Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Un Gagneur d'Âmes:
CÉSAR MALAN

PRÉFACE DE LA 1ère ÉDITION

Tout n'était pas desséché dans l'église de Genève au début du XIXe siècle, en dépit de l'influence stérilisante d'une longue période de polémiques et du moralisme chrétien dont la grande majorité se contentait.

Il y avait encore des témoins fidèles de I'Évangile et des âmes ferventes qui attendaient, espéraient et priaient. Et c'est ce qui explique la force avec laquelle le Réveil éclata et la rapidité avec laquelle il s'étendit, faisant de Genève un foyer d'évangélisation rayonnant bien au delà de ses étroites frontières.

Au nombre de ceux qui devinrent, par la grâce de Dieu, les instruments de ce Réveil, se dresse, au premier rang, l'homme dont G. Frommel a pu dire que u l'intrépidité de son caractère, sa ferveur et ses dons oratoires firent l'une des personnalités les plus originales et les plus frappantes de l'époque » : César Malan.

II est bon que dans nos Églises contemporaines, dont l'élan est souvent affaibli par une connaissance trop incomplète et une bien imparfaite compréhension du passé, on recueille, de ce passé, les avertissements et les trésors qu'il renferme.

À côté de la biographie de C. Malan écrite, en 1868, par son fils, - émouvant témoignage de piété filiale et de recherche sincère de la vérité - à côté de l'histoire religieuse de Genève de von der Goltz et de l'étude pénétrante du doyen Maury sur le Réveil, le livre que nous présentons ici trouvera rapidement sa place et sera sans doute accueilli avec faveur dans la grande famille spirituelle que constitue le protestantisme de langue française. On appréciera la clarté et la simplicité de l'exposé, le souci d'équité dans les jugements que l'auteur est amené à porter sur son héros, son oeuvre et son temps; on sera touché par la sympathie évidente qu'il éprouve pour « l'aigle en cage », se gardant de tomber dans un panégyrique que Malan eût été le premier à déplorer et à repousser. M. Sabliet qui, après bien des années consacrées aux Unions Chrétiennes du Midi de la France, a été étroitement associé au travail d'évangélisation entrepris par la « brigade de la Drôme », a lui-même trop le tempérament d'un évangéliste pour n'avoir pas été saisi par le trait dominant de la personnalité de Malan : l'amour des âmes constamment entretenu par l'amour pour le Christ et le souci de la gloire de Dieu.

Étrange destinée que celle de ce pasteur de Genève qui, après avoir entraîné des foules et remué la cité entière, a fini solitaire et méconnu ! Étrange... oui ; aux yeux des hommes et suivant la mesure de leurs voies et de leurs pensées. Mais, du point de vue chrétien, avec le recul de deux générations qui permet de mieux reconnaître la main de Dieu dans les événements, destinée qui a laissé une trace profonde et une lumière. Dans le sillon creusé par Malan, au prix de maints renoncements douloureux, toute une moisson a levé.

Nous ne disons pas que Malan ait été le seul instrument de Dieu dans le Réveil de Genève. Il l'a été avec d'autres, en même temps que d'autres dans l'Eglise et hors de l'Eglise, Mais je crois profondément juste ce jugement porté par quelqu'un qui l'a bien connu : u C'est César Malan qui a fait la trouée ».

Il y a du tragique dans ce long ministère. Aimant sa ville natale et son Eglise d'un ardent amour, il s'est vu mis de côté, déposé, déchu par une décision des autorités profondément regrettable et qu'on a peine, aujourd'hui, à comprendre, et il est devenu l'objet d'une opposition qui a déchaîné contre lui, pendant un certain temps, une véritable haine. Que certains traits du caractère de Malan aient pu y prêter : il l'a reconnu lui-même et s'est humilié de la part qui pouvait lui revenir dans la responsabilité de ces tristes conflits. Mais il faut admirer surtout son courage, son désintéressement, son indéfectible fidélité à sa conscience et à l'appel de Dieu. Ce « gagneur d'âmes » n'a eu qu'une ambition : servir jusqu'à la fin le Maître par qui, un jour, il avait été saisi et sauvé pour toujours.
Les temples de Genève sont restés fermés à Malan jusqu'à la fin de sa vie. Mais la liberté de prédication qu'il revendiquait y est maintenant entière, et ses cantiques y ont pénétré depuis longtemps ; plusieurs d'entre eux font partie du trésor hymnologique de l'Eglise; on les chantera encore.

Revanche magnifique de l'Esprit ! Puissance de la vraie piété dont on ne sait où s'arrêtera son rayonnement ; car ce ne sont pas seulement les chrétiens d'Europe qui répètent les cantiques de Malan ; les chrétiens indigènes des Églises de la Mission en Afrique et ailleurs s'en servent pour proclamer eux aussi l'évangile libérateur et la joie du salut.

Comparant les cantiques du Réveil, qu'il avait appris de sa mère, aux graines munies d'ailettes d'un arbre du Zambèze que le vent emporte... Dieu sait où, le missionnaire Coillard écrivait un jour : « Oh ! chantez avec les enfants, chantez avec joie, chantez avec foi, semez ainsi au vent, et un jour, là où tous vous y attendez le moins, vous trouverez que la semence a germé pour la gloire de Dieu et le salut d'une âme ». Malan a semé au vent - par ses sermons et ses traités aussi - inlassablement. Combien d'âmes a-t-il ainsi amenées au Sauveur? Dieu le sait ; à Lui, la gloire !

Dans l'inquiétude qui, malgré nous, nous oppresse, en voyant l'état du monde et en songeant à la responsabilité de nos Églises, quand les plus âgés d'entre nous souffrent de n'avoir pas su mieux remplir leur tâche, et que les jeunes eux-mêmes sentent parfois les ailes de leur foi et de leur enthousiasme trop fragiles pour les porter au travers des courants et des conflits qu'ils ont à affronter, il est bon de reprendre telle de ces biographies qui, en dressant devant nous la figure d'un chef ou d'un soldat fidèle, nous redisent l'invariable, l'absolue fidélité de Dieu, et la souveraineté de l'Esprit qui souffle où Il veut et qui peut, toujours, faire jaillir des sources dans les lieux arides, faire merveilleusement fleurir le désert, et faire triompher la vie alors que tout semblait pencher vers la mort.

Et l'on referme le livre avec une pensée de reconnaissance plus vive envers Celui qui a suscité et soutenu ses témoins, les aidant à défendre et à tenir bien haut, d'une main ferme et d'un coeur humble, le drapeau de Jésus-Christ.
Avec une prière, aussi.

« Esprit qui les fis vivre, Anime leurs enfants
Pour qu'ils sachent les suivre ! »
 

Septembre 1936.
J.-E. SIORDET,
Ministre de l'Eglise de Genève.

COMPLAINTE DES MARTYRS DE MERINDOL
Dessin, vers et Musique de César Malan

Table des matières

 

- haut de page -