ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL A
TITE.
Saint Paul écrivit cette
Épître, comme on le croit, vers l'an
64 de Jésus-Christ, à Tite, qu'il
avait laissé dans l'île de
Crête, qu'on appelle aujourd'hui Candie, pour
prendre soin des Églises qu'il y avait dans
ce pays.
CHAPITRE
PREMIER.
Le premier chapitre a deux
parties.
- 1. Saint Paul ordonne à Tite
d'établir des pasteurs dans toute les
Églises de l'île de Crète,
et il marque les qualités dont les
pasteurs doivent être revêtus.
- 2. Il lui parle de certains docteurs juifs
qui mêlaient des questions frivoles et des
fables avec la doctrine de l'Évangile,
particulièrement à l'égard
de l'usage des viandes, et qui étaient,
outre cela, d'un naturel vicieux, comme la
plupart des habitans de l'île de
Crète.
I. 1-9 ; II. 10-16.
RÉFLEXIONS.
PUISQUE saint Paul ordonne à
Tite de régler toutes choses dans les
Églises de Crète, et surtout d'y
établir des pasteurs, il paraît de
là que la volonté de Dieu est que
l'ordre règne dans l'Eglise, et
principalement que dans tous les lieux ou il y a
des chrétiens il y ait des pasteurs, leur
charge étant une institution divine et d'une
absolue nécessité. Mais les grandes
précautions que saint Paul voulait que Tite
prit dans le choix des ministres qu'il
établirait, font voir que cet emploi
sacré ne doit être confié
qu'à des personnes sans reproche, d'une vie
exemplaire, et qui aient avec cela les dons
nécessaires pour enseigner et pour conserver
la pureté de la doctrine
évangélique contre ceux qui
voudraient l'altérer.
On voit de plus ici qu'il est du
devoir des ministres de Jésus-Christ de
s'opposer aux faux docteurs et à ceux qui
pourraient séduire les chrétiens et
les entraîner dans l'erreur ou
dans le péché. La
réflexion que l'apôtre fait sur le
naturel vicieux des habitans de l'île de
Crète, lesquels il représente comme
des gens adonnés au mensonge, à la
malice, à la paresse et à la
sensualité, montre qu'il est
très-difficile que ceux qui ont un mauvais
coeur et des inclinations corrompues deviennent de
vrais disciples de Jésus-Christ ; mais
que cependant les serviteurs de Dieu ne doivent
rien négliger pour convertir ces
gens-là et pour les amener à la foi.
Enfin l'on doit bien remarquer la
description que l'apôtre fait ici des faux
docteurs et des mauvais chrétiens dont il
parle, disant qu'ils faisaient profession de
connaître Dieu, mais qu'ils le
renonçaient par leurs oeuvres, étant
abominables, rebelles, et incapables de toute bonne
oeuvre. Ces paroles sont le vrai tableau d'un grand
nombre de faux chrétiens qui vivent dans
l'Eglise, et elles nous apprennent que la
profession de la religion et de la foi en Dieu ne
servent de rien à ceux qui vivent dans la
désobéissance, et que comme ces
gens-là renoncent Dieu par leurs oeuvres, il
ne les reconnaîtra aussi jamais pour siens.
CHAPITRE
II
Saint Paul fait deux choses
dans ce chapitre :
- 1. Il marque les devoirs des vieillards, des
femmes, des jeunes gens et des serviteurs, et il
recommande à Tite d'être
lui-même à toutes ces
personnes-là, et surtout aux jeunes gens,
un modèle de sagesse et de vertus.
- 2. Il donne un excellent
abrégé de la doctrine
chrétienne, et il marque quel en est le
but.
I. 1-10 ; II. 11-15.
RÉFLEXIONS.
CE chapitre nous enseigne en
général que la charge des pasteurs
les engage principalement à former les
hommes à la piété et à
la sainteté, et à instruire
soigneusement toutes sortes de personnes des
devoirs qui conviennent à leur état
et à leur vocation.
2. Les personnes âgées
doivent apprendre d'ici à être sobres,
graves, pieuses et pleines de charité ;
les femmes chrétiennes à vivre aussi
dans la sobriété., à fuir la
médisance, à aimer leurs maris,
à prendre soin de leurs enfans, et à
garder la maison ; les jeunes gens à
être modérés, sobres, chastes,
et bien réglés dans toute leur
conduite ; et ceux qui sont
en service à demeurer dans la soumission et
dans la fidélité envers leurs
maîtres.
3. Les exhortations que saint Paul
adresse à Tite de se rendre lui-même
un modèle de pureté, de
gravité et de bonnes oeuvres, montrent que
ceux qui prétendent instruire et exhorter
les autres doivent pratiquer les premiers ce qu'ils
enseignent, et donner aux hommes l'exemple de
toutes sortes de vertus,
4. Nous devons faire une
très-particulière attention à
l'abrégé que saint Paul donne dans ce
chapitre de la doctrine chrétienne, en
disant que la grâce de Dieu, qui a
été manifestée par
Jésus-Christ, nous appelle à renoncer
non-seulement à l'impiété et
au crime, mais aussi aux passions et à
l'amour du monde, et à vivre dans la
tempérance et dans la pureté à
l'égard de nous-mêmes, dans la justice
envers notre prochain, et dans la
piété envers Dieu, et que ce n'est
qu'en vivant de la sorte que nous pourrons attendre
avec confiance le dernier et l'illustre
avènement du grand Dieu et Sauveur
Jésus-Christ. C'est là la doctrine
que les ministres de l'Évangile doivent
annoncer dans l'Eglise et qui doit servir de
règle pour la conduite des chrétiens.
C'est aussi le but et le dessein de la venue de
Jésus-Christ et de sa mort, puisque, comme
saint Paul le dit, il s'est donné pour nous
afin de nous racheter de toutes sortes
d'iniquités, de nous purifier, et de se
former sur la terre un peuple
particulièrement consacré et
zélé pour les bonnes oeuvres.
CHAPITRE
III.
Saint Paul recommande
- aux chrétiens d'être soumis aux
puissances, de ne médire de personne,
d'être pleins de charité et de
douceur, même envers ceux qui
étaient ennemis de la religion
chrétienne, et de se souvenir, pour cet
effet, que Dieu, par sa grande
miséricorde, les avait sauvés
eux-mêmes dans le temps qu'ils vivaient
aussi dans toutes sortes de
dérèglemens.
- Il veut que Tite exhorte surtout ceux qui
avaient embrassé le Christianisme
à l'étude des bonnes
oeuvres ; il lui dit de s'opposer à
ceux qui excitaient des disputes dans l'Eglise
par des questions folles, et de
s'éloigner de ceux qui faisaient des
sectes et qui répandaient des doctrines
fausses et dangereuses, et il finit par quelques
ordres qu'il donne à Tite.
I. 1-7 ; II. 8-15.
RÉFLEXIONS.
LES chrétiens doivent
apprendre d'ici,
1. à être soumis aux
rois et aux magistrats, à éviter la
médisance et les querelles et à se
conduire avec une parfaite douceur envers toutes
sortes de personnes.
2. Saint Paul nous enseigne que Dieu
nous a sauvés non par des oeuvres de justice
que nous eussions faites, mais par grande
miséricorde en Jésus-Christ, Notre
Seigneur, afin qu'étant justifiés par
sa grâce, nous soyions les héritiers
de la vie éternelle. C'est là une
doctrine très-importante et qui doit
produire en nous les sentimens d'une profonde
humilité et d'une vive reconnaissance envers
Dieu.
3. L'apôtre marque dans ce
chapitre, de la manière la plus expresse,
que ce qu'il y a de plus certain et de plus
important dans la religion, et ce que les ministres
de l'Évangile doivent enseigner et
recommander sur toutes choses, c'est que ceux qui
ont cru en Dieu aient soin de s'appliquer
principalement aux bonnes oeuvres, et que ce sont
là les choses qui sont bonnes et utiles aux
hommes.
Ces paroles montrent que la pratique
des bonnes oeuvres est un devoir indispensable, et
la marque à laquelle on reconnaît les
vrais chrétiens.
Enfin l'on voit, dans ce chapitre,
que quand il y a dans l'Eglise des personnes qui
enseignent des doctrines dangereuses et qui y
forment des sectes et des partis, ce que l'on doit
faire à l'égard de ces
gens-là, c'est de les avertir; et s'ils
continuent à causer du trouble, de ne les
plus reconnaître pour membres de l'Eglise, et
de n'avoir aucun commerce avec eux. C'est là
l'unique moyen que Jésus-Christ et les
apôtres aient prescrit et que l'on doive
employer pour s 'opposer à l'erreur et pour
conserver dans l'Eglise la pureté de la foi.
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