Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Parcours féminins



Un pas en avant
(Concerne Justine Jaquemin)

 

On comprendra sans peine que procurer les objets de première nécessité à la malheureuse Justine et à ses enfants fut le premier soin d'Anne-Laure.

Tout manquait dans ce ménage, jusqu'aux draps de lit. Les enfants, faute de place, faute d'ordre surtout, passaient la nuit dans le même grand lit. Décidément, il n'y avait dans ce foyer que misère et dégradation. L'oubli des grandes lois de Dieu entraînait, comme il arrive presque toujours, l'oubli des moindres devoirs: la paresse, la saleté, marchaient à la suite de la mauvaise conduite.

Tout en conservant un fond de tendresse pour la jeune fille qu'il avait aimée, Bernard la méprisait. N'étant pas marié légalement, il se sentait libre à son égard, et se laissait aller sans retenue à tous les caprices, à toutes les infidélités, à toutes les violences d'un caractère emporté et d'une âme faible.

Justine s'abrutissait de programmes de télévision en tous genres aussi souvent qu'elle le pouvait, mais cela ne l'empêchait pas d'éprouver des remords continuels. Cependant, ceux-ci étaient stériles parce qu'elle n'avait pas le sincère désir de revenir à Dieu. Justine préférait s'enivrer d'amertume et se défouler au dehors en flots de paroles irritantes.

Les enfants étaient négligés et privés d'enseignement quant aux vérités de la Parole de Dieu. Justine, vivant dans le péché et voulant y demeurer, n'avait pas la volonté de leur parler de ce qui la jugeait immanquablement !

Le lendemain de sa première visite, Anne-Laure revint pour apporter du pain et quelques vêtements à la malheureuse famille. Elle s'arrangea pour que Daniel, son mari, rencontre Bernard, le samedi suivant. Monsieur Vivien parla avec fermeté, mais dans un esprit de douceur et d'amour sincère. Il se proposa de les aider.

Le coeur de Bernard n'était pas tout à fait corrompu. En fait, comme Justine, il était très influençable. Il se laissait trop facilement entraîner par ses compagnons de débauche, mais il n'était ni incrédule, à proprement parler, ni dépourvu de sensibilité.

Le mardi soir suivant, Anne-Laure passa de nouveau chez Justine. Elle trouva une certaine paix dans la maison. Bernard avait travaillé dès le matin, et Justine, préoccupée de sa faute, de la nécessité de revenir à une vie honnête, l'avait accueilli avec une tristesse douce et affectueuse qui l'avait touché. Les enfants étaient propres et jouaient calmement dans le salon. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un changement profond dans les coeurs, Anne-Laure était quelque peu soulagée de ce petit mieux.

Elle leur parla avec compassion, et fit un tableau si saisissant de la dégradation dans laquelle ils s'enfonçaient qu'ils semblaient troublés et émus de leur misère.

- Je ne demanderais pas mieux que d'épouser Justine, moi.... mais il faut de l'argent pour ça ! répondit Bernard tout penaud.

- De l'argent ! Mais il n'y en a pas besoin pour régulariser votre situation devant Dieu et devant les hommes. Pour passer devant le maire, il vous faut juste la volonté de le faire, Monsieur Jaquemin.

- D'accord. Mais il faut au moins s'habiller proprement... Les enfants ne peuvent pas aller au mariage dans l'état où ils sont.... Et nous donc ! Et il nous faudrait un repas pour la famille. Vous savez que nous ne pouvons supporter une telle dépense.

- Monsieur Jaquemin, pensez-vous que notre Dieu regarde au vêtement, au repas ? Ne croyez-vous pas qu'il préfère l'obéissance à l'apparence ?

Bernard ne répondit rien, se gratta l'oreille, et reprit:

- C'est que, après cela... L'état est moins généreux avec les mariés que ceux qui ne le sont pas. Les impôts sont différents, et cela ne peut rien y faire.

- Vous préférez donc vivre dans le désordre, dans la rébellion envers Dieu?

- Dieu nous a fait libres. Et c'est notre choix de rester comme cela actuellement.

- Vous êtes en effet libre de vous conduire honnêtement. Mais, hélas, aussi libre de vous livrer au vice ! Il me semble, Monsieur Jaquemin, que vous confondez liberté avec esclavage. L'être humain se croit libre, mais il est souvent le jouet de ses passions et de ses circonstances. Quoi qu'il en soit, le mariage est solennel; aussi faut-il se placer devant Dieu avant de s'y engager. Car il s'agit de renoncer à jamais aux mauvais plaisirs afin de recommencer une nouvelle vie. Si vous ne croyez pas avoir cette force, ce désir, dites-le, Monsieur Jaquemin, dites-le sincèrement. Justine saura alors à quoi s'en tenir.

- La force, la force, interrompit Bernard, ce n'est pas la force qui me manque. Quand je dis oui, c'est oui ! Mais ce n'est pas si facile que cela. On voit bien que ce n'est pas vous qui avez tant de problèmes. Vous pensez qu'il suffit de dire pour tout arranger. C'est que je n'ai pas une baguette magique, moi !

Anne-Laure soupira en secouant la tête.

- Je crois, Monsieur Jaquemin, que vous comptez trop sur vous-même pour tout arranger. Vous me parlez de baguette magique quand je vous parle de repentance et de nouvelle vie. Votre bonheur ne peut pas se faire en évitant de venir à Christ. Il n'y a pas de formule magique pour tout changer, mais un désir de vous humilier devant Dieu et de remettre votre vie en ordre.

- On verra ! répéta Bernard.

- Oh ! Bernard, que tu es têtu, s'écria Justine.

- Et toi, tu crois que tu n'es pour rien dans le fait que nous ne sommes pas encore mariés ? reprit sèchement Bernard.

- C'est cela ! C'est encore de ma faute ! cria Justine excédée de cette remarque.

- Et un peu ! Si tu travaillais, si t'occupais de ta famille, on ne serait pas dans cette misère.

- C'est de ma faute, si je ne travaille pas ? Tu crois que cela me plaît d'être clouée à la maison ?

- Cela ne t'empêche pas de ne rien y faire ! poursuivit Bernard d'un ton acerbe.

- Mais moi, j'aimerais bien être aux petits soins, si seulement tu m'aimais un peu, éclata Justine en pleurs.

- Mais je t'aime ! répondit Bernard un peu gêné. Est-ce que tu crois que je serais encore avec toi, si cela n'était pas le cas.

- Des mots tout cela ! Simplement des mots ! poursuivit Justine toute ébranlée de cette discussion à coeur ouvert devant Anne-Laure.

- Si tu me promets de tenir ton ménage et de mieux t'arranger, je veux bien envisager le mariage, répondit brusquement Bernard.

Un silence s'installa dans la pièce. Fallait-il croire en ces mots ? Bernard était lui-même étonné de les avoir prononcés, c'est comme si son coeur avait parlé sans consulter son esprit.

- D'accord ! cria Justine, en brisant ce silence.

- Je te donne un mois, reprit Bernard, tout étonné de la tournure de la conversation.

Anne-Laure ne savait pas quoi penser de ce pacte. Elle préféra ne rien ajouter, et prit congé de ce couple déchiré qu'elle espérait en pleine reconstruction.

Le mois se déroula comme Anne-Laure avait prié pour qu'il le soit. Bernard rentrait à la maison à l'heure, et Justine s'occupait tant bien que mal de son ménage et des enfants. C'est que cela n'est pas aisé de changer des mauvaises habitudes du jour au lendemain !

Mais, chose réjouissante, Bernard, était déjà touché par ce petit changement.

Un mois se passa encore, avant que Bernard et Justine ne décident d'appeler les époux Vivien pour leur parler d'un éventuel mariage. Le coeur d'Anne-Laure battait fort dans la voiture, tandis que Daniel lui parlait de ce couple qu'ils avaient pris en affection.

Lors de cette visite, Bernard se sentit profondément remué, quand, tenant la main de Justine, il entendit Daniel leur parler des bénédictions du mariage. En cet instant, du fond de son coeur, il promit devant Dieu de devenir un bon époux et un bon père. Et ce fut du fond de son âme que Justine se repentit de tous ses manquements.

Dès la semaine suivante, Bernard alla demander une date à la commune pour leur futur mariage. Et c'est ainsi qu'ils s'unirent, au regard de la loi, un beau samedi de février.

Dès lors, Bernard se sentit transporté comme dans un monde nouveau. Cette nouvelle responsabilité l'avait changé. Et pour Justine, si le souvenir de ses erreurs serrait son coeur, elle n'en était pas moins heureuse de cette transformation, tant chez elle que chez son mari. Et les enfants, quelle joie de les voir plus gais !

Après un simple repas à la maison, où était conviés les époux Vivien, Daniel offrit une grande Bible à Bernard, en disant: « Vous la lirez chaque jour en présence de Dieu. » La voix émue, il répondit : « Oui, Daniel », tandis que de grosses larmes coulaient sur les joues de Justine.

Anne-Laure conduisit les nouveaux époux dans la chambre, où les attendait un cadeau. C'était un ordinateur pour que Justine apprenne l'informatique et fasse de petits travaux pour une mission chrétienne.

Bernard débordait de joie. Chose qui ne lui arrivait pas avant, il embrassait à étouffer ses enfants. Il regardait tendrement Justine et répétait: « Ma femme, ma chère femme ! » Cela paraissait irréel tant leur ménage semblait avoir fait naufrage quelques mois auparavant. Mais il s'agissait pourtant d'une bienheureuse réalité !

Le mariage de Bernard avec Justine, leurs saintes émotions, leur intention de revenir au bien, tout cela était un pas, un grand pas fait vers le bon chemin, mais pour entrer tout à fait dans ce bon chemin, pour n'en point sortir il fallait plus que cela. Il fallait la conversion de l'âme. Et cette conversion, on n'y arrive pas sans avoir compris qu'on est pécheur, sans avoir senti qu'on est perdu, sans avoir vu qu'on ne peut se sauver soi-même, sans avoir cherché et trouvé l'unique Rédempteur.

Bernard se croyait régénéré, mais il n'avait pas encore pleuré au pied de la croix. Justine ne mesurait pas assez ses fautes. Tous deux s'appuyaient plus sur leur bonne volonté, sur leur position maintenant en règle, que sur le secours de Christ. Tous deux se faisaient des illusions sur leurs forces. Et voilà pourquoi Daniel et Anne-Laure, tout en remerciant Dieu et en se réjouissant avec les nouveaux mariés, conservaient encore de vives inquiétudes à leur égard.

Anne-Laure se sentit pressée, dans cet instant solennel, d'attirer leur attention sur le côté sérieux de leur nouvelle vie.

- Mes chers, commença-t-elle, vous voilà heureux, déterminés à faire la volonté de Dieu, mais croyez-moi, ne vous fiez pas uniquement à cette disposition. Que celui qui est debout prenne garde qu'il ne tombe.

- Bien dit, cela ! s'écria Bernard, qui dans sa joie trouvait tout bon et tout beau.

- C'est la Bible qui le dit, et c'est à la Bible que je voudrais te conduire, Bernard. Tu as promis de la lire tous les jours.

- Promettre et tenir, pour moi « c'est un », répondit-il rapidement.

- Je n'en doute pas. Cependant, cela te sera peut-être moins facile qu'il ne te le semble. Le matin, tu seras pressé, tu seras tenté de renvoyer au soir, et le soir, tu seras fatigué !

- Quand on veut on peut, interrompit Bernard, avec cette fermeté d'accent et de parole qu'affectent souvent les gens d'un caractère faible.

- S'il en est ainsi, mes amis, poursuivit Anne-Laure, imposez-vous à vous-mêmes la règle de ne jamais passer une journée sans avoir lu quelques versets, sans avoir prié ensemble. L'habitude une fois prise vous défendra contre la tentation de laisser la Bible fermée.

- Le laisser fermée après tout ce changement ! Anne-Laure, tu ne me connais pas ! s'écria Justine.

- Oui, nous la lirons tous les jours, poursuivit Bernard.

- Mes chers amis, il ne s'agit pas ici d'accomplir une simple formalité. Si je vous demande de lire la Bible 34, c'est qu'elle nous parle du Sauveur, c'est qu'elle nous apprend à le connaître, c'est qu'elle nous dirige au travers des difficultés de la vie.

Vous verrez, si vous la lisez, quelle douceur vous trouverez à vous rapprocher régulièrement de Dieu, à recueillir dans votre coeur les paroles mêmes de sa bouche. Quand vous éprouverez quelque peine, quand vous rencontrerez quelque danger, eh bien ! tous deux à genoux vous confierez au Seigneur vos chagrins, vous lui demanderez de vous tenir fermes afin que vos pieds ne bronchent plus! Vous vous en aimerez d'autant plus. Vous en aurez plus de courage pour supporter les privations. Et puis votre ménage s'en trouvera bien lui aussi. Vos chers enfants en seront bénis. La grâce de Christ n'entre pas toute seule dans le coeur, elle amène avec elle la bonne conduite, l'ordre, la sagesse, la joie ! bref, les fruits d'une vie saine et respectable.

Mes amis, en vous mariant, vous avez déjà donné un bon exemple à vos enfants. Continuez ainsi, et Dieu ne manquera pas de bénir votre famille. Si vos enfants vous voient unis dans le désir de bien faire, s'ils vous voient, laissant les vanités et le train d'autrefois, vous occuper d'eux pour le salut de leurs âmes, si vous lisez la Parole de Dieu avec eux, ils découvriront le chemin du salut. Ils y seront invités bien mieux que par des paroles. L'exemple est votre premier devoir.

- Sois tranquille, tout ira bien ! dit Justine, tout émoustillée de ce grand changement dans leur vie de couple.

- J'ai confiance, continua Justine qui, à mesure que le malheur s'éloignait, perdait le souvenir de leur faiblesse à tous deux.

- Avez-vous le temps de m'écouter encore ? reprit Anne-Laure. Je vous propose....

- Propose, propose ! Rien ne me coûte maintenant, interrompit Justine qui ne tenait plus sur sa chaise. Sa joie couvrait tout, même le sérieux de la discussion.

- Eh bien ! Je vous exhorte à mettre à part le dimanche.

- Qu'est-ce que mettre à part ? s'interrogea Bernard à voix haute.

- Ne pas travailler le dimanche, répondit Daniel. Le mettre de côté pour Dieu. C'est un jour de repos qui nous rappelle que le Seigneur Jésus est mort et ressuscité, et que toute bénédiction vient de son oeuvre. Le dimanche est le premier jour de la semaine. Est-ce que nous ne le devons pas à Dieu pour l'honorer ou préférons-nous nous occuper de notre travail dans l'ingratitude de ce qu'il a accompli pour nous ? C'est là la question que nous devons tous nous poser !

- Pourquoi pas un autre jour ? répondit Bernard assez perplexe. Car il se trouvait qu'il faisait des petits travaux au noir le dimanche. C'était une rentrée d'argent qu'il avait cachée à Justine jusque là.

- Comme je l'ai dit, poursuivit Daniel, le Sauveur est ressuscité un dimanche matin. Et la Bible nous parle, à plusieurs reprises, de cette journée dominicale 35 durant laquelle les premiers chrétiens se réunissaient pour se souvenir de la mort et de la victoire du Seigneur Jésus.

- Ouais ! On verra, dit Bernard, pas persuadé du bien-fondé de cette réponse.

- Crois-moi, Bernard, intervint Anne-Laure, tu n'y perdras rien, au contraire !

« Facile à dire », se disait Bernard, qui n'osait pas avouer la raison de sa réticence.

- Chéri, on fera comme nos amis nous y invitent, dit Justine.

- Oui, reprit Bernard, ne voulant pas en dire plus et désirant couper court.

Daniel qui entrevit dans cette brève réponse une manière de changer de sujet, ouvrit sa Bible et dit :

-  En Actes 20, au verset 7, nous lisons que les chrétiens étaient réunis le premier jour de la semaine pour rompre le pain en souvenir du sacrifice du Seigneur Jésus. Et déjà dans l'Ancien Testament, en Exode 20, au verset 9, il est écrit: « Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. » Tout le travail doit être effectué en six jours, et le septième, qui est le premier jour de la semaine pour les chrétiens, appartient particulièrement à Dieu.

- Oui, c'est assez clair, dit Justine, comme se parlant à elle-même.

- Mais si Dieu nous a donné le dimanche pour qu'il nous soit un jour saint, reprit Anne-Laure, ce jour-là n'est pas pour autant un jour où l'on recherche les plaisirs de ce monde. Il s'agit d'une halte, dans notre vie astreignante, pour lire la Bible, adorer et prier Dieu, se réjouir en famille ou avec d'autres enfants de Dieu. Les chrétiens ont besoin de ce jour, c'est une source de rafraîchissement pour leur âme, leur coeur et leur corps.

- Me voilà gagné, s'écria Bernard, c'est fini.

Il avait décidé d'essayer, sans toutefois parler de ce qu'il faisait jusqu'à présent. Après tout, il pouvait bien tenter l'expérience. Il reviendrait à ses habitudes, pensait-il, s'il voyait que cela ne donnait rien.

Tout cela était bien beau, trop beau pour donner de solides espérances à Anne-Laure, qui s'en alla, malgré la joie de ce grand changement chez les époux Jaquemin, avec une pointe de tristesse. Ils étaient maintenant officiellement mari et femme, et ils s'engageaient dans un nouveau chemin, mais il y avait encore tant d'obstacles, et leurs coeurs ne semblaient pas encore complètement touchés.


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