LES HEUREUX
II
LES
HUMBLES
Heureux les pauvres en esprit,
car le royaume des cieux est à eux.
MATTHIEU V, 3.
|
Jésus va parler, il va dire quels
sont les heureux, les vrais heureux parmi les
hommes; le cortège de ceux auxquels il donne
ce titre s'avance lentement : Qui sont-ils ? Oh !
chose extraordinaire, en toute première
ligne les pauvres en esprit ! Tandis que dans les
sociétés humaines, tandis que dans
les pays aristocratiques, dans les cours par
exemple, ceux qui passent avant tous les autres ce
sont les plus hauts dignitaires, les princes du
sang, les membres de la famille régnante,
suivis des autres de moins en moins importants,
dans le royaume de Dieu, c'est
précisément le contraire : «
Heureux tout d'abord les pauvres en esprit. »
Nos yeux et nos oreilles en sont tout
étonnés, il nous semble que nous nous
sommes trompés et que nous n'avons pas bien
vu ni bien entendu. Eh ! non, il n'y a pas
d'erreur, ceux que Jésus appelle en premier
lieu, ceux qu'il met au premier rang, ce sont bien
les pauvres en esprit. Il serait du reste
étrange, absolument inconcevable, que des
hommes comme les apôtres aient inventé
un ordre de marche pareil, eux qui se disputaient
pour savoir lesquels étaient les premiers,
eux qui refusaient de se laver les pieds les uns
aux autres et de les laver à leur
Maître, tout simplement par orgueil ou par
amour-propre, eux parmi lesquels se trouvaient
Jean, « celui que le Seigneur aimait »,
le plus profond de tous, et Jacques, son
frère, qui, accompagnés de leur
mère, avaient un jour demandé
à Jésus ni plus ni moins que
d'être assis sur des trônes, à
sa droite et à sa gauche, quand il viendrait
dans sa gloire !
Non, non, les disciples ne se sont pas
trompés, ils ont bien entendu et bien
compris le Maître, ce sont les pauvres en
esprit qui les tout premiers vont posséder
le royaume. Et remarquez que la parole de
Jésus est aussi forte dans Luc que dans
Matthieu: si dans Matthieu ce sont les pauvres en
esprit qui sont désignés, dans Luc ce
sont les pauvres tout court, sans
doute parce que la
pauvreté matérielle aide souvent
à la pauvreté spirituelle.
Avant d'examiner de plus près le
sens de cette étrange parole, disons un mot
des déceptions que parfois Dieu nous cause
dans ses paroles et dans ses actes, car il dut y
avoir, il y a certainement encore beaucoup de gens
qui sont déçus, scandalisés
même par une déclaration semblable ;
je ne serais pas étonné qu'elle ait
éloigné du Sauveur et de la vie
éternelle plus d'un lecteur des
Évangiles, très persuadé de sa
valeur personnelle et ne pouvant pas comprendre que
Jésus parle ainsi. Ce n'est pas pour rien
que le Sauveur a été jusqu'à
dire « qu'il était plus facile à
un chameau de passer par le trou d'une aiguille
qu'à un riche d'entrer dans le royaume de
Dieu »
(Marc X, 25). On sait en effet
à quel point il est difficile à ceux
qui sont riches de biens matériels, ou de
biens intellectuels et spirituels, à ceux
par exemple qui sont de parfaits honnêtes
gens, d'avouer comme les péagers et les gens
de mauvaise vie qu'ils ont besoin de Sauveur. Il
faut reconnaître qu'il est dur, très
dur pour eux, tant que leur coeur n'a pas
été changé, de se trouver sur
le même pied que ceux que l'on appelle les
grands pécheurs. Une pareille
société dans le
ciel comme sur la terre est
singulièrement compromettante et il semble
que Jésus aurait bien pu avoir un peu plus
d'égards pour ces braves et excellentes gens
qui depuis tant d'années, à l'exemple
du frère aîné du prodigue, ont
servi le Maître « sans avoir jamais
transgressé ses ordres »
(Luc XV, 29).
Ah ! les déceptions que Dieu se
plaît à nous causer, au dire de bien
des personnes, semblent nombreuses et parfois
cruelles. Est-ce bien sûr? Est-ce bien notre
être intérieur, notre véritable
moi qui est déçu? ne serait-ce pas
plutôt le faux moi, la caricature du vrai, ce
personnage étrange, monstrueux, fait
d'égoïsme et d'orgueil qui s'est
substitué au vrai moi ? En d'autres termes,
aux yeux de la chair, oui certes, la
déception existe, il faut le
reconnaître franchement, aux yeux de
l'esprit, elle n'existe pas ; au contraire la
parole de Jésus trouve dans les profondeurs
de notre être un écho qui nous
étonne nous-mêmes en nous
révélant notre véritable moi.
J'en appelle à tous ceux qui se sont
laissé entraîner parfois par leur
vanité et par leur orgueil : si tout d'abord
ils y trouvaient une satisfaction d'amour propre,
tout au fond de leur être ils
n'étaient contents ni d'eux-mêmes ni
des autres ; quand au contraire leur vanité
a été foulée aux pieds, quand
ils ont dû passer par
certains froissements
d'amour-propre douloureux et qu'ils ont
commencé à mourir à
eux-mêmes, ils en ont été en
réalité satisfaits dans leur vrai
moi.
En d'autres termes les déceptions
que Dieu nous cause nous sont salutaires, elles
sont autant de preuves de son immense amour pour
nous et il nous est bon, très bon de nous
placer avec les béatitudes en face de la
grande réalité et de la
véritable grandeur. Ayons confiance dans le
Dieu qui nous connaît bien mieux que
nous-mêmes et qui a pour nous des ambitions
autrement plus grandes et plus légitimes que
les nôtres.
Mais alors, demanderez-vous, qu'est-ce
donc que ces pauvres en esprit? Le mot est
très fort, il vient d'un verbe grec qui
signifie : se faire tout petit, se blottir, se
tapir. Cela ne veut donc pas dire : Heureux les
idiots, les nigauds, les gens sans intelligence,
encore qu'il y ait parmi ces derniers de belles, de
très belles âmes qui pourraient bien
nous devancer dans le royaume de Dieu. Allez
demander à un John Bost ou à un
Bodelschwing, les fondateurs des admirables
Colonies de La Force ou de Berthelsdorf, ce qu'ils
en pensaient et les expériences qu'ils ont
faites à cet égard, ils vous diront
l'un et l'autre qu'ils ont rencontré des
étoiles de première
grandeur dans la nuit des
dégénérés, des perles
de grande valeur dans l'abîme de la
souffrance. Mais ce n'est évidemment pas
là le sens que Jésus attribue
à l'expression pauvres en esprit, car
l'intelligence est fille de Dieu tout aussi bien
que la conscience et le génie intellectuel
d'un Pascal, d'un Calvin, d'un Luther, d'un
Beethoven ou d'un Saint-Paul sont des
chefs-d'oeuvre du Dieu créateur : s'il est
beau d'aimer et de servir Dieu avec l'unique talent
que l'on a reçu, c'est encore plus beau,
c'est encore plus grand de mettre à son
service les trois ou les cinq talents qu'il a pu
nous confier. Nous tenons à insister
là-dessus, parce qu'il règne à
cet égard d'étranges
préjugés dans beaucoup de milieux et
chez beaucoup de gens, et il faut avouer que ceux
qui les acceptent et qui les propagent ne sont pas
précisément parmi les plus
intelligents.
Non, le vrai sens du mot pauvre en
esprit est autre, tout autre : c'est
l'humilité. Les pauvres en esprit ce sont
les humbles, ceux qui sont humbles à leurs
propres yeux ; on pourrait traduire
littéralement : les pauvres par l'esprit ou
encore ceux qui ont l'esprit de pauvreté, et
cela signifie qu'ils ont une petite idée
d'eux-mêmes et que par suite des
circonstances extérieures, la
pauvreté par exemple, les difficultés
matérielles, la maladie,
le deuil ou d'autres épreuves, et surtout
par l'expérience profonde du
péché, sous l'influence de leur
conscience éclairée par le
Saint-Esprit, ils sont arrivés à ne
plus croire en eux-mêmes, à se
défier d'eux-mêmes, ils n'ont plus
envie de se mettre en avant, ils ne peuvent plus se
vanter, ils sont trop humiliés, trop
brisés, trop dépouillés pour
cela.
N'oublions pas que pour en arriver
là ou peut être fort intelligent,
souvent même l'humilité est une preuve
d'intelligence. On sait que la plupart des grands
savants, de ceux qui furent des initiateurs et non
pas des vulgarisateurs plus ou moins
prétentieux, ont été ou sont
encore des hommes profondément humbles,
sachant fort bien qu'ils connaissent peu de choses,
très peu de choses et qu'ils en ignorent
beaucoup plus. Témoin le
célèbre Pasteur tout à fait
déconcerté, parce que, dans un grand
congrès de savants à Londres, il
apprenait à son entrée dans la grande
salle d'Albert Hall que c'était pour lui et
non pas pour le Prince de Galles que l'immense
assemblée s'était levée. Il en
est ainsi d'ordinaire des hommes vraiment
supérieurs, les plus hauts placés
intellectuellement et socialement sont souvent les
plus humbles. Je n'ai jamais rencontré dans
ma vie d'homme plus humble et en même temps
plus haut placé que feu le Grand Due de
Bade, dont l'humilité vous humiliait; en
causant avec lui, on avait envie de se cacher en
découvrant chez ce souverain
l'humilité d'un petit enfant, unie à
la distinction d'un homme très
supérieur.
Aussi quand Jésus s'écrie
: « Je te loue, Père, Seigneur du ciel
et de la terre, de ce que tu as caché ces
choses aux sages et aux intelligents et de ce que
tu les as révélées aux enfants
; oui, Père, je te loue de ce que tu l'as
voulu ainsi »
(Matthieu XI, 25 et 26), il va sans
dire qu'il ne voulait pas par là
mépriser les sages et les intelligents, mais
honorer ceux qui étaient assez sages et
assez intelligents pour ne pas l'être
à leurs propres yeux, la sagesse et
l'intelligence des hommes orgueilleux les
empêchant d'ordinaire de venir à Dieu
et de s'humilier devant lui.
Ne l'oublions pas, Jésus, notre
parfait modèle, a été l'homme
humble par excellence : n'a-t-il pas dit qu'il
était « le Maître doux et humble
de coeur »
(Matthieu XI, 29) ? Après
être né dans une crèche,
n'a-t-il pas consenti à vivre pendant trente
ans dans le milieu le plus pauvre, occupé
à gagner son pain et celui des siens,
à la sueur de son front, par la plus humble
des activités ? Ne s'est-il pas toujours
complu à vivre au milieu
des petits de ce monde ? Bien mieux, l'impression
qu'il faisait sur les autres, sur les siens eu
particulier, était si peu imposante qu'ils
le traitaient comme pair et compagnon et que
l'apôtre Pierre osait le reprendre en face
lorsque Jésus parlait de ses souffrances.
Son humilité était telle que la
veille de sa mort il consentit à laver les
pieds de ses disciples, tandis qu'eux discutaient
pour savoir quel était le plus grand et
refusaient tous de se rendre ce service, tant-ils
étaient persuadés de leur valeur
personnelle. On dirait vraiment que Jésus
trouve sa joie à se faire petit, tout petit,
à posséder et à
posséder toujours mieux cet esprit de
pauvreté dont nous venons de parler. Il ne
le recommandait pas seulement par ses paroles, il y
entraînait les autres par ses actes, par
toute son attitude du commencement à la fin
de sa vie. Aussi les humbles peuvent-ils
tressaillir de joie à la pensée
d'être en si bonne compagnie. « Vous
m'appelez Maître et Seigneur ; et vous dites
bien, car je le suis. Si donc je vous ai
lavé les pieds, moi le Seigneur et le
Maître, vous devez aussi vous laver les pieds
les uns aux autres; car je vous ai donné un
exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai
fait »
(Jean XIII, 13 à 15).
Mais pourquoi déclare-t-il
heureux les pauvres en esprit? Parce que le royaume
des cieux est à eux. Le grand obstacle au
royaume, c'est l'orgueil, ce
désespérant orgueil que nous
retrouvons dans tous nos coeurs et que nous ne
réussissons pas à extirper
complètement, cet orgueil qui perdit nos
premiers parents et qui pourrait bien avoir perdu
auparavant le tentateur, cet orgueil qui
reparaît si facilement sous forme d'orgueil
spirituel même chez les croyants les plus
avancés. On sait les chutes terribles qu'Il
a causées chez tels ou tels chrétiens
que l'on considérait comme des
modèles, ils étaient sur le point de
toucher à la cime quand soudain le vertige
s'est emparé d'eux et les a
précipités dans l'abîme. Ce
n'est pas pour rien que le Seigneur avait
envoyé au grand apôtre Paul cette
écharde dans la chair qu'il appelle un
« ange de Satan destiné à le
souffleter et à comprimer son orgueil »
(2 Corinthiens XII, 7). L'orgueil en
effet est le grand obstacle au royaume des cieux,
puisque « Dieu résiste aux orgueilleux
et qu'il fait grâce aux humbles »
(Jacques IV, 6), tandis que, au
contraire, l'humilité assure sa
venue.
Les pauvres en esprit,
c'est-à-dire les humbles étant ceux
qui se défient d'eux-mêmes et qui ne
peuvent plus compter sur leurs propres
forces, on comprend qu'ils
aillent chercher ailleurs ce qu'ils ne trouvent pas
en eux-mêmes; ils seront donc
prédisposés à se tourner vers
Dieu, c'est-à-dire vers celui qui est la
plénitude pour faire disparaître leur
vide. Ils souffrent trop de ce vide et même
de ce néant pour ne pas chercher ailleurs le
moyen de le faire disparaître et tout
naturellement ils soupirent après Dieu,
après ce Dieu qui a dit : « J'habite
dans les lieux élevés et dans la
sainteté, mais je suis auprès de
l'homme qui a le coeur brisé et
humilié, afin de ranimer les esprits
humiliés, afin de ranimer les coeurs
contrits »
(Ésaïe LVII, 15).
En d'autres termes, ils sont dans les
conditions intérieures voulues pour
s'approcher de Dieu, pour le chercher et le
trouver, et pour en être remplis, et Dieu les
voyant à ce point humbles et dans les
dispositions voulues est tout disposé
à se pencher sur eux, pour les accueillir,
les relever et leur communiquer sa
plénitude.
Mais il y a plus encore, Jésus
déclare heureux les pauvres en esprit parce
qu'il est là lui-même pour
répondre à leurs prières et
leur venir en aide : ils vont comprendre, eux qui
sont humbles, un Dieu qui s'abaisse, ils
n'auront aucune peine à
recevoir dans leur coeur un Dieu qui s'humilie,
dont la vie commence dans la crèche de
Bethléhem et se termine sur la croix de
Golgotha ; cette vie du Fils de l'homme qui entre
la crèche et la croix n'avait pas un lieu
où reposer sa tête est bien faite pour
attirer leur attention et les gagner à lui.
Et quand le Christ, trouvant la porte ouverte, est
entré dans leur coeur, il apporte avec lui
ce royaume de Dieu dont nous parle
l'Évangile, c'est-à-dire cette paix,
ce repos et cette joie que la présence de
Dieu communique à tous ceux qui le
connaissent. Puis ce royaume commencé dans
l'intérieur de leur coeur va rayonner tout
autour et dans toutes les directions, il va
pénétrer leur existence et l'embellir
en y mettant du soleil et de la joie. Dieu, le Dieu
vivant, introduira de l'ordre là où
régnait le désordre, il substituera
l'harmonie à l'anarchie, et, sans jamais les
entraîner dans l'orgueil puisque tout est
grâce et qu'ils ne subsistent que par
grâce, il va les relever à leurs
propres yeux comme aux yeux des autres, il va leur
rendre leur vraie dignité, leur valeur
réelle, laquelle ne dépend pas de la
condition sociale ou du milieu ambiant, mais du
sentiment tout intérieur de la
créature spirituelle relevée et
sauvée qui se sait fille de Dieu.
Enfin ce pauvre que peut-être on
méprisait jadis, qui
parfois se méprisait lui-même, va
prendre une valeur toujours plus grande en
propageant le royaume autour de lui, en y
introduisant ses compagnons de route, ceux qui
volontiers le regardaient de haut jadis, et, devenu
collaborateur de Dieu, pouvant appeler Dieu son
Père et les hommes ses frères, il ne
trouvera rien de dégradant du tout dans son
humilité qui grandira à mesure que
lui-même s'élèvera.
Je ne connais rien de mieux pour
transformer les classes sociales et le travail de
tous les jours même le plus humble, que cette
pensée que nous sommes membres du royaume
des cieux. Ah ! qu'il est bien nommé : le
royaume des cieux, c'est-à-dire le royaume
qui ressemble aux cieux, qui est le ciel descendu
sur la terre, le ciel avec toutes ses joies, toutes
ses espérances, tout son
épanouissement, toute sa merveilleuse
beauté.
En effet, ne l'oublions pas, Dieu ne
crée pas le ciel, ce sont les
créatures spirituelles qui le créent,
car il est fait de liberté et de bonne
volonté. Tout ce que Dieu peut faire est de
le préparer, le rendre possible, d'en
faciliter la venue, mais pour que ce ciel paraisse
il faut que nous le voulions, que nous nous y
prêtions, et la pauvreté, la
pauvreté qui rend humble, l'esprit
de pauvreté qui est
l'humilité en sera la condition
première. Oh ! des vies toutes
pénétrées des harmonies du
ciel, des gloires de l'au delà
mystérieux, voilà ce qu'il faut
à la terre, voilà ce que
réclame notre pauvre
génération déçue,
meurtrie, désespérée parfois.
Car si le ciel nous attend après la mort il
peut, il doit commencer dès ici-bas, et il
dépend de nous de le faire descendre et de
le faire pénétrer dans tous les
domaines de la vie humaine.
Dans l'époque si sombre que nous
traversons aujourd'hui, il en est beaucoup qui sont
déconcertés, déprimés
et comme désespérés par la
souffrance. Mais c'est précisément
cela qui peut les amener à l'état
d'âme que Jésus a
caractérisé en disant : «
Heureux les pauvres en esprit car le royaume des
cieux est à eux». Le grand danger d'une
époque comme la nôtre c'est le
découragement, presque le désespoir :
il y a un moyen bien sûr de l'éviter
et de sortir victorieusement de cette crise, en
cherchant auprès du Sauveur la consolation
dont nous avons besoin. Puisqu'il est difficile,
très difficile aujourd'hui de croire encore
à la terre, puisque nous avons perdu tant
d'illusions sur cette humanité pour laquelle
Dieu a fait tant de sacrifices, il faut à
tout prix que nous cherchions
dans le Sauveur du monde le
refuge de nos âmes. Je voudrais le dire et le
dire bien haut, je voudrais le crier à ceux
qui pourront lire ces lignes : sans les
connaître pour la plupart, j'éprouve
à leur égard la plus profonde des
sympathies et je suis tout ému de penser que
cette sympathie n'est qu'un écho et un
écho lointain, un reflet et un reflet bien
pâle de celle du Sauveur. Ah! croyons de tout
notre coeur à son amour immense, à
ses compassions infinies pour notre pauvre race et
pour chacun de nous en particulier, et qu'au lieu
de nous durcir ou de chercher en nous-mêmes
ou dans des espérances plus ou moins
illusoires la consolation et le réconfort
dont nous avons besoin, nous les cherchions en Dieu
et en Dieu seul. Il ne met pas dehors celui qui
vient à lui, et dans la mesure où
nous sentons le besoin de consolation et
d'encouragement, il est prêt à nous
les accorder. Il était bon que nous soyons
déçus par le monde et par les hommes,
car nous risquions de mettre en eux toute notre
confiance. Puisque nous ne pouvons plus le faire
aujourd'hui, que ce soit du moins en lui seul que
nous nous réfugions, étant
assurés que nous ne le regretterons jamais,
car Dieu qui fut si souvent déçu par
nous n'a jamais déçu ceux qui se
confient en lui.
- Le cri de mon âme
S'élève vers toi.
- Elle te réclame,
- Jésus pour ton roi.
- Ton joug est facile
- Ton fardeau léger
- Sur mon coeur docile,
- Règne, ô bon Berger!
-
- Jésus, sois mon guide,
- Dirige mes pas,
- Et sois mon égide,
- Dans tous mes combats.
- Dans la nuit profonde
- Tiens-moi par la main
- Lumière du monde,
- Luis sur mon chemin!
-
- Source de l'eau vive,
- Pain venu des cieux,
- Que par toi je vive
- Paisible et joyeux
- Quand luira l'aurore
- Du jour éternel,
- Que je vive encore
- Pour toi, dans le ciel !
|