AVEC CHRIST
À L'ÉCOLE DE LA
PRIÈRE
XXIX
L'assurance dans la prière
« Nous
avons auprès de lui cette assurance
que si nous demandons quelque chose selon
sa volonté, Il nous écoute.
Et si nous savons qu'Il nous
écoute, quelque chose que nous
demandions, nous le, savons parce que nous
obtenons ce que nous lui avons
demandé.» 1 Jean V, 14-15.
|
Pour beaucoup dé chrétiens,
un des grands, obstacles à la prière
de la foi est celui-ci : Ils ne savent pas si ce
qu'ils demandent est selon la volonté de
Dieu. Tant qu'ils conservent un doute à cet
égard, ils ne peuvent prier avec l'assurance
qu'ils seront exaucés. Aussi,
qu'arrive-t-il? Une fois la prière
prononcée, si la réponse tarde, ils
pensent qu'il vaut mieux laisser Dieu agir selon
son bon plaisir.
De la façon dont ils
interprètent ces paroles de Jean : Si nous
demandons quelque chose selon sa volonté, Il
nous écoute, toute certitude d'exaucement
est impossible, parce qu'ils ne peuvent arriver
à se rendre compte de la volonté de
Dieu. Ils considèrent la volonté de
Dieu comme son conseil secret et se demandent
comment l'homme mortel peut sonder les desseins du
Dieu omniscient.
Ce point de vue est opposé au but
que Jean s'est proposé en écrivant
les paroles de notre texte. Il veut nous
réveiller, ranimer en nous la confiance,
l'assurance et la foi en une prière
efficace. Il a dit : Nous avons auprès de
lui cette assurance, afin que nous puissions dire
à notre tour : « Père, tu sais
et je sais que ce que je demande est selon ta
volonté, par conséquent je sais que
tu m'écoutes ».
C'est pour cela que Jean ajoute
immédiatement le verset
15 : « Si nous savons qu'Il
nous écoute, quelque chose que nous
demandions, nous le savons », par la foi,
« parce que nous obtenons », au moment
même où nous prions, « ce que
nous lui avons demandé ».
Jean ne met pas en doute qu'avant de
commencer à prier, nous ne nous soyons
demandé : Notre prière est-elle selon
la volonté de Dieu? Elle peut l'être
et cependant ne pas obtenir une réponse
immédiate, si Dieu veut mettre à
l'épreuve notre persistance et notre foi.
C'est pour nous mettre sur cette voie qu'il nous
dit : « Nous avons auprès de lui cette
assurance que si nous demandons quelque 'chose
selon sa volonté, il nous écoute
».
Il est évident que si nous ne
pouvons pas nous rendre le témoignage que
notre prière est selon la volonté de
Dieu, nous ne recevrons aucun
secours des paroles suivantes : « Nous le
savons, parce que nous obtenons ce que nous lui
avons demandé ». Là se trouve
précisément la
difficulté.
Plus d'un chrétien se dit : Je ne
sais pas. si ce que je désire est selon la
volonté de Dieu et selon le dessein de sa
sagesse infinie. Il m'est impossible de savoir s'il
n'a pas en réserve pour moi quelque chose de
meilleur que ce que je désire, et s'Il n'a
pas d'excellentes raisons pour me refuser ce que je
demande ». Chacun a pu se rendre compte dans
la vie qu'avec de pareilles pensées, la
prière de la foi dont Jésus a dit :
« Si quelqu'un ne doute point en son coeur
mais croit que ce qu'il dit arrivera, il le verra
s'accomplir »
(Marc XI, 23), devient une
impossibilité.
La prière sera celle de la
soumission, de la confiance en la sagesse de Dieu,
mais ne sera jamais la prière de la foi. La
grande erreur que commettent souvent les enfants de
Dieu, c'est de croire qu'il n'est pas possible de
connaître la volonté de leur
Père. Si, au contraire, ils croient à
cette possibilité, ils ne prennent ni le
temps ni la peine de chercher quelle est cette
volonté. Ce qu'ils désirent, c'est de
voir clairement le, chemin par lequel le
Père vent les conduire.
C'est par la Parole de Dieu, par la
lumière du Saint-Esprit accepté comme
guide, que nous
reconnaîtrons si nos requêtes sont
selon la volonté de Dieu.
PAR LA PAROLE. Il y a comme une
volonté secrète de Dieu, avec
laquelle nous craignons souvent que notre
prière ne soit en désaccord. Ce n'est
pas à cette volonté-là que nos
prières ont affaire, mais à celle qui
nous est clairement révélée
dans l'Écriture.
Nos idées sur ce que cette
volonté mystérieuse peut avoir
décrété sont le plus souvent
tout à fait erronées et rendent tout
exaucement impossible. La foi enfantine accepte
simplement l'assurance du Père, que sa
volonté est d'exaucer les prières et
d'accorder à la foi ce qu'elle demande. Le
Père a révélé dans sa
Parole, par des promesses générales,
ce qu'est sa volonté envers son peuple.
L'enfant a le droit de s'emparer de cette promesse
et de l'appliquer à toutes les circonstances
particulières de sa vie, auxquelles elle se
rapporte.
Tout ce qu'il demande, d'accord avec
cette volonté révélée,
recevra certainement son exaucement. À
mesure que la foi s'enhardit et s'affermit assez
pour réclamer l'accomplissement d'une
promesse générale qu'elle ne craint
pas d'appliquer à un cas *particulier, elle
recevra l'assurance que sa prière est
entendue.
Pourquoi ?
Parce qu'elle est selon la
volonté de Dieu.
Prenons ces paroles de Jean comme une
illustration de notre pensée : « Si
quelqu'un voit son frère commettre un
péché qui ne mène point
à la mort, qu'il prie, et Dieu donnera la
vie à ce frère ».
(1 Jean V, 16).
Voilà la promesse
générale, le fidèle qui
s'appuie sur elle prie selon la volonté de
Dieu, et Jean lui donne l'assurance qu'il
reçoit la grâce qu'il
réclame.
Mais cette manière de comprendre
la volonté de Dieu est toute spirituelle et
ne peut être discernée que
spirituellement. Ce n'est pas par un raisonnement
logique que nous pourrons y arriver : « Dieu
l'a dit> donc je l'obtiendrai ». Tous les
chrétiens n'ont pas reçu la
même vocation ni le même don. La
promesse prise dans son sens général
est la même pour tous, mais Dieu a une
volonté différente et spéciale
à l'égard de chaque individu suivant
le but qu'Il se propose d'atteindre.
La sagesse des enfants de Dieu cherchera
à connaître cette volonté
spéciale du Père en ce qui les
concerne personnellement, selon la mesure de
grâce qui leur a été
donnée.
Cette sagesse les mettra en état
de demander et de recevoir ce que Dieu a mis en
réserve pour eux. C'est pour nous la
communiquer que le Saint-Esprit habite en nous. Et
c'est pour que nous fassions l'application à
nos besoins personnels et particuliers des
promesses
générales du Père que l'Esprit
de Dieu nous est donné pour nous
conduire.
C'est cette union entre l'enseignement
de la Parole et celui de l'Esprit que beaucoup de
chrétiens n'arrivent pas à
comprendre. De là vient la double
difficulté de bien se rendre compte de ce
qu'est la volonté de Dieu à leur
égard. Quelques-uns la cherchent dans un
sentiment intérieur ou une conviction
innée et voudraient être conduits par
l'Esprit, mais sans la Parole. D'autres la
cherchent dans la Parole seulement, sans y ajouter
le Saint-Esprit comme un guide plein d'amour. Ces
deux facteurs ne peuvent, ni ne doivent être
séparés. C'est par leur moyen que
nous parviendrons à., connaître la
volonté de Dieu et à savoir prier
selon cette volonté.
C'est dans notre coeur que la Parole et
l'Esprit doivent se rencontrer et c'est par leur
cohabitation en nous que nous serons pleinement
enseignés. Il faut que la Parole de Dieu
demeure en nous, de telle sorte que notre oeuvre et
notre vie soient, jour après jour, sous son
influence. L'enseignement du Saint-Esprit ne peut
venir du dehors, il vient de l'intérieur.
Celui-là seul qui s'est abandonné
à la direction de la Parole et de l'Esprit
dans tous les détails de sa vie, saura
discerner dans certains cas spéciaux ce que
la volonté de Dieu l'autorise à
demander, en toute hardiesse,
avec l'assurance d'être
exaucé.
Ah! si les chrétiens pouvaient
savoir le mal qu'ils se font lorsqu'ils se figurent
que leur prière n'est pas selon la
volonté de Dieu! C'est comme s'ils
consentaient à se passer de toute
réponse et de tout exaucement. La Parole de
Dieu nous dit que la.. raison pour laquelle tant de
nos prières ne sont pas exaucées,
c'est que nous ne prions. pas bien. « Vous
demandez et vous ne recevez rien, parce que vous
demandez mal ».,
(Jacques IV, 3).
En ne nous répondant pas, notre
Père veut nous faire entendre que nos
prières ne sont pas ce qu'elles doivent
être, qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
Il veut nous amener, d'abord, à
découvrir ce que c'est, à le
confesser, puis à posséder la vraie
foi et à prier avec efficace. Dieu ne peut
atteindre ce but qu'en nous forçant à
voir que c'est nous qui sommes à
blâmer si l'exaucement se fait attendre. Il
se peut que ce soit l'objet de notre prière,
ou notre foi, ou notre vie, qui ne sont pas
conformes à ce qu'elles doivent être.
Mais cet enseignement de Dieu reste infructueux
aussi longtemps que nous nous contentons de dire :
« C'est parce que notre prière n'est
pas en harmonie avec les vues et la volonté
de Dieu, qu'Il ne nous exauce pas ».
N'accusons plus du rejet de nos
prières une volonté secrète de
Dieu; sachons reconnaître que la faute n'en
est qu'à nous. Que la citation de Jacques
soit comme la lampe du Seigneur, qui visite et
illumine nos coeurs et nos vies, pour nous prouver
que nous sommes réellement de ceux auxquels
Christ a fait la promesse d'une réponse
certaine.
Oui, nous pouvons savoir avec quelque
certitude si notre prière est selon la
volonté de Dieu. Mais, pour cela, ouvrons
nos coeurs, laissons la Parole du Père
habiter en nous. Abandonnons-nous sans
réserve à l'enseignement de l'Esprit;
demeurons en Christ, vivons en la présence
du Père, et nous comprendrons alors que la
volonté de, Dieu est de nous accorder tout
ce que son amour et sa Toute-Puissance ont en
réserve pour nous.
SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.
.
XXX
Le ministère de l'intercession
« Formez
vous-mêmes un édifice, une
maison spirituelle pour constituer une,
sainte sacrificature et offrir des
sacrifices spirituels à Dieu, par
Jésus-Christ. » 1 Pierre II, 5.
« Mais vous, on vous
appellera prêtres de
l'Éternel. » Esaïe LXI,
6.
|
« L'Esprit du Seigneur, l'Éternel,
est sur moi, car l'Éternel m'a oint »
(Esaïe LXI, 1).
Telle est la parole de Dieu
révélée par Esaïe. Comme
fruit de l'oeuvre de Christ, tous les
rachetés sont prêtres de
l'Éternel, participants avec lui de
l'onction qui lui été faite de
l'Esprit en qualité de souverain
sacrificateur.
« C'est comme l'huile
précieuse qui, répandue sur la
tête, descend sur la barbe d'Aaron, qui
descend sur le bord de ses vêtements ».
(Ps. CXXXIII, 2). De même que
les fils d'Aaron, les membres du corps de Christ
ont droit à la sacrificature, mais tous ne
l'exercent pas. Un grand nombre d'entre eux
ignorent même qu'ils possèdent ce
privilège. Et pourtant, n'est-ce pas le plus
précieux de tous, pour l'enfant de Dieu ?
N'est-ce pas là le trait de ressemblance qui
l'unit étroitement avec
Celui qui vit éternellement pour
prier?
Douterons-nous qu'il en soit
réellement ainsi?
Réfléchissons à ce qui
constitue la sacrificature. L'oeuvre du sacerdoce
nous présente deux faces : L'une regarde
à Dieu, l'autre à l'homme : « En
effet, tout souverain sacrificateur pris au milieu
des hommes, est établi en faveur des hommes,
en vue de leurs, rapports avec Dieu ».
(Héb. V, 1). En ce
temps-là, l'Éternel sépara la
tribu de Lévi et lui ordonna... de se tenir
devant l'Éternel pour le servir et
bénir le peuple en son nom ».
(Deut. X, 8).
Le sacrificateur avait le droit de
s'approcher de Dieu, de demeurer avec lui dans sa
maison, d'offrir devant lui le sang du sacrifice ou
de brûler l'encens. Il n'accomplissait aucun
de ces actes pour lui-même, mais pour le
peuple, dont il était le
représentant. C'est là l'une des
faces de son devoir. Il recevait du peuple les
sacrifices, les offrait à Dieu, puis sortait
pour bénir le peuple au nom de
l'Éternel, l'assurer de sa faveur et lui
enseigner ses lois.
Un sacrificateur est donc un homme qui
ne vit en aucune façon pour lui-même.
Il vit avec Dieu et pour Dieu. Son devoir est de
veiller, comme serviteur de Dieu, sur la maison de
son Maître, sur son honneur, sur son culte et
de faire connaître aux hommes son
amour et sa volonté. Il
vit avec les hommes et pour les hommes. « Il
peut être indulgent envers ceux qui
pèchent par ignorance et par erreur,
puisqu'il est lui-même plein de faiblesse
».
(Héb. V, 2).
Telle est la vocation magnifique
à laquelle est appelé tout
chrétien. C'est le privilège de tous
les saints. Ils ont été
rachetés dans le seul but d'être
sacrificateurs de Dieu au milieu des millions
d'âmes qui périssent. Ils doivent
être comme les dispensateurs de la
grâce de Dieu, pour tous ceux qui les
entourent, en vivant conformément à
la vie de notre grand souverain sacrificateur
Jésus-Christ.
Le sacrificateur doit être en
harmonie avec son chef. Comme Dieu est saint, le
prêtre devait être saint. Non seulement
il devait être séparé de tout
ce qui était souillé, mais encore il
devait se sanctifier pour Dieu. Il était mis
à part, consacré à Dieu, pour
qu'Il en disposât à son gré. Sa
séparation d'avec le monde qui l'entourait
et sa consécration à Dieu
étaient indiquées de bien des
manières. D'abord par les vêtements,
confectionnés d'après l'ordre
même de Dieu
(Exode XXVIII) ; puis il ne devait
touche aucun mort, et se préserver de toute
souillure légale. « Il n'ira vers aucun
mort; Il ne se rendra point impur, ni pour son
père, ni pour sa mère ».
(Lév. XXI, 11).
Bien des choses permises à un
Israélite lui étaient interdites.
Cette séparation d'avec le monde se voyait
encore dans cet ordre positif : c'est que le
prêtre ne devait avoir aucune tare, aucun
défaut corporel, sa perfection physique
étant le type de sa sainteté.
« Tout homme de la race du
prêtre Aaron qui aura un défaut
corporel ne s'approchera point pour offrir à
l'Éternel les sacrifices consumés par
le feu ».
(Lév. XXI, 21).
Cette séparation s'accentuait
aussi par la défense que Dieu avait faite
que la tribu consacrée à la
sacrificature eût un héritage
terrestre. Dieu était son héritage :
sa vie, celle de la foi. Les enfants de Lévi
mis à part pour le service de Dieu ne
devaient vivre que pour lui et par lui.
Tout cela est l'image de ce que doit
être le prêtre sous la nouvelle
Alliance. La puissance de notre sacerdoce
auprès de Dieu dépend de la
manière dont nous vivons dans ce monde. Il
faut que nous soyons de ceux dont Jésus dit
: « Ils n'ont pas souillé leurs
vêtements ».
(Apoc. III, 4). En renonçant
à ce qui peut paraître légitime
pour d'autres, mais qui ne l'est plus pour nous,
nous avons à prouver que notre
consécration au Seigneur est sincère
et complète. La perfection physique du
sacrificateur sous l'ancienne Alliance doit trouver
son équivalent dans notre état
spirituel : « Sans défaut et sans
tache ».
(1 Pierre 1, 19). Nous devons
être parfaits et préparés pour
toute bonne oeuvre. « Mais il faut que la
persévérance ait une
efficacité parfaite, afin que vous soyez
parfaits et accomplis, sans faillir en rien ».
(Jacques 1, 4).
Par-dessus tout, renonçons
à tout héritage sur la terre;
abandonnons tout et, comme Christ, sachons nous
contenter d'avoir Dieu pour notre part, sachons
posséder toutes choses comme ne
possédant rien, et disposer de tout pour la
seule gloire de Dieu. Voilà les signes
distinctifs du prêtre véritable, de
l'homme qui ne vit que pour Dieu et ses
semblables.
Examinons maintenant le chemin qui
mène au sacerdoce. Dans la personne d'Aaron,
Dieu avait choisi ses descendants pour être
sacrificateurs. Chacun d'eux l'était par sa
naissance, et cependant aucun ne pouvait entrer en
fonctions sans avoir passé par un acte
spécial de consécration :
l'onction.
Tout enfant de Dieu est sacrificateur
par droit de naissance, par sa parenté avec
le souverain sacrificateur, mais cela ne suffit
pas. Il n'exercera son pouvoir qu'en raison de la
manière dont il acceptera et
réalisera sa consécration. Pour Aaron
et ses fils, l'ordination se passait ainsi
(Exode XXIX) : après avoir
été lavés et habillés,
ils étaient oints de l'huile sainte; puis on
offrait des sacrifices. On
touchait l'oreille droite, la main droite et le
pied droit des nouveaux sacrificateurs avec le sang
de l'holocauste. Puis, ainsi que leurs
vêtements, ils étaient aspergés
de l'huile et du sang mêlés. Il en est
de même pour l'enfant de Dieu lorsqu'il
réalise complètement ce que le sang
de Christ et le Saint-Esprit sont pour lui. Il sent
alors avec quelle puissance cette sainte
sacrificature agit en lui. Le sang efface en lui
tout sentiment d'indignité et l'Esprit tout
sentiment d'incapacité.
Remarquons ce qu'il y avait de nouveau
dans cette aspersion du sang sur le sacrificateur.
Si, comme pénitent, il avait apporté
autrefois un sacrifice pour son péché
implorant le pardon, le sang de la victime
était répandu sur l'autel, mais non
sur sa personne. Pour sa consécration
à la sacrificature, il fallait qu'il
passât par un contact plus immédiat
avec le sang. L'oreille, la main et le pied
étaient mis par un acte spécial sous
l'action directe du sang. Cet acte devenait ainsi
le signe que Dieu prenait possession de
l'être tout entier et le sanctifiait pour son
service.
De même quand le chrétien
en arrive à vouloir exercer le pouvoir de ce
saint sacerdoce auprès du trône de
Dieu, il envisage le sang de Christ d'une
manière spéciale. Jusqu'alors il
s'est contenté de penser que le
sang répandu pour lui sur
la croix est la seule chose nécessaire
à son salut; maintenant il sent la
nécessité d'une action plus
complète et plus durable de la puissance du
sang de Christ, pour purifier le coeur d'une
mauvaise conscience et de tout
péché.
C'est à mesure qu'il
possède ce sentiment que se réveille
en lui la conviction du privilège
merveilleux, devenu son partage : avoir
l'accès le plus intime auprès de Dieu
et l'assurance la plus complète qu'il est
accepté de lui.
Dans la même mesure que le
sacrifice de Christ nous donne le droit, le
Saint-Esprit nous donne la puissance et nous rend
capables d'une intercession pleine de foi. Il
souffle en nous l'esprit du sacerdoce et l'amour
brûlant pour l'honneur de Dieu et le salut
des âmes. Il nous rend tellement un avec
Jésus-Christ que la prière en son nom
devient une réalité. Par lui nous
comprenons ce qu'est une prière importune
qui compte sur l'exaucement. Plus le
chrétien sera rempli de l'Esprit de Christ,
plus sa vie tout entière sera
employée au sacerdoce de
l'intercession.
Chers condisciples en Christ! Dieu a
grand besoin de sacrificateurs qui puissent
s'approcher de lui, vivre en sa présence et
attirer sur d'autres par leur intercession les
bénédictions de sa grâce. Le
monde, à son tour, a
grand besoin de sacrificateurs qui veuillent se
charger du fardeau des âmes qui
périssent et intercéder pour elles.
Ne voulons-nous pas nous consacrer à cette
oeuvre magnifique! Nous savons le prix qu'elle nous
coûtera : rien de moins que sacrifier tout,
comme Christ l'a fait, afin que les desseins de
l'amour de Dieu pour le salut du monde puissent
s'accomplir.
Ne nous contentons plus désormais
de savoir que nous, nous sommes sauvés, et
d'accomplir juste assez de travail pour que notre
conscience ne nous adresse pas de reproches. Que
rien ne nous empêche de devenir des
sacrificateurs parfaits ! Que toute notre ambition
soit 'être des sacrificateurs du Dieu
Très-haut! Que le sentiment de notre
incapacité, de notre indignité ne
nous retienne pas! Le SANG de Christ, seul, peut
rendre nos prières acceptables à
Dieu. Le SAINT-ESPRIT, en nous unissant à
Dieu, nous enseigne à prier parfaitement
selon sa volonté.
Tout sacrificateur savait que lorsqu'il
présentait un sacrifice selon les lois du
sanctuaire, il était
agréé.
Couverts du sang de Christ, remplis du
Saint-Esprit, nous avons l'assurance que les
promesses de Dieu auront leur accomplissement pour
nous. Soyons un avec le grand Souverain
Sacrificateur, et « nous
demanderons ce que nous voudrons
'et cela nous sera accordé ».
(Jean XV, 7).
Nous aurons le droit d'offrir la
prière du juste, qui est d'une grande
efficace. Non seulement nous nous joindrons
à la prière générale de
l'Église pour le monde, mais encore, comme
sacrificateurs, nous ferons une oeuvre individuelle
par notre prière. Nous nous adresserons
directement à Dieu et, recevait sa
réponse, nous pourrons, comme les enfants de
Lévi, bénir en son nom.
Allons! frères, allons, devenons
des sacrificateurs, de vrais sacrificateurs et rien
que des sacrificateurs. Là est la vraie
bénédiction, la réalisation de
notre conformité à l'image du Fils de
Dieu.
SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.
.
XXXI
Une vie de prière
« Soyez
toujours joyeux. Priez sans cesse. Rendez
grâces en toutes choses : c'est
là ce que Dieu demande de vous en
Jésus-Christ. 1 Thess. V.
16-18.
|
Notre Seigneur a prononcé la parabole, du
juge inique et de la pauvre veuve pour nous
enseigner que l'homme « doit prier toujours et
ne point se relâcher »
(Luc XVIII, 1 et suivants).
La veuve persévère
à demander une chose définie et
positive, et il semblerait que la parabole a en vue
la prière persévérante qui
réclame une bénédiction
spéciale que souvent Dieu n'accorde pas tout
de suite.
Les épîtres qui nous
parlent de la vigilance associée à la
prière constante, faite toujours selon
l'Esprit, semblent se rapporter plutôt
à une vie qui serait entièrement
consacrée à la prière. Si
notre âme est remplie de l'ardent
désir que, la gloire de Dieu se manifeste en
nous, autour de nous et par nous, avec l'assurance
qu'Il entend la prière de ses enfants, notre
vie intérieure fera de continuels
progrès dans la foi et la confiance.
En terminant ces méditations, il
ne nous est pas difficile de
comprendre ce qu'il faut pour mener une vie de
prière. La première condition est,
sans aucun doute, le sacrifice complet de notre vie
à la gloire de Dieu.
Celui qui cherche à prier sans
cesse seulement parce qu'il veut être pieux
et bon, n'y arrivera jamais. Notre coeur ne peut
s'élargir que si nous nous oublions
nous-mêmes. Nous arriverons alors à
considérer toutes choses à la
lumière divine. Nous reconnaîtrons
pour tout ce qui nous entoure la
nécessité du secours et de la
bénédiction de Dieu. Nous y verrons
une occasion de le glorifier.
Quand tout dans notre vie est
envisagé et jugé au seul point de vue
de la gloire de Dieu; quand nous aurons
découvert que cela seul qui vient de lui
peut réellement être à sa
gloire, notre vie entière deviendra une
aspiration vers le ciel, un cri du coeur pour que
Dieu prouve sa puissance et son amour en
manifestant sa gloire. Notre conscience se
réveillera; nous comprendrons que nous
sommes des sentinelles avancées sur les murs
de Sion, chargées de célébrer
la mémoire du Seigneur. Notre appel touchera
réellement le Roi des cieux, nous aurons une
influence positive sur lui pour l'engager à
faire ce qu'Il n'aurait pas fait sans nos
prières. Ces exhortations de Saint-Paul
deviendront une réalité pour nous:
« Faites en tout temps par l'Esprit
toutes sortes de prières et de
supplications. Veillez à cela avec une
entière persévérance et priez
pour tous les saints. Priez pour moi ».
(Eph. VI, 18).
« Persévérez dans la
prière, veillez-y avec actions de
grâces. Priez en même temps pour nous
».
(Col. IV, 2-3).
Renoncer à soi-même, vivre
pour Dieu et sa gloire parmi les hommes,
voilà donc le chemin qui conduit à
prier sans cesse. Cette vie consacrée
à Dieu doit être accompagnée
d'une confiance entière dans
l'efficacité de notre prière. Nous
avons vu notre bien-aimé Sauveur, dans ses
enseignements, insister particulièrement sur
la foi au Père, le Dieu trois fois saint,
qui accorde certainement ce que nous lui demandons
« Demandez et vous recevrez ». (Matth.
VIII, 7). L'exaucement certain de nos
prières est pour Jésus le
commencement et la fin de son enseignement.
Si nous possédons vraiment cette
assurance et que nous soyons convaincus que nos
prières ont une influence indiscutable
auprès de Dieu, nous ne négligerons
plus la merveilleuse puissance qu'Il nous a
accordée. Notre âme se tournera
complètement vers Dieu et notre vie
deviendra une vie de prière. Le Seigneur
prend le temps nécessaire pour nous
répondre parce que nous et tout
ce qui nous entoure, sommes des
créatures du temps, soumises à la loi
du progrès. Mais si nous croyons qu'aucune
prière offerte avec foi ne peut être
perdue, nous croyons aussi qu'il y a des moments
où il faut que nos requêtes
s'accumulent au pied du trône de Dieu
jusqu'à ce qu'elles atteignent, par leur
persévérance, une force
irrésistible.
Ce n'est pas en Dieu, ni dans sa
secrète volonté, mais eh nous
seulement que se trouve l'obstacle à
l'exaucement de nos prières.
C'est quand nous ne sommes pas ce que
nous devons être que nous n'obtenons pas la
réalisation de la promesse.
Les Paroles de notre Père
contenues dans sa sainte Écriture nous
sonderont, nous humilieront, nous
relèveront, nous fortifieront et finalement
nous donneront le bonheur.
Pour la foi qui sait qu'elle obtient ce
qu'elle 'demande, la prière n'est plus un
travail ou un fardeau, mais une joie et un
triomphe; elle deviendra pour nous une
nécessité et une seconde
nature.
Cette union de ferveur et de ferme
assurance n'est au fond que la vie du Saint-Esprit
en nous. Le Saint-Esprit habite en nous. Il se
cache dans les replis les plus secrets de notre
coeur. Tantôt Il se manifeste par des soupirs
qui ne se peuvent exprimer; tantôt par une
foi claire et consciente; tantôt par des
demandes spéciales, distinctes, pour que
Christ se révèle
plus complètement à nous;
tantôt par des supplications pour une
âme en particulier, pour une oeuvre, pour
l'Église, pour le monde. N'importe! C'est
toujours le Saint-Esprit seul qui met dans le coeur
la soif de Dieu, la soif de sa
révélation, la soif de sa
gloire.
Lorsque l'enfant de Dieu marche et vit
réellement selon l'Esprit, lorsqu'il ne veut
plus de l'existence de la chair, mais qu'il cherche
avant tout la vie spirituelle et qu'il veut
être un instrument entre les mains de Dieu
pour révéler Christ autour de lui,
alors la vie d'intercesseur du Fils
bien-aimé ne peut que devenir nôtre et
se refléter dans tous nos actes.
C'est donc par l'Esprit que tout
obstacle sera aplani et que l'harmonie entre Dieu
et nous sera parfaite. Mais la chose principale
qu'il nous faut pour une vie de prière
incessante, c'est la conviction que Jésus
nous enseigne à prier. C'est la communion de
la propre vie de Jésus qu'il nous faut.
C'est la vie de Jésus en prière qui a
poussé les disciples à lui demander
de leur enseigner à prier. Il en est de
même pour nous, c'est la vue de Jésus
priait sans cesse qui nous enseigne
véritablement à prier. Nous en savons
la raison, Celui qui prie de la sorte est notre
chef, notre vie. Tout ce qu'Il possède
devient notre propriété, si nous lui
appartenons complètement.
Par son sang répandu pour nous, Il nous fait
entrer en la présence immédiate de
Dieu. Le lieu très saint est notre demeure;
nous avons le droit d'y habiter. Ceux qui vivent en
Dieu et qui sentent qu'ils ont été
amenés à cette nouvelle vie pour
être en bénédiction à
ceux qui ne la connaissent pas encore, ne peuvent
faire autrement que de prier.
Christ nous rend participants avec lui
à sa vie de prière et à la
force qui en découle. C'est ce qui nous fait
comprendre que le vrai but de notre vie ne doit pas
être seulement de travailler beaucoup et de
prier assez pour que notre oeuvre n'en souffre pas,
mais de prier beaucoup et de travailler assez pour
que la force et la bénédiction
obtenues par la prière retombent sur nos
compagnons de route par notre moyen.
Non seulement Christ, qui sauve et qui
règne, nous inspire notre vie de
prière, mais Il nous la conserve toujours,
si nous nous confions en lui. Il se fait le garant
de notre prière incessante. Christ est tout
: c'est lui qui nous donne la vie et la force, afin
que nous priions constamment et sans nous lasser.
C'est l'intercession continuelle de Christ,
présente à notre coeur, qui nous
rendra capables de prier sans cesse. C'est parce
que la sacrificature de Jésus est
l'emblème de la puissance que doit avoir la
vie nouvelle, que prier sans
cesse peut devenir pour nous la joie vivante et
réelle du ciel dès ici-bas. «
Soyez toujours joyeux ». « Priez sans
cesse ». « Rendez grâces en toutes
choses ».
(1 Thess. V, 16-18).
La joie éternelle, la louange
éternelle, la prière
éternelle, n'est-ce pas là la
manifestation de la vie éternelle, du ciel
enfin, où Jésus prie
éternellement? L'union entre le cep et le
sarment n'est en réalité que l'union
par la prière. La conformité
entière avec Christ, la participation
bénie à la gloire de sa vie divine
est réalisée par la part que nous
prenons à son oeuvre d'intercession. Lui et
nous, nous vivrons pour prier toujours.
À mesure que nous ferons
l'expérience de notre union avec lui, prier
sans cesse deviendra une possibilité, une
réalité, le but essentiel et le
résultat béni de notre communion avec
Dieu. Notre demeure permanente est en dedans du
voile, en la présence même du
Père; ce que le Père dit, nous le
faisons ; ce que le Fils dit, le Père le
fait.
Prier sans cesse, c'est le ciel
descendant jusqu'à nous. C'est
l'avant-goût de cette vie céleste
où nul ne s'arrête, ni jour ni nuit,
dans le chant de la louange et dans l'adoration.
SEIGNEUR,
ENSEIGNE-NOUS À PRIER.
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