ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
PREMIÈRE ÉPÎTRE
CATHOLIQUE DE SAINT JEAN.
Saint Jean a pour but de garantir les
chrétiens de la séduction de certains
hérétiques qui niaient que
Jésus-Christ fût venu en chair et
qu'il fût le Fils de Dieu, et qui vivaient
dans la licence. L'apôtre établit,
dans cette Épître, contre ces
gens-là, la vérité de
l'Évangile et la nécessité de
croire en Jésus-Christ, de lui obéir
et surtout de vivre dans la charité.
CHAPITRE
PREMIER.
Saint Jean voulant
montrer que la
doctrine que lui et les autres apôtres
annonçaient était la seule
véritable,
- dit que ni lui ni ses collègues
n'avaient rien enseigné touchant le Fils
de Dieu que ce qu'ils avaient eux-mêmes vu
et entendu, avant vécu avec
Jésus-Christ ; ce que les faux
docteurs ne pouvaient pas dire.
- Il montre après cela, contre ces
mêmes hérétiques, que le but
et la substance de la doctrine qu'il
annonçait était que, comme Dieu
est la lumière et la sainteté
même, personne n'a communion avec lui et
avec Jésus-Christ, son Fils, que ceux qui
marchent dans la sainteté, qui confessent
leurs péchés et qui les
abandonnent.
I. 1-4 ; II. 5-10.
RÉFLEXIONS.
LA première instruction que
ce chapitre nous donne regarde la
vérité de l'Évangile, laquelle
paraît par la certitude du témoignage
des apôtres, qui n'ont annoncé que ce
qu'ils ont vu, ce qu'ils ont entendu et ce qu'ils
ont touché de leurs mains.
2. Nous voyons ici que le but de
la
religion chrétienne est de rendre les hommes
semblables à Dieu par la sainteté.
Saint Jean établit, dès
l'entrée de son Épître, cette
vérité, en disant que ceux qui se
vantent d'être dans la communion de Dieu et
de Jésus-Christ, et qui demeurent dans le
péché, sont des menteurs et qu'ils
n'agissent pas avec sincérité, et que
nul n'est participant du salut que celui qui, joint
à la pureté de la foi la
sainteté de la vie.
3. Il enseigne
que comme tous les hommes étaient
pécheurs et que Dieu avait envoyé son
Fils pour les sauver, il n'y avait point d'autre
moyen d'avoir part aux effets de la
miséricorde de Dieu et à l'efficace
du sang de Jésus-Christ que de confesser
sincèrement ses péchés et d'y
renoncer.
CHAPITRE
II.
L'apôtre confirme, dans
ce
chapitre, ce qu'il avait dit dans le
précédent, que pour avoir communion
avec Dieu il finit croire en Jésus-Christ et
vivre saintement. Dans ce dessein il montre,
- 1. que Jésus-Christ a expié
les pêchés de tout le monde, mais
qu'il n'y a cependant que ceux qui gardent ses
commandemens et qui vivent comme il a
vécu qui aient part à cette
expiation ;
- 2. que le principal commandement de Notre
Seigneur est que nous nous aimions les uns les
autres, et que ceux qui n'aiment pas leur
prochain sont dans les ténèbres et
dans la mort.
- 3. Il adresse ses exhortations aux
chrétiens de tous les âges, et il
recommande en particulier aux jeunes gens de ne
pas aimer le monde, parce que l'amour du monde
était un obstacle à l'amour de
Dieu et de Jésus-Christ.
- 4. Il avertit les fidèles de ne pas
se laisser séduire par de faux docteurs
et les antéchrists qui niaient que
Jésus fût le Christ et le Fils de
Dieu, et de retenir constamment la pure doctrine
et la vérité qui leur avaient
été enseignées dès
le commencement,
I. 1-6 ; II. 7-11 ; III.
12-17 ;
IV. 18-29.
RÉFLEXIONS.
SAINT Jean nous apprend ici,
1. que Notre Seigneur a fait
l'expiation des péchés de tous les
hommes, et qu'il intercède auprès de
Dieu pour nous. C'est-là une doctrine pleine
de consolation pour les pécheurs ; mais
il faut se souvenir que l'apôtre restreint le
fruit de la mort et de l'intercession de
Jésus-Christ à ceux qui croient en
lui, qui l'aiment et qui gardent ses commandemens,
et qu'il exclut de ce bénéfice, comme
des hypocrites et des menteurs, ceux qui ne lui
obéissent pas.
2. Nous apprenons ici que le
principal devoir des chrétiens est d'imiter
leur Sauveur et de vivre comme il a vécu.
3. Qu'entre les commandemens de
Jésus-Christ celui qui tient le premier rang
et auquel tous les autres se rapportent, c'est
l'amour du prochain ; que ceux en qui cet
amour se trouve sont dans la lumière et
qu'ils ne sauraient
broncher ; mais
que ceux
qui n'aiment pas leurs frères sont dans les
ténèbres et dans un état de
condamnation.
4. L'apôtre nous enseigne que
la doctrine de l'Évangile engage les
chrétiens de tous les âges et de tous
les états à s'affermir de plus en
plus dans l'amour de Dieu et de
Jésus-Christ ; que les vieillards ont
dans leur âge avancé des motifs
à s'acquitter de ce devoir, et que c'est
à quoi les jeunes gens doivent employer la
force et la vigueur de la jeunesse. Il exhorte en
particulier ceux qui sont jeunes à ne pas
aimer le monde, leur représentant que
l'amour des plaisirs et de la gloire ne peut en
aucune façon subsister avec l'amour de Dieu,
et que le monde passe et sa convoitise ; mais
que celui qui fait la volonté de Dieu
demeure éternellement. C'est à quoi
les jeunes gens doivent faire une attention
particulière, afin d'éviter les
tentations auxquelles leur âge les expose.
5. Les avertissemens que saint
Jean
donne dans ce chapitre au sujet des faux docteurs
qui ne reconnaissaient pas Jésus pour le
Fils de Dieu et pour le Messie, nous apprennent
qu'on ne doit jamais écouter ceux qui
enseignent des doctrines contraires à
l'Évangile, que la foi en
Jésus-Christ est d'une absolue
nécessité pour le salut, et que l'on
n'est pas en danger de tomber dans l'erreur
dès qu'un a fonction du Saint-Esprit et que
l'on suit invariablement la doctrine qui a
été enseignée dès le
commencement par Jésus-Christ et par les
apôtres, et qui est contenue dans
l'Évangile.
Mais saint Jean nous avertit en
même temps que la foi en Jésus-Christ
nous appelle à vivre saintement et
justement, en sorte que, quand il paraîtra,
nous ayons une pleine confiance et que nous ne
soyons pas confus de sa présence à sa
venue.
CHAPITRE
III.
Dans ce chapitre saint
Jean
parle,
- en premier lieu, de l'amour que Dieu nous a
témoigné en nous adoptant pour ses
enfans et de la gloire qui nous est
réservée.
- Il dit en second lien que l'espérance
de cette gloire nous oblige à une vie
pure et que le but de la venue de
Jésus-Christ a été de
retirer les hommes du péché et de
les rendre justes et saints.
- 3. Il parle en particulier de l'amour du
prochain; il montre combien cette vertu est
nécessaire, qu'elle en est la nature,
quels en sont les effets, et il dit
que le plus sûr moyen
d'obtenir la paix de la conscience et
d'être remplis d'assurance devant Dieu est
de nous aimer sincèrement les tins les
autres.
I. 1-2 ; Il. 3-10 ; III. 11-24.
RÉFLEXIONS.
CE chapitre, qui est l'un des
plus
instructifs du Nouveau Testament, nous engage,
1. à célébrer
la charité infinie de Dieu, notre
père, qui a bien voulu nous adopter pour ses
enfans, et à bien considérer les
avantages de notre adoption et la gloire dont les
enfans de Dieu seront couronnés à la
venue de Notre Seigneur Jésus-Christ.
2. L'apôtre nous enseigne que
ceux qui ont de si glorieuses espérances se
purifient eux-mêmes ; il ajoute que le
dessein pour lequel Jésus-Christ est venu au
monde a été d'abolir le
péché ; que celui qui est un
enfant de Dieu ne pèche point,
c'est-à-dire qu'il ne vit pas dans
l'habitude du péché et qu'il ne s'y
adonne pas ; mais que celui qui pèche
est un enfant du diable et que c'est là la
marque à laquelle on discerne les enfans de
Dieu d'avec les enfans du démon. C'est ce
que saint Jean déclare de la manière
la plus formelle et la plus expresse, avertissant
très-sérieusement qu'on ne doit point
s'abuser là-dessus.
3. Entre les devoirs du
Christianisme, saint Jean insiste
particulièrement sur la charité,
disant que l'amour du prochain est le vrai
caractère des chrétiens ; mais
que ceux en qui cet amour ne se trouve pas et qui
ont de la haine pour leurs frères, sont des
meurtriers semblables à Caïn et qu'ils
demeurent dans la condamnation et dans la mort.
4. Saint Jean nous instruit sur
la
nature et sur les effets de la vraie
charité ; il nous avertit qu'elle ne
doit pas seulement consister en paroles, mais qu'il
faut qu'elle soit sincère et cordiale ;
qu'elle paraisse par les effets et qu'elle nous
porte à assister nos frères, et
même, si cela était nécessaire,
à donner notre vie pour eux et pour le
salut, comme Jésus-Christ a donné la
sienne pour nous.
Enfin l'apôtre nous apprend
que ce sera en s'acquittant de ces devoirs que
chacun de nous pourra reconnaître qu'il est
dans la vérité et dans l'amour de
Dieu, et que c'est aussi là le moyen d'avoir
la paix de la conscience et une ferme assurance
d'obtenir de lui tout ce que nous lui demanderons.
CHAPITRE
IV.
Saint Jean avertit les
chrétiens de ne pas croire à toutes
sortes de doctrines ; mais de les examiner
pour savoir si elles venaient de Dieu ou non, et il
leur donne deux règles pour le
reconnaître.
- L'une, que ceux qui ne confessaient pas que
Jésus-Christ fût venu en chair et
fût le Messie devaient être
rejetés comme des gens qui sont
animés de l'esprit du monde et de
l'erreur et non de l'Esprit de
vérité.
- L'autre, que la religion consiste dans la
charité ; ce que l'apôtre fait
voir en représentant la grandeur de
l'amour que Dieu nous a témoigné
en nous donnant son Fils, d'où il conclut
que ceux qui ne sont pas animés d'un
esprit de charité n'aiment pas Dieu et ne
lui appartiennent point, et que par
conséquent ils ne doivent point
être écoutés.
I. 1-6 ; II. 7-21.
RÉFLEXIONS.
LES chrétiens doivent
apprendre d'ici,
1. à ne pas recevoir toutes
sortes de doctrines, puisqu'il y a toujours eu
plusieurs imposteurs dans le monde ; mais
à examiner les doctrines pour savoir si
elles viennent de Dieu ou non. C'est-là le
droit de tous les fidèles et c'est aussi
leur devoir.
2. Que c'est une
vérité fondamentale dans la religion
de croire que Jésus est le Christ, le Fils
de Dieu, et qu'il s'est fait homme pour nous
sauver ;
3. que la charité est
l'abrégé et l'essence de la religion
et la principale marque du Christianisme. C'est ce
que saint Jean répète plusieurs fois,
et ce qu'il fonde sur ce que Dieu n'est qu'amour et
sur la grande charité qu'il a fait
paraître envers les hommes, en envoyant son
Fils pour leur donner la vie. Tout cela doit nous
convaincre que l'amour du prochain est un devoir
tout-à-fait nécessaire et que ceux
qui en sont destitués ne connaissent point
Dieu comme il faut le connaître et ne lui
appartiennent en aucune façon C'est la
déclaration que saint Jean fait à
diverses fois, et c'est ce que marquent surtout ces
paroles : Celui qui dit qu'il aime Dieu et
hait son frère est menteur. Cela nous montre
aussi que pour produire en nous-mêmes cet
amour du prochain il faut méditer sur la
nature et sur les perfections de Dieu, qui est la
charité même, et sur l'amour qu'il
nous a marqué, en donnant son Fils pour
faire la propitiation de nos péchés.
Puisque Dieu nous a ainsi aimés le premier,
nous devons l'aimer ardemment et
nous aimer les uns les autres ; et ce sera en
nous affermissant de plus en plus dans cet amour de
Dieu et du prochain que nous porterons l'image de
notre Père céleste, que nous jouirons
d'une grande paix et que nous pourrons avoir de
l'assurance au jour du jugement et à la
venue de Notre Seigneur Jésus-Christ.
CHAPITRE
V.
Saint Jean continue à
montrer
- que l'on reconnaît les vrais enfans,
de Dieu à la pureté de la foi,
à l'obéissance qu'ils rendent
à ses commandemens et à la
charité.
- Il enseigne que la vérité de
l'Évangile a été
confirmée du ciel par le
témoignage du Père, et du Fils, et
du Saint-Esprit ; et sur la terre, par
l'esprit, par l'eau et par le sang. D'où
il conclut que la doctrine de l'Évangile
et les promesses de la vie éternelle, qui
nous y sont faites en Jésus-Christ,
doivent être reçues avec mie pleine
certitude de foi.
- 3. Saint Jean dit que ceux qui avaient cette
foi étaient assurés d'obtenir de
Dieu tout ce qu'ils lui demanderaient selon sa
volonté, et même la guérison
et la vie de leurs frères, à moins
que ceux pour qui l'on prierait n'eussent commis
de certains péchés que Dieu
voulait punir par la mort temporelle.
- 4. Il finit cette Épître en
exhortant les fidèles à se
conserver purs, à demeurer ferme dans la
foi, à fuir l'idolâtrie et tout ce
qui aurait pu les y entraîner
I. 1-5 ; II. 6-13 ; III.
14-1 ;-
IV. 18-21.
RÉFLEXIONS.
CE chapitre, de même que les
précédens, nous apprend,
1. qu'il n'y a de vrais enfans
de
Dieu que ceux qui croient en son Fils, qui aiment
sincèrement leur prochain et qui gardent ses
commandemens ;
2. que l'observation des
commandemens de Dieu n'est point une chose
difficile ni pénible, et qu'au contraire,
par le moyen de l'amour de Dieu et de la foi, on
peut aisément vaincre le monde et les
tentations ;
3. que puisque la divinité de
l'Évangile a été
confirmée d'une manière si
authentique dans le ciel et sur la terre, nous
n'aurons aucune excuse si nous ne recevons pas
cette doctrine comme céleste et divine et si
nous n'en observons pas les devoirs ;
4. que ceux qui font la
volonté de Dieu sont assurés
d'être exaucés de lui, et que leurs
prières ont beaucoup d'efficace, à
moins qu'ils ne lui demandassent
certaines grâces
temporelles qu'il ne trouverait pas à propos
de leur accorder. C'est-là un avantage
très-précieux et qui doit nous
inciter fortement à l'obéissance et
à l'amour de Dieu.
5. Saint Jean nous a appris que
ceux
qui sont enfans de Dieu ne pèchent point,
c'est-à-dire qu'ils ne pèchent pas
comme les méchans et que le
péché ne règne point en
eux ; il ajoute que le malin n'a point de
pouvoir sur eux et que, sachant qu'ils sont de Dieu
et que le reste du monde est engagé sous la
puissance du malin et dans la corruption, ils se
conservent purs eux-mêmes. C'est-là le
devoir et le caractère des chrétiens
et de tous les vrais enfans de Dieu, et c'est aussi
le seul moyen d'avoir une communion salutaire avec
Dieu, notre père, et son Fils
Jésus-Christ, qui est le vrai Dieu et la vie
éternelle, et auquel la gloire doit
être rendue éternellement. Amen.
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