ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
ÉVANGILE
SELON SAINT MATTHIEU.
CHAPITRE XXI.
1-22.-
Notre-Seigneur
1. fait son entrée royale
à Jérusalem.
2. il chasse du temple ceux qui le
profanaient.
3. Il répond aux pharisiens
qui trouvaient mauvais que le peuple lui fit des
acclamations.
4. Il fait sécher un figuier.
I. 1-11; II.12-13; III. 14-17; IV. 18-22.
RÉFLEXIONS.
POUR comprendre la raison et le but
de l'entrée royale de Jésus-Christ
à Jérusalem, il faut savoir qu'il
avait évité
jusqu'alors de paraître
avec éclat et d'être reconnu
publiquement pour le Messie. Mais il voulut, six
jours avant sa mort, montrer qu'il était le
Messie promis par les prophètes, être
reconnu eu cette qualité par le peuple qui
l'accompagnait, et entrer dans le temple au milieu
des acclamations d'une grande multitude de
personnes. Cependant il le fit d'une manière
qui ne ressentait point la pompe des rois de la
terre, mais qui marquait beaucoup d'humilité
et de douceur, et qui était conforme
à ce que Zacharie avait prédit: que
le Messie viendrait doux et humble, monté
sur un âne; ce qui tendait à faire
voir qu'il était ce grand roi que Dieu avait
promis à son peuple, mais que son
règne n'était pas de ce monde. Nous
devons reconnaître ici la gloire de notre
Rédempteur et en même temps sa grande
bonté; et les acclamations de la multitude,
qui entra avec lui à Jérusalem,
doivent nous inciter, nous qui le connaissons
beaucoup mieux que ce peuple ne le connaissait,
à lui rendre nos hommages et à nous
réjouir de sa venue, en disant: Béni
soit celui qui est venu au nom du Seigneur.
L'action de Jésus-Christ, qui
chassa ceux qui achetaient et qui vendaient aux
environs du temple les choses nécessaires
pour les sacrifices, était un effet de son
grand zèle; et il voulut donner dans cette
occasion, dans le temple même, des marques de
son autorité céleste et divine. D'ici
nous devons apprendre à ne pas profaner les
lieux où Dieu est servi, soit en y
paraissant avec irrévérence, soit en
y rendant à Dieu un culte hypocrite. Pour ce
qui est du miracle du figuier séché,
Notre-Seigneur le fit pour affermir la foi de ses
disciples dans le temps qu'il allait souffrir la
mort, et pour les instruire de la vertu et de
l'efficace de la foi et de la prière.
CHAPITRE XXI.
23-46.-
Jésus-Christ
1. répond à ceux qui
lui demandaient raison de son autorité.
2. il leur propose la parabole des
deux fils qui avaient été
envoyés à la vigne par leur
père.
3. Celle des vignerons qui,
après avoir tué les serviteurs de
leur maître, tuèrent son propre fils.
I. 23-27; II 28-32; III. 33-46.
RÉFLEXIONS.
IL faut remarquer, sur ce chapitre,
que lorsque les pharisiens
demandèrent à Jésus-Christ
d'où il avait son autorité, il ne
voulut pas leur répondre directement, mais
qu'il se contenta de leur fermer la bouche en leur
demandant ce qu'ils croyaient du baptême de
Jean-Baptiste. Par là, il voulait convaincre
d'une ignorance volontaire et malicieuse, et leur
faire sentir qu'ils pouvaient facilement
reconnaître que son autorité aussi
bien que celle de Jean-Baptiste, son
précurseur, venait du ciel.
Les chrétiens, à qui
cette autorité est parfaitement connue, et
qui savent que la doctrine de Jésus-Christ,
de même que celle de Jean-Baptiste, est
divine, doivent s'y soumettre, s'ils ne veulent pas
tomber dans une incrédulité encore
plus condamnable que celle des pharisiens.
La parabole des deux fils signifie
que les personnes qu 'on regardait comme les plus
corrompues avaient cru à la
prédication de Jean-Baptiste, plutôt
que les pharisiens et les principaux des Juifs qui
devaient être les premiers à le
recevoir, puisqu'ils faisaient profession
d'être plus éclairés et plus
saints que les autres. Nous avons dans cette
parabole une image des pécheurs qui,
touchés de repentance, rentrent dans leur
devoir, et des mauvais chrétiens qui,
s'étant engagés à servir Dieu
et à lui obéir, violent leurs
promesses et ne répondent pas à leur
vocation.
La similitude des vignerons marquait
trois choses:
1. Les grâces que Dieu avait
faites de tout temps aux Juifs, en les choisissant
pour son peuple et en leur envoyant à
diverses fois ses serviteurs, et enfin son propre
Fils;
2. l'ingratitude et la
méchanceté des Juifs qui, au lieu de
répondre à ces grâces, avaient
rejeté et même persécuté
les prophètes, et qui enfin
crucifièrent Notre-Seigneur;
3. que Dieu punirait les Juifs en
les détruisant, en leur ôtant son
alliance, et en appelant les payens à leur
place; et que Jésus-Christ, après
avoir été rejeté par les chefs
du peuple juif, serait élevé à
une gloire suprême, comme cela avait
été prédit par l'oracle du
psaume CXVIII. Ce que cette parabole marquait est
exactement arrivé, les Juifs ayant
été détruits et
rejetés, l'Évangile ayant
été annoncé aux payens, et le
règne de Dieu s'étant établi
par tout le monde. C'est ainsi que Dieu prive de sa
grâce et de son alliance ceux qui n'en
profitent pas et qui ne rapportent pas les fruits
qu'il attend d'eux.
CHAPITRE XXII.
1-22.-
Jésus-Christ
1. continue les discours du chapitre
précédent, et il propose une nouvelle
parabole, savoir celle des noces.
2. Il répond aux pharisiens
qui lui demandèrent s'il était permis
de payer le tribut à l'empereur.
I. 1-14; II. 15-22.
RÉFLEXIONS.
LE sens de la parabole des noces est
que les Juifs avaient été
appelés les premiers au salut par
Jésus-Christ, mais qu'ils le rejetteraient
et qu'ils le feraient mourir, et qu'à cause
de cela ils seraient détruits; qu'ensuite
Dieu ferait présenter sa grâce aux
payens, que les payens la recevraient et seraient
admis dans son alliance, mais qu'il y aurait
cependant des hypocrites parmi ceux qui entreraient
dans l'Eglise, et que ces hypocrites recevraient
aussi la juste peine qu'ils méritaient Tout
ce que Jésus-Christ avait prédit par
cette similitude a été accompli, la
vengeance de Dieu étant tombée sur
les Juifs incrédules, et les payens ayant
été appelés et reçus
dans l'Eglise.
Ce sont là des preuves
incontestables de la divinité de
l'Évangile et de la certitude des menaces
qui y sont contenues.
Cela nous apprend aussi que Dieu
fait une très-grande grâce aux hommes
lorsqu'il les appelle au salut, et que ceux qui ne
profitent pas des invitations que Dieu a la
bonté de leur adresser, doivent s'attendre
à sa plus sévère vengeance.
Nous devons surtout considérer ce qui est
dit de cet homme qui se mit à table sans
avoir un habit nuptial et qui fut chassé de
la salle du festin. Ce ne sont pas seulement ceux
qui rejettent ouvertement l'Évangile que
Dieu punira; les hypocrites qui, se disant
chrétiens et vivant dans la communion
extérieure de l'Église n'ont pas une
foi et une piété sincères,
n'éviteront pas la peine due à leur
témérité.
Ceux qui demandèrent à
Notre-Seigneur s'il était permis de payer le
tribut à l'empereur, se proposaient de le
rendre odieux au peuple s'il disait qu'on devait le
payer, ou de l'accuser auprès de Pilate s'il
répondait qu'il ne fallait pas le payer. La
réponse que Jésus-Christ fit à
cette question captieuse marque sa profonde
sagesse, et elle nous enseigne que le devoir envers
les rois et les princes, et le
devoir envers Dieu, sont tous
deux indispensables, et que ces deux devoirs ne
sont point opposés l'un à l'autre,
mais qu'au contraire ils s'accordent parfaitement.
Ainsi nous devons les observer religieusement, nous
soumettant aux puissances supérieures, et
leur rendant ce qui leur est dû, en telle
sorte pourtant que nous nous souvenions que les
devoirs envers Dieu tiennent le premier rang, et
que ce sont ceux dont il faut toujours s'acquitter
premièrement et principalement.
CHAPITRE XXII.
23-46.-
Les sadducéens qui niaient
la résurrection des morts,
proposent à
Jésus-Christ le cas d'une femme qui avait eu
sept maris, et lui demandent pour l'embarrasser
duquel des sept elle serait femme après la
résurrection; le Seigneur leur
répond, en leur disant que le mariage
n'aurait plus lieu dans la vie à venir, et
en prouvant par l'Écriture que les morts
ressusciteront.
2. Il répond à une
question qu'un docteur lui fit sur le plus grand
commandement de la loi.
3. il demande aux pharisiens comment
le Messie pouvait être tout ensemble le Fils
et le Seigneur de David, à quoi ils ne
purent répondre, et ce qu'il ne trouva pas
à propos de leur expliquer.
I. 23-33; Il. 34-40; III. 41-46.
RÉFLEXIONS.
ON doit remarquer, dans l'entretien
que Jésus-Christ eut avec les
sadducéens sur la résurrection, sa
sagesse toute divine, et en même temps la
force et l'évidence avec laquelle il les
confondit et prouva la résurrection des
morts. Cet endroit de l'Évangile nous
enseigne clairement deux choses.
L'une, qu'il est très-certain
que les morts ressusciteront, et que ceux qui ont
été agréables à Dieu
pendant leur vie, comme les patriarches, ne sont
pas anéantis par la mort; c'est là
une doctrine qui est l'appui de notre foi et de
toutes nos espérances.
L'autre chose, que le Sauveur du
monde nous enseigne, regarde l'état des
fidèles glorifiés. Il nous dit que
les liens de la chair et du sang ne subsisteront
plus dans la vie à venir, et que les
bienheureux ne seront plus sujets aux
nécessités du corps et de cette vie,
mais qu'ils seront comme les anges de Dieu.
Cette considération doit nous
engager à devenir
dès-à-présent des hommes
spirituels et à vivre dans une grande
pureté, cela étant nécessaire
pour parvenir à une heureuse
résurrection.
2. Jésus-Christ nous propose
ici une autre doctrine fort importante, c'est que
le plus grand commandement de la loi est d'aimer
Dieu de tout notre coeur, et notre prochain comme
nous-mêmes. Puisque c'est là
l'abrégé de toute la religion, notre
grand soin doit être d'établir dans
notre coeur ce vrai amour de Dieu et de tous les
hommes.
3. Pour ce qui est de la question
que Jésus-Christ fit aux pharisiens, comment
le Messie pouvait être tout-à-la-fois
le Fils et le Seigneur de David, il faut remarquer
qu'il la leur proposa pour leur faire sentir leur
ignorance, surtout en ce qui regardait la personne
du Messie, et la nature de son règne; mais
qu'il ne voulut pas leur expliquer cette question,
parce qu'ils n'auraient pas compris ni cru ce qu'il
leur aurait dit, et parce qu'aussi il
n'était pas à propos qu'il
parlât alors ouvertement de la gloire et de
la dignité de sa personne.
Mais cette question est
tout-à-fait claire pour les
chrétiens, qui savent que
Jésus-Christ en tant qu'homme est fils de
David, puisqu'il est né de la
postérité de ce roi, mais qu'en tant
que Fils de Dieu, il est le Seigneur de David et de
tous les hommes, Dieu l'ayant fait asseoir à
sa droite, comme le Roi du monde et de
l'Église, qui a une souveraine
autorité sur toutes choses, et à qui
aussi nous devons faire gloire d'obéir et
d'être soumis.
CHAPITRE
XXIII.-
Notre-Seigneur
parle contre les pharisiens et les
docteurs de la loi (vers. 1-4).
Il reconnaît ce qu'il y avait
de bon et de légitime dans leur doctrine et
dans leur ministère, mais il les accuse
d'être des hypocrites qui affectaient une
grande apparence de sainteté (vers. 5-13).
Il dit qu'ils étaient remplis
d'orgueil et que c'était eux qui rejetaient
l'Évangile et qui empêchaient les
autres de le recevoir (vers. 14-22).
Il les représente comme des
avares et des impies qui faisaient servir la
religion et la prière à leur
intérêt; il remarque que leur doctrine
sur les sermens était une preuve de leur
impiété et de leur détestable
avarice, en tant qu'ils enseignaient que les
sermens, faits par l'or et par les dons que l'on
offrait dans le temple et sur l'autel, liaient la
conscience, plus que ceux que l'on aurait fait par
l'autel on par le temple même. il ajoute
qu'outre les dîmes prescrites par la
loi, ils donnaient la dîme
des herbes et de tout ce qui leur croissait, ce que
Dieu n'avait pas commandé, et que cependant
ils négligeaient les devoirs qui
étaient de plus grande importance (vers.
25-32).
Il dit encore qu'ils paraissaient
purs au-dehors, mais que leur coeur était
très-corrompu, et qu'ils ornaient les
tombeaux des prophètes pendant qu'ils
faisaient mourir les serviteurs de Dieu (vers.
33-39).
Enfin, il déclare qu'ils
attiraient sur eux et sur toute la nation les plus
terribles jugemens de Dieu, et il déplore
d'une manière fort tendre la destruction de
Jérusalem qui devait arriver dans peu
d'années.
RÉFLEXIONS.IL faut faire ces deux
considérations générales sur
ce chapitre :
la première, que
Notre-Seigneur, étant sur le point de
mourir, reprocha avec une sainte liberté et
avec une autorité toute divine, aux scribes
et aux pharisiens, leur hypocrisie, parce qu'il
importait qu'il les fit connaître au peuple
pour ce qu'ils étaient;
2. les malédictions
redoublées que Jésus-Christ prononce,
dans tout ce discours, contre les hypocrites
doivent nous faire regarder l'hypocrisie comme un
péché qui est très-odieux,
surtout en ceux qui l'ont profession d'avoir de la
piété et du zèle.
Les réflexions
particulières que ce chapitre nous
présente, sont :
1. que quand les ministres de la
religion enseignent une doctrine pure et qu'ils
vivent mal, il ne faut pas les imiter dans leurs
actions, mais qu'on doit pourtant toujours les
écouter et leur obéir quand ils
disent la vérité;
2. que tous les disciples de
Jésus-Christ, et particulièrement
ceux qui ont charge dans l'Église, doivent
être entièrement
éloignés de l'hypocrisie, de
l'ambition, de l'avarice, s'ils ne veulent pas
ressembler aux pharisiens que Jésus-Christ
maudit;
3. que leur devoir est d'entrer
eux-mêmes les premiers dans le chemin du ciel
et d'y faire ensuite entrer les autres, en
contribuant de tout leur pouvoir à la
conversion des pécheurs et à
l'édification de tout le monde.
4. La censure que Notre-Seigneur
fait de la doctrine des pharisiens sur l'article
des sermens, montre que le serment se rapportant
toujours à Dieu lui-même, on doit
l'avoir en grande révérence, et que
le parjure et la violation des voeux est un grand
crime.
5. Nous voyons ici que l'une des
marques auxquelles on reconnaît les
hypocrites, c'est qu'ils affectent une
sainteté extérieure et qu'ils sont
exacts et scrupuleux dans les choses de peu de
conséquence, mais qu'ils négligent ce
qu'il y a de plus essentiel dans
la religion, savoir, la miséricorde, la foi,
l'obéissance à ce que Dieu commande.
Ainsi nous devons nous attacher surtout à
l'observation de ces devoirs les plus essentiels,
purifier notre coeur et y établir la foi et
une vraie crainte de Dieu. Cependant, quoique les
devoirs extérieurs ne soient pas les plus
nécessaires, on ne doit pas les
négliger ni les mépriser.
Jésus-Christ marque cela en disant : Il
fallait faire ces choses-ci et ne pas
négliger celles-là.
Les menaces que Notre-Seigneur fait
contre les Juifs qui, après avoir fait
mourir les prophètes, le feraient mourir
lui-même, montrent que Dieu les
détruit avec justice, et que l'ingratitude
de ceux qui rejettent la parole de Dieu et ses
serviteurs ne demeure pas impunie. La tendresse
avec laquelle Jésus-Christ déplore la
ruine des Juifs, qui avaient si mal répondu
à la bonne volonté dont il
était animé en leur faveur, prouve
bien clairement que Dieu ne cherche que le salut
des hommes, et qu'ils ne périssent que par
le refus volontaire et obstiné qu'ils font
des offres de sa grâce.
CHAPITRE
XXIV.-
Notre-Seigneur
prédit la ruine du temple de
Jérusalem (vers. 1-3),
et il parle des signés qui
précéderaient cette ruine, et la fin
du monde (vers. 4-8).
Il dit qu'il
s'élèverait de faux prophètes
et de faux messies, qu'il y aurait clés
guerres, des famines, et toutes sortes de
calamités (vers. 9-14);
que ses disciples seraient
persécutés, et que l'Évangile
serait prêché en divers lieux du monde
(vers. 15-28).
Il dit de plus, que quand
l'abomination qui doit causer la désolation
entrerait dans le lieu saint, c'est-à-dire
quand les idolâtres entreraient dans la
Judée et assiégeraient
Jérusalem et le temple, ce serait une marque
que sa ruine allait arriver, et qu'alors il
faudrait s'en retirer et prendre la fuite (vers.
29).
Il ajoute que le soleil et les
astres seraient obscurcis; ce sont des expressions
figurées tirées des prophètes,
et elles signifient qu'il arriverait de grands
changemens dans le monde et dans l'état des
Juifs, et que l'on verrait des signes de la
colère de Dieu qui rempliraient les hommes
d'effroi (vers. 30-31).
Il dit encore que le signe du Fils
de l'Homme paraîtrait; ce qui signifie que
Jésus-Christ ferait voir d'une
manière illustre et éclatante, en
détruisant les Juifs et en
établissant son règne, qu'il
était le Fils de Dieu (vers. 32-41).
Il déclare que tout cela
arriverait avant que la génération
d'alors fût passée, que le temps
précis de sa venue ne serait connu de
personne, et que cette venue
surprendrait tout le monde, comme
le déluge surprit les hommes du temps de
Noé (vers. 32-51).
Enfin, il exhorte ses disciples
à veiller et à se tenir prêts,
de peur qu'ils ne fussent surpris lorsqu'il
viendrait.
RÉFLEXIONS.
IL faut considérer
premièrement, que tout ce que
Jésus-Christ prédit ici touchant la
ruine de Jérusalem arriva peu après
son ascension. Il s'éleva plusieurs faux
messies et plusieurs imposteurs qui, sous
prétexte de zèle et de religion,
séduisirent les Juifs et excitèrent
des séditions dans toute la Judée. Il
y eut des guerres dans lesquelles il périt
une infinité de Juifs; la famine et la peste
firent de grands ravages parmi eux; les
apôtres et les chrétiens furent
persécutés; l'Évangile fut
prêché et s'établit en divers
lieux; les Romains entrèrent dans la
Judée, ils assiégèrent
Jérusalem et la détruisirent avec son
temple; et les chrétiens, qui
profitèrent des avertissemens de
Jésus-Christ et qui se retirèrent de
cette ville-là, furent garantis, pendant que
les Juifs périrent misérablement.
Tout cela arriva, comme
Jésus-Christ l'avait déclaré
en termes formels, avant que la
génération d'alors fût
passée, environ quarante ans après sa
mort; ce qui prouve avec la dernière
évidence la vérité et la
divinité de ces prédictions, qui
étaient déjà répandues
dans le monde long-temps avant la destruction de
Jérusalem. On voit dans cette ruine un
exemple remarquable des jugemens de Dieu sur les
incrédules, et de sa protection sur les
fidèles. Enfin, l'exact accomplissement de
ce que Notre-Seigneur avait dit de la destruction
des Juifs et nous convaincre que ce qu'il a dit si
expressément de la fin du monde et de la
punition des méchans s'accomplira de
même. Le temps de cette seconde venue du Fils
de Dieu nous est caché aussi bien que celui
de notre mort; ainsi nous devons nous y
préparer continuellement, de peur que ce
jour redoutable ne nous surprenne, comme le
déluge surprit les hommes du temps de
Noé, et comme les Juifs furent surpris par
leur ruine. Jésus-Christ nous montre
lui-même que c'est là l'usage que nous
devons faire de tout ce discours, par la similitude
du bon et du mauvais serviteur, et par cette
exhortation qui marque le but de cette similitude,
et de tout ce qui est contenu dans ce chapitre :
Veillez, car vous ne savez pas à quelle
heure votre Seigneur viendra.
CHAPITRE XXV.
-
Notre-Seigneur, après
avoir parlé dans le chapitre
précédent de sa venue et avoir
exhorté ses disciples à la vigilance,
continue son discours, et il montre,
I. par la parabole des dix vierges,
et 2. par celle des talens, la
nécessité de veiller et de se
préparer pour cette venue.
Il parle ensuite du jugement
dernier.
I. 1-13; II. 14-30; III. 31-46.
RÉFLEXIONS.
LA parabole des vierges est prise de
ce qui se pratiquait parmi les Juifs, dans les
noces, où les filles avaient
accoutumé d'aller au-devant de
l'épouse avec des lampes allumées.
Par cette parabole Jésus-Christ voulait
apprendre à ses disciples qu'ils devaient
attendre continuellement sa venue et s'y
préparer. Les vierges sages
représentent les vrais fidèles, qui
vivent dans la foi, dans la vigilance et dans la
pratique de leurs devoirs, en attendant que le
Seigneur vienne, et les vierges folles sont l'image
des faux chrétiens qui négligent ces
devoirs.
La venue de l'époux qui vient
à minuit et l'état où les
vierges sages et les vierges folles se
trouvèrent alors, signifie que
Jésus-Christ viendra pour juger les hommes,
lorsqu'ils ne s'y attendront pas; qu'alors ceux qui
se seront tenus prêts seront remplis d'une
sainte assurance et entreront avec lui dans sa
gloire, pendant que ceux qui auront
négligé de se préparer
n'auront pour leur partage que la misère et
le désespoir, et feront d'inutiles efforts
pour être admis à la
félicité des justes.
La parabole des talens marque ces
trois choses:
1. que Dieu appelle les hommes
à le servir, et qu'il leur accorde sa
grâce et ses dons dans une mesure
différente, afin qu'ils les emploient,
chacun selon leur vocation, pour la gloire et pour
le salut des autres;
2. que les uns, comme de fidèles
serviteurs, font un bon usage de ses grâces,
et que les autres les rendent inutiles par leur
négligence;
3. que Dieu fera rendre compte aux uns et
aux autres de leur conduite; qu'il louera et
récompensera la fidélité de
ceux qui se seront servis de ses dons pour avancer
sa gloire, et que ceux qui en auront abusé
seront punis de leur infidélité.
Notre-Seigneur dit expressément que ces
derniers n'auront aucune excuse, puisque Dieu n'est
pas un maître rude et
injuste qui veuille moissonner ou il n'a pas
semé, c'est-à-dire qui exige des
hommes ce qu'ils ne sauraient faire. Par l'une et
l'autre de ces similitudes, Jésus-Christ
nous enseigne de quelle manière il jugera
ceux à qui il a donné sa
connaissance, et il nous avertit de nous tenir
constamment attachés à notre devoir
et de le servir fidèlement chacun dans notre
vocation.
Il y a quatre choses principales
à remarquer dans la description du jugement
dernier:
1. que Jésus-Christ descendra
du ciel avec gloire, et que ce sera lui qui jugera
le monde;
2. que tous les hommes sans
exception paraîtront devant lui et qu'ils
seront tous jugés;
3. qu'il les jugera par leurs
oeuvres, et qu'il aura principalement égard
aux oeuvres de charité et au bien que l'on
aura fait à ses membres, parce que ses
oeuvres-là sont des preuves et des effets de
la foi et de l'amour qu'on a pour lui;
4. qu'il séparera les bons
d'avec les méchans en recevant les bons dans
le royaume des cieux, et en envoyant les
méchans aux peines éternelles.
Puisque Jésus-Christ nous a
expressément avertis de toutes ces choses,
et que nous savons qu'il nous faudra paraître
devant son tribunal pour recevoir selon le bien et
le mal que nous aurons fait, notre plus grande
attention doit être de nous conduire avec
piété et avec crainte, pendant tout
le temps de notre séjour en ce monde, de
nous attacher à la pratique des bonnes
oeuvres, et surtout des oeuvres de charité
et de miséricorde, afin qu'au jour de la
glorieuse et dernière apparition du Fils de
Dieu, nous puissions paraître devant lui avec
confiance et avec joie, et être du nombre de
ceux auxquels il dira : Venez, vous qui êtes
bénis de mon Père, possédez en
héritage le royaume qui vous a
été préparé dès
la création du monde.
CHAPITRE XXVI. 1-35.
-
C'est ici que commence l'histoire
de la passion de Notre-Seigneur.
1. Les sacrificateurs prennent la
résolution de faire mourir
Jésus-Christ.
2. Une femme l'oint avec une huile
précieuse.
3. Judas traite avec les
sacrificateurs pour leur livrer son maître.
4. Jésus-Christ
célèbre la Pâque, et pendant le
repas il parle de la trahison de Judas, il institue
la sainte Cène, et il prédit que
saint Pierre le renierait.
I. 1-5; II. 6-13; III. 14-16; IV. 17-35
RÉFLEXIONS.
LA première réflexion
que l'on doit faire ici regarde le temps de la
passion de Notre-Seigneur. Sachant qu'il devait
être crucifié à la fête
de Pâques, il se rendit à
Jérusalem dans ce temps-là; et
quoique les sacrificateurs n'eussent pas intention
de le faire mourir durant cette fête, Dieu
voulut qu'il mourût alors, parce que
c'était le temps auquel on immolait l'agneau
de Pâque, qui représentait le
sacrifice de Jésus-Christ, et afin que les
Juifs qui se rendaient de toutes parts pour la
Pâque fussent les témoins de sa mort.
2. L'exemple de cette femme qui
oignit Jésus-Christ avec un parfum
précieux, doit nous inciter à honorer
Notre-Seigneur par tous les moyens qui sont en
notre puissance. Et ce que le Seigneur dit pour
défendre l'action de cette femme, nous
apprend qu'il reçoit avec bonté tout
ce que nous faisons pour lui marquer notre amour et
notre respect, qu'il faut juger charitablement des
actions des autres, surtout lorsqu'elles partent
d'un bon principe, et que nous ne devons jamais
négliger d'assister les nécessiteux.
3. La convention de Judas avec les
sacrificateurs nous fait voir dans quels crimes et
dans quel endurcissement l'avarice peut jeter les
hommes, et avec quel soin il faut prendre garde que
cette passion ne se glisse et ne s'enracine dans
notre coeur.
4. Jésus-Christ prédit
la trahison de Judas, afin de lui faire comprendre
que son dessein lui était connu, et afin que
les apôtres vissent qu'il ne devait rien
arriver à leur maître qu'il n'eut
prévu, et à quoi Il n'eut voulu
s'exposer.
5. Ce qui mérite surtout
notre attention dans ce chapitre, c'est que
Jésus-Christ, étant sur le point
d'être crucifié, institua la sainte
Cène pour être jusqu'à la fin
du monde un mémorial de ses souffrances et
de sa mort. Cela nous oblige à avoir cet
auguste sacrement en grande
révérence, et à le
célébrer d'une manière
conforme aux intentions de notre bienheureux
Rédempteur. Enfin la prédiction que
Jésus-Christ fit du reniement de saint
Pierre prouve que Notre-Seigneur connaît les
coeurs et l'avenir; et ce qu'il dit à cet
apôtre, qui lui répondait avec tant
d'assurance, nous apprend à ne
présumer jamais de nos forces, à nous
défier de nous-mêmes, et à nous
tenir sans cesse en garde contre la tentation.
CHAPITRE XXVI.
36-75.-
On voit ici :
1. Ce que Jésus souffrit dans
le jardin ;
2. comment il fut pris par Judas;
3. ce qui se passa lorsqu'il partit
devant le conseil et qu'il y fut condamné;
4. la chute et la repentance de
saint Pierre.
I. 36-46; II. 47-56. III. 57-68. IV. 69-75-
RÉFLEXIONS.
ON doit faire une grande attention
à ce que Jésus-Christ souffrit dans
le jardin. Dieu voulut qu'il ressentît cette
tristesse et ses frayeurs, afin que l'on vît
qu'il mourrait pour les péchés des
hommes et qu'il était sujet à toutes
les infirmités innocentes de la nature
humaine. Et nous devons juger, par l'état
où Notre-Seigneur fut alors réduit,
quelle est l'horreur du péché, et
combien les peines que les méchans
souffriront un jour seront terribles. Ces
prières si humbles et si ferventes, que
Jésus-Christ adressait à Dieu dans
son agonie, nous enseignent à prier avec
persévérance et avec humilité,
lorsque nous sommes dans la souffrance. Nous avons,
dans la résignation de Notre-Seigneur
à la volonté de son Père, une
preuve de sa parfaite obéissance aussi bien
que de son grand amour envers nous, et un
modèle de patience, que nous devons imiter
en quelque état qu'il plaise à Dieu
de nous mettre.
L'avertissement que
Jésus-Christ donna aux apôtres de
veiller et de prier, de peur qu'ils ne
succombassent à la grande tentation
où ils allaient être exposés,
est un conseil salutaire qui nous apprend que la
vigilance et la prière sont les principaux
moyens de résister aux tentations, et qu'on
y succombe dès qu'on néglige ces
moyens-là. Dans la manière dont
Jésus fut pris par Judas, on voit d'un
côté la perfidie de ce malheureux
disciple, et de l'autre que Notre-Seigneur
s'exposait volontairement à la mort.
L'action de saint Pierre, qui frappa avec
l'épée un de ceux qui venaient
prendre Jésus, était l'effet d'un
zèle inconsidéré, et la
censure que le Seigneur fit à cet
apôtre nous montre qu'il n'est jamais permis
de se venger ni d'en venir à la violence, en
quelque occasion ni pour quelque sujet que ce
puisse être.
Ce qu'il y a à remarquer sur
la comparution de Jésus-Christ devant le
conseil des Juifs, c'est :
1. que quelque effort que
les Juifs fissent, pour trouver
des faux témoins et un prétexte pour
le condamner, il ne put être convaincu
d'aucun crime, et qu'il ne fut condamné que
parce qu'il avoua qu'il était le Fils de
Dieu, en quoi l'on découvre la haine et
l'injustice des Juifs, et la parfaite innocence de
notre Sauveur.
2. La grande patience avec laquelle
il souffrit tous les outrages qu'on lui fit, doit
nous rappeler ce que saint Pierre (chap. II. 21)
dit à ce sujet: que Christ a souffert Pour
nous, nous laissant un mode, afin que nous suivions
ses traces.
3. Ce que Notre-Seigneur dit aux
Juifs qu'ils le verraient venant dans les
nuées du ciel, mérite une attention
particulière. Jésus-Christ parlait
comme roi et comme Fils de Dieu dans le temps qu'on
le condamnait; et l'établissement de son
règne, de même que la ruine des Juifs,
firent voir bientôt après la
vérité de ce qu'il avait dit dans
cette occasion.
4. La chute de saint Pierre qui,
après avoir été averti par
Notre-Seigneur et avoir protesté qu'il ne le
renierait jamais, le renia jusqu'à trois
fois, est un grand exemple de l'inconstance et de
l'infirmité humaine. Ceux-là
même qui ont de bonnes intentions peuvent
faire de grandes chutes, quand ils ne se
précautionnent pas contre la tentation; et
pour s'en garantir, il importe de se défier
de soi-même, de prier sans cesse et
d'éviter les lieux et les occasions qui
peuvent entraîner dans le
péché.
Enfin il faut considérer que
si le péché de saint Pierre fut
grand, sa repentance fut prompte, et qu'il pleura
amèrement sa faute. C'est ainsi que nous
devons nous relever promptement de nos chutes et
les réparer par les larmes d'une
sincère pénitence et par un vrai
amendement.
CHAPITRE XXVII. 1-26.
-
1. Judas, voyant que Jésus
était condamné, reconnaît son
crime et se donne la mort.
2. Jésus paraît devant
Pilate, gouverneur de Jérusalem, qui,
après avoir fait divers efforts pour le
délivrer et pour apaiser les Juifs, prononce
la sentence de sa condamnation.
RÉFLEXIONS.
LES remords que Judas ressentit
lorsqu'il vit qu'on allait faire mourir
Jésus, l'aveu qu'il fit de son crime et sa
fin tragique, font voir que
Jésus était innocent et qu'il avait
été condamné injustement. On
voit aussi en cela l'état d'une conscience
criminelle et l'horreur des remords et du
désespoir dont les méchans sont
agités, lorsqu'elle se réveille et
que la vengeance divine les poursuit.
L'usage que les Juifs firent de
l'argent que Judas leur rendit servit à
perpétuer la mémoire de cet
événement; c'était une preuve
de l'injustice qu'ils avaient commise, et l'on y
remarque l'accomplissement de l'oracle de Zacharie.
Sur ce qui se passa devant Pilate,
il faut observer que Jésus-Christ avoua en
sa présence, comme il l'avait avoué
devant le Conseil, qu'il était le Messie.
À l'exemple de Notre-Seigneur, nous devons
confesser la vérité, même au
péril de notre vie, toutes les fois que nous
y sommes appelés.
On voit de plus, dans cette
histoire, la fureur des Juifs que rien ne put
adoucir et qui préférèrent
à Jésus-Christ un meurtrier et un
séditieux.
On y découvre l'innocence de
Jésus qui fut reconnue par Pilate; mais on y
remarque surtout l'iniquité de ce juge qui,
après avoir longtemps résisté,
consentit à sa mort, nonobstant les
avertissemens que sa femme lui fit donner, et
quoiqu'il fût persuadé qu'il
condamnait un innocent. Nous avons en Pilate une
image de ceux qui pèchent contre leurs
lumières et qui sacrifient leur devoir et
leur conscience à la crainte, à la
complaisance et à l'intérêt,
aussi bien que de ceux qui se croient innocens dans
le temps qu'ils commettent les plus grands crimes,
et qui rejettent sur les autres les fautes dont ils
sont eux-mêmes les auteurs. Ceci nous avertit
d'être toujours inviolablement
attachés à notre devoir et de suivre
les mouvemens de notre conscience, sans qu'aucune
considération que ce soit nous en
détourne.
Enfin l'on doit faire une grande
attention là ces paroles que les Juifs
prononcèrent lorsque Notre-Seigneur fut
condamné: Que son sang soit sur nous et sur
nos enfans. Ils éprouvèrent eux et
leur postérité les effets de cette
imprécation qu'ils firent contre
eux-mêmes, Dieu ayant vengé sur cette
nation la mort de son Fils, de par la ruine de leur
ville et par l'état où ils ont
été depuis et où ils sont
encore aujourd'hui.
CHAPITRE XXVII.
27-66.-
Saint Matthieu rapporte ici:
1. Le crucifiement de
Jésus-Christ et Sa mort;
2. les prodiges qui
arrivèrent alors;
3. sa sépulture.
I. 27-50; II. 51-56; III. 57-66.
RÉFLEXIONS.
L'HISTOIRE de la passion de
Jésus-Christ et le récit des
ignominies et des douleurs auxquelles il fut
exposé avant que d'être
crucifié et pendant qu'il était sur
la croix, nous engage à considérer
qu'il a souffert toutes ces choses et qu'il est
mort pour expier nos péchés et pour
confirmer par ce moyen les promesses qu'il nous a
faites de l'immortalité. L'usage que nous
devons en faire de cet endroit si important de
l'Évangile est de regarder cette mort connue
le moyen admirable par lequel nous avons
été sauves, de bénir la
miséricorde de Dieu qui a ainsi livré
son Fils à la mort, et la charité de
notre bon Sauveur qui s'est donné
soi-même pour nous, et de l'aimer comme il
nous a aimés.
Les souffrances de
Jésus-Christ doivent aussi nous faire
renoncer au péché puisqu'il est mort
pour le détruire, et nous apprendre à
souffrir et à porter patiemment notre croix.
Les divers prodiges qui arrivèrent à
la mort de Jésus-Christ tendaient à
faire sentir l'horreur du crime que les Juifs
venaient de commettre en le crucifiant, et à
montrer à tout le monde que Jésus
était le Fils de Dieu.
Le déchirement du voile du
temple marquait visiblement que le culte des Juifs
allait prendre fin, que le temple allait être
détruit, et que le ciel serait
désormais ouvert aux hommes.
L'ouverture des sépulcres de
ceux qui ressuscitèrent avec Notre-Seigneur,
marquait que Jésus devait sortir du tombeau
et que les morts ressusciteront au dernier jour par
la vertu de la mort de Jésus-Christ et de sa
résurrection. Notre-Seigneur fut enseveli,
afin que l'on ne pût pas douter qu'il
était véritablement mort, et Dieu
voulut qu'on le mit dans un sépulcre
où personne n'avait été mis,
pour faire voir que ce serait bien lui qui
ressusciterait. Les circonstances de sa
sépulture, de même que celles de sa
passion, nous découvrent l'accomplissement
de plusieurs prophéties, et la pensée
que Jésus a été enseveli
est très-propre pour
dissiper l'horreur que nous aurions sans cela du
tombeau et de la mort, et pour nous élever
à l'espérance de la
résurrection et d'une meilleure vie. C'est
enfin une chose digne de remarque que les Juifs
firent fermer et garder soigneusement le
sépulcre de Notre-Seigneur, de peur que les
disciples n'enlevassent son corps; par là
ils fournirent, contre leur dessein, des preuves
incontestables de la vérité de sa
résurrection.
CHAPITRE XXVIII.
-
Ce chapitre contient :
1. Un récit
abrégé de la résurrection de
Jésus-Christ;
2. ce que les Juifs firent pour
persuader le peuple que ses disciples avaient
enlevé son corps;
3. l'apparition de
Jésus-Christ aux apôtres et les ordres
qu'il leur donna avant que de monter au ciel.
I. 1.10; II. 11-15; III. 16-29.
RÉFLEXIONS.
IL y a trois considérations
principales à faire sur la
résurrection de Jésus-Christ.
La première, que Dieu ayant
envoyé ses anges pour le retirer du tombeau
comme il l'avait prédit, cela prouve
incontestablement qu'il est le Fils de Dieu ;
2. que cette résurrection est
un fait certain, qui a été
attesté par les anges, par les femmes qui
virent Jésus-Christ, et ensuite par les
apôtres et par un grand nombre d'autres
personnes;
3. et surtout que la
résurrection de Notre-Seigneur est le
fondement de notre salut et de toutes nos
espérances, puisqu'elle nous assure que nous
sommes pleinement réconciliés avec
Dieu et que nous ressusciterons au dernier jour.
Les principaux des Juifs firent
paraître leur obstination invincible et leur
extrême malice, en s'efforçant de
persuader au peuple que les disciples de
Jésus avaient enlevé son corps; mais
toutes leurs précautions furent inutiles, et
ce qu'ils craignaient ne laissa pas d'arriver.
C'est de la sorte que Dieu confond les
méchans dans leurs desseins et que la
vérité triomphe des efforts de ceux
qui veulent l'opprimer. Enfin ce que
Jésus-Christ disait à ses
apôtres de la suprême puissance
où il allait être élevé
doit être bien considéré, de
même que les ordres qu'il leur donna de
prêcher l'Évangile et de baptiser, et
la promesse qu'il leur fit d'être avec eux
jusqu'à la fin du monde.
On voit que Jésus-Christ parlait alors comme
le roi du ciel et de la terre; il marquait
clairement que sa doctrine allait se
répandre parmi toutes les nations, qu'un
grand nombre de personnes embrasseraient cette
doctrine et recevraient le baptême, et que
son Église subsisterait à jamais.
Le succès prompt et
merveilleux de la prédication des
apôtres et l'établissement de la
religion chrétienne prouva dans la suite, et
prouve encore aujourd'hui la vérité
de ces derniers discours de Notre-Seigneur. Ce sont
là tout autant de puissans motifs à
croire en Jésus-Christ, à
reconnaître la divinité de sa
doctrine, et à garder tout ce qu'il nous a
commandé de garder. En particulier, les
chrétiens doivent apprendre d'Ici à
regarder le baptême comme une institution
sacrée de Notre-Sauveur, et à avoir
en révérence cette sainte
cérémonie par laquelle ils ont
été consacrés au Père,
au Fils et au Saint-Esprit.
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