Méditations sur le Cantique
de Salomon
CHAPITRE VII
VERS. 1.
« Oh, que tu fusses
pour moi comme un frère qui ait
sucé les mamelles de ma
mère! Si je te trouvais dehors, je
t'embrasserais, sans qu'on m'en
méprisât. Je
t'amènerais, je t'introduirais dans
la maison de ma mère: tu
m'instruirais, je le ferais boire du vin
aromatisé, du jus de mes
grenades.»
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Ces versets nous ramènent
évidemment en arrière, quant à
la position et à l'expérience de
l'épouse. Nous nous sommes
séparés d'elle à la fin du
chapitre 7, au milieu des scènes de la
gloire du dernier jour, et dans une heureuse
association avec son bien-aimé. Ils
étaient ensemble. La sombre nuit de son
chagrin était passée avec toutes ses
douloureuses expériences, et l'heureux jour
de sa gloire était venu avec toute son
indicible bénédiction. Mais ici nous
sommes ramenés en arrière au principe
même de tous les exercices d'âme par
lesquels elle a passé pour arriver à
ce point-là: savoir une communion sans
obstacle et sans réserve avec le Messie, le
Roi. Ici, elle soupire après la pleine
liberté d'une affection de famille. «
Oh ! que tu fusses pour moi comme un frère
!» Ceci répond au commencement de ce
livre: «Qu'il me baise des baisers de sa
bouche; car tes amours sont meilleures que le vin.
»
Comme on l'a dit, le huitième
chapitre est lui-même quelque chose de
complet, et récapitule les principes de tout
le livre. En l'envisageant
à cette lumière, nous ne ferons
guère plus que de signaler ce que nous
croyons être la marche de l'Esprit dans ce
dernier chapitre de notre beau Cantique des
Cantiques.
Les désirs ardents de
l'épouse, tels qu'ils sont exprimés
ici par l'esprit de prophétie, sont
aussitôt et pleinement satisfaits. Elle
désire la pleine possession de Christ, et
d'avoir l'occasion de lui faire boire du vin
aromatisé et du jus de ses grenades. Elle
sait maintenant que jadis il a bu pour ses
péchés à elle la coupe
amère de la colère de Dieu, et elle
désire ardemment lui présenter une
coupe de vin exquis que sa gratitude et son
dévouement ont préparée pour
lui seul. Et comme l'enfant prodigue à son
retour, elle est immédiatement
embrassée et repose dans les bras de son
bien-aimé. Les filles de Jérusalem
sont de nouveau conjurées de ne pas
déranger ou réveiller la
bien-aimée pendant qu'elle jouit de l'amour
de son époux. « Sa main gauche serait
sous ma tête et sa droite m'embrasserait! Je
vous adjure, filles de Jérusalem, pourquoi
éveilleriez-vous, et pourquoi
réveilleriez-vous mon amour, avant, qu'elle
le veuille! »
(v. 3 et 4.) Ensuite elle
apparaît (v. 5), « montant du
désert, s'appuyant sur son bien-aimé
». Elle est en marche - poursuivant son
voyage, vers les radieuses collines de Canaan, dans
la dépendance de son bien-aimé et
sous l'ombre de ses ailes; l'Égypte et le
désert sont laissés en
arrière.
Maintenant, l'époux rappelle
à l'épouse la source de toute sa
bénédiction: «Je t'ai
réveillée sous le
pommier. » Le «pommier» est
l'emblème de Christ lui-même. «
Comme le pommier entre les arbres d'une
forêt, tel est mon bien-aimé entre les
fils. » C'est de Christ qu'elle tire sa vie
divine et toutes les bénédictions qui
s'y rattachent. « Je t'ai
réveillée sous le pommier » -
vivifiée, bénie de toutes les
bénédictions terrestres dans un pays
glorieux, sous Christ. Il n'est jamais dit que le
chrétien a vie et bénédiction
sous Christ, mais avec Lui. Cette importante
vérité fait ressortir la
différence qu'il y a entre la
bénédiction juive et la
bénédiction chrétienne.
Naturellement c'est de Christ que Juifs et
chrétiens tirent leur vie et leur
bénédiction, mais il est dit des
chrétiens qu'ils « sont vivifiés
ensemble avec Christ, ressuscités ensemble,
et assis ensemble dans les lieux célestes
dans le Christ.» (Eph. Il, 5-6.) Israël,
comme tel, appartient à la terre; nous, en
tant que chrétiens, nous appartenons aux
«lieux célestes ». Avant la
conversion, nous appartenons à la terre;
après, nous appartenons au ciel. C'est
là que nos noms sont écrits, et c'est
là que maintenant nous sommes assis en
Christ.
L'époux rappelle encore
à son épouse sa relation avec la
nation d'Israël: «Là, la
mère t'a, enfantée dans les douleurs,
là celle qui t'a enfantée a
été en travail. » Le
résidu de la nation dans le coeur duquel la
grâce opère, devient l'épouse
du grand roi. Elle représente
spécialement le résidu de Juda, qui
sera à Jérusalem avant que le
résidu d'Ephraïm, ou
des dix tribus, y soit
rassemblé; mais, en principe, elle
représente la nation d'Israël tout
entière. Et comme Christ lui-même
naquit de la tribu de Juda, l'Esprit de Dieu
sanctionne évidemment l'usage des titres de
parenté et l'expression des affections qui
leur appartiennent.
Le coeur est saisi d'un sentiment de
tristesse et de souffrance quand nous pensons que
ceux pour la &À et l'encouragement
desquels ces relations sont reconnues, et ces
magnifiques scènes décrites, sont
encore dans les profondeurs et les
ténèbres d'une terrible
incrédulité. Le voile est encore sur
le coeur d'Israël. Mais l'amour, si
magnifiquement décrit dans le Cantique des
Cantiques, deviendra avant longtemps l'expression
fidèle de "son expérience. En
attendant, le chrétien a le
bénéfice de cette
révélation merveilleuse de coeurs et
de sentiments, le Cantique des Cantiques ayant
à notre position une application morale
bénie.
Le résidu vivifié,
l'épouse du Messie dans son caractère
de roi de paix, de roi Salomon, désire
maintenant être comme un cachet sur son coeur
dans un amour qui surpasse toute connaissance.
VERS. 6-7.
« Mets-moi comme un
cachet sur ton coeur, comme un cachet sur
ton bras, car l'amour est fort comme la
mort, la jalousie cruelle comme le
shéol; ses ardeurs sont des ardeurs
de feu, une flamme de Jah. Beaucoup d'eaux
ne peuvent éteindre l'amour, et des
fleuves ne le submergent pas; si un homme
donnait tous les biens
de sa maison pour l'amour, on l'aurait en
un profond mépris. »
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Où trouverons-nous un amour comme
celui-là ? Uniquement dans le coeur de
Jésus. Qu'est-ce qui saisit comme la mort?
Qu'est-ce qui garde comme le schéol ?
Qu'est-ce qui épargne aussi peu qu'une
flamme de Jah. Rien n'est comparable à
l'amour: «si un homme donnait tous les biens
de sa maison pour l'amour, on l'aurait en un
profond mépris.» « Beaucoup d'eaux
ne peuvent éteindre l'amour, et des fleuves
ne le submergent pas. » Quand l'amour et la
mort se sont rencontrés à la croix
dans une lutte terrible, l'amour a triomphé,
et la mort a été à jamais
vaincue.
Le « cachet » sur le
« coeur » et sur le « bras »
petit faire allusion au pectoral et aux
épaulettes de l'éphod que portait le
souverain sacrificateur. Les noms des douze tribus
d'Israël étaient gravés sur des
pierres précieuses « de gravure»
« de cachet » et portés sur le
coeur (type de l'affection) et sur l'épaule
(type de la force) du souverain sacrificateur,
devant l'Eternel. C'est ainsi qu'avant longtemps
l'heureuse épouse sera comme un cachet sur
le coeur d'amour et le bras tout-puissant de son
Seigneur bien-aimé dans son caractère
de souverain sacrificateur selon l'ordre de
Melchisédec.
VERS. 8-9.
« Nous avons une
petite soeur, et elle n'a pas encore de
seins. Que ferons-nous Pour notre soeur,
au jour qu'on parlera d'elle ? Si elle est
une muraille, nous bâtirons sur elle
une demeure d'argent; et si elle est une
Porte, nous la fermerons avec une planche
de cèdre. »
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«La petite soeur»,
nous n'en doutons, est une allusion à
Ephraïm, ou aux dix tribus longtemps perdues.
Leur captivité avait eu lieu avant la
naissance de Christ; de sorte qu'elles ne
connaissent rien des exercices d'âmes par
lesquels Juda, ou les deux tribus, ont passé
en rapport avec la naissance, la mort, la
résurrection et le retour du Messie.
Néanmoins elles entrent dans la jouissance
des résultats bénis de' sa
première venue en grâce, et de sa
seconde venue en gloire. Elles sont instruites,
édifiées et établies dans la
doctrine de Christ par Juda, leur soeur plus
privilégiée. «Je suis une
muraille», dit-elle, « et mes seins sont
des tours; je fus alors à ses yeux comme
celle qui a trouvé la paix.»
(Vers. 10.) Elle est forte dans le
Seigneur, richement douée, et en pleine
faveur avec le roi. L'Israël de Dieu est
restauré ! Il y a dans l'Israël de Dieu
douze tribus réunies, et deux royaumes
opposés l'un à l'autre.
VERS. 11.
« Salomon avait une
vigne à Baal-Hamon: il remit la
vigne à des gardiens; chacun devait
apporter pour son fruit (mille
pièces) d'argent. »
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Le terme « Baal-Hamon » signifie
Seigneur d'une multitude, et fait allusion
évidemment à la multitude des
nations; toute la terre, qui forme désormais
l'immense vigne du Seigneur de gloire. « A
l'Eternel est la terre et tout ce qu'elle contient,
le monde et ceux qui l'habitent. »
(Ps. XXIV.) Le millénium est
arrivé ! La gloire de l'Eternel remplit la
terre; tous les coeurs se réjouissent ;
Jésus règne. Désormais les
gardiens de la vigne lui
apportent un revenu convenable.
Toutes choses sont maintenant sous l'oeil de Christ
et en accord avec les principes de son
gouvernement. Mais pour ce qui est de sa vigne
à elle, l'épouse veut que tous ses
fruits aillent au roi Salomon, sauf une portion
destinée « à ceux qui en gardent
le fruit ». « Ma vigne, qui est à
moi, est devant moi. À toi, Salomon, les
mille pièces ; et deux cents pour ceux qui
en gardent le fruit. »
(v. 12.) Tous auront part aux riches
bénédictions de la fertile, paisible
et heureuse terre milléniale: mais Christ
est le Seigneur de tout.
Et maintenant, Il s'adresse pour la
dernière fois, dans ces chants d'amour,
à sa belle épouse tant
privilégiée. « Habitante des
jardins, les compagnons sont attentifs à la
voix ! Fais que je l'entende! »
(Vers. 13.) Il l'invite à le
célébrer. C'est à elle
à donner le ton aux compagnons, à
toute la terre ! Alors tous les peuples, les tribus
et les langues seront emportés dans la joie
universelle et feront retentir leurs ravissants
hosannas « depuis une nier jusqu'à
l'autre, et depuis le fleuve jusqu'aux bouts de la
terre ». La création toute
entière est pleine de joie et
d'allégresse, et ses chants retentissant de
louanges et d'actions de grâces parviennent
aux oreilles de son roi glorieux. «Fais que je
l'entende ! »
VERS. 14.
« Fuis, mon
bien-aimé, et sois semblable
à une gazelle ou au faon des
biches, sur les montagnes des aromates.
»
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Notre délicieux Cantique est fini. Quelle
richesse et quelle plénitude renferme sa
dernière note ! La tendre
épouse soupire ardemment après le
prompt retour de son Seigneur. Les profondes
affections de son âme pour Jésus se
révèlent dans l'ardeur avec laquelle
elle désire son apparition glorieuse. Oh,
puissent tous nos coeurs se joindre à la
profonde, fervente prière de,
l'épouse terrestre, pour qu'Il vienne
promptement satisfaire notre besoin de le voir,
d'être avec Lui à jamais! pour qu'il
vienne prendre à Lui son église, puis
rassembler Israël, et bénir toute la
terre!
«Une prompte et chaleureuse
réponse, une réponse d'amour de la
harpe sacrée de Sion, à cet ordre
d'une bonté si exquise de son époux
qu'elle attend. Hâte-toi, ô
bien-aimé Seigneur ! comme le jeune
chevreuil qui s'enfuit avec rapidité, qui ne
s'arrête pas pour l'homme comme le cerf agile
qui s'élance d'un seul bond, que ta gloire
apparaisse sur les montagnes des aromates ! »
AMEN; VIENS, SEIGNEUR
JÉSUS!
FIN
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