e Dieu - Préface

Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



L'ORDRE DE DIEU


 

Les exposés qu'on va lire ont été présentés à Genève, à la Salle de la Rive-Droite, au cours de l'hiver 1940-1941, sur l'initiative de la Commission synodale de l'Église évangélique libre de Genève.
Les hommes auxquels on avait fait appel n'ont pas pu se concerter; d'où certaines lacunes et répétitions. Le lecteur n'en sera pas moins frappé par l'unité profonde de leur inspiration, ces hommes, avant de parler, s'étant tous mis à l'école de la Parole de Dieu.
Ces exposés étaient destinés à l'Église. C'est à l'Église de Jésus-Christ, en vue du regroupement des croyants, que ce livre s'adresse. Il sera compris par ceux qui, aujourd'hui, ont le souci de la reconstitution et de la sauvegarde du peuple de Dieu.

PRÉFACE

« Ainsi parle l'Éternel, ton Rédempteur, le Saint d'Israël : Je suis l'Éternel, ton Dieu, qui t'instruis pour ton bien, qui te conduis dans le chemin où tu dois marcher. Oh ! si tu étais attentif à mes commandements ! Ton bonheur coulerait comme un fleuve, et ta prospérité comme les flots de la mer. » (Esaïe 48/17-18).

« Dieu a fait à Abraham le serment de nous accorder cette grâce que nous pourrions le servir ... » (Luc 1/74).
La Réforme a, dans l'ensemble, magnifiquement su ce qu'était la loi de Dieu, et l'obéissance de la foi. Mais nous l'avons, depuis, presque complètement oublié. Notre incrédulité se compose de Dieu les images les plus funestes. Quand il n'est pas le bon-dieu, ce grand-père indulgent et qui ne sait pas ce qu'il veut, il est le maître capricieux, jaloux de ses droits et de ses privilèges, imposant à ses serviteurs mille et une défenses : « Tu n'iras pas ici ! Tu ne feras pas cela ! » Comme le propriétaire d'un domaine qui se réserve la chasse et la pêche, et le bois et les fruits, et je ne sais quoi encore.

Jamais content de ce qu'on lui donne - toujours exigeant davantage. Dans ce système, les ministres de la Parole de Dieu au lieu d'être les messagers d'une bonne nouvelle deviennent des gendarmes, des gardes-chasse du domaine divin. Si l'on se soumet, si l'on « pratique sa religion », c'est pour éviter le procès-verbal. Mais l'on soupire après la mort du maître, et l'on rêve du partage des terres. En attendant, on tâchera de ne pas se faire prendre.

Et la grâce, comment l'envisager dans ce système ? Elle devient un permis de chasse ; une possibilité d'infraction au règlement. Ainsi défigurons-nous totalement et la loi et la grâce et nous fabriquons- nous, au moyen de ce que St-Paul appelle « la lettre de la loi », la pire des idoles, projection de notre tyrannie et de notre faiblesse. On peut constater là à quel « Dieu » nous voue notre sentiment religieux, et ce que deviennent la grâce et la volonté divines sans la connaissance de celui qui fait grâce et qui commande - sans la foi en Jésus-Christ.

Nul ne doute, cependant, que le sermon sur la montagne sorte de la bouche du Sauveur, encore que souvent on veuille le détacher de lui pour en faire quelque sublime morale. Le décalogue (comme toutes les autres expressions de la Loi dans l'ancien Testament) sort pareillement de la bouche du Sauveur. « Je suis le Seigneur, itou Dieu, qui t'ai retiré de la maison de servitude ». « Ainsi parle l'Éternel, ton Rédempteur, le Saint d'Israël ». C'est le Rédempteur qui commande, celui qui a donné sa vie pour nous racheter, celui qui a jugé qu'aucun sacrifice n'était trop grand pour nous venir en aide et nous libérer de l'esclavage du Malin. Celui qui a fait tout ce qu'il était possible de faire pour nous arracher à la puissance des ténèbres. C'est le Rédempteur, le Crucifié, c'est Jésus-Christ, qui prononce chacune des paroles du décalogue.

Et c'est le saint, celui en qui tout est pure lumière, vérité, justice et bonté, le Saint devant qui nulle trace de mensonge ou d'orgueil ne saurait subsister, devant qui les anges crient dans l'éternité : « Saint, Saint, Saint! » et l'apôtre Pierre, sur la route de Tibériade : « Nous avons cru et nous avons connu que tu es le Saint de Dieu ! »
Le Rédempteur et le Saint, celui qui nous a rachetés de l'oppresseur pour que nous vivions dans sa sainteté.
C'est lui qui nous « instruit pour notre bien ». Il y a quelque chance, en effet, pour qu'un tel maître sache mieux que nous quel est notre bien et de quoi nous avons besoin d'être instruits. Il y a quelque chance pour qu'il sache nous conduire mieux que nous ne savons nous conduire nous-mêmes. Il y a quelque chance pour qu'il veuille notre bien, mieux que nous ne le voulons. Oui, certes. Et pourtant nous avons une peine inouïe à le comprendre. Nous persistons avec une obstination invraisemblable à penser qu'il y aura moyen de vivre à côté de la volonté de Dieu et qu'il existe un autre bien, un autre salut que ce que Dieu veut - un autre chemin que celui qu'il indique. Et c'est là le secret de nos ruines, de nos malheurs, de notre mort.

Ce livre n'a qu'un but : nous réapprendre à écouter la loi de Dieu comme la toi de notre Sauveur, comme l'expression même du salut qu'il nous accorde, comme la nécessité de devenir sans cesse celui que dans sa miséricorde il nous donne d'être. Car Dieu ne nous commande rien qu'il ne nous donne dans sa grâce. Et, inversement, il ne nous donne rien dans sa grâce qu'il ne nous commande par là même dans sa loi. La grâce n'est donc pas la permission d'enfreindre quelque règlement arbitraire, mais bien la possibilité d'obéir à la volonté « bonne, agréable et parfaite » de Dieu - elle est « la grâce de pouvoir le servir » et non de nous moquer de lui. Elle est la promesse du Royaume de Dieu qui est proche. La loi ne fait alors rien que nous dire ce que c'est que d'être sauvé, ce que c'est que de vivre comme l'héritier du Royaume. La loi sans l'évangile n'est qu'une tyrannie, une morale. L'évangile sans la loi n'est qu'une pieuse rêverie. On ne peut pas dire que les deux se complètent. Non, car ils ne sont rien l'un sans l'autre. Toute grâce est obéissance, et toute obéissance est grâce.

L'eau forte de Rembrandt, ici reproduite, nous aide à saisir cette bonne nouvelle : on voit l'ange qui relève Daniel en même temps qu'il l'instruit et lui désigne la Bête (invisible sur la gravure inachevée). Dirons-nous que c'est la grâce ? ou dirons-nous que c'est la loi ? Ce sont toutes les deux, justement. C'est « la grâce qui enseigne » (Tite 2/12), ou bien c'est la loi qui sauve et qui soutient. C'est en tout cas la Parole de Dieu, dans son exigence salutaire, qui nous garde de la Bête en attendant que Jésus l'anéantisse au dernier jour.

Si la tentation de l'Église fut un temps plutôt d'insister sur la loi et de prêcher la face morale de l'évangile et de s'en tenir à l'obéissance de la foi au détriment de la confession de la foi, il paraît qu'aujourd'hui sa tentation serait plutôt de se laisser cantonner par les puissances de ce monde dans « l'évangile éternel » et la confession d'une foi inopérante et inoffensive. C'est pourquoi il est si urgent qu'elle réapprenne que l'évangile est toujours une loi, ou n'est pas l'évangile, que la foi en Jésus-Christ est une incrédulité à l'égard de tous les autres seigneurs, ou n'est pas la foi en Jésus-Christ ; que l'assurance de notre justification est une résistance victorieuse à toute forme d'injustice, ou n'est pas l'assurance dans laquelle les hommes de la Bible ont vécu ; qu'en un mot, la confession de la foi n'est jamais autre chose que l'obéissance de la foi, et le salut notre soumission à la volonté du Sauveur. Puisse ce livre aider l'Église à devenir confessante, c'est-à-dire obéissante ; lui apprendre à obéir en lui apprenant à croire, et à croire en lui apprenant à obéir. « C'est ici l'oeuvre de Dieu que vous croyez en celui qu'il l'a envoyé » (Jean 6/29).

R. P.


Table des matières

 

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