CEUX QUE TU CACHES
Le Cantique des
Cantiques
SECTION II : Cantique des Cantiques: II: 8
à III: 11
CHAPITRE V
La Voix du Christ
ressuscité
«
Béni soit Dieu..., qui nous a
engendrés à nouveau ... ,
par la résurrection de
Jésus-Christ, d'entre les morts
pour un héritage qui ne se peut ni
corrompre, ni souiller, ni flétrir.
»
(1 Pierre I: 3, 4).
« C'est
la voix de mon Bien-Aimé ! Le
voici, il vient sautant sur les montagnes,
bondissant sur les collines.
»
(Ch. II : 8).
|
ALORS qu'elle se reposait encore, l'âme
perçoit soudain la voix du Bien-Aimé,
et elle la reconnaît aussitôt.
Aucune autre voix ne saurait plus
l'émouvoir. Les autres peuvent prononcer
bien des paroles, mais celles-ci ne
pénètrent pas en elle.
Le Bien-Aimé se
révèle maintenant comme le Seigneur
ressuscité. Elle le voit bondissant sur les
collines comme la gazelle. Le titre du Psaume XXII
est celui-ci: « Biche de l'Aurore », et
c'est un symbole de résurrection. Il vient
à elle comme de l'extérieur et
l'appelle à le suivre au désert pour
apprendre à connaître davantage son
Dieu. Elle était restée dans la joie
des révélations dont elle avait
été l'objet et avec
l'assurance qu'il demeurait en
elle, goûtant un repos qu'aucun bruit de la
terre n'avait pu troubler.
Mais maintenant, il faut qu'elle
apprenne à se confier en lui en dehors de
toutes révélations. Sa foi doit
reposer sur le caractère du Bien-Aimé
et sa Parole, plutôt qu'en ses
manifestations. Elle doit penser à Lui
plutôt qu'à la vigne, et comprendre
qu'à ses yeux, être rendu conforme
à son image, c'est plus que le service.
L'Attitude du Seigneur
ressuscité
« Mon
Bien-Aimé est semblable à la
gazelle... Le voici, il se tient
derrière notre mur; il regarde la
fenêtre, il se fait voir par le
treillis. »
(Ch. II: 9).
|
L'âme le contemple comme s'il était
en dehors d'elle. Il essaye de détourner son
attention des expériences
intérieures. Elle le voit d'abord 'allant
avec la rapidité de la gazelle, puis il se
tient debout; il n'est plus assis «à sa
table». Debout, derrière notre mur.
Elle ne craint plus de dire « notre »,
maintenant, et se réjouit à la
pensée qu'il est avec elle dans la salle du
festin, dans la retraite cachée de son
coeur. Elle pense que ce mur est dans les desseins
du Bien-Aimé. En quoi, elle se trompe. Elle
ne voit pas que c'est un obstacle qui
l'empêchera de se révéler aux
autres par elle, et qu'il fait partie de cette vie
terrestre qui doit disparaître.
Il faut que les murs soient
renversés
(Esaïe XXII : 5). Il n'y a point
de mur de séparation dans la vie
céleste. Sur la croix du Calvaire, le Christ
a brisé le mur de séparation entre
l'homme et l'homme, aussi bien qu'entre l'homme et
Dieu
(Éphésiens il: 14, 15,
16). Il est mort pour qu'il y ait une nouvelle
création, un nouvel homme parfait dans
l'unité
(Jean XVII : 23). En lui doivent
cesser toutes les divisions que provoque le
péché.
0 âme, ce mur que tu nommes:
« notre mur » doit être
détruit, si tu veux
être unie au Seigneur dans sa vie d'amour
répandue en faveur clés
autres!
Mais, dans la salle du festin,
l'âme ne pense pas aux autres! Elle est trop
absorbée par ses jours de ciel sur la terre;
elle ne désire pas regarder au delà,
ni se tourner vers ceux qui ont le coeur
brisé et que la tristesse accable. Comme
Pierre, elle est prête à oublier la
multitude, dans la gloire du mont de la
transfiguration. « Il fait bon ici...,
construisons des tentes. »
Qui a connu la venue du Consolateur et
la révélation du Christ dans le
tabernacle du coeur, connaît aussi le danger
qu'il y a, sur le moment même, de s'estimer
spirituellement très haut.
Danger de regarder les autres avec une
certaine pitié. Danger de porter sur eux,
bien qu'inconsciemment, un jugement. Crainte des
devoirs qui nous enlèveraient aux joies de
la communion intérieure; communion si
absorbante qu'elle rend difficile tout retour aux
choses de cette vie, tout intérêt dans
les affaires, en apparence si futiles, si
indifférentes, de ceux qui nous entourent;
incapacité à comprendre des choses
pratiques et réellement importantes, parce
que tout ce qui est extérieur ne semble plus
que l'écho lointain d'un autre
monde.
[Plus tard, avec plus de lumière,
une vision plus étendue, nous discernons
toutes les imperfections de ces jours-là, et
nous comprenons que « les fils de notre
mère se soient irrités contre nous
», en discernant les possibilités de
l'égoïsme spirituel, et qu'ils aient
craint que les vignes eussent à en
souffrir.
Leur erreur, c'est de n'avoir pas
compris que le Seigneur conduirait à bien
l'oeuvre qu'il avait commencée, et qu'il
guiderait l'âme rachetée au temps
marqué par lui, vers une activité
multipliée, fécondée par la
puissance du Saint-Esprit.]
L'âme, dans la joie de la
communion intérieure, ne discerne pas que
toute l'attitude du Bien-Aimé est celle de
l'action. Il reste debout, comme prêt
à se retirer; il regarde à la
fenêtre de son âme, essayant de lui
communiquer de nouvelles
lumières. Tout en lui semble dire: «
Lève-toi, suis-moi! » Mais elle est
trop heureuse dans la salle du festin pour
comprendre. Plus tard, « elle discernera plus
promptement » la pensée du Seigneur;
elle comprendra immédiatement ce qu'il veut
lui dire. Mais à ce moment-là, elle
est encore trop enveloppée dans la vie
d'ici-bas, pour comprendre autre chose que le
langage pur et simple. Il est obligé de lui
parler, et que dit-il ?
L'Appel du Seigneur
ressuscité
« Mon
Bien-Aimé parle et me dit:
Lève-toi mon amie, ma belle, et
viens ! L'hiver est passé.... la
pluie a cessé ..., les fleurs
paraissent, le moment de tailler est
venu... Lève-toi, mon amie... et
viens. »
(Ch. II : 11, 13).
|
Cette fois, l'âme comprend. Il lui a dit
clairement: « Lève-toi. » Mais
n'est-ce point lui qui l'a amenée dans son
repos, et qui a défendu que d'autres la
troublent ? Que veut-il dire ? « Viens? »
« Aller où? »
L'heure a sonné pour elle de
faire l'expérience de son identification
avec le Seigneur en sa mort, puis en sa vie de
résurrection; ensuite, il pourra lui parler
clairement du Père
(Jean XVI: 25).
« je suis le Chemin... Nul ne vient
au Père que par moi... je m'en vais à
mon Père... Vous connaîtrez que je
suis en mon Père, et vous en Moi, et Moi en
vous. »
(Jean XIV: 6,
12,
20).
« Il est mort, lui juste pour les
injustes, afin de pouvoir nous amener à
Dieu. »
(I Pierre IlI: 18). Par le voile
déchiré de sa chair, Lui, le Chemin
nouveau et vivant, essaie de nous amener à
demeurer avec lui en Dieu, le Père.
Il compare la période de repos
à une saison d'hiver pendant laquelle la Vie
nouvelle a été enracinée et
fondée dans l'Amour
(Eph. III: 18). Elle doit être
fortifiée pour pouvoir recevoir toute la
plénitude de Dieu
(Eph. III: 19). Pendant
l'hiver, la sève se
réfugie dans les racines, il n'y a plus
d'apparence de vie.
Mais maintenant l'hiver est
passé. Il est temps de se lever, voici le
printemps. Silencieusement, les pluies de l'Esprit
sont tombées et ont préparé
l'âme pour sa vocation. Le Bien-Aimé
voit des fleurs, il voit aussi une quantité
de sarments qui ont besoin d'être
taillés avec sagesse. Il commence à
manifester sa volonté dans les choses
extérieures de la vie pour qu'elles soient
mises d'accord avec l'état intérieur
de l'âme. Pendant le temps de repos, il n'a
cessé de travailler profondément,
silencieusement en elle. Elle s'occupait de lui.
Lui s'est occupé du développement des
racines, afin que, le moment venu d'émonder,
elle fût capable de supporter l'action du
divin Vigneron.
« Lève-toi, mon amie et
viens ! » Il faut que tu collabores avec moi
pour cette oeuvre. Il faut que tu comprennes ce que
je fais, que tu le vives, si tu veux me
connaître, moi, et faire la preuve de ma
puissance et de ma vie sans limites. « Viens,
et je ferai connaître le Père. »
.
CHAPITRE VI
Les Fentes du
Rocher
« Nous
tous qui avons été
baptisés en Christ-Jésus,
nous avons été
baptisés en sa mort.
»
(Romains VI: 3).
« 0 ma
colombe qui te tiens dans les fentes du
rocher ... ! laisse-moi voir ta figure,
fais-moi entendre ta voix, car ta voix est
douce et ta figure est agréable.
»
(Ch. II: 14).
|
LA Croix est annoncée dans toutes
les Écritures sous des figures et des types
divers. Ainsi, « le rocher »,
frappé par Moïse au désert, est
une figure du Seigneur Jésus Christ
frappé à notre place
(Exode XVII : 6). Il y a aussi une
allusion au Seigneur crucifié dans les
paroles de Jéhovah à Moïse :
« je te mettrai dans un creux du rocher et je
te couvrirai de ma main jusqu'à ce que j'aie
passé. »
(Exode XXXIII : 22).
Et voici une nouvelle allusion à
la Croix, à ce « Rocher des
siècles frappé à notre place
» dans l'appel du Bien-Aimé qui essaye
d'attirer au Calvaire l'attention de l'âme
rachetée. Il veut lui faire comprendre
qu'étant une même plante avec Lui en
sa mort, l'unique Retraite, l'unique Refuge, c'est
son côté percé
(Romains VI : 4).
Jusque-là, elle a surtout vu en
son Seigneur, le Roi; le Roi qui a fait sa demeure
en elle. Sa pensée ne s'est point
arrêtée sur le Crucifié, bien
qu'elle ait déjà eu quelques
aperçus du Calvaire, et qu'elle ait
accepté de suivre le chemin de la Croix.
Désormais, elle doit apprendre que la Croix
de Christ se dresse entre elle et le monde, et que,
pour participer à la vie
de résurrection, à l'ascension, et
demeurer en Lui à l'intérieur du
voile (1), elle
doit d'abord mourir avec Lui. Là seulement,
dans « la fente du Rocher », il peut la
reconnaître comme fiancée.
L'aide formée pour le premier
Adam fut prise de son côté pendant son
sommeil. Puis le Créateur la lui
présenta. Admirable figure du mystère
de Christ et de l'Église.
Descendants du premier Adam et de ce
chef sous la malédiction, tous les
rachetés sont unis au dernier Adam,
plantés en sa mort. C'est là que Dieu
les voit de toute éternité. Pour eux,
Christ a été fait malédiction.
« Si un est mort pour tous, tous sont donc
morts. »
(II Cor. V: 14).
Plantée en Lui, baptisée
en sa mort, formée de nombreux membres,
l'Épouse est prise du Côté
percé du Seigneur et rendue participante de
sa nature divine, pour lui être
présentée, le moment venu, et
partager avec lui le trône.
Le Bien-Aimé s'efforce de
détourner vers lui le regard de l'âme,
qu'il voit occupée dans une direction
opposée. Il l'avait détachée
des choses extérieures par la manifestation
de sa Présence en elle; mais maintenant il
désire qu'elle le contemple
extérieurement, et dans le sein du
Père, bien qu'il demeure toujours en son
coeur.
Pour le Bien-Aimé, la voix de
l'âme rachetée est douce; et il est
heureux de voir son regard se tourner vers lui,
comme la fleur qui se tourne vers le soleil; comme
l'astre des nuits, fidèle témoin du
soleil disparu. Il est heureux de voir ses traits
réfléchir la lumière de celui
qu'elle aime.
L'Âme est
préoccupée : sa réponse
«
Prenez-nous les renards, les petits
renards qui gâtent les vignes... Mon
Bien-Aimé est à moi, et je
suis à lui. Il fait paître
parmi... les lis.
»(Ch. II: 16).
|
Elle a bien entendu la voix du Bien-Aimé,
elle a vu qu'il se tenait debout, et a entendu son
invitation à oublier les
choses anciennes. Elle a
écouté son message concernant la
croix, son appel à regarder vers lui... Mais
elle n'a pas compris! Ses yeux sont sur la vigne,
les promesses de récolte l'absorbent.
Combien facilement le regard se détourne de
la personne du Seigneur! Dans les appartements du
Roi, l'âme avait compris qu'elle
s'était trop occupée de service et
pas assez de sa propre vigne. Maintenant, elle
tombe dans l'extrême opposé: elle est
si préoccupée de sa vigne qu'elle ne
comprend pas l'appel du Bien-Aimé. Elle
craint de perdre l'expérience bénie
de sa Présence et s'inquiète de
l'état des vignes. Elle est effrayée
par les incursions des petits renards : petits
retours à l'ancienne vie qu'elle croyait
abolie. Ah! Plutôt que de céder
à l'inquiétude, que n'est-elle
restée attentive pour entendre la voix du
Bien-Aimé, et pour y répondre en se
levant aussitôt. Lui se serait occupé
des promesses de fruit et des petits renards. Car
il ne peut manifester sa puissance pour
délivrer et pour garder que lorsque nous
marchons selon sa volonté. Les « petits
renards » font toujours voir que sur quelque
point nous avons négligé de suivre le
Seigneur pas à pas. Nous n'avons pas
discerné sa volonté, pas compris sa
voix. Réfugions-nous en Dieu sans retard, au
sujet de ces petites choses, afin qu'elles ne
dégénèrent pas en choses plus
graves.
0 âme, attends-toi sans retard
à l'Éternel. Réfugie-toi dans
la fente du Rocher, et cache-toi en lui. Tu n'as
pas compris le message du Bien-Aimé. Tu es
en Lui, sur la Croix. Réfugie-toi au
Calvaire. Là, il pourra s'occuper des petits
renards et des promesses de fruit de la
vigne.
Il n'est point suffisant de te reposer
sur les expériences passées, et de te
réjouir parce que ton Bien-Aimé est
à toi, ou parce qu'il fait paître...
parmi les lis qu'il a plantés en toi. Il
faut aller de l'avant, « courir vers le But
», comprendre rapidement sa volonté et
obéir aussitôt, si tu veux
connaître Dieu.
.
CHAPITRE IV
La Vallée de
l'angoisse
« Je m'en
irai, je m'en retournerai en mon lieu
jusqu 'à ce qu'ils se reconnaissent
coupables, qu'ils cherchent ma face. Dans
leur angoisse, ils me chercheront avec
empressement. »
(Osée V :
15).
« Avant
que le jour se lève et que les
ombres fuient, reviens, mon
Bien-Aimé, sois comme la gazelle,
sur les montagnes qui nous séparent
(ou les montagnes de séparation) .
»
(Ch. II: 17).
|
L'ÂME éperdue ne comprend plus ! Le
Bien-Aimé a maintenant caché sa face
! Effectivement; il l'a inutilement conviée
à regarder vers lui; elle a répondu
en parlant de la vigne et des renards. Il lui a
montré sa place de refuge dans la fente du
Rocher, et elle s'est complue dans les
expériences du passé: « Mon
Bien-Aimé est à moi. »
(v. 16). « Qu'il vole les
fruits du travail de son âme et soit
satisfait » n'est pas encore le désir
suprême de son coeur. Elle n'est pas encore
prête pour la communion qu'il désire.
Ce qu'il est, pour elle, est toujours la
pensée dominante en son coeur.
Et maintenant, le Seigneur a
caché sa face. Ceci n'auraît pas eu
lieu si, laissant à ses soins la vigne et
les renards, elle avait obéi promptement
à son appel.
Si, après nous être
complètement remis à Lui, nous
obéissions sans hésiter, sans
raisonner, sans penser à nous et à
nos expériences, il pourrait nous conduire
rapidement jusqu'en la retraite secrète du
Très-Haut! Son silence, son absence,
réveillent enfin l'âme tout
absorbée en elle-même.
Elle a le sentiment de quelque chose,
d'un nuage entre son Bien-Aimé et elle. Elle
a comme l'intuition que son union avec lui n'est
pas aussi parfaite qu'elle le pensait. Certes, ce
n'est que le début de sa vie spirituelle.
Cependant, l'Étoile brillante du matin a
illuminé son coeur, annonçant la
venue du Jour, un jour qui sera « comme la
lumière quand le soleil se lève en un
matin sans nuage »
(Il Samuel XXIII: 4) et qui verra
réalisée son union parfaite avec le
Bien-Aimé.
Or, maintenant, c'est l'ombre qui
s'étend sur elle, car il n'est plus
là ! Elle le prie de revenir avec la
rapidité de la gazelle sur les montagnes
(les montagnes de la séparation).
La vie du sommet semble si loin d'elle
maintenant ! Dans son état de profonde
humiliation, il lui semble qu'il est seul sur la
montagne alors qu'elle est restée dans les
ténèbres de la vallée. Il lui
suffira, dit-elle, « qu'il daigne abaisser son
regard vers elle, avant que le jour paraisse et que
J'ombre s'efface ».
Le Seigneur répond-il à sa
requête ? Non !
« L'Éternel se taira dans
son amour. »
(Sophonie III : 17).
L'Âme et sa décision
« De
nuit, je l'ai cherché sur ma
couche... Mais je ne l'ai point
trouvé. J'ai dit: je me
lèverai maintenant.... je le
chercherai. »
(Ch. Ill: 1, 2).
|
Un ancien auteur a nommé de façon
suggestive cette nuit-là: celle de la foi;
et la couche, le sanctuaire du coeur où le
Seigneur aimait à se reposer. Ceci est
spirituellement vrai, car l'âme est
maintenant dans les ténèbres de la
nuit. Les ombres s'étendent au lieu de
s'enfuir. Elle a cherché le Seigneur dans la
retraite secrète de son coeur, mais elle ne
semble pas l'avoir trouvé. L'épreuve
la ramène à l'action et à une
ardente recherche. Elle va de-ci, de-là,
espérant le trouver. Et elle dit avec Job
:
« Voici, si je vais à
l'Orient, il n'y est pas; si je viens à
l'Occident, je ne le trouve pas..., au Nord, je ne
puis le voir..., au Midi, je ne
puis le découvrir... Dieu a brisé mon
courage ..., car ce ne sont pas les
ténèbres qui m'anéantissent,
ce n'est pas l'obscurité dont je suis
couvert... »
(Job XXIII : 8, 9,
16, 17).
Les ténèbres ne
l'effrayent pas; elle cherche malgré tout
son Bien-Aimé. À ce point qu'elle
brise la réserve où elle s'enfermait.
Le mur qui la séparait des autres tombes.
Qu'importe ce qu'on pensera ou dira dans la
cité, pourvu qu'elle retrouve Celui que son
coeur aime. Elle ne craint pas de laisser savoir
qu'il s'est retiré d'elle; elle en parle
même aux « gardes » et leur demande
de l'aider dans sa recherche
(v. 3). Sa souffrance est trop
grande pour qu'elle essaie de sauver les apparences
ou de s'attacher aux expériences
d'autrefois, lorsqu'elle a l'occasion de rendre
témoignage. Elle veut être
honnête. Qu'importe ce que les autres
penseront! Elle ne peut se passer de Lui. Elle veut
le trouver.
Le Bien-Aimé a maintenant atteint
son but. Il l'avait inutilement appelée sans
qu'elle se rendît à son appel; mais
son silence l'a tirée de l'inaction et l'a
amenée à le rechercher diligemment.
En prolongeant cette apparence d'absence, il a
démoli le mur de séparation et l'a
attirée vers lui. Il était là,
lorsqu'elle le cherchait dans la retraite de son
coeur, et il a vu son angoisse. Il l'a vue allant
de-ci, de-là, en quête de quelque
bénédiction auprès des
instruments dont il s'était servi autrefois,
même auprès du veilleur. Il est
resté silencieux dans son amour. Car il veut
la conduire à une parfaite connaissance.
« Ce n'est pas volontiers qu'il afflige les
enfants des hommes. »
(Lamentations IlI : 33).
Avec joie il l'a vue enfin se lever pour
chercher celui qu'aime son âme; avec joie, il
a vu l'intensité de sa recherche et
constaté son indifférence pour les
commentaires du monde religieux et pour sa
réputation.
Il agit présentement avec elle
comme avec les disciples sur le lac, lorsqu'il se
prépare à les dépasser pour
les amener à crier à l'aide (Marc VI:
48); ou bien encore, comme il le fit avec les
disciples d'Emmaüs lorsqu'il poursuit sa
route, Je soir venu, afin de les amener à le
prier de rester
(Luc XXIV : 28).
|