.

« J'enverrai sur vous ce que mon Père a promis », dit le Seigneur. Désormais l'épopée du Saint-Esprit va commencer. Non seulement il transformera les apôtres tremblants et découragés en héros de la foi, mais encore il va les « conduire dans toute la vérité » et « les revêtir » de la puissance d'en haut ». À eux désormais de prêcher la bonne nouvelle du royaume.

Jadis quand le Sauveur les avait envoyés faire leur apprentissage d'évangélistes, Il leur avait donné une certaine mesure de cet Esprit. Maintenant, ils vont le recevoir avec abondance.

Poignée de pécheurs galiléens, de provinciaux ignorants et ignorés, gens sans culture, sans argent, méprisés des chefs de leur peuple et portant devant d'autres nations cette tare d'être des juifs, ils vont partir et travailler à la conquête du monde au nom d'un crucifié. « je suis avec vous jusqu'à la fin du monde », a dit leur Seigneur et cela leur suffit. Eux les timides, les craintifs que quelques soldats romains avaient mis en fuite, ils sauront résister, lutter, ne rien craindre, accomplir des guérisons, parler devant les magistrats et les rois, dresser devant les forces et les dominations païennes, l'Église du Seigneur Jésus-Christ.

À la promesse s'est ajouté un ordre : « Vous serez mes témoins. » Les apôtres n'ont rien inventé, aucun système théologique, aucun rite religieux. Ils ont dit ce qu'ils avaient vu, entendu et ce que l'Esprit leur enseignait, jour après jour. Et par ce simple témoignage et celui de ceux qui leur ont. succédé, Dieu a amené tant de millions d'âmes à sa lumière.

De génération en génération, par la parole écrite, par la prédication de l'Évangile, par la vie des chrétiens, par l'influence de l'Église, le Christianisme s'est étendu, à travers mers et continents et, malgré tous les efforts de l'adversaire, le Royaume de Dieu vient peu à peu dans ce monde de péché et de mort.

Le médecin grec Luc a été un de ces témoins. Grâce à son livre, inspiré par l'Esprit de Dieu, la figure de Jésus-Christ nous est apparue plus nette, plus vivante, comme tangible dans ces pages que nous avons eu de la joie à méditer. Le même Esprit rendant témoignage à notre esprit, nous fait discerner en Jésus-Christ le Maître que nous voulons servir, le Sauveur qui a donné sa vie pour nous, le Seigneur de l'Église qui est aussi notre Seigneur.

L'ordre et la promesse demeurent pour nous. Ayant par la foi vu le Christ, l'ayant adoré comme les disciples au jour de l'Ascension, nous pouvons et devons être des témoins. Dans le mesure où sa sainte volonté veut employer notre faiblesse Dieu nous revêtira de sa force et donnera à son Église la puissance de vaincre l'Ennemi des âmes. Allons donc de l'avant avec courage. Quoi que nous fassions, dans l'épreuve et dans la joie, dans la maladie comme dans la santé, dans la vieillesse et dans la jeunesse, que l'Esprit de Jésus-Christ vivifie notre témoignage et que dans notre indigence même, rayonne la gloire du Dieu vivant. SOLI DEO GLORIA,


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