À
L'ÉCOLE DE LA PRIÈRE
PRÉFACE
Le volume excellent que nous publions a
déjà eu en français une
première édition il y a 42 ans. Elle
est épuisée depuis longtemps. Nous
croyons très utile d'en donner une seconde
édition. Sans doute nous avons depuis vingt
ans en français l'excellent ouvrage de S. D.
Gordon : « Les simples entretiens sur la
prière », dont je ne saurais; dire
trop de bien et par le moyen duquel j'ai
reçu d'inexprimables
bénédictions, mais Andrew Murray et
S. D. Gordon se complètent. Murray met en
lumière certaines vérités que
Gordon ne mentionne pas. De là notre vif
désir de publier le présent volume
tout en bénissant Dieu des cinq mille
exemplaires du livre de Gordon qui circulent dans
nos pays de langue française.
Cela dit essayons de définir la
prière.
Qu'est-ce que prier? Prier c'est
demander à Dieu une grâce
précise, la demander avec foi, avec
persévérance, avec insistance,
peut-être pendant des jours et des nuits,
à certaines époques.
Prier, c'est tout d'abord
reconnaître notre dépendance de Dieu.
« Un homme ne peut recevoir
que ce qui lui a été donné du
ciel ».
(Jean 3 : 27). Nous n'avons rien qui
ne nous vienne de Dieu. « C'est Lui qui fait
mourir et qui fait vivre, qui fait descendre au
sépulcre et qui en fait remonter, il
appauvrit et il enrichit, il abaisse et il
élève ».
(I Samuel 2 : 6, 7).
Et comme ce monde ne peut nous
satisfaire et qu'il nous faut plus que tout ce que
le soleil peut nous donner, notre âme a faim
et soif de Dieu. Sans Lui je meurs de faim. La
possession du monde entier et même de toutes
les splendeurs matérielles de l'univers
n'est rien pour nous sans Dieu. C'est Lui qu'il
nous faut. Ce qui nous viendrait sans Lui, en
dehors de Lui, nous éloignerait de Lui.
« Pour moi, m'approcher de Dieu, c'est mon
bien », c'est ma richesse, c'est ma vie. Force
et vie, secours et consolation, paix et pardon,
espérance et victoire, tout me vient de toi,
mon Dieu.
Tel est l'acte grandiose de la
prière. « Le passereau a bien
trouvé une maison et l'hirondelle un nid
où elle abrite ses petits... Tes autels,
ô Eternel, mon Roi et mon Dieu! »
À tes pieds je dépose toute
indépendance, toute prétention, toute
crainte, tout fardeau, tout péché, et
je répète le cri de Jacob : « Je
ne te laisserai point aller que tu ne m'aies
béni » .
Prier, c'est plus encore : c'est
reconnaître que, par un
mystère insondable, Dieu veut
dépendre de nous.
La prière, en effet, est un
moyen d'agir sur Dieu. Elle ne suppose pas
seulement notre faiblesse, notre pauvreté,
mais aussi notre dignité royale, notre
puissance, notre parenté avec Dieu. Ce n'est
pas seulement l'amour, la sainteté, la
patience de Dieu qui doivent se retrouver dans
notre vie pour que nous ressemblions à notre
Père céleste, mais aussi sa
puissance. C'est une part de sa royauté
qu'Il nous confère quand Il nous invite
à prier. Il veut que par la prière,
nous travaillions à notre création
morale et spirituelle afin que les perfections du
Créateur se retrouvent dans ses
créatures et que le caractère du
Père se retrouve dans ses
enfants.
Rien ne nous est donné sans
que nous le demandions. « Vous qui rappelez le
souvenir de l'Eternel, point de repos pour vous, et
ne lui donnez aucun relâche... »
(Esaïe ,62 : 7). Il faut
demander, frapper, persévérer,
importuner en s'appuyant sur les promesses de Dieu
et l'oeuvre expiatoire accomplie par
Jésus-Christ.
Ainsi, au nom du Christ, en réclamant de
Dieu ce que notre Sauveur nous a obtenu de
grâces, en les réclamant, non pour
notre propre satisfaction, mais pour la gloire de
Dieu, pour que Sa volonté
se lasse, pour que Jésus soit
glorifié, nous entrons, comme notre
Rédempteur. en possession de la toute
puissance au ciel et sur la terre.
(Actes 1 : 8). Si Dieu a donné
à l'homme le sceptre de l'intelligence pour
régner sur la terre, Il lui donne aussi le
sceptre de la prière pour régner sur
les puissances morales de l'univers.
Il n'y a rien de plus grand et de
plus sacré que la prière. Pour
contempler Dieu dans la gloire de ses perfections,
s'entretenir avec Lui, lui exposer tous nos
besoins, nous remettre entre ses mains, il faut le
recueillement de tout notre être. On ne peut
agir puissamment sur Dieu, saisir ses grâces,
s'emparer de la plénitude de sa
bénédiction sans l'effort de toutes
nos énergies pour n'être plus rien et
nous abandonner entre ses mains. « Je ne puis
rien faire de moi-même » a dit le Fils
unique, et il se prosternait devant le Père
pour tout recevoir.
L'influence de la prière
vraie, sérieuse, sur notre vie est immense,
car prier c'est cesser de nous nourrir de
nous-mêmes, pour puiser notre vie en Dieu, la
source unique de tout bien.
La prière purifie
l'âme, elle l'élève et lui
communique des forces divines. Elle est la grande
source de découvertes spirituelles, elle
nous ouvre les yeux sur nous-mêmes et sur
Dieu. Elle rend vivantes dans nos âmes
les vérités qui y
étaient mortes. À genoux, Dieu
devient la grande, la seule réalité,
la Bible un livre vivant et vivifiant. J'entends
Dieu dans les pages sacrées. La
prière m'arrache à toutes les
ténèbres, à tous les
esclavages, à toutes les erreurs, elle
m'enrichit de convictions inébranlables,
d'espérances surhumaines,
d'expériences sublimes, elle m'arrache
à la terre et me porte au ciel, elle me
livre tout entier à Dieu, elle le fait
descendre en moi, vivre en moi et elle lui donne la
possibilité de travailler par moi en mettant
ma volonté en pleine conformité avec
la sienne.
La prière fortifie la foi. En
face des dangers, des devoirs surhumains, des
situations exceptionnelles, je me réfugie en
Dieu. Lorsque Guillaume le Taciturne soulevait les
Pays-Bas contre l'Espagne et qu'on cherchait
à le décourager, il répondit :
« J'ai fait alliance avec le plus puissant des
Potentats ».
L'influence sanctifiante de la prière est
une première grâce infiniment
précieuse, mais elle est suivie d'une
grâce encore plus excellente : c'est
l'exaucement. Nous demandons dans le but de
recevoir ce que nous demandons. Or la
volonté de Dieu est de donner, de donner
tout ce que Jésus-Christ nous a acquis par
son sacrifice expiatoire. Mais
cette volonté de Dieu peut
être arrêtée,
empêchée par notre attitude morale.
Dieu me voit égoïste, orgueilleux,
confiant en moi-même. Il voudrait m'accorder
certaines bénédictions, mais elles
nourriraient mon orgueil, mon égoïsme.
Il ne peut. Sa volonté absolue cède
à sa volonté temporaire : «
l'Éternel attend pour faire grâce
», il attend que je sois prêt.
(Esaïe : 30).
Il y a plus encore. Derrière
le mystère des exaucements, il y a un
mystère insondable : le Dieu infini a
donné l'existence à des êtres
distincts de lui, différents de lui, de peu
inférieurs à lui-même
(Ps. 8 : 6). En nous créant
à, son image, à sa ressemblance, il a
limite - provisoirement au moins - sa
liberté et sa puissance pour nous en donner
une partie. C'est le sceau de notre grandeur. Il y
a eh nous une puissance qui peut s'opposer à
Dieu et borner sa puissance, il y a en nous une
volonté qui peut s'opposer à la
volonté de Dieu. Nous sommes les
frères du Seigneur Jésus, les enfants
du même Père. Quand il est venu sur la
terre, il n'est pas venu chez des étrangers,
mais chez les siens.
(Jean, 1).
Aussi l'auteur de
l'épître aux Hébreux
(2 : 11) nous dit-il que « celui
qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés
sont tous sortis d'un seul. C'est pourquoi il n'a
pas honte de les appeler frères ». En
nous créant si grands
et en se limitant en notre
faveur, Dieu s'est montré infini en amour.
Sans doute notre action a ses limites, mais par la
prière elle est pourtant extraordinairement
puissante. Nous sommes les collaborateurs de Dieu
pour le salut du monde. Quel honneur ! « On me
donnerait un trône pour que je ne prie pas, a
dit un chrétien, que je refuserais le
trône; on me conduirait à
l'échafaud si je prie encore que je
préférerais l'échafaud ».
Ici de nombreuses questions se posent
:
Comment Dieu a-t-il pu accorder un
tel pouvoir aux hommes? Comment la prière
peut-elle s'harmoniser avec la volonté et
les décrets arrêtés de Dieu?
Comment concilier la souveraineté de Dieu et
la prière ? la liberté de Dieu et la
nôtre? Comment concilier les perfections de
Dieu, son indépendance absolue, avec la
prière? A. Murray répond clairement
à ces questions.
N'oublions pas, d'ailleurs, que la
prière ne change pas et n'a pas pour but de
changer la volonté de Dieu, mais de purifier
notre volonté et de l'amener à
vouloir uniquement ce que Dieu veut. Dieu ne change
pas, il est toujours le même. C'est nous qui
changeons.
L'Éternel fait annoncer
à Ninive qu'elle sera détruite dans
quarante jours. La ville se repent et Dieu lui fait
grâce parce que Ninive a
changé. La prière a pour but de
mettre notre volonté en harmonie avec la
volonté de Dieu, nos pensées avec ses
pensées, nos vues avec ses vues, notre coeur
avec son coeur. « Esclaves par nature de nos
passions, nous en sommes affranchis par la
prière » a dit J.-J. Rousseau. La
prière vraie fait tomber tous les murs qui
nous séparent de Dieu. Dans chaque soupir
que nous faisons monter vers le ciel, il y a une
force pour rejeter tout ce qui n'est pas de Dieu.
Dieu est lumière et la lumière chasse
les ténèbres.
La créature humaine qui veut
Dieu tout entier et à tout prix, est
transportée des ténèbres dans
la lumière, du royaume du monde et de Satan
dans le royaume de Dieu. La prière nous
transporte dans l'atmosphère spirituelle
dont les semences divines, déposées
en nous, ont besoin pour germer. Les semences
matérielles ne germent pas dans tous les
terrains, à toutes les températures
ni à toutes les altitudes. Des millions de
graines périssent chaque année parce
que les conditions nécessaires de
température ne leur ont pas
été fournies. On ne sème pas
en hiver. Si ce point est délicat pour une
plante, il est encore plus délicat pour la
semence spirituelle. Celle-ci peut aussi se
flétrir et périr complètement.
Pour que les semences de vérité
déposées en nous ne se
flétrissent pas, il faut leur créer
par la prière une atmosphère
convenable, car la prière
ouvre notre âme à l'action de Dieu,
à l'esprit de la vérité, elle
nous communique une répulsion instinctive
pour tout ce qui est erreur.
Au sein d'un monde agité et
troublé, sans sécurité et sans
espérance, la prière de la foi,
appuyée sur la Parole de Dieu, nous fait
vivre dans le calme et le repos, elle nous met eh
communion avec le Maître du monde, elle nous
fait prendre part au plan de Dieu et à ses
moyens d'action. En face des problèmes les
plus obscurs, les plus troublants, les plus
angoissants, elle nous garde dans le repos, car
nous avons la conviction que tout va bien, puisque
Dieu veille. La prophétie antique se
réalisera : la tête du serpent sera
écrasée!
Nous travaillons tous les jours
à la formation et à la
déformation de notre caractère, nous
y avons déjà fait allusion. Si nous
voulons reproduire le caractère de
Jésus-Christ, prions beaucoup en veillant
sans cesse sur nos pensées, nos paroles et
notre humeur. « Je ne veux mépriser
aucun genre de travail, a dit Adolphe Monod
mourant, mais si je devais revivre, j'emploierais
moins de temps au travail et plus de temps à
la prière ». Soyons convaincu que ce
que nous faisons pour Dieu n'a de valeur que dans,
la mesure où notre vie de prière a,
elle aussi, de la valeur.
Jean Baptiste, dit Jésus,
était une lampe qui brûlait et qui
éclairait Jean,
(V. : 35). D'abord brûler, puis
éclairer. Pour éclairer il faut avoir
du feu en nous. Le feu est en Dieu, il est Dieu.
« L'Éternel est un soleil ». Nous
en prenons possession par la
prière.
Disons enfin que la prière
engendre la pensée, l'éclaire et la
rend vivante. Un chrétien ne sait que ce
qu'il a appris à genoux. C'est là
seulement que nous recevons de§
révélations divines et que les forces
divines prennent possession de nous. Il y a des
voiles qui nous cachent la bonté de
Jésus-Christ, il y a en lui des richesses
que nous ignorons et qui nous appartiennent. C'est
en priant que nous en prenons possession et que le
Saint-Esprit prend possession de nous. Alors nous
allons de découverte en découverte,
de visions sublimes en visions plus sublimes
encore. Alors nos bras, nos pieds, notre
intelligence, nos lèvres, notre coeur, notre
volonté servent d'instruments à Dieu
pour se révéler et travailler
ici-bas.
Parce que Georges Muller a
prié, sans parler de ses besoins aux hommes,
Dieu lui a envoyé par des milliers de
canaux, trente-sept millions de francs; il a pu
recueillir des milliers d'orphelins et être
l'instrument béni de nombreux milliers de
conversions.
Parce que Hudson Taylor a
prié avec foi, des centaines de milliers de
Chinois sont déjà
entrés glorieusement dans
l'Éternité et des millions sont
évangélisés.
À cause des prières de
foi de ces chrétiens qui s'appellent Georges
Fox, Zinzendorf, Bengel, Richard Baxter, Irving,
Dorothée Trudel, Joséphine Butler,
des pécheurs sont venus à la
repentance et à la foi, des femmes perdues
ont été sauvées, des malades
ont été guéris, des aveugles
ont recouvré la vue, des sourds-muets ont
recouvré l'ouïe, des montagnes ont
été jetées dans la mer. La
prière de la foi met la puissance de Dieu
dans les mains de l'homme; c'est pourquoi rien ne
lui est impossible.
Pour éprouver le besoin d'avoir une vie
de foi et de prière, songeons que nous
vivons à une époque tragique. Le
bolchévisme avec sa haine de toute morale et
de toute religion, et sa passion de supprimer Dieu
pour diviniser le prolétariat, nos
sociétés de libre-penseurs
athées, le chômage qui s'accentue dans
tous les pays du monde, les peuples armés
jusqu'aux dents les uns contre les autres, au sein
de chaque peuple les partis qui se font une guerre
acharnée, tout nous parle d'une
humanité que Dieu semble avoir
abandonnée à l'aveuglement et
à la folie, après dix-neuf
siècles de christianisme.
À ces maux universels et
profonds, un seul peuple, le plus
grand des peuples, le peuple chrétien, peut
apporter un remède efficace par la
prière de la foi accompagnée de
l'action de la foi, car la prière de la foi
est l'unique source de la lumière, de la vie
spirituelle, de la puissance qui transporte les
montagnes. Celui qui nous a laissé un
modèle afin que nous suivions ses traces a
vécu cette vie de prière victorieuse
pour nous rendre capables de la vivre.
La vie du Seigneur Jésus, en
effet, a été une vie de foi absolue
et de prière continuelle. C'est là le
secret de sa puissance. Suivez-le pendant son
ministère dans sa vie de prière et
vous serez frappé de sa vie de
dépendance de Dieu, si profondément
humaine. oc Pendant qu'il priait, le ciel s'ouvrit
et le Saint-Esprit descendit sur lui.. »
(Luc 3: 21). « Vers le matin,
pendant qu'il faisait encore très sombre, il
se leva et sortit pour aller dans un lieu
désert où il pria »
(Marc 1: 35). « Jésus se
retirait dans les déserts et priait »
nous dit
Luc 5 : 15. Il avait l'habitude
d'agir ainsi.
Avant de choisir ses 12
apôtres, il se rendit sur la montagne pour
prier, et il passa toute la nuit à prier
».
(Luc 6 : 12).
Après le miracle de la
multiplication des pains, « il monta sur la
montagne à l'écart afin de prier; et
comme le soir était venu, il était
là seul ».
(Matt. 14 : 23).
Le résultat de ces heures -
peut-être de cette nuit de prière - se
manifestait par une puissance illimitée.
« Les gens le prièrent de leur
permettre seulement de toucher le bord de son
vêtement. Et tous ceux qui le
touchèrent furent guéris
».
La prière de la foi est la
plus grande puissance que Dieu ait confiée
à l'homme. Elle est une lutte contre notre
moi, un dépouillement de toute confiance en
nous, de toute vie propre, une immolation de notre
volonté propre. Prier avec sérieux,
avec vérité, c'est se quitter pour
prendre possession de Dieu. Je ne me veux plus, je
veux Dieu.
Rendons-nous bien compte que la
toute puissance de Jésus reposait sur son
impuissance volontaire à ne rien faire de
lui-même, en un mot sur sa dépendance
absolue de Dieu.
« Son pouvoir miraculeux, qui
est une réponse à ses prières,
est dans chaque circonstance un emprunt fait par
l'indigence et par la fidélité
humaines à la richesse divine
».
La puissance de Jésus a
été absolument humaine; elle
était le résultat de ses
prières pleines de foi et de sa parfaite
obéissance. Que dans notre humanité,
Dieu rencontre des créatures dont la
volonté soit tout entière
prosternée devant Sa volonté, des
êtres qui ne vivent et ne prient que par le
Saint-Esprit, et Dieu se réjouira de les
associer aussi
complètement que possible à sa
puissance. Et ainsi sera réalisée la
pensée éternelle de Dieu.
La puissance dont Jésus
prenait possession par la prière et qui se
manifestait par de nombreux miracles se
transformait peu à peu en la toute puissance
réellement possédée. Aussi
a-t-il pu dire à ses disciples avant de
monter au ciel : tout pouvoir m'a été
donné dans le ciel et sur la terre. Allez.
Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la
consommation du temps ».
C'est une parole de triomphe.
Jésus se proclame le roi de l'univers. Tout
genou fléchira devant lui. C'est la
récompense de sa vie sainte et de sa mort
expiatoire. Dans sa personne l'abîme qui
séparait le fini de l'infini est
comblé par un membre de notre race. En
Jésus nous voyons l'homme vrai tel que Dieu
l'a toujours voulu.
Pour nous l'affirmation royale du
Seigneur Jésus est une parole lumineuse qui
nous ouvre des horizons infinis, car cette toute
puissance que Jésus possède, il l'a
acquise pour nous, croyants; il ne peut l'exercer
que par nous, comme le cep ne peut porter de fruits
que par les sarments. Et c'est parce qu'il ne peut
porter de fruits ici-bas que par nous, qu'il ne
peut exercer son pouvoir que par nous, qu'il nous
initie au secret de sa toute-puissance eh nous
disant : « Les paroles que
je vous dis, je ne les dis pas de moi-même
», c'est-à-dire avant de parler
j'écoute dans le recueillement et la
prière, ensuite je répète ce
que le Père m'a dit. Et ce qui est vrai de
mes paroles est vrai de mes oeuvres, elles sont les
oeuvres-clé Dieu : « Le Fils ne peut
rien faire de lui-même. Le Père qui
demeure en moi, c'est Lui qui fait les oeuvres
». Et celui qui voudra vivre la même vie
de foi, d'obéissance, d'immolation de toute
vie propre, verra ma toute-puissance s'exercer par
lui. « En vérité, en
vérité, je vous le dis, celui qui
croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et
il en fera même de plus grandes, parce que je
m'en vais au Père; et tout ce que vous
demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le
Père soit glorifié dans le Fils. Si
vous demandez, quelque chose en mon nom, je le
ferai ».
Mais cette promesse si
extraordinaire, qui met entre nos mains, si nous
sommes des hommes de foi absolue, la toute
puissance du Sauveur au ciel et sur la terre,
l'a-t-on jamais réellement vue se manifester
par le moyen de créatures humaines?
Certainement. « L'Écriture ne peut
être anéantie »,
(Jean 10 : 35); a dit le Sauveur du
monde. Les promesses faites par Jésus et
conservées pour nous dans les
Évangiles, nous les voyons
expérimentées par les apôtres
dans les Actes.
« Vous ferez des oeuvres plus
grandes » a dit le Sauveur. Et le jour de la
Pentecôte un seul discours de Pierre produit
plus de résultats que tous les discours de
Jésus pendant son ministère
terrestre. Avec la même puissance, Paul fonde
des loyers de lumière au sein des plus
épaisses ténèbres du
paganisme.
« En vérité, en
vérité, je vous le dis, celui qui
croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais
». Et Pierre adresse une parole royale
à un impotent de naissance : « Je n'ai
ni argent, ni or; mais ce que j'ai, je te le donne
: au nom de Jésus-Christ de Nazareth,
lève-toi et marche. Et à l'instant
l'impotent se leva, marcha, sauta et loua Dieu
». Un peu plus tard, le même
apôtre dira à un homme nommé
Enée, couché sur un lit depuis huit
ans, et paralytique : « Enée,
Jésus-Christ te guérit;
lève-toi et arrange ton lit. Et
aussitôt Enée se leva ». À
la même époque, Pierre ressuscite
Dorcas.
« Beaucoup de miracles et de
prodiges se faisaient au milieu du peuple par les
mains des apôtres. Le nombre de ceux qui
croyaient au Seigneur, hommes et femmes,
s'augmentait de plus en plus; en sorte qu'on
apportait les malades dans les rues et qu'on les
plaçait sur des lits et des couchettes, afin
que, lorsque Pierre passerait, son ombre au moins
couvrit quelqu'un d'eux. La
multitude accourait aussi des
villes voisines à Jérusalem, amenant
des malades et des gens tourmentés par des
esprits impurs; et tous étaient
guéris ».
(Actes 5 : 12-16).
Paul affirme que « les preuves
de son apostolat ont éclaté au milieu
des Corinthiens par une patience à toute
épreuve, par des signes, des prodiges et des
miracles ».
(2 Cor. 12 ; 12). Il écrit
à l'Église de Rome : « Je
n'oserais mentionner aucune chose que Christ n'ait
pas faite par moi pour amener les païens
à l'obéissance par la parole et par
les actes, par la puissance des miracles et des
prodiges, par la puissance de l'Esprit de Dieu
».
(Rom. 15 : 18).
Le livre des Actes nous affirme que
« Dieu faisait des miracles extraordinaires
par les mains de Paul, au point qu'on appliquait
sur les malades des linges ou des mouchoirs qui
avaient touché son corps et les maladies les
quittaient ».
(Actes 19 : 11).
Dans ce temps-là on priait et
Dieu agissait; on priait avec foi et on
transportait des montagnes d'impossibilités.
Dieu était rendu visible.
Le temps des miracles n'a pas pris
fin avec le siècle apostolique. Depuis 19
siècles l'histoire de l'Église nous
montre que ceux qui ont cru d'une foi vivante et
agissante ont fait les mêmes oeuvres que le
Seigneur Jésus et de plus grandes encore.
L'histoire de la véritable
Église de Dieu, est d'une monotonie sublime.
L'époux divin a vécu sur la terre une
vie parfaite, ne se nourrissant que de la
volonté de son Père. « Il a
été la vérité et la
vie, l'amour et la sainteté,
l'humilité et la compassion ». Son
épouse a marché sur ses traces
malgré les plus dures épreuves, elle
a enduré courageusement son sanglant
calvaire.
Je ne puis retracer, même
à vol d'oiseau, cette histoire surnaturelle.
La vie de prière, de foi et de puissance
s'est répétée des milliers de
fois dans les grands évangélistes de
l'âge apostolique et dans les siècles
suivants jusqu'à nos jours.
Jésus-Christ s'est incarné dans les
Patrick et les Valdo, dans les Jean Huss et les
Luther, dans les Farel et les Calvin, dans les
Zinzendorf et les Wesley, dans Dos grands
missionnaires du XVIIIe et du XIXe siècles,
dans ces femmes sublimes qui s'appellent Elisabeth
Fry, Joséphine Butler, Catherine Booth, et
le monde a vécu de leur vie depuis 19
siècles. Ah! si tous les chrétiens de
nom avaient vécu de cette vie-là, que
de détresses matérielles et morales
qui n'existeraient pas! Le monde, qui vivrait du
Christ incarné dans tous les professants,
meurt de son absence. Les hommes et les femmes
pleins de foi ont seuls été sur la
terre des puissances de
régénération et de
vie.
Mais ils ne se sont pas
contentés de prier et de
croire. Derrière la prière de la foi
une autre force s'est manifestée : l'action
de la foi chez tous les vrais hommes de Dieu,
l'action de la foi, c'est-à-dire le
sacrifice personnel poussé jusqu'à
l'héroïsme, a accompagné la
prière de la foi. Tout le secret de la
puissance est là. Cette action de la foi,
réalisée d'une façon parfaite
dans l'abaissement du Fils de Dieu et ses
souffrances rédemptrices, est le ressort
intime de tous les efforts faits sur la terre pour
glorifier Dieu et sauver les âmes. Prier et
agir, prier et travailler à l'exaucement de
nos prières, prier et s'immoler pour ne
vivre que la vie du Saint-Esprit, c'est le secret
de la toute puissance.
À quiconque se plaint de
manquer de puissance et de ne pas voir ses
prières exaucées, Dieu répond
en l'invitant à payer le prix :
« Apportez à la maison
du trésor toutes les dîmes pour qu'il
y ait de la nourriture dans ma maison. Mettez-moi
de la sorte à l'épreuve, dit
l'Éternel, et vous verrez si je ne
répands pas sur vous la
bénédiction en telle abondance que
vous n'y pourrez suffire ».
S. DELATTRE
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