ATTENDS-TOI À
L'ÉTERNEL
1er Jour.
Un Dieu de
notre Salut.
«
Mon âme soupire après toi,
ô Dieu ! mon âme...
attends-toi à Dieu ! Il est la
délivrance à laquelle je
regarde. »
Psa. 42 : 2, 12
|
Si notre salut est l'oeuvre de Dieu aussi bien
que le fut notre création, notre premier
devoir sera nécessairement d'attendre de
Dieu qu'il accomplisse en nous son oeuvre selon
qu'il l'entend. Ce n'est qu'en nous attendant
à lui que nous pourrons saisir ce qu'est
pour nous la rédemption. La
difficulté qu'on éprouve souvent
à recevoir le salut dans sa plénitude
vient de ce qu'on ne sait pas s'attendre à
Dieu, de ce qu'on répugne à le faire.
Pour voir la puissance de Dieu se manifester
ici-bas, il faut que chacun reprenne la position
qui lui est assignée soit dans la
création, soit dans la rédemption, la
position d'une entière et
continuelle dépendance de Dieu. Cherchons
à bien comprendre ce qu'est cette attente
à Dieu et alors nous comprendrons mieux
aussi pourquoi cette grâce est si peu
recherchée ; nous en apprécierons
mieux la valeur et nous sentirons qu'à tout
prix nous devons l'obtenir.
La nécessité de
s'attendre à Dieu résulte de la
nature de l'homme aussi bien que de la nature de
Dieu. Dieu, comme Créateur, avait
formé l'homme pour qu'il servit à
manifester sa puissance et sa bonté divines.
L'homme ne possédait en lui-même
aucune source de vie, de force et de bonheur.
C'était du Dieu vivant et
éternellement vivant que devait lui venir
à chaque instant tout ce dont il avait
besoin. Ce n'était donc pas
l'indépendance de l'homme,
c'est-à-dire le fait de ne dépendre
que de lui-même, qui devait faire sa gloire
et son bonheur, mais bien plutôt sa
dépendance d'un Dieu si infiniment riche et
plein d'amour. Tout recevoir à chaque
instant de la plénitude de Dieu,
voilà ce qui faisait la joie de l'homme
avant sa chute.
Quand plus tard l'homme fut
séparé de Dieu par
le péché, sa dépendance de
Dieu s'accrut encore. Nul espoir pour lui de sortir
de cet état de mort sinon en recourant
à la puissance et à la
miséricorde de Dieu. C'est Dieu seul qui
opéra sa rédemption. C'est Dieu seul
qui encore à présent poursuit et
accomplit cette oeuvre de rédemption en tout
croyant. Même l'homme
régénéré ne
possède aucunement la grâce
d'être bon par lui-même. Il n'a rien,
ne peut rien avoir sans recevoir tout de Dieu
d'instant en instant. L'acte de s'attendre à
Dieu lui est donc tout aussi indispensable que
l'acte de respirer est nécessaire au
maintien de sa vie terrestre.
C'est parce que les chrétiens
ne connaissent pas leur misère, leur
incapacité absolue, qu'ils n'ont aucune
idée non plus de la nécessité
de s'attendre à Dieu, de vivre dans une
dépendance continuelle de lui. Mais quand le
croyant en vient à entrevoir cette
vérité, quand enfin il consent
à recevoir à chaque instant par le
Saint-Esprit ce que Dieu peut lui communiquer
à chaque instant, l'acte de s'attendre
à Dieu devient toute son espérance,
fait toute sa joie. Quand il
saisit bien que, dans son amour infini, Dieu prend
plaisir à communiquer à son enfant sa
nature divine et que jamais il ne se lasse de
prendre soin de lui, de lui renouveler force et vie
de jour en jour, il s'étonne d'avoir pu
regarder à Dieu autrement qu'en s'attendant
à lui du matin au soir. D'un
côté Dieu, toujours prêt
à donner, à agir, de l'autre son
enfant, regardant sans cesse à lui et
recevant tout de lui, voilà la vie heureuse
et bénie qui est offerte à
tous.
« Mon âme, attends-toi
à Dieu, il est la délivrance à
laquelle je regarde. » C'est pour notre salut
que nous commençons à nous attendre
à Dieu ; ensuite nous apprenons que le but
du salut est de nous ramener à Dieu, de nous
enseigner à nous attendre à lui avec
confiance; après quoi nous trouvons mieux
encore, nous découvrons que l'acte de nous
attendre à Dieu nous initie au plus haut
degré du salut, en nous faisant attribuer
à Dieu la gloire d'être tout et en
nous faisant éprouver aussi qu'il est tout
pour nous. Que Dieu nous apprenne combien on est
heureux de s'attendre à lui !
« Mon âme, attends-toi à
Dieu! »
.
ATTENDS-TOI À
L'ÉTERNEL
2 ème Jour.
Souverain
régulateur de ta vie.
Il n'est guère possible de
déterminer quel sens Jacob donnait à
ces mots, lorsqu'il les prononça au milieu
des prédictions qui concernaient ses fils ;
mais ils nous disent clairement que soit pour lui,
soit pour ses enfants il s'attendait à Dieu
seul. C'était le salut de Dieu qu'il
attendait, le salut que Dieu avait promis et que
Dieu seul pouvait accomplir. Il savait que lui et
ses fils étaient sous la garde de Dieu et
que Jéhovah, le Dieu
d'éternité, leur ferait voir quelle
est sa puissance pour sauver. Ces mots faisaient
allusion à cette merveilleuse histoire de la
rédemption qui n'est pas encore
achevée, ainsi qu'à l'avenir de
gloire qu'elle nous ouvre. Il nous font entendre
aussi qu'il n'y a point de salut pour nous hors de
ce salut divin, et que par conséquent notre
devoir autant que notre bonheur nous pressent de
nous attendre à Dieu, soit pour les
détails de notre vie terrestre, soit pour ce
qui nous attend au delà encore.
Réfléchissons à
ce qu'est pour nous le salut indiciblement glorieux
que Dieu nous a préparé en Christ, et
qu'il veut dès à présent
réaliser, perfectionner en nous par son
Esprit. Arrêtons notre pensée sur ce
grand salut jusqu'à ce que nous en venions
à bien saisir que Dieu seul peut nous faire
participer à cette grâce. Dieu ne se
sépare pas des grâces qu'il nous
offre, de sa force, de sa bonté, pour nous
les communiquer. Ces grâces ne le quittent
pas pour s'attacher à nous comme les gouttes
de pluie tombent du ciel sur la terre. Non, Dieu ne
nous les accorde, et nous ne pouvons en jouir,
qu'autant que lui-même vient agir en nous
sans interruption. Si donc nous n'éprouvons
pas plus habituellement et plus fortement l'effet
de ses grâces, c'est parce que nous ne le
laissons pas agir en nous, mais que nous l'en
empêchons soit par notre
indifférence, soit par nos propres efforts,
nous privant ainsi de ce qu'il voudrait faire
lui-même en nous. Ce que Dieu demande de nous
en fait d'obéissance, de confiant abandon,
de volonté et de foi, se trouve
résumé dans ces mots : S'attendre
à lui, s'attendre à son salut,
à sa pleine rédemption. C'est quand
nous nous reconnaissons incapable de faire ce qui
est bon aux yeux de Dieu et que nous lui
témoignons une entière confiance, que
Dieu fait en nous par sa puissance divine tout ce
dont nous sommes incapable.
Encore une fois je le
répète : Méditons sur la
divine gloire du salut que Dieu veut accomplir en
nous. Cherchons à bien saisir toutes les
vérités qu'il nous offre. Aujourd'hui
Dieu vent faire son oeuvre dans notre coeur comme
il l'a fait au jour de la création. Nous ne
pouvons pas mieux concourir à son oeuvre en
nous que nous n'avons pu jadis mettre la main
à la création du monde ; il faut que
ce soit lui qui « produise en nous le vouloir
et le faire ».
(Phi. 2 : 13). Dieu nous demande
seulement de consentir à le laisser faire,
de nous attendre à lui, et alors
il se charge de tout. Oui,
méditons en silence sur ces
vérités jusqu'à ce que nous
puissions entrevoir tout le bonheur qu'on
éprouve à laisser agir Dieu et que
notre âme puisse dire avec humilité :
« 0 Éternel, j'ai attendu ton salut.
» Alors soit nos prières, soit nos
travaux offriront le reflet de ces mots : «
Quoi qu'il en soit, mon âme se repose sur
Dieu »
Il serait facile d'étendre
encore l'application de cette vérité
à ceux qui travaillent avec nous, à
ceux pour lesquels nous intercédons
auprès de Dieu, à toute
l'Église de Christ, soit autour de nous,
soit dans le monde entier. La aussi il ne peut se
faire aucun bien à moins que ce ne soit Dieu
qui le fasse ; aussi notre seule force sera-t-elle
toujours et partout de nous attendre à Dieu,
d'avoir le coeur plein de foi en son intervention
divine, et par cette foi de réclamer sa
présence toute puissante. Oh ! puissent les
yeux de notre esprit s'ouvrir et nous faire voir
l'action directe de Dieu en nous-mêmes et
dans les autres, nous faire connaître le
bonheur d'attendre avec adoration son
salut.
Nos prières
particulières ou publiques sont
l'expression de nos rapports avec
Dieu ; c'est donc pour nos prières surtout
que nous devrons nous exercer à nous
attendre à Dieu. Si notre « attente
à l'Éternel» tempère et
réduit au silence notre activité
naturelle, si elle nous amène à nous
incliner devant Dieu et à voir sa main dans
tout l'univers, si elle nous affermit dans
l'assurance qu'il agit et continuera à agir
en nous, si elle nous maintient dans
l'humilité d'un coeur qui s'abandonne
à lui jusqu'à ce que le Saint-Esprit
vivifie et perfectionne son oeuvre en nous, elle
sera réellement la force et la joie de notre
âme, et nous nous écrierons avec
conviction et bonheur : « 0 Éternel,
j'ai attendu ton salut ».
« Mon âme, attends-toi à
Dieu ! »
.
ATTENDS-TOI À
L'ÉTERNEL
3 ème Jour.
Ton
Créateur.
Tous,
ils s'attendent, à toi pour que tu
leur donnes leur nourriture en son temps.
Tu la leur donnes et ils la recueillent.
Tu ouvres ta main et ils sont
rassasiés de bien !
»
Psa. 104 : 27, 28.
|
Ce cantique de louange au Créateur parle
des oiseaux et des bêtes des forêts,
des lionceaux et de l'homme qui va à son
travail, de la grande mer où vivent des
animaux sans nombre, petits et grands, et il
conclut ce récit de la création en
remontant au Créateur dont tous
dépendent : « Tous s'attendent à
toi ». Si l'oeuvre de Dieu est de
créer, son Oeuvre aussi est de maintenir ce
qu'il a créé. Sa créature,
incapable de se créer elle-même, ne
peut pas mieux suffire seule à ses besoins.
La confiance en Dieu est donc la loi qui
régit toute, la création.
Cette confiance en Dieu nous dit
pourquoi la créature a reçu
l'existence. En lui donnant la vie, en pourvoyant
ensuite à l'entretien de cette vie et
à son bonheur, le but de Dieu était
de manifester sa sagesse, sa puissance et sa
bonté ; et comme la nature même de
Dieu le porte à pourvoir à tout ce
que réclament ses créatures,
celles-ci sont appelées par leur nature
même à s'attendre à lui,
à recevoir de lui ce que lui seul peut leur
donner et ce qu'il prend plaisir à leur
donner.
Si la lecture de ces pages nous fait
saisir ce que doit être pour le croyant celle
attente à Dieu, si elle nous amène
à en éprouver pratiquement
l'utilité et le bienfait, elle nous fera
reconnaître aussi pourquoi Dieu nous appelle
à regarder à lui avec confiance. Nous
comprendrons qu'il s'agit là d'obéir
à un commandement qui n'a rien d'arbitraire
et que cette attente à Dieu, rendue
nécessaire par nos péchés et
notre incapacité, devient en outre une
restauration qui nous ramène à notre
destinée première, nous rend nos
droits de très haute noblesse, nous replace
dans la position glorieuse de
créature directement dépendantes du
Dieu de gloire.
Aussitôt que nos yeux
s'ouvrent à cette vérité, la
nature entière devient pour nous une vivante
prédication. Elle nous rappelle que tout ce
que Dieu a fait au commencement dans la
création, il le fait à présent
en nous par son oeuvre de rédemption. Quand
le psaume
104e nous fait voir la main de Dieu
active à entretenir tout ce qui a vie dans
la nature, nous comprenons qu'il est
nécessaire de nous attendre à Dieu
pour tout notre être. Les lionceaux et les
corbeaux qui crient à lui, les oiseaux, les
poissons et tous les insectes qui reçoivent
de lui la nourriture au temps voulu nous rappellent
ce qu'est la nature de Dieu et sa gloire ; ils nous
disent qu'il est un Dieu auquel on doit s'attendre.
À mesure que notre pensée saisit
mieux ce qu'est la nature et ce qu'est Dieu, nous
sentons mieux aussi toute la valeur de ces mots :
« Attends-toi à Dieu, »
Tous s'attendent à toi afin
que tu leur donnes. C'est Dieu qui donne tout.
Puisse cette confiance s'implanter
profondément dans notre
coeur ! Avant même de comprendre tout ce que
comporte cette attente, avant de prendre l'habitude
de nous attendre a Dieu,
pénétrons-nous de cette
vérité : S'attendre à Dieu,
dépendre de lui continuellement et
entièrement, voilà sur la terre comme
au ciel la seule vraie religion, la seule
véritable manière d'exprimer ce que
doivent être nos relations avec le Dieu saint
et béni en qui nous avons la vie.
Prenons aussitôt la
résolution de nous attendre à Dieu
continuellement avec humilité et confiance.
Que désormais ce soit là le trait
dominant et distinctif de notre vie et de notre
culte. Soyons certains que celui qui nous a
créés pour se donner lui-même
à nous et habiter en nous, ne permettra pas
que nous soyons jamais déçus. En nous
attendant à lui, nous trouverons repos, joie
et force, car il pourvoira à tous nos
besoins.
« Mon âme, attends-toi à
Dieu ! »
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