HUDSON TAYLOR
PREMIÈRE PARTIE
LA FAMILLE ET LES
ANNÉES D'ENFANCE
1776-1849
(jusqu'à
l'âge de dix-sept ans)
CHAPITRE 2
Aux enfants des enfants
1786-1824
Pour moi-même et pour le
travail que Dieu m'a permis d'accomplir,
je dois une inexprimable reconnaissance
à mes chers et
vénérés parents, qui
sont maintenant dans leur repos, mais
l'influence de leur vie demeurera à
toujours.
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Ces mots furent écrits bien des
années plus tard par l'enfant qui vint
égayer le foyer de James Taylor, à
Barnsley, en 1832. Ce n'était bien entendu
ni le premier James Taylor, qui était depuis
longtemps auprès du Seigneur, ni le fils qui
avait grandi et pris la place du père. Il y
a deux générations entre la visite de
John Wesley à Barnsley et la naissance de
l'enfant dont nous raconterons les
expériences et dans la vie duquel le
caractère des jours anciens allait porter un
fruit si riche.
Pour qu'à l'âge de
cinquante ans, au milieu de toutes les
responsabilités d'une importante mission en
Chine, Hudson Taylor pût rappeler avec une
inexprimable reconnaissance l'éducation
qu'il avait reçue dans son enfance, il
fallut bien que des influences de valeur fussent
à l'oeuvre dans le foyer paternel. En quoi
consistèrent-elles? De quoi les parents
rendirent-ils leur fils si redevable? Que
reçurent-ils eux-mêmes qui devait
s'avérer si précieux pour d'autres?
Voilà d'importantes questions ; les
réponses révèlent la
fidélité d'un Dieu qui garde Son
alliance et dont la bénédiction est
promise « aux enfants de Ses enfants
».
James Taylor, le maçon, eut la
joie de voir encore le commencement de cette
bénédiction. Le groupe qui avait
été formé par son
ministère. semble s'être
développé rapidement après la
visite de Wesley. La cuisine de Betty Taylor fut
bientôt trop exiguë et peu à peu
il fallut songer à édifier une petite
chapelle. Un des premiers membres admis dans
l'église, à
l'achèvement de la
construction, fut John Taylor, le fils
aîné du maçon. Cette double
joie dut être la grâce suprême
accordée au père qui, peu de mois
après, arrivait au terme de sa
carrière. C'était en 1795
Heureusement pour Betty et les plus
jeunes enfants, John Taylor fut capable, dans une
certaine mesure, de suppléer il l'absence de
son père. Il avait dix-sept ans et un emploi
régulier. Il avait appris la fabrication des
peignes pour tisserands et y excellait. Travaillant
fort et ferme, il occupa peu à peu une place
en vue dans le commerce de la ville. Il put ainsi
faire sa part pour l'entretien de sa famille et,
avant qu'il fût longtemps, put même
envisager de fonder un foyer. Il aimait Mary
Shepherd, de Bradford, et en était
aimé Les parents de la jeune fille
étaient de souche écossaise. Ceci
doit être relevé, car cette union
allait apporter à la famille Taylor des
qualités d'un prix inestimable. Mary
était une grande fille, avec un cœur chaud
sous un extérieur paisible. John, à
côté de toutes ses qualités
pratiques, était bon musicien et avait un
heureux caractère. Il n'avait que vingt et
un ans lorsqu'en mai 1799, ils unirent leurs vies
dans la chapelle de Barnsley.
La bénédiction de Dieu
reposa sur ce foyer que vinrent égayer sept
enfants. À la chapelle également, une
grâce surabondante était
accordée. John et Mary dirigeaient des
classes bibliques pour les jeunes, et les talents
musicaux de John étaient fort
estimés. « À la place des
pères, il y aura les enfants. » Cette
promesse s'accomplit d'une manière si
remarquable que les bâtiments, bien
suffisants du temps de James Taylor, devinrent trop
petits pour la génération suivante.
John Witworth, le jeune architecte, augmenta encore
la difficulté quand il introduisit cette
excellente nouveauté connue sous le nom
d'École du dimanche. Suivant l'exemple de M.
Raikes, de Gloucester, il se mit à
rassembler les enfants qui vagabondaient dans les
rues. Il n'avait aucune idée de l'ampleur du
travail qu'il entreprenait. Mais, le premier jour,
quand on vit six cents enfants se rassembler, tous
avides d'être instruits, il fut
évident que non seulement l'école
était une nécessité, mais
encore qu'il fallait trouver un immeuble plus
vaste.
Peu après, il devint
indispensable aussi d'agrandir la chapelle. Elle
fut transformée et améliorée,
si bien que James Taylor, s'il
avait pu revenir, ne l'aurait pas reconnue. La
réouverture de ce sanctuaire, peu
après Noël 1810, fut une grande
fête. Le petit James Taylor, aux cheveux
bouclés, qui portait le nom de son
aïeul, n'avait même pas quatre ans. Les
chants, la nombreuse assistance, la
décoration des lieux, firent sur lui une
impression ineffaçable. Bien des
années plus tard, il aimait à
rappeler la joie avec laquelle la chapelle,
fondée par son grand-père, fut
consacrée à nouveau au service de
Dieu.
Dès le premier jour, la bonne
main de Dieu reposa sur ce petit James. Du point de
vue de l'éducation, lui et ses frères
eurent des avantages inconnus de la
génération précédente.
Leurs parents purent leur faire suivre les
écoles, puis, dans la mesure du possible,
les laissèrent choisir leur vocation. L'un
reprit le commerce de son père, l'autre
devint courtier en titres, et un troisième
embrassa la carrière pastorale. James
désirait être médecin et aurait
fait les études nécessaires si les
circonstances l'avaient permis. Comme
c'était au-dessus de sa portée, il
choisit la pharmacie et entra en apprentissage chez
un ami dans une ville voisine.
Sept années d'apprentissage hors
du foyer firent de lui un homme avant même
d'avoir atteint vingt et un ans. Le genre
tranquille de ce commerce à la campagne lui
donna des occasions d'étudier. Très
éveillé et appliqué, il lisait
beaucoup et était méthodique dans
toutes ses habitudes. Après la Bible, la
théologie était son étude
favorite. Il lut de nombreux sermons et
d'excellentes biographies. En outre, il
était doué pour la musique et pour
les mathématiques. Il s'intéressait
aux oiseaux, aux plantes et à la nature en
général. De taille moyenne, il
était fort, actif, avait un gai sourire et
des manières agréables qui le
rendaient attachant.
C'était du moins ce que disait sa
mère quand, à l'occasion des jours de
congé, il revenait à la maison. Et il
arriva qu'elle ne fut pas seule à penser
ainsi. Le foyer de John Taylor n'était plus
le petit cottage près de la chapelle
où Mary Shepherd entra comme jeune
mariée. John Taylor, dont les affaires
avaient prospéré, avait bâti
une solide maison de pierre, en ville, et
c'était là que la famille
était installée depuis quelques
années. Il eût été
difficile de trouver un endroit plus heureux quand
tous y étaient réunis.
De l'autre côté de la rue,
il y avait une demeure tout aussi attrayante
où grandissaient un même nombre de
garçons et de filles. Naturellement les
contacts étaient très
fréquents. Le pasteur et M. Hudson
comptaient au nombre des plus chauds amis de James
Taylor et souvent, le dimanche soir, quand les deux
familles rentraient de la chapelle, elles
exécutaient des cantiques en plein
air.
M. Hudson n'était pas très
doué pour la prédication, mais il
était fidèle et consacré.
Quant à M. Hudson, elle alliait la douceur
d'esprit à une grande énergie, et
elle était en bénédiction
à beaucoup. Trois garçons et quatre
filles complétaient la famille.
Amélie, la fille aînée, avait
quinze ans seulement quand ils vinrent
s'établir à Barnsley.
Bien que jeune encore, Amélie
était pour ses parents un appui tout
particulier. En plus de l'éducation
soignée qu'elle avait reçue au foyer,
elle avait bénéficié d'un
stage de plusieurs années dans une
école de Quakers. Sincère,
sérieuse, active, ne pensant jamais à
elle-même, elle était aimée de
chacun.. Tout ce qu'elle était et faisait,
révélait un cœur entièrement
livré au Seigneur.
Mais la situation financière de
la famille Hudson était difficile. Aussi,
pour aider en quelque mesure ses parents, et bien
que le sacrifice lui fût sensible, elle
chercha un gagne-pain. Avant même d'avoir
atteint l'âge de seize ans, elle entra comme
gouvernante de trois petits enfants au
château de Donnington. Elle fut heureuse dans
cette activité et ses enfants l'aimaient.
Les congés étaient rares et ses
courtes visites à Barnsley lui paraissaient
bien espacées.
Comme James Taylor en apprentissage,
elle connaissait de bonne heure la discipline de la
vie. Peut-être ce fait contribua-t-il
à les rapprocher. Ils apprirent à se
connaître et se trouvèrent en pleine
communion d'esprit sur les choses les plus
profondes de la vie. Le résultat
était à prévoir. Une vraie
affection grandit entre ces deux jeunes gens, si
bien faits l'un pour l'autre et, avant que le
pasteur Hudson ne quittât Barnsley, ils se
fiancèrent, entourés de l'amour et
des prières de leurs familles. C'est ainsi
que furent associés les deux noms : Hudson
Taylor.
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