ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL A
PHILÉMON.
Saint Paul écrivit
cette Épître étant prisonnier
à Rome la première fois, environ l'an
61 de Jésus-Christ et voici quel en est le
sujet : Philémon, qui était de
la ville de Colosses, et qui, après que
saint Paul l'eût converti à la
religion chrétienne, exerça le
ministère dans celle ville-là avec
une grande édification, avait un esclave
nommé Onésime, qui le quitta et
s'enfuit de chez lui. Onésime se rendit
à Rome où il rencontra saint Paul qui
l'instruisit dans la religion, et où il se
fit chrétien. Après cela
l'apôtre le renvoya à Philémon
avec cette lettre de recommandation, par laquelle
il le prie de pardonner à Onésime et
de le recevoir comme un frère en
Jésus-Christ.
ON doit remarquer, sur cette
Épître,
1. qu'Onésime étant
venu à Rome après avoir quitté
Philémon, son maître, saint Paul
travailla à la conversion de cet esclave
fugitif, et qu'il eut la consolation de l'amener
à la foi chrétienne. C'est ainsi que
cet apôtre profitait de toutes les occasions
qui se présentaient d'avancer la gloire de
Dieu et le salut des hommes, et que les vrais
chrétiens sont toujours disposés
à gagner les âmes à Dieu et
à retirer les pécheurs de leurs
égaremens.
2. L'apôtre après avoir
converti Onésime le renvoya à
Philémon, son maître, parce que la
conversion de cet esclave n'empêchait pas que
Philémon n'eut toujours droit sur lui ;
il le pria de lui pardonner, et il s'offrit
même de le dédommager de tout ce
qu'Onésime lui devait et du tort qu'il
pouvait lui avoir fait. On découvre dans ce
procédé de saint Paul sa
charité, sa douceur, et en même temps
sa justice et sa parfaite droiture. C'est aussi
là le caractère des gens de bien; ils
s'intéressent toujours pour ceux qui ont
besoin de leur secours, surtout quand ce sont des
personnes qui ont de la piété, ou des
pécheurs qui reviennent à leur
devoir; et ils sont aussi animés d'un esprit
de justice et d'équité pour
rendre à chacun ce qui
lui est dû.
Sur quoi l'on doit encore faire cette
réflexion, que si saint Paul, quoiqu'il n'y
fut pas obligé à la rigueur,
s'offrait cependant de satisfaire Philémon
pour ce qu'Onésime lui devait, ceux qui ont
eux-mêmes causés du dommage à
quelqu'un sont beaucoup plus obligés de le
réparer.
Enfin l'ordre que saint Paul donne
à Philémon de recevoir Onésime
non plus comme un esclave, mais comme un
frère, fait voir que quoique la religion
chrétienne n'abolisse pas les diverses
relations qu'il y a entre les hommes, et qu'elle
laisse subsister la différence des
conditions, elle les rend tous égaux devant
Dieu, et par rapport au salut. Il paraît
aussi de là que les maîtres
chrétiens doivent regarder leurs serviteurs
comme leurs frères en Jésus-Christ,
et les traiter avec douceur et avec
humanité.
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