LES HEUREUX
IX
CONCLUSION
LE SOLEIL
LEVANT
Pour vous qui craignez mon nom se
lèvera le soleil de justice qui
porte la santé dans ses
rayons.
MALACHIE IV, 2.
Le soleil levant nous a
visités d'en-haut pour
éclairer ceux qui sont assis dans
les ténèbres et dans l'ombre
de la mort et pour diriger nos pas dans le
chemin de la paix.
LUC 1, 78 et 79.
Je suis la lumière du
monde, dit Jésus ; celui qui me
suit ne marchera pas dans les
ténèbres, mais il aura la
lumière de la vie.
JEAN VIII, 12.
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Ayant eu récemment l'occasion de
présider à Leysin quelques
réunions religieuses, j'ai pu voir de mes
propres yeux de véritables miracles
accomplis en plein vingtième siècle,
et cela, grâce au soleil qui porte la
santé dans ses rayons et sous la conduite
à la fois scientifique et
paternelle d'un homme admirable,
le docteur Rollier, un véritable
apôtre, un convaincu, qui n'a pas encore
réussi, comme tous les apôtres du
reste, à convaincre le monde, mais qui n'en
accomplit pas moins l'une des oeuvres les plus
magnifiques que l'on puisse imaginer. C'est un
savant doublé d'un croyant, un
médecin doublé d'un philanthrope, et
j'avoue que ce genre d'hommes est assez rare pour
qu'en le rencontrant un pasteur se sente à
la fois ému et tout
réconforté. Voilà comment je
conçois la carrière de docteur, elle
devient un véritable ministère, et
des hommes de cette trempe peuvent se dire qu'ils
ont une influence infiniment plus étendue et
surtout plus profonde qu'ils ne le croient
d'ordinaire.
C'est aux malades, aux jeunes surtout,
atteints, non pas de la tuberculose pulmonaire mais
de la tuberculose osseuse, que le docteur Rollier
consacre sa belle et noble vie. Il nous a
montré toute une série de
photographies qui prouvent de la façon la
plus indiscutable que le traitement par le soleil
est bien une réalité et l'une des
plus bienfaisantes. En comparant l'état du
malade ou tel de ses membres rongé par le
mai avec ce qu'il devient quelques mois plus tard,
il est facile de constater la transformation qui
s'est opérée autant au point de vue
moral qu'au point de vue physique.
En voyant tout cela, j'étais
ému de penser que Dieu a mis ainsi à
la disposition des hommes un moyen de
guérison aussi simple et aussi naturel pour
réparer les erreurs et souvent les fautes
qu'ils ont, faites dans la vie anormale que la
plupart d'entre eux mènent encore
aujourd'hui. Et surtout je ne pouvais
m'empêcher de penser à cet autre
soleil infiniment plus efficace dans l'ordre
spirituel comme dans l'ordre matériel qui
s'appelle Jésus-Christ et dont l'astre
radieux n'est qu'un admirable symbole ; c'est bien
lui le soleil de justice qui porte la santé
dans ses rayons, lui le soleil levant qui a
visité la terre pour dissiper les
ténèbres, lui la lumière du
monde qui nous communique la lumière de la
vie. Parler de lui à ce point de vue sera la
manière la plus pratique de terminer nos
études sur les béatitudes, car il
apporte avec la santé dans ses rayons le
véritable bonheur, et cela dans la mesure
où nous soupirons après lui,
où nous le cherchons de tout notre coeur
après avoir souffert des
ténèbres; il faut souvent être
dans la nuit pour soupirer après le soleil,
il faut être malheureux pour désirer
ardemment le bonheur, et jamais comme aujourd'hui
la nuit que traverse l'humanité n'a mieux
préparé l'homme à la grande
lumière du soleil levant qui porte la
santé dans ses rayons. Heureux ceux qui sont
dans la nuit, car ils soupirent
après le jour qui vient, ils saluent par
avance le soleil qui va paraître.
Disons maintenant comment il s'y prend
pour guérir ceux qui sont malades et leur
communiquer la joie et la santé. Il doit
dans ce but accomplir quatre opérations dans
l'être malade comme le fait le
soleil.
Tout d'abord éclairer le malade,
et j'ajoute: ceux qui s'intéressent à
lui, sa famille, ses amis, son docteur. Il est bon,
il est nécessaire que nous sortions de nos
rues tristes, de nos appartements sombres, des
ombres de nos vies pour nous mettre en pleine
lumière solaire: Car alors nous ne tardons
pas à découvrir nos plaies, le soleil
les fait apparaître dans toute leur laideur,
parfois profondes, purulentes et repoussantes, on
les voyait à peine lorsqu'on était
dans l'obscurité, il est impossible
maintenant de ne pas les voir telles qu'elles sont.
Évidemment ce spectacle n'est guère
attrayant et je comprends ceux qui reculent
à la pensée de l'avoir bientôt
sous leurs yeux. Mais comme ils sont plus
intelligents ceux qui, avec virilité, se
laissent éclairer et permettent au soleil de
leur dire ce qu'ils sont exactement !
Dans le domaine spirituel il doit en
être ainsi; la toute
première chose que Jésus-Christ doit
faire pour un homme qu'il veut guérir, c'est
de lui montrer sa misère, de lui enlever ses
illusions, en projetant jusqu'au fond de son
être sa puissante et sainte lumière.
Ah ! je reconnais que la découverte de nos
plaies est douloureuse: quand on se croit un homme
irréprochable, quand on est un brave, un
excellent citoyen, rien n'est dur, rien n'est
poignant comme d'apprendre qu'aux yeux de Dieu on
ne vaut guère mieux que les autres et qu'on
a besoin comme eux de la cure du soleil de justice.
Quand on se croit en ordre, découvrir qu'on
est perdu sans un Sauveur, quand on est fier de sa
santé, savoir qu'on ne peut pas se passer
d'un médecin, rien de plus pénible
pour le coeur naturel. C'est pourtant là
l'expérience qu'il faut faire, et pour en
arriver là, il suffit de se mettre une bonne
fois sous la lumière de la sainteté
de Jésus-Christ : aussitôt les taches,
invisibles jusqu'alors, apparaissent sur notre
vêtement, et ce dernier que nous nous
imaginions si beau nous fait l'effet d'un
véritable haillon, d'une pauvre loque en
face de Jésus-Christ. Mais si cela fait mal,
si l'on se sent humilié, profondément
humilié de faire cette découverte,
cette humiliation ne doit pas nous faire peur, car
elle est nécessaire, elle est la condition
même de la guérison.
Sommes-nous prêts, tous
prêts, lecteurs bien-aimés, à
faire cette découverte ? Sommes-nous assez
intelligents pour ne pas fuir ce que le
Maître nous propose dans son amour ?
J'espère que oui, car notre avenir terrestre
comme notre destinée éternelle en
dépendent directement.
Le soleil heureusement n'éclaire
que pour guérir, et aussitôt qu'il
nous a éclairés, il commence la
guérison ; c'est entrer déjà
dans la guérison que de se savoir malade et
de se placer dans les conditions voulues pour
pouvoir se guérir. Que fait le soleil? pour
accomplir cette guérison, il tue le microbe
de la tuberculose, il le poursuit de retraite en
retraite, de cachette en cachette jusque dans les
dernières profondeurs des tissus malades
comme le feraient de puissants rayons Roentgen, il
ne se laisse arrêter par aucun obstacle, il
n'y a rien de trop épais, de trop opaque
pour entraver sa marche, et le microbe poursuivi
est obligé de se retirer de plus en plus
jusqu'à ce qu'il soit vaincu, puis
tué, impitoyablement tué et
détruit par le puissant soleil. On
prétend que, si redoutable qu'il soit, si
bien armé qu'il puisse être, il n'y
tient pas, il n'y peut tenir devant son adversaire
qui ne lui laisse plus aucun répit, et,
chose curieuse, même voilé le soleil
par sa lumière peut
continuer son oeuvre de
destruction, tant est irrésistible sa marche
triomphante.
Il faut de même que le soleil de
justice tue en nous le microbe de l'âme, le
péché sous toutes ses formes, sous
ses formes grossières, comme sous ses formes
subtiles, déguisées, le
péché que tout le monde condamne et
qu'un homme bien élevé doit abolir
dans sa vie, mais tout autant le
péché bien habillé qui a bonne
façon, ce cher péché mignon
que l'on conserve secrètement dans son coeur
et que peut-être les hommes ne voient pas,
qu'ils seraient bien étonnés de
découvrir en nous, mais que Dieu voit, que
Dieu condamne et qui n'a pas plus le droit de vivre
que l'autre: par exemple la jalousie, cette
lèpre hideuse qui ronge le coeur; l'orgueil
qui nous élève au-dessus des autres
et qui nous pousse à les dédaigner
secrètement ; la médisance ou la
calomnie qui nous donne de l'esprit au
détriment du prochain ou qui nous fait
paraître d'autant plus blancs que nous avons
davantage noirci le prochain ; le pessimisme et le
découragement qui nous ôtent le
goût de vivre et qui risquent de l'ôter
aux autres en même temps, cet
égoïsme en un mot ou, si l'on
préfère, cet égotisme qui nous
replie sans cesse sur nous-mêmes, qui fait de
notre moi le centre de gravité de notre vie,
qui nous oblige à tout
rapporter à
nous-mêmes comme si nous étions notre
propre soleil. Il faut que tout cela change, et
précisément dans la mesure où
sous les rayons du soleil de justice, nous
découvrons ces plaies, le microbe qui les a
produites doit être chassé,
pourchassé sans pitié jusqu'à
ce qu'il meure. C'est une lutte à mort qui
s'engage en nous entre la puissance des
ténèbres et la puissance de la
lumière, entre ces deux royaumes qui se
disputent notre coeur, entre lesquels il nous faut
choisir jusqu'à ce que l'un des deux
l'emporte sur l'autre, que la mort triomphe de la
vie ou la vie de la mort. Or cette victoire de la
vie sur la mort, de la lumière sur les
ténèbres dépend de nous et du
choix que nous aurons fait.
Ce n'est pas sans souffrances que se
livre cette bataille, mais la victoire en vaut la
peine : que sont ces souffrances, « ces
légères afflictions du moment
présent en comparaison du poids
éternel de gloire au delà de toute
mesure, auquel nous sommes appelés »
(2 Corinthiens IV, 17), et de la joie
indicible de la santé recouvrée par
la défaite de toutes les puissances du
mal?
Nous arrivons ainsi à la
troisième opération : le soleil, tout
en tuant le microbe, reconstitue les tissus en
activant les fonctions de la vie, la circulation,
la digestion, la respiration, etc. Rien
de frappant comme de voir
à la lumière de la radiographie la
réapparition de certaines formes d'os qui
avaient disparu; dans la photographie de l'os
malade, on n'en distinguait plus les formes, on ne
voyait plus qu'une masse opaque et plus ou moins
confuse, et voici qu'au bout de cinq ou six mois
d'insolation, la forme de l'os
réapparaît ; le dessin se montre de
nouveau et l'on ne peut s'empêcher d'admirer
le travail merveilleux du soleil, c'est bien comme
une création nouvelle qui vient de se
produire.
Jésus-Christ ne fait pas autre
chose, « celui qui est en Christ est une
nouvelle création, toutes choses sont faites
nouvelles »
(2
Corinthiens V, 17). «Je suis la
résurrection et la vie. Celui qui croit en
moi vivra quand même il serait mort ; et
quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais
»
(Jean XI, 25 et 26). Là
où tout à l'heure le
péché avait détruit,
ruiné, tué, Jésus-Christ fait
vivre, relève, reconstitue. Il comble nos
vides, il remplit nos lacunes; à mesure
qu'il nous enlève nos défauts, il
nous communique ses vertus à lui, son amour,
sa bonté, sa bienveillance, sa
sainteté, son énergie; il nous fait
aimer la vie en l'intensifiant, il nous communique
une vie rayonnante, une vie débordante qui
n'est autre chose que sa vie, c'est-à-dire
la vie normale. Et c'est ainsi que de
conquête en conquête et de victoire
en victoire, la
personnalité se reforme, la vraie, celle que
Dieu a voulue, celle qu'il a pensée, et qui
doit refléter sa glorieuse image. Oh ! que
de fois nous avons admiré dans des
êtres complètement déchus, de
malheureux buveurs par exemple ou de pauvres
impurs, véritables possédés du
démon, loques humaines horribles à
voir, l'image de Christ réapparaissant au
milieu de ces ruines! Car ce qui vit en nous quand
nous sommes guéris, ce n'est plus nous mais
lui, lui avec sa beauté, sa sainteté,
son amour, lui «le reflet de la gloire de
Dieu, l'empreinte de sa personne »
(Hébreux 1, 3).
Mais ce n'est pas tout, le soleil de
justice fait quelque chose de plus merveilleux
encore S'il est possible, comme du reste le soleil
de la nature. Celui-ci redonne de la joie et de la
beauté à ceux qui n'en avaient plus
et il pousse à l'activité ceux qui
n'avaient plus ni le courage ni la force de rien
faire. Le docteur Rollier a un idéal
très élevé, il ne veut pas
seulement guérir ses malades, il veut les
rendre à la société, et il
s'efforce de faire oeuvre de sauvetage, il ne les
pousse pas à vivre pour eux-mêmes,
mais à se perdre de vue pour les autres.
J'ai vu telle de ses malades devenue une admirable
garde-malade, toute dévouée à
la cause des enfants et qui les
soigne avec d'autant plus
d'amour qu'elle a été elle-même
plus atteinte autrefois; c'est maintenant une
véritable mère pour ces petits qui,
parfois, n'en ont plus. Bien des malades sont
redescendus de Leysin, ardemment désireux de
reprendre leur tâche au milieu des autres
hommes et de se rendre utiles dans la mesure de
leurs forces et là où Dieu les
appellerait à vivre. N'est-ce pas là
du reste une des manifestations de la vie que ce
besoin de se dépenser pour les autres ?
Partout où la vie est réelle, elle
rayonne, elle ne peut pas ne pas rayonner.
Il est de toute première
importance que le christianisme que nous professons
produise des types à la fois beaux et
actifs. J'entends par beaux, des hommes et des
femmes dont la vie soit sainte et qui
réalisent dans la mesure du possible cet
équilibre des contraires qui s'appelle la
sainteté, cette harmonie entre les
différentes parties de notre être qui
rendra notre piété attrayante et
victorieuse. Les chrétiens sont trop comme
les autres, plus ou moins
déséquilibrés, en ce sens
qu'ils penchent tantôt d'un côté
tantôt de l'autre, comme le cavalier ivre
dont parlait Luther ; ils devraient avoir cette
beauté morale qui caractérisait
Jésus-Christ et qui seule peut faire aimer
la piété. Croyez-le, si tant de gens
aujourd'hui ne veulent plus du christianisme, c'est
qu'il n'ont pas suffisamment
remarqué la transformation de nos
caractères sous l'influence de
l'Évangile. Celui-ci nous a trop
laissés tels que nous étions devenus
par notre nature déchue.
Eh bien, j'ai la conviction que, sous
l'influence des rayons du soleil de justice,
réchauffés, éclairés,
vivifiés par ses rayons, nous pouvons
être transformés; plus nous sommes en
contact avec lui, plus nous désirons lui
ressembler; il s'opère à ce contact,
d'une façon graduelle mais certaine, une
transformation toute à la gloire de Dieu,
puisqu'elle doit nous rendre semblables à
notre parfait modèle. « Tel il est,
tels nous sommes aussi dans ce monde »
(1 Jean IV, 17). La beauté
morale de Jésus-Christ nous attire et nous
séduit, nos laideurs en face d'elle
ressortent d'autant, plus et nous voulons à
tout prix les faire disparaître, et le soleil
est là pour accomplir cette oeuvre
merveilleuse. Les qualités de
Jésus-Christ nous paraissent souverainement
belles et désirables, et tout naturellement
nous allons faire notre possible, toujours sous
l'influence de ses rayons, pour nous les
approprier. Il se fait alors un échange
entre nous et lui, entre nos défauts et ses
qualités, et par cet échange, nous
lui devenons de plus en plus semblables. Ah ! de
beaux types chrétiens, voilà ce qui
importe aujourd'hui plus que jamais pour relever
la race et l'entraîner
vers sa glorieuse destinée. Mais dans la
mesure où le soleil nous rendra beaux, il
nous communiquera en même temps l'ardent
désir d'une activité bénie ;
plus la santé est rendue aux malades, plus
l'oisiveté, les longues stations dans la
chambre et dans le lit deviennent insupportables ;
il faut agir, il faut se donner, il faut se
dépenser, c'est la vie et la manifestation
sûre et certaine que cette vie est normale.
La puissance du péché paralyse notre
action en nous concentrant sur nous-mêmes
pour faire de notre moi le centre du monde. Quand
le soleil de justice nous a guéris et dans
la mesure où il l'a fait nous nous perdons
de vue, c'est le commencement de la guérison
et nous nous mettons à travailler pour les
autres, nous y trouvons notre bonheur, notre raison
d'être, c'est la santé.
Et, remarquez-le bien, il n'est pas
nécessaire pour agir de faire des choses
extraordinaires ; nous avons tous devant nous une
tâche, peu importe laquelle, l'essentiel,
c'est que nous la remplissions dans l'esprit du
serviteur qui est heureux de servir parce qu'il
aime et qui souffrirait beaucoup si ce service lui
était ôté.
Enfin, le dernier miracle accompli par
le soleil, c'est la joie dont il remplit les coeurs
et dont il fait rayonner les visages de tous ceux
qui là-haut subissent sa
merveilleuse influence. Autant ils étaient
tristes en arrivant, les pauvres malades, autant
ils deviennent joyeux à mesure que la
santé leur est rendue, et c'est là
peut-être une des choses qui font le plus
envie dans la carrière du docteur Rollier :
semer de la joie et la semer à pleines
mains, dissiper les nuages qui assombrissent les
fronts, aider les malheureux à chanter de
nouveau au lieu de se plaindre, transformer leur
profond pessimisme en joyeux optimisme, quelle
gloire, quel privilège!
Le soleil de justice ne fait pas moins,
c'est là ce qu'il accomplit constamment chez
ceux qui consentent à se placer sous ses
rayons; il leur communique une joie qu'ils ne
connaissaient pas autrefois, et cette joie, c'est
sa joie : « Je vous ai dit ces choses, afin
que ma joie soit en vous et que votre joie soit
parfaite
(Jean XV, 11) Parole extraordinaire
qu'il prononçait quelques heures avant sa
mort, tant il est vrai que la joie
chrétienne doit être
indépendante des circonstances. Elle peut,
elle doit se maintenir et même grandir sans
se laisser arrêter par rien. On
n'arrête pas une source qui jaillit, une
fleur qui répand son parfum, un oiseau qui
chante, un soleil qui rayonne ; il y a là
des puissances qui sont plus fortes que nous et qui
se manifestent à travers tout. C'est
là la vraie raison de la
joie, les gens du dehors appelleront cela
peut-être de l'indifférence ou
même de l'égoïsme, nous croyons,
nous, que c'est bien plutôt le triomphe de
l'homme arraché à lui-même ;
ayant rencontré le grand amour de Dieu,
l'âme s'est mise à aimer, et en aimant
elle a trouvé son bonheur, bonheur d'autant
plus grand qu'il est alimenté par une source
inépuisable qui s'appelle l'amour de Dieu.
Comment être triste quand on vit près
de cette source et que la soif est
étanchée à mesure qu'elle se
produit ?
Si pour terminer, nous nous demandons
maintenant ce qu'il faut faire pour connaître
la puissante efficace des rayons du soleil de
justice, nous dirons tout simplement qu'il en est
ici comme du soleil de la nature. Ce qu'on demande
aux malades, c'est tout simplement qu'ils
consentent à se placer et à rester
sous l'action directe des rayons du soleil;
méthodiquement, régulièrement
chaque fois qu'il paraît, il faut que le
malade se place à sa lumière, qu'il
en ait envie ou non, qu'il soit triste ou gai, le
soleil l'appelle, il faut qu'il sorte à sa
rencontre.
De même, jour après jour,
celui qui soupire après la santé
spirituelle doit par un acte de volonté sans
cesse renouvelé, parfois difficile, mais qui
devient de plus en plus facile, se
placer et se maintenir en
contact avec le Christ, prendre et reprendre sans
cesse l'attitude qui assure ce contact,
éloigner consciencieusement et sans
négligence les écrans qui pourraient
l'empêcher ; et pour cela, avoir jour
après jour son
tête-à-tête avec le Maître
avant de faire quoi que ce soit d'autre, être
bien sûr qu'il est là près de
nous et que nous sommes là près de
lui. La lecture de la Bible, la prière, le
recueillement ou simplement le silence en face de
lui y contribueront puissamment. Oh! puissent tous
mes lecteurs consentir à cet abandon
d'eux-mêmes aux rayons du soleil de justice,
et puisse l'auteur de ces lignes qui n'est qu'un
simple pasteur rencontrer des patients aussi
obéissants et aussi confiants que ceux du
docteur Rollier : les grandes choses que l'on
verrait s'accomplir ici-bas si les conducteurs
spirituels étaient aussi
écoutés, aussi suivis que nos
dévoués médecins!
- Oui, selon ta promesse,
- O Jésus, mon Sauveur
- J'ai trouvé l'allégresse
- Auprès de la douleur,
- Le rayon qui rassure
- Dans la plus sombre
- nuit, Un baume à la blessure,
- Dans l'épreuve un appui.
- Le Soleil levant.
-
- Jésus, mon Roi, mon Maître,
- N'es-tu pas tout pour moi ?
- La source de mon être,
- Le rocher de ma foi,
- Le soleil qui m'éclaire,
- Le ciel qui me sourit,
- L'eau qui me désaltère,
- Le pain qui me nourrit.
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