HUDSON TAYLOR
PREMIÈRE PARTIE
LA FAMILLE ET LES
ANNÉES D'ENFANCE
1776-1849
(jusqu'à
l'âge de dix-sept ans)
CHAPITRE 3
Mis à part pour le Seigneur
1824-1832
Il se passa bien du temps avant que les
fiancés pussent se voir un peu. À
seize et dix-sept ans, de longues
fiançailles sont inévitables, mais
elles procurent tant de joies qu'il est
relativement aisé de prendre
patience.
James Taylor retourna avec entrain
à son travail. La bénédiction
de Dieu reposait sur lui et débordait sur
d'autres. Le patron, qui avait pleine confiance en
son apprenti, lui confia la charge d'une succursale
dans la ville voisine. Là, James Taylor fit
l'expérience, comme d'autres avant lui, que
la prière et la peine, avec la foi en
Jésus-Christ, mènent à
tout.
Les années suivantes, il eut peu
de loisirs, mais il avait un amour toujours plus
grand pour l'étude, spécialement pour
tout ce qui pouvait contribuer à lui faire
mieux connaître la Parole de Dieu. La Bible
faisait toutes ses délices, et son
désir ardent était de communiquer
à d'autres les richesses qu'il y avait
découvertes. Tout près de la ville
où il travaillait se trouvaient plusieurs
villages complètement abandonnés du
point de vue spirituel. Il s'y rendit dimanche
après dimanche, parlant, dans ces endroits
isolés, du merveilleux amour de Dieu.
Beaucoup de ses auditeurs furent
réveillés et bénis. Voyant
cela, les autorités de l'église
à laquelle il se rattachait, reconnurent que
le jeune homme avait un appel pour ce
ministère si nécessaire. Elles
ajoutèrent donc son nom à la liste
des prédicateurs de Barnsley, en tête
de laquelle avait figuré son
grand-père. Il n'avait que dix-neuf
ans.
Pendant ce temps, sa fiancée
était toujours au château de
Donnington, se fortifiant et faisant une moisson
d'expériences pour les jours à venir.
Par de nombreuses lectures, elle gardait son esprit
en éveil, et la correspondance
régulière lui donna l'habitude
d'écrire rapidement et avec facilité,
chose qui devait prendre plus tard une valeur
inattendue.
Une fois son apprentissage
terminé, James Taylor retourna à
Barnsley. Grâce à l'appui de son
père, il loua un des meilleurs magasins de
la ville. Une de ses soeurs s'occupa provisoirement
du ménage, laissant à son
frère tout le temps de diriger son commerce
les six jours de la semaine et de prêcher le
dimanche. Il était fidèle dans la
prière, et le succès couronna ses
efforts. Il fut connu comme un homme probe et un
prédicateur très utile et
apprécié. Après quelques
années de labeur intense, le chemin devint
clair devant ses pas. Il put rembourser les fonds
avancés par son père et, avant une
maison et un revenu suffisant, il estima qu'il
pouvait se marier.
À cette époque, la famille
Hudson était établie à
Barton-on-Humber, et ce fut dans cette paisible
petite ville au cachet médiéval que
le mariage fut célébré le 5
avril 1831.
La jeune épouse reçut un
accueil chaleureux à Barnsley. Plus on la
connaissait, plus on l'aimait pour la douceur de
son caractère, sa modestie, son
humilité. Son mari réalisa souvent,
à son foyer, la véracité de la
parole des Proverbes : « Celui qui trouve une
femme trouve une bonne chose et obtient la faveur
de l'Éternel. »
Amélie participait avec
enthousiasme aux travaux de son mari, tout en
apportant à sa tâche domestique la
minutie qui caractérisait tout ce qu'elle
faisait. Sa classe biblique, forte de quarante
à cinquante jeunes gens, subit son
influence. Une des joies de leurs premières
années de vie à deux fut un
réveil dans leur église, amenant
à la conversion plusieurs de ses
élèves.
Elle aidait son mari dans la
préparation de ses sermons. Ensemble, ils
priaient et étudiaient. Quand le cœur de
James Taylor débordait et que sa plume ne
pouvait suivre ses pensées, sa femme prenait
alors des notes rapides et écrivait pour lui
la prédication qu'il prononçait tout
en arpentant l'arrière-magasin. Il
était doué et mettait beaucoup de
soin à préparer ses messages. Pendant
bien des années, Amélie lui
prêta un appui d'une valeur inestimable, et
la joie de voir des âmes sauvées par
ce ministère fut leur
récompense.
Comme commerçant, James Taylor
acquit une excellente réputation à
Barnsley. Il était scrupuleux, ponctuel dans
ses paiements, généreux pour les
pauvres, accueillant envers les étrangers.
Son commerce était prospère. Ses
concitoyens le nommèrent
à un poste de confiance
qu'il occupa, estimé de tous, pendant
vingt-deux ans.
JAMES
TAYLOR
PÈRE D'HUDSON
TAYLOR
«
Pour moi-même et pour le travail que
Dieu m'a permis d'accomplir, je dois une
inexprimable reconnaissance à mes
chers et vénérés
parent, qui sont maintenant dans leur
repos, mais l'influence de leur vie
demeurera à toujours.
»
HUDSON TAYLOR.
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Mais en premier lieu, c'est à Dieu que
James Taylor cherchait à être
fidèle. Il prenait la Bible au mot et il
croyait que, soumise à l'épreuve de
l'expérience quotidienne, elle était
le plus pratique de tous les livres.
Un jour inoubliable entre tous, dans le
premier hiver de leur union, fut celui où
leurs yeux tombèrent sur un passage qui les
impressionna fortement. C'étaient les
versets du 13e chapitre de l'Exode, avec le texte
correspondant du livre des Nombres :
« Sanctifie-moi tout
premier-né...
Tous les premiers-nés sont
à moi...
Ils seront à moi...
Mis à part pour l'Éternel.
»
Ils eurent ensemble un long et sérieux
entretien au sujet du bonheur qu'ils attendaient.
Leurs coeurs ne reprirent rien au Seigneur. Pour
eux, la question n'était pas de savoir
comment donner un peu, mais comment donner
beaucoup. Tout ce qu'ils avaient Lui appartenait.
S'Il leur demandait leur enfant, ils le Lui
donneraient. Le Lui consacrer, c'était le
posséder mieux, puisque c'était le
remettre à Celui qui peut dire « Il est
à Moi », non seulement pour le temps,
mais pour l'éternité.
Ils s'agenouillèrent alors en
silence, pour consacrer à Dieu leur enfant
premier-né, comme les parents hébreux
de jadis. Ce fut une transaction bien
définie par laquelle ils remirent leur
trésor au Seigneur et demandèrent la
riche influence du Saint-Esprit afin que leur
enfant fût « mis à part »
dès cette heure même.
La certitude que leur don était
accepté descendit dans leur âme. Cette
vie qui leur était si chère, ils la
tinrent à la disposition d'une
volonté supérieure à la leur,
d'un amour plus profond que le leur.
Au printemps, alors que les collines et
les vallées du Yorkshire revêtaient
leur fraîche parure, le 21 mai 1832, naquit
l'enfant de tant de prières. Il reçut
le nom de son père et de sa mère :
James Hudson Taylor.
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