Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Appendice 4

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I.
- Parmi les disciples de Valentin, il faut nommer encore Théodote dont la doctrine est analysée dans un écrit de Clément d'Alexandrie : Extraits de Théodote. On y trouve l'idée du Destin (grec eimarméné), aggravé par les démons qui, jusqu'à la lin, menacent les « spirituels » eux-mêmes de les soustraire au salut. La notion sacramentelle y apparaît aussi, avec l'idée que les rites protègent contre les « puissances mauvaises » Théodote était le chef d'une véritable église. - Un autre Valentinien, Marcus, connu par Irénée. déshonora son école par suri charlatanisme et son immoralité. Se posant en révélateur inspiré, il attirait les femmes par une célébration émouvante de l'eucharistie, et il osa en séduire plusieurs. il donnait au système de Valentin une interprétation pythagoricienne, en représentant par des nombres les forces invisibles et même le cosmos (G. Truc L'hérésie gnostique de Marcus, Revue des Idées, 15 juin 1910). Il vivait en Asie-Mineure à la fin du ne siècle. Ses disciples, qu'on trouvait jusque dans la Vallée du Rhô, ne, et qu'Irénée a dû connaître, suivirent son triste exemple. On signale, chez plusieurs d'entre eux, le souci de donner au baptême un éclat exceptionnel.

Il
. - En dehors des écoles gnostiques bien définies, il y a eu, dans la seconde moitié du IIe siècle, un pullulement de sectes mal connues, soit parce que leurs écrits n'ont pas survécu, soit parce que les notices des hérésiologues sont sujettes à caution. Essayons de mettre un peu d'ordre dans ce fouillis, en suivant la classification proposée par E. de Faye (Gnostiques, p. 353-428). Un premier groupe comprendrait les Gnostiques antibibliques. hostiles en particulier à la Genèse. Voici d'abord la secte ophite, ainsi nommée parce qu'elle rendait un culte au Serpent (grec ophis). D'après Origène (Contre Celse), elle adorait le Serpent qui, dans le jardin d'Eden, avait éclairé l'homme en lui donnant la connaissance du bien et du mal (gnose). Elle le regardait comme le Sauveur, sans se soucier de la malédiction jetée sur lui par le Créateur, qu'elle jugeait durement. Elle avait imaginé des recettes de salut. Au temps d'Origène, elle était très réduite, mais elle subsistait encore à l'époque d'Épiphane. L'hostilité envers l'Ancien Testament entraîna certains gnostiques à glorifier des personnages, qu'il flétrissait, Caïn, les Sodomites, etc. Ils se nommaient les Caïnites. Une de leurs sectes réhabilitait Judas, esprit supérieur auquel elle attribuait le mérite d'avoir livré le Christ. dont la mort était nécessaire au salut du monde. D'autre part, les Sévériens, disciples d'un certain Sévère. mentionné par Eusèbe, voyaient dans Satan le fils du Créateur et le père de l'homme - en partie - et de la femme en totalité ! -
Sous la rubrique des Adeptes de la Mère, on pourrait placer un groupe important de Gnostiques, qui mettaient au sommet de l'Univers un principe féminin, soit à côté du Père soit immédiatement au-dessous de lui, Par exemple la secte signalée par Irénée sans nom d'auteur (Adv. Haereses L. 1, 30, 1-14). Elle admettait, à côté du Père et du « fils de l'homme », un principe d'où sortait une vertu féminine, avec une sorte de rosée lumineuse, appelée Sophia. Irénée parle aussi (L. 1 29 1-4) d'un groupe où le principe féminin, appelé Barbelo, jouait le rôle ordinaire du Logos. Ce système, comme le précédent, est un reflet déformé de Valentin. 'Ses partisans étaient assez nombreux. Il y en avait encore, en Palestine surtout. au temps d'Épiphane. L'influence de ces sectes sur les autres écoles gnostiques a été réelle. Le baptême lut pratiqué, chez les disciples de Marcus, au nom du Père et de Vérité Aléthéla) mère de toutes choses. Dans un hymne attribué aux Naassènes (nom tiré du mot hébreu naas, serpent), la Mère est invoquée. Les successeurs même de Valentin ont adopté les altérations que nos gnostiques avaient fait subir au mythe de Sophia qu'il n'avait pas placée aussi près du Père. - Enfin, sous le titre général de Gnostiques Licencieux, on peut ranger, avec de Faye, diverses sectes qui associaient à leur mysticisme une sensualité choquante. Elles paraissent se rattacher à Corpocras, originaire d'Alexandrie, qui vivait du temps d'Hadrien. Son fils Épiphane, un de ses disciples le plus en vue, mort à dix-sept ans, laissa un livre cynique, De la Justice, où il prônait l'amoralisme absolu et la communauté des femmes (Clément, IlIe Stromate). Une certaine Marcellina serait venue, vers l'an 160 , apporter cette doctrine à Rome. Dans ce groupe répugnant, signalons simplement les Nicolaïtes (Philosophoumena, VII, 30) disciples de Nicolas, fort peu connu (Irénée, 1, 26. 3). Au IIIe siècle, la débauche devint rituelle dans ces milieux. Les agapes et l'eucharistie y étaient souillées par les pires orgies.

III.
La critique a. renoncé à voir un gnostique dans le fameux Bardesane, rangé autrefois parmi les disciples de Valentin (Eusèbe, H. E. IV, 30). Il fut surtout curieux de sciences exactes et d'astrologie. Né à Edesse en 154, il y vécut longtemps et y mourut vers 222, après une retraite forcée en Arménie. D'après Saint Ephrem, il aurait composé cent cinquante psaumes, avec leurs mélodies, ce qui ferait de lui le plus ancien hymnologue syrien connu. On lui a attribué à tort. Semble-t-il, un ouvrage en forme de dialogue sur le Destin, (retrouvé en syriaque sous le titre Livre de la loi des pays, et publié par Nau, en 1907, dans sa Patrologie syriaca) . On y lit cette affirmation importante que les astres ne contraignent pas la liberté humaine (Consulter F. Nau. Une biographie inéditée de Bardesane l'astrologue, 1897 ; art. Bardesane dans le Dictionnaire de Théologie catholique de Vacant, 1905 ; F. Haase. Zur Bardesanischen Gnosis, T U, 1910 ; E. de Faye, Gnostiques, p. 497-498.

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