ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX
HÉBREUX.
CHAPITRE
VII.
Saint Paul montre, dans ce
chapitre
- ( vers. 1-3. ), l'excellence du sacerdoce de
Jésus-Christ, par cette
considération qu'il est sacrificateur
selon l'ordre de Melchisédec. Pour cet
effet, il remarque que Melchisédec
était sacrificateur d'une autre
manière que les sacrificateurs
juifs ; ce qui paraît parce qu'il
était roi et parce que l'Écriture
ne rapporte point sa généalogie,
et qu'elle ne dit pas qu'il ait eu des
prédécesseurs ni des successeurs
après sa mort ; en quoi il a
été le type de
Jésus-Christ, qui vit d'une vie
immortelle après sa résurrection,
et qui est notre seul et unique sacrificateur
- (vers. 4-10.). L'apôtre ajoute que
Melchisédec était au-dessus
d'Abraham, ce patriarche lui ayant, donné
la dîme du butin
- (vers. 11-19. ). Il remarque, outre cela,
que Jésus-Christ n'était pas de la
famille d'Aaron, de laquelle les sacrificateurs
juifs, étaient pris
- (vers. 20-25. ), et que Dieu avait promis
avec serment que le sacerdoce selon l'ordre de
Melchisédec serait éternel. Par
toutes ces considérations, saint Paul
veut prouver que le sacerdoce du Messie
était d'une toute autre nature que celui
des sacrificateurs juifs, qu'il devait
être roi et sacrificateur tout ensemble,
et seul sacrificateur ; que son sacrifice a
dû être unique et
très-parfait, et que par
conséquent le sacerdoce lévitique
devait être aboli
- (vers. 26-28). Sur la fin du chapitre
l'apôtre montre que Jésus-Christ
était au-dessus, des sacrificateurs juifs
par sa parfaite sainteté.
RÉFLEXIONS.
LA principale réflexion qu'il
faut faire sur tout ce chapitre, c'est de
reconnaître et d'admirer la sagesse infinie
de Dieu, qui avait si bien marqué dans les
anciens oracles ce que le Messie devait être,
comme saint Paul le fait voir, en
montrant avec tant
d'évidence et tant de force, par la loi
même et par le Vieux Testament, que le
service et le sacerdoce lévitique devaient
être abolis par le sacrifice de Notre
Seigneur Jésus-Christ. Cela doit nous
convaincre puissamment de la vérité
de l'Évangile, et nous inciter à
sonder et à méditer les
Écritures et les oracles des
prophètes, où l'on trouve de si
belles preuves de la divinité de la doctrine
chrétienne. Et puisque tout ce chapitre tend
à nous instruire de la perfection et de
l'efficace du sacrifice de Jésus-Christ,
nous ne pouvons pas douter que nous ne trouvions en
lui tout ce qui est nécessaire pour obtenir
le pardon de nos péchés et pour
purifier nos âmes, et qu'ayant pour notre
sacrificateur et pour notre roi celui qui est
parfaitement saint et élevé au dessus
des cieux, il ne puisse sauver parfaitement tous
ceux qui s'approchent de Dieu par lui.
CHAPITRE
VIII.
L'apôtre fait deux choses.
- 1. Il continue à montrer que
Jésus-Christ était au-dessus des
sacrificateurs juifs, par cet endroit qu'ayant
été élevé au ciel,
il est ministre et sacrificateur du sanctuaire
céleste, au lieu que les anciens
sacrificateurs n'étaient ministres que du
sanctuaire qui était sur la terre.
- 2. Il montre, dans la même vue, que
Dieu avait prédit par le prophète
Jérémie que l'alliance qu'il avait
traitée autrefois avec le peuple
d'Israël serait abolie, et qu'il en
traiterait une plus excellente avec les hommes,
dans laquelle il leur pardonnerait leurs
péchés et les sanctifierait par
son Esprit.
I. 1-6 ; II. 7-13,
RÉFLEXIONS.
CE chapitre nous engage à
faire ces trois réflexions :
La première, que nous avons
un grand sacrificateur qui est assis dans les cieux
à la droite de la majesté divine.
Cette entrée de Jésus-Christ dans le
ciel est ce qu'il y a de plus propre pour nous
convaincre pleinement de la perfection et de
l'efficace de son sacrifice, et pour nous assurer
aussi qu'il a acquis à tous les
fidèles le droit à la gloire
céleste, et qu'il les y
élèvera un jour.
La deuxième réflexion
concerne le privilège que nous avons
d'être reçus dans la nouvelle alliance
que Dieu avait promis de traiter avec les hommes
dans le temps du Messie. Ce doit
être là pour nous un sujet continuel
de reconnaissance et d'actions de grâces.
En troisième lieu, puisque le
but que Dieu s'est proposé dans cette
alliance a été de mettre ses lois
dans notre coeur, de nous remplir tous de sa
connaissance et de sa crainte, et de nous pardonner
nos péchés, nous devons
reconnaître que cette alliance nous deviendra
inutile, à moins que nous ne
répondions de notre côté aux
desseins de Dieu, et que nous ne nous acquittions
fidèlement des devoirs auxquels elle nous
engage. C'est ce que nous apprend l'exemple des
Juifs qui n'observèrent pas l'alliance du
Seigneur et qui furent rejetés à
cause de cela.
Enfin puisque Dieu avait promis
qu'il mettrait lui-même ses lois dans nos
coeurs et dans nos entendemens, nous devons le
prier que, selon ses promesses, il nous augmente de
plus en plus sa connaissance, et qu'il imprime sa
crainte et son amour dans nos coeurs par l'efficace
de sa grâce, en sorte que nous soyions son
vrai peuple et qu'il soit aussi toujours notre
Dieu.
CHAPITRE
IX.
Saint Paul
- fait une description de l'ancien tabernacle
et du service qui s'y faisait, et il remarque
principalement que le souverain sacrificateur
entrait, une fois l'an seulement, dans le lieu
très-saint : ce qui faisait voir que
le chemin du ciel n'était pas encore
ouvert aux hommes.
- Il montre, après cela, que les
sacrifices et les diverses
cérémonies des Juifs
étaient des figures de ce qui devait
arriver un jour, et en particulier, que
l'entrée du souverain sacrificateur dans
le lieu très-saint marquait que
Jésus-Christ entrerait dans le ciel par
son propre sang, et qu'il nous obtiendrait par
ce moyen une rédemption éternelle,
son sang ayant une vertu pour sanctifier les
hommes que celui des victimes légales
n'avait pas.
- L'apôtre ajoute que comme l'ancienne
alliance avait été
confirmée par le sang des victimes, la
nouvelle, qui est plus excellente, l'a
été par le sang de
Jésus-Christ.
- Il conclut de tout cela que le sacrifice de
Notre Seigneur est parfait et d'une vertu
infinie, qu'il ne doit point être
réitéré, et que
Jésus-Christ étant mort une fois,
il n'y a plus rien à attendre, sinon
qu'il vienne au dernier jour pour introduire les
fidèles dans sa gloire.
I. 1-10 ; Il. 11-14 ; III.
15-24 ; IV. 25-28.
RÉFLEXIONS.
LA comparaison que saint Paul fait
entre les sacrificateurs de la loi et
Jésus-Christ, tend principalement à
nous instruire de l'efficace de sa mort et de son
sacrifice.
Nous voyons ici que le sang de
Jésus-Christ a une vertu que les sacrifices
de la loi n'avaient point, en ce qu'il nous a
ouvert le ciel, où Notre Seigneur est
entré pour nous aussi bien que pour
lui ; ce qui nous élève aux plus
glorieuses espérances.
Mais saint Paul nous apprend aussi
que ce sang doit nous sanctifier et purifier notre
conscience des oeuvres mortes pour servir le Dieu
vivant ; par où nous voyons que le
sacrifice de Jésus-Christ nous impose la
nécessité de travailler à
notre sanctification, et qu'il nous met en
état de le faire. Il faut méditer,
dans les mêmes vues, ce qui est dit dans ce
chapitre, que l'alliance de l'Évangile a
été confirmée par le sang et
par la mort du Fils de Dieu. Dès-là
cette alliance est ferme et immuable en tout ce
qu'elle contient ; les devoirs qu'elle
prescrit sont tout-à-fait inviolables et
sacrés, et ses menaces, de même que
ses promesses, s'exécuteront
infailliblement.
Enfin, si le sacrifice de
Jésus-Christ est unique et ne peut plus
être réitéré, et s'il ne
reste plus rien, sinon qu'il revienne au dernier
jour pour sauver ceux qui l'attendent en vivant
dans la piété, il s'ensuit de
là qu'il n'y a qu'un seul moyen et qu'un
seul temps pour obtenir le salut. Ce seul moyen,
c'est de profiter de la grâce qui nous est
présentée en
Jésus-Christ ; et ce seul temps, c'est
le temps de cette vie, puisqu'il est ordonné
aux hommes de mourir une fois, et qu'après
la mort suit le jugement.
CHAPITRE
X.
Saint Paul
- fait voir que les sacrifices de la loi
n'avaient point la vertu d'expier les
péchés des hommes ni de les
purifier, et qu'il n'y a que le sacrifice de
Jésus-Christ et l'oblation qu'il a faite
une seule fois de son corps, par la
volonté de Dieu, qui ait pu produire cet
effet.
- Ayant ainsi achevé de prouver
l'imperfection des sacrifices des Juifs et la
perfection de celui de Notre Seigneur, il
exhorte les Hébreux à s'approcher
de Dieu avec confiance, et à
persévérer dans la profession de
la religion chrétienne et dans la
pratique des bonnes oeuvres. Il menace des
peines les plus terribles ceux qui, après
avoir reçu la connaissance de
l'Évangile, tomberont
dans la désobéissance et dans
l'apostasie. Et de peur que les
persécutions n'ébranlassent la foi
des chrétiens et ne les fissent douter de
la vérité des promesses de Dieu,
il les exhorte à souffrir avec la
même constance qu'ils avaient fait
jusqu'alors, et à attendre patiemment, et
avec une foi ferme, l'accomplissement de ces
promesses.
I.1-18 ; Il. 19-25 ; III. 26-31 ;
IV. 32-39.
RÉFLEXIONS.
LA première partie de ce
chapitre nous instruit de la perfection du
sacrifice de Jésus-Christ, et de ses fruits.
Saint Paul nous y enseigne que nos
péchés ont été
expiés par l'oblation que
Jésus-Christ a faite de son corps sur la
croix, et qu'après s'être offert en
sacrifice pour les péchés des hommes,
il s'est assis pour toujours à la droite de
Dieu. Outre cela l'apôtre nous fait
considérer ce sacrifice de Notre Seigneur
comme un effet de sa soumission à la
volonté de son père et de son amour
envers nous. Ce sont là des
considérations qui doivent nous persuader
que l'ouvrage de notre rédemption est
pleinement accompli, nous inspirer un ardent amour
pour ce Sauveur et nous engager à nous
soumettre aussi en toutes choses à la
volonté de Dieu.
La seconde partie de ce chapitre
nous donne ces quatre
instructions :
La première, que puisque
Jésus-Christ nous a acquis par sa mort et
par son ascension la liberté d'entrer dans
le ciel, nous pouvons nous approcher de Dieu avec
une pleine confiance, pourvu que nous le fassions
avec un coeur pur et nettoyé des souillures
du péché.
La seconde, que nous devons
persévérer dans la profession
publique de notre foi et nous exciter
continuellement les uns les autres à la
piété, à la charité et
à toutes sortes de bonnes oeuvres.
La troisième, que quoique
l'Évangile soit une alliance de grâce,
il menace des peines les plus effroyables ceux qui
l'auront violée. Saint Paul dit, sur ce
sujet, que ces supplices que l'Évangile
dénonce à ceux qui auront
méprisé le sang du Fils de Dieu et
outragé son Esprit, seront infiniment plus
rigoureux que ceux qu'on faisait souffrir aux Juifs
qui avaient violé la loi de Moïse, et
qu'il ne reste plus de sacrifice pour les
chrétiens rebelles et apostats ; mais
qu'il n'y a pour eux que l'attente formidable du
jugement, et que c'est une chose terrible que de
tomber entre les mains du Dieu vivant.
4. Saint Paul nous enseigne ici
qu'il ne faut pas que les chrétiens
perdent jamais courage dans les
persécutions, qu'ils doivent même
souffrir avec joie la perte de leurs biens et les
afflictions les plus fâcheuses pour
Jésus-Christ, lorsqu'ils y sont
appelés, puisqu'ils trouveront
infailliblement auprès de Dieu une grande
récompense, et qu'après avoir fait sa
volonté ils recevront l'effet de ses
promesses.
CHAPITRE
XI.
L'apôtre, pour affermir la
foi des Hébreux contre les
persécutions,
- leur propose l'exemple des patriarches et
des anciens fidèles, lesquels, par leur
foi et par leur confiance aux promesses de Dieu,
lui avaient été agréables
et avaient surmonté les épreuves
les plus dures (vers. 1-19).
- C'est dans cette vue qu'il parle de la
nature de la foi et de ses effets merveilleux,
et qu'il allègue l'exemple d'Abel,
d'Énoch, de Noé, d'Abraham et de
Sara (vers. 20-22 ).
- Il y ajoute celui d'Isaac, de Jacob et de
Joseph, lesquels, par les
bénédictions qu'ils
donnèrent à leurs enfans, et par
ce qu'ils dirent avant leur mort,
montrèrent qu'ils étaient
persuadés que les promesses de Dieu
s'accompliraient (v. 23-31).
- Il parle de Moïse, de la sortie
d'Égypte et de la conquête du pays
de Canaan (vers. 32-40),
- et enfin des juges, de Samuel, du roi David
et de plusieurs prophètes et martyrs,
qui, soutenus par leur foi, avaient fait les
plus grandes merveilles et avaient souffert avec
constance toutes sortes de tourmens, et
même la mort.
RÉFLEXIONS.
CE chapitre nous instruit de la
nature de la foi et de ses effets. Saint Paul nous
y enseigne que la foi est une vive et ferme
persuasion des choses que Dieu nous a promises, et
qu'elle nous fait regarder ces choses-là
comme présentes, quoique nous ne les voyons
pas encore. Il ajoute qu'elle consiste à
croire qu'il y a un Dieu qui récompense ceux
qui le servent, et à qui il est impossible
d'être agréable sans cette
foi-là.
L'apôtre nous met devant les
yeux les merveilleux effets de la foi par les
exemples d'Abel, d'Énoch, de Noé, des
patriarches, des prophètes, des personnes
illustres, et des saints qui ont vécu avant
Jésus-Christ. Ce qu'on doit recueillir en
général de tous ces exemples,
c'est :
1. que dès le commencement du
monde, et dans tous les temps, il y a eu des saints
qui ont crû en Dieu, qui ont
espéré en ses
promesses, et qui ont
montré la sincérité de leur
foi en lui obéissant même dans les
choses les plus difficiles ;
2. que la foi a toujours
été nécessaire, et que
personne n'a jamais été
agréable à Dieu et n'a eu part
à son approbation que par la foi ;
3. que cette vraie foi a aussi
toujours produit ces trois effets principaux,
savoir : la confiance aux promesses de Dieu,
l'obéissance à ses commandemens, et
la constance dans les afflictions. C'est ce qu'on
voit en particulier dans le patriarche Abraham, qui
donna des preuves si illustres de sa foi en sortant
de son pays et en offrant son fils Isaac en
sacrifice, et qui, de même que ses fils,
vécut sur la terre comme étranger et
voyageur, attendant une meilleure vie, et cherchant
sa patrie dans le ciel.
C'est ce qu'on remarque encore dans
la conduite de Moïse, qui aima mieux souffrir
avec le peuple de Dieu que de jouir des avantages
qui lui étaient offerts dans
l'Égypte, aussi bien que dans l'admirable
constance que les anciens martyrs ont fait
paraître en souffrant la persécution
et les supplices les plus cruels.
Tous ces exemples doivent animer
extraordinairement notre foi, nous remplir de
courage et de zèle, et nous engager à
obéir au Seigneur en toutes choses, et
même à tout souffrir pour lui. Et si
nous considérons, comme saint Paul le dit
sur la fin de ce chapitre, que nous avons des
avantages que ceux qui vivaient avant la venue de
Jésus-Christ n'avaient pas, nous nous
sentirons encore plus obligés de marcher sur
les traces de ces grands serviteurs de Dieu, afin
que, les imitant dans leur foi, nous arrivions
comme eux à la perfection et au salut.
CHAPITRE
XII.
Saint Paul exhorte les
Hébreux
- à imiter l'exemple des fidèles
du Vieux Testament, qu'il leur avait mis devant
les yeux dans le chapitre
précédent, et surtout celui de
Jésus-Christ, et à endurer les
afflictions avec constance.
- 2. Il leur fait remarquer de plus que les
afflictions sont un effet et une marque de
l'amour de Dieu, et qu'il en revient de grands
avantages aux fidèles, et il les
encourage par ces considérations à
souffrir patiemment la persécution. Il
les exhorte à la sainteté et
à la persévérance dans la
foi, et il les avertit d'éviter tout ce
qui pourrait leur faire perdre la grâce de
Dieu et de ne se pas laisser séduire par
la sensualité.
- Après cela il compare la
manière dont la loi avait
été publiée sur le mont de
Sinaï avec la manière dont
l'Évangile a été
annoncé, et par
là il veut montrer combien la punition de
ceux qui auront méprisé la voix de
Jésus-Christ et violé l'alliance
de la grâce sera rigoureuse.
-
- I. 1-4 ; Il. 5-11 ; III.
14-17 ; IV. 18-29.
RÉFLEXIONS.
L'APÔTRE nous apprend ici,
premièrement, que l'exemple
des fidèles et des saints qui se sont
autrefois rendus agréables à Dieu par
leur foi, par leur patience et par leur
obéissance, a beaucoup de force pour nous
inciter à ces mêmes devoirs, surtout
puisque Dieu nous a accordé plus de
lumières et plus de grâces qu'à
eux, et que nous avons, outre cela, devant les yeux
l'exemple de Jésus-Christ, l'auteur et le
consommateur de notre foi.
2. Saint Paul nous instruit sur les
afflictions, et quoique ce qu'il dit regarde
proprement les persécutions que l'on souffre
pour l'Évangile, on peut l'appliquer
à toutes les afflictions en
général, puisqu'il est toujours vrai
que Dieu nous châtie par un effet de son
amour, afin de nous rendre participans de sa
sainteté, et que les afflictions produisent
de très-salutaires effets en ceux qui les
reçoivent comme il faut. Cela nous engage
à ces deux devoirs : l'un, de ne nous
laisser jamais aller au découragement et au
murmure dans les maux ; mais de les souffrir
patiemment et même avec joie, de quelque
nature qu'ils soient, puisque c'est Dieu, notre
père, qui nous les envoie, et qu'il ne le
fait que pour notre bien. L'autre devoir est de
répondre aux vues que Dieu se propose en
nous dispensant les afflictions d'en faire un bon
usage, et de les rapporter à notre
correction et à notre avancement dans la
sainteté.
3. Nous voyons, dans ce chapitre,
que nous sommes indispensablement obligés de
vivre dans la paix et dans l'étude de la
sanctification, et que sans cela il est impossible
que nous voyions jamais le Seigneur.
4. L'apôtre nous avertit de
travailler à nous conserver dans la
grâce de Dieu et de prendre garde, pour cet
effet, qu'il n'y ait en nous quelque principe
d'incrédulité et de rébellion
qui nous la fasse perdre ; et il nous montre,
par l'exemple d'Ésaü, qu'il importe
surtout d'éviter la sensualité et de
ne pas préférer les vains et frivoles
avantages du monde aux biens éternels que
Dieu nous promet, de peur que nous ne soyons
privés de la bénédiction de
notre Père céleste.
Enfin la comparaison que
l'apôtre fait ici entre la loi et
l'Évangile nous présente ces deux
réflexions :
1. Que nous vivons sous une alliance
beaucoup plus excellente que les Juifs, et que nous
sommes par là étroitement
obligés de la bien garder. C'est dans cette
vue que saint Paul nous représente que nous
sommes membres de l'Eglise chrétienne, que
l'Évangile a été
annoncé par le propre Fils de Dieu et
confirme par son sang et que Dieu nous appelle
à posséder une gloire infinie dans le
ciel avec les anges et tous les saints.
2. Que quoique l'Évangile
n'ait pas été publié avec un
appareil aussi formidable que la loi le fut
autrefois sur le mont de Sinaï, et que nous
vivions sous une dispensation de grâce et de
miséricorde, ceux qui mépriseront la
voix du Fils de Dieu ont à craindre des
peines beaucoup plus sévères que
celles qui étaient dénoncées
aux Juifs. C'est la vérité que saint
Paul exprime en ces termes : Si ceux qui
méprisaient celui qui parlait sur la terre
ne sont pas échappés, nous
échapperons beaucoup moins si nous nous
détournons de celui qui parle du ciel. C'est
pourquoi, en embrassant le royaume qui ne peut
être ébranlé, conservons la
grâce, afin que nous servions Dieu avec
respect et avec crainte, et d'une manière
que nous luis soyons agréables, car notre
Dieu est aussi un feu consumant.
CHAPITRE
XIII
Dans ce dernier chapitre
- l'apôtre exhorte les Hébreux
à la charité, à la
chasteté, au contentement d'esprit et
à la confiance en Dieu.
- Il leur recommande de se souvenir de leurs
conducteurs et de ne se point laisser
détourner de la pure doctrine qu'il leur
avait enseignée, ni par ceux qui
voulaient retenir les sacrifices et les
cérémonies de la loi
mosaïque, ni par la crainte de la
persécution.
- Il leur prescrit les vrais sacrifices des
chrétiens, qui sont la louange et
l'exercice de la charité, et il leur
ordonne d'être soumis à leurs
pasteurs.
- Enfin il leur demande leurs prières,
et il en fait lui-même pour leur
sanctification.
I. 1-6. Il. 7-14 ; III. 15-17 ; IV.
18-25-
RÉFLEXIONS.
LES devoirs qui sont prescrits dans
ce chapitre sont les suivans.
1. De nous aimer les uns les autres
comme frères, d'exercer la charité et
l'hospitalité, et d'avoir soin surtout de
ceux qui souffrent persécution pour
l'Évangile.
2. De vivre dans la chasteté,
soit que nous soyons mariés, soit que
nous ne le soyons pas, et
d'avoir en horreur toute impureté, nous
souvenant que Dieu jugera un jour les personnes qui
s'adonnent à ce
péché-là.
3. De fuir l'avarice, d'être
contens de notre état, et de nous reposer
toujours sur la Providence de Dieu.
4. De regarder les choses du monde
et ce qui flatte les désirs de la chair de
la même manière que saint Paul voulait
que les chrétiens regardassent les
cérémonies de la loi, et de nous
souvenir que la qualité de chrétiens
et la foi en Jésus-Christ crucifié
nous appellent à porter notre croix et
à vivre en ce monde comme des personnes qui
n'ont point ici bas de cité permanente, mais
qui cherchent celle qui est à venir.
5. Ce chapitre nous apprend à
ne jamais négliger le devoir de l'action de
grâces et de la louange, non plus que celui
de la charité et de l'aumône, puisque
ce sont des sacrifices très-agréables
à Dieu.
6. Saint Paul recommande aux
chrétiens, à son ordinaire, de se
souvenir de leurs pasteurs, de leur obéir et
de leur être soumis comme à ceux qui
veillent pour leurs âmes, et de prier
continuellement pour eux.
Enfin il conclut ces exhortations et
cette Épître par cette prière
qu'il fait en faveur des Hébreux, et que
nous devons tous faire pour nous-mêmes et les
uns pour les autres : Que le Dieu de paix
veuille vous rendre accomplis en toutes sortes de
bonnes oeuvres pour faire sa volonté, et
qu'il fasse lui-même en vous ce qui lui est
agréable par Jésus-Christ, auquel
soit la gloire aux siècles des
siècles, Amen !
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