Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



DANIEL BONNET
ou
Les aventures d'un colporteur

CHAPITRE IX
Semence le long du chemin

 Peu après son arrivée à Belormeau, Daniel avait rencontré un jeune ouvrier de ferme rentrant au logis.
C'était vers la fin d'une journée d'été accablante et l'air était encore très lourd.
Comme il suivait lentement un chemin ombragé, il aperçut le jeune homme devant lui et lui adressa une parole aimable pour qu'il l'attendît.
Quand Daniel l'eût rejoint, Guillaume - tel était son nom - fut curieux de savoir ce que contenait la lourde sacoche du colporteur. Ce dernier, qui aimait à faire connaître ses précieuses marchandises, plaça donc son fardeau sur un petit mur, et les yeux du jeune homme montrèrent son admiration pour les jolis volumes.
Il acheta une brochure à 25 centimes, intitulée
« Le Ciel et comment y arriver », leur conversation ayant roulé sur ce sujet. Mais ils durent bientôt se séparer, car un ouvrier de la même ferme ne tarda pas à passer, perché sur un fort cheval, et Guillaume accepta son invitation à monter en croupe, pour éviter une heure de marche.

Il y avait de cela deux mois, et Daniel avait souvent pensé à Guillaume, mais il n'avait pas réussi à le rencontrer. Toutefois, il devait encore entendre parler de lui.

Le jour après sa dernière visite à Suzanne, il découvrit, au bord du chemin, une petite chaumière disparaissant presque derrière de hautes haies et la végétation luxuriante d'un jardinet. Pour ajouter à l'effet général, sa haute cheminée était toute tapissée de lierre.

Ayant poussé le portail, Daniel frappa à la porte qu'une femme vint ouvrir.
- Nous n'avons besoin de rien, dit-elle en apercevant les livres étalés.
- Besoin de rien ! heureuses gens ! fut la réponse.

Intriguée en dépit d'elle-même, elle questionna :
- Comment savez-vous que nous sommes heureux?
- Mais par votre réponse. Qui ne désire rien est sûrement heureux.
- Je désire pourtant beaucoup de choses.
- Ah ! cela change la question. Je puis vous montrer comment obtenir toutes choses pour cette vie et pour l'éternité.
- Comment donc ? fit-elle, moitié intéressée, moitié moqueuse.

Puis elle ajouta
- J'irai appeler Madame Guédin.

Cette dernière, qui était en deuil, ne tarda pas à paraître et Daniel commença ses explications :
- Pour jouir de quoi que ce soit, il faut d'abord être en vie ; si donc vous voulez jouir de l'éternité, il faut avoir la vie éternelle. Écoutez : « Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné Son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle ».

Puis il démontra d'après la Bible comment celui qui croit en Christ possède toutes choses, tandis que le non-croyant, fût-il immensément riche, ne possède rien.
Les deux femmes restèrent silencieuses, mais Daniel comprit que ses paroles avaient produit quelque impression. Choisissant la brochure intitulée : « Le Ciel et comment y arriver », il la leur présenta.

Avant qu'il pût parler, Madame Guédin s'écria, les larmes aux yeux:


- C'est le livre que mon pauvre Guillaume lisait après avoir été blessé, et qui lui a été en bénédiction avant sa mort. Je veux parler de mon fils.

Nous n'avons besoin de rien, dit-elle en apercevant les livres étalés.

- Y a-t-il longtemps qu'il est mort ?
- Non, seulement deux semaines. Il est tombé d'une meule de foin et a été mortellement blessé.
- Quand a-t-il reçu ce petit livre ?
- Deux jours avant l'accident. Il l'a acheté de quelqu'un sur la route et l'a lu et relu.
- Eh bien, c'est moi, je crois, qui ai vendu cette brochure, et Daniel décrivit Guillaume.
- C'est bien lui, s'écria la mère. Oh, Monsieur, je suis heureuse d'avoir fait votre connaissance, car vous avez fait beaucoup de bien à mon fils. Il nous a répété ce que vous lui avez dit ; et vos paroles l'ont grandement aidé. Quel bonheur que vous l'ayez rencontré ! Il a été malade des semaines, mais personne n'est venu le visiter. N'eût été pour vous...
- Ne pleurez pas, chère Madame, dit Daniel avec bonté. Votre garçon est auprès du Seigneur et, si vous avez le même Sauveur, vous irez le rejoindre un jour.

Daniel laissa la brochure et les deux femmes firent emplette d'une Bible, promettant de la lire et demandant au colporteur de ne pas trop tarder à revenir.
Quand il le fit, il les trouva heureuses dans le Seigneur et priant pour la conversion de leurs maris.

.

CHAPITRE X
Deux hommes surpris

Quand le directeur de la Banque cantonale fut de retour, Charles lui demanda un matin une entrevue particulière.
- Vous n'allez pourtant pas nous quitter, Monsieur Vallier ? questionna le chef. Tout a si bien marché pendant mon absence. Personne ne s'est plaint de votre règne temporaire. Vous nous avez été précieux à un moment difficile.

Ne pouvant supporter ces louanges, Charles fit sans tarder les aveux qu'avait déjà entendus Madame Néville, puis il resta les yeux fixés à terre, n'osant pas les lever sur son chef.

Il y eut un silence de quelques instants.
- Pauvre jeune homme ! dit enfin le directeur. Ne parlons plus de cela ! Je sais ce que c'est que d'être tenté... et de tomber.

Puis, lui tendant la main
- Votre salaire sera augmenté comme il a été convenu, et vous pourrez, quand vous le voudrez, commencer à rembourser l'argent prêté par cette noble femme.
- Mais, Monsieur, dit Charles, ne serai-je pas puni de ma conduite ?
- Vous m'avez entendu. Vous êtes déjà puni et vous n'oublierez pas cette leçon. Vous ne me tromperez plus. J'ai confiance en vous. Mais votre femme est-elle au courant ?
- Oui, Monsieur ; elle a été... admirable.

Charles ne put en dire davantage.
En retournant chez lui, il marchait comme dans un rêve - un rêve aussi joyeux qu'incroyable.
Quelles merveilleuses nouvelles il apportait à sa brave Constance, qui avait reçu sa confession avec tant de courage et d'amour !
Elle l'attendait au seuil de leur petit logement, et, tandis qu'il traversait la place, elle le vit enlever son chapeau et le brandir au-dessus de sa tête en signe de joie. Son coeur bondit d'émotion. Elle rentra chez elle et s'efforça de contrôler son agitation.
Un instant après, il était là. En apercevant son visage radieux, elle se mit à sangloter de joie, la tête appuyée sur son épaule.

Tout en la calmant, il lui raconta l'entrevue avec son chef, la bonté et la confiance dont ce dernier avait fait preuve. Son traitement serait augmenté et il ne serait pas poursuivi.

Alors, Constance le conduisit en silence vers le sofa et, ensemble, ils remercièrent leur Père céleste de Sa grande miséricorde.
- Comment Madame Néville a-t-elle appris que... que... dit Charles, pendant le dîner. Oh, sans doute par Monsieur Bonnet. Personne d'autre ne savait la chose !
- Je pense que oui, répondit Constance mais cela ne te fait rien ?


- Sûrement non. Que Dieu le bénisse !

. . . . . . . . . . . . . .

Après avoir causé des surprises à plusieurs personnes, Daniel devait maintenant connaître la plus grande surprise de sa vie. Il reçut de ses chefs une lettre l'informant que Madame Néville avait été en correspondance avec eux et qu'elle était prête à lui faire connaître le résultat de cette correspondance, s'il voulait bien se rendre auprès d'elle dès qu'il le pourrait.
Très intrigué de cette communication, Daniel se rendit le jour même au château.

Madame Armand, qui avait guetté son arrivée, vint l'accueillir elle-même, avec un visage tout souriant.
- Est-ce ma maîtresse ou moi que vous désirez voir ? demanda-t-elle.
- C'est Madame Néville. Il paraît qu'elle a reçu une lettre me! concernant...
- Ah, vraiment ? Par ici, Monsieur Bonnet

Et elle le conduisit au petit salon de Madame Néville, tout en ayant grand-peine à réprimer son amusement - elle savait que le visage quelque peu solennel du colporteur allait bientôt exprimer une joyeuse surprise.
- Je vous reverrai plus tard, dit-elle en l'introduisant auprès de sa maîtresse.

Cette dernière salua cordialement Monsieur Bonnet et le pria de s'asseoir. Puis elle dit :
- Avez-vous reçu une lettre du bureau de votre oeuvre, ce matin ?
- Oui, Madame. On me priait de passer vers vous le plus tôt possible, et c'est ce que j'ai fait. Il paraît que vous devez me communiquer le résultat d'une correspondance entre vous et mes chefs, dit Daniel.
- C'est vrai. Le fait est que j'ai écrit pour offrir de pourvoir à l'entretien d'un colporteur à demeure dans le district que vous avez parcouru trois étés de suite. Ma proposition a été joyeusement acceptée et j'ai même été autorisée à nommer le colporteur en question ; j'espère qu'il ne fera pas de difficultés. Vous pouvez me renseigner à ce sujet, car son nom est Daniel Bonnet...

Le colporteur resta un instant ébahi, comme s'il n'avait pas bien saisi le sens de ces simples paroles. Puis une vague de joie et de gratitude l'envahit en pensant au bien que sa chère femme éprouverait de ce changement d'air. Et quel beau champ de travail
Cela semblait trop bon pour être vrai !

Il dit enfin avec difficulté :
- Je ne sais comment vous remercier. Les paroles me manquent...
- Oh ! n'essayez pas, cher ami, dit-elle avec émotion. J'ai tellement de joie à faire quelque chose pour le Seigneur. Et si cet arrangement est heureux pour votre femme comme pour vous, tous mes voeux sont comblés.

Puis, pour lui donner le temps de se remettre, elle lui parla de la jolie maisonnette qu'il devait occuper - du moins pour le moment - sur les terres du château. Plus tard, l'on verrait s'il valait mieux y rester ou se rapprocher de Réaubec.

La maisonnette était vide, et son remplaçant ayant déjà été désigné, rien n'empêchait Daniel de faire venir ses meubles sans tarder et d'installer sa femme dans la nouvelle demeure. Elle pourrait donc s'acclimater avant l'hiver.
- Que pensez-vous de nos plans ? conclut-elle. Madame Armand et moi n'avons-nous pas bien arrangé les choses ?
- Oui, Madame. Pour moi, tout cela est merveilleux. Et un jour viendra où Dieu Lui-même vous récompensera d'une joie infiniment plus pure que toutes celles que vous avez connues ici-bas.

Madame Néville tressaillit de bonheur à la pensée de rencontrer son Seigneur et, d'entendre son « Cela va bien ».
La nouvelle que Daniel se fixait à Belormeau ne tarda pas à être connue, et la plupart des habitants exprimèrent leur plaisir à ce sujet. Il y eut pourtant quelques mécontents, comme: Monsieur Bonnet le découvrit un soir qu'il passait près d'une modeste auberge, au bord de la route.
- Un joli petit travail, remarqua à haute voix l'un des hommes à ses camarades.
- Oui, c'est un de ces hommes qui aiment à vivre aux crochets des autres...

Mais cette réponse par trop injuste ne trouva point d'écho chez les auditeurs.
- Je me demande où il était pendant la guerre, fit une autre voix.

À ces mots, Daniel se retourna et aperçut un homme de haute taille, portant une vilaine cicatrice au visage.
- J'étais déjà âgé et incapable d'aller là où vous êtes allé, observa-t-il avec douceur. Mais pourtant, j'étais en France. Et j'incline à croire que mon travail durant ces quatre ans était plus facile qu'il ne l'est aujourd'hui. Là-bas, les braves hommes avaient soif de la Parole de Dieu, et combien ont traversé en paix la vallée de l'ombre de la mort ! J'ai vu des hommes robustes, semblables à vous, mon ami - et il se tourna vers l'homme à la cicatrice, - pleurer comme des enfants et marcher à la bataille avec un cantique sur les lèvres. Beaucoup n'en sont pas revenus, mais ils sont sauvés à jamais. C'étaient des jours terribles, et pourtant, des miracles se produisaient. Ma tâche n'est pas si facile aujourd'hui. Qui voudrait m'acheter une Bible, par exemple ?

Il en montra une, et l'un des hommes déclara qu'« il ne voyait pas à quoi servait ce livre ».
- Peut-être ne l'avez-vous jamais lu ? dit Daniel.

Il y eut un grand éclat de rire à la seule pensée du gros François, la Bible en main...
Daniel continua :
- Il y a eu des gens appréciant si hautement ce livre qu'ils ont souffert les tortures et la mort plutôt que de renier les vérités qu'il renferme. D'autres ont risqué leur vie pour le posséder et pour le distribuer autour d'eux. Beaucoup l'ont lu en secret, car ils risquaient de monter sur le bûcher si on découvrait leur Bible. Et aujourd'hui qu'il est si facile de se procurer ce précieux volume, de le lire en paix, il s'en trouve pour le mépriser, pour haïr les prédicateurs et les colporteurs. Mais peu importe ! « Que celui qui a entendu ma Parole rapporte fidèlement ma Parole ». C'est ce que font les colporteurs et ce qu'ils continueront à faire avec l'aide de Dieu.

« Vous êtes avertis, mes amis, je suis à la recherche des âmes. Tâche aisée, dites-vous ? en êtes-vous sûrs ? Permettez-moi de vous offrir à chacun un Nouveau Testament ».

Il y eut un instant d'hésitation, puis l'ancien combattant tendit la main, et tous firent de même.
- Merci, dit Daniel, et bonne nuit. Voici un petit oreiller que j'offrais toujours aux braves hommes malades ou mourants en France :


« Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné Son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle » .

FIN


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