CEUX QUE TU CACHES
Le Cantique des
Cantiques
SECTION II : Cantique des Cantiques: II: 8
à III: 11
CHAPITRE VI (Suite)
La
Récompense
«
À peine les avais-je
dépassés que je trouvai
celui que mon coeur aime. je l'ai saisi,
sans vouloir le laisser-aller.
»
(Ch. IlI: 4).
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Il n'y a souvent qu'un pas à franchir
entre l'âme en détresse et la
délivrance! Lorsque toutes choses autour
d'elle semblent lui manquer, elle se jette sur Dieu
dans son immense faiblesse. Une soif spirituelle
intense, une grande détresse, suffisent pour
affranchir l'âme, renverser les
barrières, et lui faire trouver la
liberté. Car, aussi longtemps que nous
conservons la muraille, que nous couvrons nos
échecs, cachons nos sentiments les plus
intimes, et vivons en secret, malgré ce que
Dieu démolit, nous pouvons rester dans les
limites rigides de notre étroitesse
propre.
Dans le Cantique, c'est l'ardent
désir de revoir le Bien-Aimé qui
attire l'âme hors d'elle-même, qui
l'enlève à ses expériences
passées et à tous les moyens
terrestres de bénédiction.
Avoir « dépassé
» tout cela, c'est se débarrasser de
toute idée préconçue sur le
mode d'action divine; c'est se dégager de
tous les plans, tous les programmes; c'est
abandonner toute idée personnelle concernant
le temps, l'endroit, l'instrument, c'est demeurer
en repos et laisser au Seigneur le soin de frayer
le chemin de la bénédiction. Sortir
de soi-même, c'est être à ce
point brisé qu'on s'oublie totalement: soi,
ses intérêts, sa réputation. Se
lever et le chercher, c'est répandre son
coeur aux pieds du Bien-Aimé, cette
fournaise d'ardent désir qu'a allumé
le Saint-Esprit; c'est être vide de soi pour
que Dieu puisse se communiquer.
Enfin, « l'avoir trouvé
», implique que notre ardente recherche a
donné place à un paisible repos.
L'âme se repose sur la Parole du Seigneur:
« Tu es dans les fentes du Rocher. » Elle
ne regarde plus, aux expériences anciennes,
en arrière; elle regarde en avant, vers le
Vivant.
Dans un transport d'allégresse,
l'âme déclare qu'elle l'a
trouvé, et elle ajoute - « je l'ai
saisi, je ne veux plus le laisser
aller. » Sa Présence
manifestée lui est si précieuse
qu'elle veut s'attacher à lui; elle est
disposée à veiller dans la crainte
qu'elle a de le perdre de nouveau.
0 âme! ce n'est pas à toi
de le retenir. Dans le domaine des choses divines,
VOULOIR GARDER, C'EST PERDRE. Il demeurera si tu
veux te confier en lui et apprendre à le
laisser aller selon qu'il voudra. Tu n'as pas
à veiller, ni à te reposer dans ce
qu'Il t'accorde de sa Présence, mais
à te confier en lui et à te reposer
sur sa Parole seule. Bien plus, il ne voilera plus
sa Présence quand tu t'oublieras
complètement toi-même, quand tu
abandonneras tout à fait ta vie pour ne plus
vivre que de la sienne, comme lui-même le
fait pour vivre de la vie du Père.
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CHAPITRE VIII
La Puissance de sa
Résurrection
« Ayant
été ensevelis avec lui...,
vous êtes aussi ressuscités
avec lui par la foi en la puissance de
Dieu qui l'a ressuscité d'entre les
morts... »
(Col. II: 12).
« Je
vous en conjure, ô filles de
Jérusalem.... ne réveillez
pas l'amour avant qu'elle le veuille.
»
(Ch. III : 5).
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LE Seigneur défend de nouveau aux filles
de Jérusalem de troubler d'aucune
manière l'âme qui s'est donnée
si complètement à lui. Il sait la
grande détresse où l'a jetée
son éloignement apparent, les amers
reproches qu'elle s'est faits au sujet de ses
moindres infidélités et de sa
préoccupation d'elle-même.
On l'a dit avec raison, les
péchés sont quelque chose de relatif.
Plus l'âme a été
favorisée, plus grands les dons qu'elle a
reçus, plus étroite son union avec le
Seigneur, plus grande aussi lui semble sa
culpabilité pour la moindre
infidélité, même pour des
choses qui, à d'autres, semblent
insignifiantes, indifférentes. L'acte qui,
chez l'indifférent, semble insignifiant,
paraît un crime pour le serviteur
fidèle
(1).
D'autres peuvent se contenter
d'être gardés de tout
péché visible, grossier, mais
l'âme qui recherche une communion
ininterrompue avec Dieu, ne peut excuser la moindre
désobéissance ou la moindre ignorance
de ce qu'il veut.
Le Seigneur est miséricordieux et
il sait tout cela. Aussi, il lui
accorde un temps de repos; car, dit-il, «
l'esprit tomberait en défaillance devant ma
Face »
(Esaïe LVII: 16).
Il sait aussi que l'âme a besoin
d'être puissamment fortifiée par
l'Esprit avant de pouvoir aller au delà. Que
personne ne trouble son repos, car il va la mener
au désert. « Là, je parlerai
à son coeur. » Par la vallée de
l'affliction, elle est entrée dans une union
plus étroite avec le Bien-Aimé.
« je serai ton fiancé... par la
fidélité, et tu reconnaîtras
l'Éternel
(2). »
Là, elle apprendra à le nommer Ishi
au lieu de Baal (Maître), et elle chantera
comme au temps de sa jeunesse
(Osée II, 17, 18, 19, 20,
21).
Oh ! que les enfants de Dieu permettent
au Seigneur de prendre soin lui-même des
siens! Lui qui les a rachetés à un si
grand prix s'occupe de chacun avec amour, le
guidant en tenant compte de son caractère
particulier. Ils sont en sûreté entre
les mains percées. Lui ne saurait se
tromper, ni se décourager, « Il ne
brise pas le roseau froissé, il
n'éteint pas le lumignon qui brûle
encore »
(Esaïe XLII: 3) ...,
jusqu'à ce qu'il ait changé le
jugement en victoire.
Transfiguration de l'âme
rachetée
« Qui est
celle qui monte du désert, comme
des colonnes de fumée,
parfumée de myrrhe et d'encens?
»
(Ch. III. 6).
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À l'issue de la période de repos
commandé par le Bien, Aimé, les
filles de Jérusalem voient la fiancée
remonter du désert et elles glorifient Dieu
à son sujet. Elles l'avaient vue
désespérée, errant dans la
nuit, brisée de douleur. Aussi, quand elles
l'aperçoivent à nouveau, leur premier
mouvement est celui de l'étonnement: «
Qui est-ce? Mais c'est elle! Elle est
transfigurée et les jours de son deuil ont
pris fin. » Elle est comme
enveloppée de la gloire du Seigneur: «
par des colonnes de fumée ». Expression
employée par Joël lorsqu'il annonce que
Dieu enverra son Esprit avec puissance sur ses
serviteurs et ses servantes aux jours de la
Pentecôte
(Joël II: 28, 29, 30).
Devant Israël, Dieu manifeste sa
présence dans « la colonne de
nuée »
(Exode XIII : 22).
Sous l'image employée, nous
voyons que la Bien-Aimée remonte du
désert dans la puissance du Saint-Esprit. Le
mur qui empêchait que les autres vissent que
le Seigneur demeurait en elle a été
manifestement détruit.
Il vaut la peine d'aller au
désert pour de tels résultats; il
vaut la peine de souffrir de l'abandon apparent du
Bien-Aimé pour revenir ensuite
parfumé de myrrhe; le parfum de ceux qui
vivent avec le Seigneur, duquel il est
écrit: « Il a plu à
l'Éternel de le frapper, il l'a mis dans la
souffrance. »
(Esaïe LIII : 10). L'âme a
été fondue au creuset de
l'affliction; elle n'est plus inflexible, incapable
de se plier, mais compréhensive et
brisée par son amour; elle sait se plier et
céder à la volonté du
Bien-Aimé, à ce point qu'elle est
aussi parfumée d'encens: une résine
liquide distillée.
Maintenant, la puissance de l'amour de
Dieu (3) peut se
manifester par elle, et d'autres seront
amenés et brisés, aux pieds du
Seigneur, par son moyen.
L'Âme victorieuse
« Voici
la litière de Salomon
entourée de soixante vaillants
hommes..., tous sont armés de
l'épée et sont
exercés au combat. Chacun porte
l'épée... en vue des alarmes
nocturnes. »
(Ch. IlI: 7-8).
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« Qui est-ce ? », disaient les filles
de Jérusalem en regardant vers le
désert. Maintenant, elles ajoutent: «
Voici la litière de Salomon! » C'est
une procession triomphale qui
monte du désert. Des
hommes de guerre entourent la litière du
Roi. Historiquement, on voit ici une allusion au
Seigneur Jésus revenant de sa victoire sur
Satan, après la tentation du
désert.
Et l'âme unie au Vainqueur du
Calvaire partage son triomphe, « sur les
principautés et les puissances, car il les a
publiquement exposées en spectacle en
triomphant d'elles » sur la croix
(Col. II: 14, 15).
Demeurant en Christ, elle sera
portée en toute sécurité
au-dessus de tous les précipices, au travers
de tous les pièges du diable, car elle est
environnée des anges de lumière,
vaillants guerriers dans le combat contre les
puissances des ténèbres
(Apoc. XII: 7, 11). Ces puissances
sont des « esprits mauvais » qui
attaquent toujours dans les ténèbres
et à l'improviste quand l'âme se
trouve dans la « nuit » de
l'épreuve.
L'Âme que Dieu
possède
« Le roi
Salomon (4) s'est fait un char de
gala en bois du Liban. Il en a fait les
piliers d'argent, la base d'or, le
siège d'écarlate,
l'intérieur a été
revêtu d'amour par les filles de
Jérusalem. »
(Ch. III : 9, 10).
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Les filles de Jérusalem ont vu la gloire
d'En-Haut reposer sur l'âme, qui « est
maintenant assise avec le Seigneur dans les lieux
célestes ». C'est là l'oeuvre du
Seigneur seul. Et maintenant, après avoir
décrit la litière de Salomon, elles
décrivent le char d'État qu'il a fait
pour son usage particulier: image de l'âme
que le Bien-Aimé a transformée pour y
demeurer.
Le bois du Liban, c'est le symbole de
son humanité, « la
demeure terrestre »
(II Cor. V : 1); les piliers d'argent
sont le symbole de sa rédemption
(rachetée par le précieux sang
versé au Calvaire); l'or, c'est la vie
divine, la vie du Seigneur demeurant en elle, le
siège recouvert de pourpre est le
trône royal. Le Roi se réjouit de
rendre glorieux son marchepied, et son temple est
comme pavé avec l'amour des filles de
Jérusalem.
Le Christ couronné
« Sortez,
filles de Sion, et regardez le roi Salomon
couronné..., au jour de son
mariage, et au jour de la joie de son
coeur. »
(Ch. IlI: 11).
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« Les filles de Sion » sont
conviées à contempler le Vainqueur du
Calvaire, dont la tête royale vient de
recevoir une nouvelle couronne. Celle qu'il a
rachetée est comme une couronne d'ornement
dans la main de l'Éternel, un diadème
royal. »
(Esaïe LXII: 3).
C'est peut-être au sujet des
filles de Sion, dont il est ici question, qu'il est
écrit dans l'épître aux
Hébreux: « Vous êtes venues
à la montagne de Sion, à la
Cité du Dieu vivant »
(Ch. XII : 22); âmes
déjà unies au Seigneur
glorifié, âmes victorieuses, sur
lesquelles est gravé le nom de la nouvelle
Jérusalem
(Apoc. III: 12). Membres de
l'Épouse, elles se réjouissent de
voir l'esprit de l'Épouse en de nouvelles
âmes, et manifestent leur joie du bonheur de
l'Époux.
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