ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
DEUXIÈME ÉPÎTRE
CATHOLIQUE DE SAINT PIERRE.
Il paraît de cette Épître
même que saint Pierre l'écrivit peu de
temps avant sa mort, c'est-à-dire environ
l'an 66 de Jésus-Christ, pour confirmer les
fidèles dans la foi, dans la pureté
de la doctrine et dans la pratique des bonnes
oeuvres, et pour les munir contre les pièges
de plusieurs faux docteurs qui joignaient à
la profession du Christianisme une vie charnelle,
et contre la séduction des profanes, qui
révoquaient en doute la seconde venue de
Jésus-Christ. Cette Épître, de
même que la précédente, porte
des caractères sensibles de divinité
et elle a beaucoup de force et de
majesté.
CHAPITRE
PREMIER.
Saint Pierre montre
- que Dieu nous ayant donné tout ce qui
est nécessaire pour vivre dans la
piété, nous devons joindre
à notre foi la pratique des vertus et que
c'est-là le seul moyen d'entrer dans le
royaume de Dieu.
- Il représente ensuite aux
fidèles qu'il les exhortait ainsi, parce
qu'il devait bientôt mourir.
- Enfin il prouve la vérité de
l'Évangile par la transfiguration de
Jésus-Christ et par les prophéties
du Vieux Testament.
I. 1-11 ; II. 12-15 ; III. 16-21.
RÉFLEXIONS.
L'ENTRÉE de cette
Épître nous enseigne que Dieu, par un
effet de sa bonté et de sa puissance, et par
les magnifiques promesses qu'il nous fait dans
l'Évangile, nous a fourni tout ce qui est
nécessaire pour produire en nous la vie
spirituelle et la piété, et pour nous
rendre participans de la nature divine. Saint
Pierre ne pouvait marquer plus nettement que le but
pour lequel Dieu nous accorde sa grâce est de
nous faire vivre dans la sainteté, qu'avec
le secours de cette grâce nous pouvons nous
retirer de la corruption du monde et même
parvenir à une grande perfection, qu'il ne
nous manque aucun secours pour
cela, et que si nous ne le faisons pas, nous sommes
inexcusables.
2. Saint Pierre marque plus
particulièrement quel est notre devoir
à cet égard, en nous exhortant
à joindre à notre foi la prudence, la
tempérance, la patience, la
piété, l'amour fraternel et la
charité, et à travailler à
rendre ferme par ce moyen notre vocation et notre
élection ; et il montre l'absolue
nécessité de tous ces devoirs, en
disant que ce n'est qu'en les pratiquant que nous
pouvons nous assurer l'entrée dans le
royaume de Dieu ; mais que ceux qui les
négligent sont des aveugles qui
périront dans leurs péchés. Il
suit de là que toute foi que la
piété n'accompagne pas est fausse,
que la vraie piété comprend
l'étude et la pratique de toutes les vertus
chrétiennes, et qu'elles sont toutes
liées entr'elles et inséparables.
3. Le soin que saint Pierre avait
d'avertir les chrétiens avant sa mort, fait
voir que ceux qui peuvent être utiles
à leur prochain doivent y travailler pendant
qu'ils sont en ce monde, et redoubler leur
zèle lorsque leur fin approche ; c'est
à quoi les pasteurs doivent surtout
consacrer toute leur vie.
4. Nous voyons ici que saint Pierre
prouve la vérité et la
divinité de la doctrine chrétienne
par le témoignage que lui et ses
collègues avaient rendu, de ce qui
était arrivé à Notre Seigneur
lorsqu'il fut transfiguré, et par les
prophéties du Vieux Testament. Cela nous,
oblige à faire une attention sérieuse
sur ces preuves, à lire et à
méditer avec soin l'Évangile et les
écrits des apôtres et des
prophètes. À l'égard des
prophéties en particulier, il faut
considérer que, comme saint Pierre le dit,
elles avaient autrefois de l'obscurité, mais
qu'elles sont maintenant fort claires, et
dés-là très-propres à
sonder et à assurer notre foi et à
nous affermir dans l'obéissance à la
doctrine et aux commandemens de
Jésus-Christ, notre Sauveur.
CHAPITRE
II
L'apôtre
- prédit qu'il
s'élèverait de faux docteurs qui
introduiraient des sectes et des doctrines
pernicieuses, et il montre par la punition des
mauvais anges, par le déluge et par la
destruction de Sodome et de Gomorrhe, que ces
séducteurs et ceux qui les suivraient ne
demeureraient pas impunis.
- 2. Il décrit ensuite ces faux
docteurs, en disant que c'était des gens
sensuels et qui parlaient mal des puissances,
impurs, adonnés à l'avarice,
pleins d'orgueil, vains et
artificieux dans leurs paroles, séduisant
les simples par de fausses promesses de
liberté, et il montre qu'ils
entraînaient dans les derniers malheurs
ceux qui les écoutaient et qui,
après avoir connu la
vérité, se laissaient gagner par
leurs discours.
I. 1-9 ; II. 10-21.
RÉFLEXIONS.
CE que nous devons apprendre d'ici,
c'est :
1. Qu'il y a eu de tout temps et
qu'il y aura toujours de faux docteurs qui
tâcheront d'introduire des doctrines
dangereuses et de former des sectes dans l'Eglise.
Il importait que cette prédiction fût
souvent réitérée par les
apôtres, afin que dans les siècles
suivans les fidèles ne fussent pas surpris
quand ces séducteurs paraîtraient, et
qu'ils travaillassent à se garantir de leurs
pièges.
2. Ce chapitre nous fait voir que
Dieu a donné de tout temps des marques de sa
justice, et principalement dans la punition des
anges rebelles, dans le déluge et dans la
destruction de Sodome et des villes voisines. Ces
exemples nous apprennent, comme saint Pierre le
dit, que Dieu sait délivrer ceux qui
l'honorent, mais qu'il réserve les
méchans pour les punir au jour du jugement,
et qu'en particulier ceux qui vivent dans les
souillures de la chair et dans l'impureté
recevront la punition qu'ils méritent ;
c'est ce que prouve surtout la destruction du
premier monde et l'embrasement de Sodome et de
Gomorrhe.
3. Il faut faire une attention
particulière aux caractères par
lesquels l'apôtre dépeint ces faux
docteurs. Il les représente comme des gens
orgueilleux, ennemis des puissances et qui
étaient dans des sentimens et dans des
principes d'indépendance, et tendant
à la sédition ; il ajoute qu'ils
étaient avares, artificieux, inconstans,
vains dans leurs discours, et surtout portés
à la sensualité et aux
voluptés. Cela nous montre qu'il faut
éviter tous ceux en qui ces
caractères se trouvent comme des gens
dangereux, et qu'on doit avoir en horreur toutes
les doctrines qui tendent à ces
vices-là et qui flattent le
dérèglement des moeurs. Par là
on voit aussi très-clairement que ce qui
engage ordinairement les hommes dans l'erreur,
c'est la corruption du coeur et les passions.
4. Ceux à qui Dieu a
donné sa connaissance et sa grâce
doivent profiter de ce qui est dit dans ce
chapitre, que quand après avoir reçu
ces avantages on se laisse vaincre par les
souillures de ce monde, on rend sa
dernière condition pire
que la première, et qu'il vaudrait mieux
n'avoir jamais connu la voie de la justice que de
s'en détourner après l'avoir connue.
C'est là un avertissement tout-à-fait
nécessaire qui doit porter, même les
gens de bien, à une crainte
accompagnée de vigilance et de
précaution et à faire de continuels
efforts pour se soutenir et pour s'avancer dans le
chemin de la piété.
CHAPITRE
III.
L'apôtre
- prédit qu'il y aurait dans l'Eglise
des profanes qui douteraient de la seconde venue
de Jésus-Christ, et il les réfute
en disant que comme le monde fut autrefois
détruit par les eaux du déluge, il
le serait un jour par le feu, et que si la venue
de Jésus-Christ tardait, c'était
parce que Dieu voulait donner aux hommes le
temps de se repentir.
- 2. Il fait voir que la croyance et l'attente
de cette fin de toutes choses et
l'espérance d'être reçus
dans le monde à venir, nous obligent
à une étude constate de la
sainteté et de la perfection.
I. 1-10 ; II. 11-18.
RÉFLEXIONS.
CE chapitre traite,
premièrement, de la dernière venue de
Jésus-Christ et de la fin du monde, et en
second lieu de l'effet que cette doctrine doit
produire. Sur le premier de ces articles nous avons
à considérer ces quatre choses :
1. que puis qu'il a
été prédit qu'il y aurait aux
derniers jours des profanes et des moqueurs qui
nieraient les vérités les plus
certaines et les plus importantes de la religion,
nous ne devons pas nous étonner s'il y en a
de nos jours parmi les chrétiens, et qu'on
doit fuir ces gens-là et les regarder comme
les pires et les plus dangereux de tous les
hommes ;
2. que c'est une chose
très-certaine que le monde doit finir et que
Jésus-Christ viendra au dernier jour pour
juger les hommes. C'est de quoi nous avons une
preuve incontestable dans le déluge, qui est
un fait dont on ne saurait douter et qui est
universellement reconnu ;
3. que si Dieu diffère la
punition des pécheurs et le jugement, c'est
par un effet de sa bonté envers les hommes
et pour leur donner le temps de s'amender. Ce doit
être là pour nous un motif pressant
à profiter du support et de la patience du
Seigneur,
4. Saint Pierre nous apprend
que comme le monde fut
détruit autrefois par l'eau, il sera
consumé au dernier jour par le feu ; et
la description que saint Pierre fait ici de cet
embrasement du monde nous montre quelle sera la
majesté et la terreur de la dernière
apparition du Fils de Dieu. Pour ce qui est de
l'effet que cette doctrine doit produire, saint
Pierre nous a appris que puisque nous savons que ce
monde doit être détruit et
qu'après cela il y aura de nouveaux cieux et
une nouvelle terre où la justice habite,
nous ne saurions nous appliquer avec trop d'ardeur
à une conduite sainte et à faire des
oeuvres de piété, afin que ce
jour-là ne nous surprenne point et que le
Seigneur nous trouve sans tache et
irrépréhensibles.
Cette conséquence que saint
Pierre tire de ce que le monde doit ainsi prendre
fin, doit nous faire reconnaître que pour
être animés à une vie pure et
chrétienne rien n'est plus utile que de
penser continuellement à la fin de toutes
choses et au jugement universel. N'oublions jamais
ces instructions, et puisque nous en sommes
avertis, prenons garde de nous laisser
entraîner par la séduction des
profanes ; mais croissons dans la grâce
et dans la connaissance de Notre Seigneur et de
notre Sauveur Jésus-Christ, auquel soit la
gloire dès maintenant jusque dans
l'éternité. Amen.
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