Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



DANIEL BONNET
ou
Les aventures d'un colporteur

CHAPITRE VII
Daniel à la ferme

 En quittant le château, Daniel, avec le saint courage qui le caractérisait, se rendit en priant vers la ferme d'où il avait été renvoyé.
Il retournait toujours dans les maisons où on l'avait mal reçu, essayant avec persévérance de gagner des âmes à Christ. Il descendit donc vers la ferme en question en se demandant si la porte allait s'ouvrir aussi violemment que la dernière fois. Mais, à sa grande surprise, le fermier lui-même apparut sur le seuil avec un sourire triste :
- Je vous ai vu venir, dit-il. Entrez donc.

Daniel suivit l'homme dans une cuisine à plafond bas, éclairée par des fenêtres enchâssées de plomb et pourvues d'un siège pris en retrait dans le mur.

La femme du fermier était en train de faire son pain ; lorsqu'elle vit entrer Daniel, des larmes lui vinrent aux yeux.
- Cela doit vous étonner, Monsieur, que nous ne vous montrions pas la porte comme nous l'avons toujours fait....
- Eh oui, un peu. Mais ne parlons pas du passé. Je suis heureux que vous soyez mieux disposés à mon égard aujourd'hui, répondit Daniel.
- Vous rappelez-vous nous avoir dit la dernière fois que Dieu nous visiterait ? interrompit le fermier. C'est arrivé. Il a repris l'une de nos filles. Vous venez chez des gens en deuil.

Puis, l'émotion le gagnant, il tourna sur ses talons et regarda fixement par la fenêtre.
Il y eut une minute de silence. Daniel était trop ému pour parler, et la pauvre femme continuait à pétrir sa pâte.
- Et maintenant, reprit enfin le fermier, nous sommes prêts à vous écouter. Nous avons grand besoin de consolation.

Après avoir adressé à Dieu une prière muette, Daniel parla avec amour de pardon et de paix en Christ. Il présenta l'Évangile d'une façon si simple et si attrayante que ces coeurs, ouverts par le Seigneur Lui-même, commencèrent à entrevoir le salut.

Au bout de quelques semaines, le mari, la femme et la fille connaissaient la joie du Seigneur ; aujourd'hui, Daniel est toujours bien accueilli lorsqu'il se présente à la ferme.
« Ne nous lassons pas de faire le bien ; car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas ».

Ce même jour, Daniel désirait visiter la maison où habitait Suzanne. La porte était ouverte, et, dès que la jeune fille vit le colporteur, elle disparut. Elle venait sans doute lui répondre. Mais, au moment où il approchait, la porte se ferma contre lui et la clef tourna dans la serrure.
Daniel continua calmement sa route, comme s'il n'était pas conscient de cette conduite. Il connaissait assez la haine du grand ennemi des âmes pour comprendre qu'il ne lâcherait pas sa proie si facilement.

Plus tard, la porte étant de nouveau ouverte, Daniel y frappa, et Suzanne parut immédiatement.
- Eh bien ! fit-elle durement, que voulez-vous ? Vous avez pu attraper ma mère ; avec moi, il n'y a rien à faire !
- Que voulez-vous dire, Suzanne ?
- Je veux dire que maman pense maintenant comme vous. Elle dit qu'elle est sauvée. Mais vous ne m'aurez pas, moi!
- Sauvée ? Dieu soit loué ! alors elle est très heureuse, sans doute ?
- Oui ; elle est allée parler à une voisine.
- De mieux en mieux. Suzanne, si je vous donne ce petit livre, « Précieuses Vérités », le lirez-vous ?

Elle le prit avec hésitation, mais promit de le lire.
Lorsque Daniel quitta la maison, il ne se doutait pas plus que la jeune fille de l'importance de sa visite.
Revenant peu après (il se sentait contraint intérieurement de passer souvent), il eut la conviction qu'une transformation s'accomplissait dans ce coeur endurci.
Mais ce fut long. La jeune fille avait proclamé si haut sa complète incrédulité, qu'il lui était difficile de reconnaître sa folie. Une fois pourtant, elle avait fait entrer le visiteur et s'était agenouillée pendant qu'il priait avec sa mère. De plus, elle avoua avoir lu le petit livre avec plaisir.
Daniel continua donc à espérer de meilleures choses.

. . . . . . . . . . . . . .

Entre temps, Madame Néville tenait sa promesse de secourir Charles Vallier dans sa détresse.
Se rendant un jour à la banque, elle trouva le caissier très affairé. Elle s'assit donc jusqu'à ce qu'il fût libre et ne put s'empêcher de remarquer les traits pâles et tirés du jeune homme. Elle avait également observé la rougeur qui avait envahi son visage à son entrée, puis l'expression de soulagement en apprenant que Madame Néville attendrait qu'il fût seul.
« Pauvre jeune homme ! pensait-elle. Il a justement l'âge qu'avait mon fils unique lorsqu'il tomba en France, durant la guerre ; celui-ci est bien près de succomber dans la bataille de la vie, de se laisser vaincre par le péché qui souille et déshonore. Il faut l'aider. J'ai reçu gratuitement, ne devrais-je pas donner de même ? »

Quand le caissier fut prêt, elle se leva et, s'approchant du guichet, plaça devant lui une feuille de papier :
- Ne vous trahissez pas devant les autres, dit-elle. Lisez ceci tranquillement.

Il obéit, et, sans l'avertissement donné, se serait certainement compromis. Le papier portait ces mots :
« Je connais vos difficultés et vos intentions quant à mon prochain versement. Soyez sans crainte. Je veux vous aider. Venez chez moi ce soir à six heures».

Un instant, il eut comme le vertige, mais il se reprit et, regardant franchement Madame Néville -
- Merci, dit-il, je ne manquerai pas au rendez-vous.

Entièrement rassurée et regardant Charles avec. un sourire maternel, elle reprit le papier et sortit.
Charles n'a jamais su comment il réussit à finir cette journée de travail.

Au souper, sa femme le trouva étrangement silencieux, mais elle fut tranquillisée par la joie qui brillait dans son regard. Il lui dit qu'il devait se rendre le même soir chez Madame Néville et l'embrassa tendrement avant de partir - depuis des mois il n'avait pas été aussi affectueux.
Lorsqu'elle fut seule, elle se demanda ce qui pouvait bien avoir ainsi transformé son mari.
Charles était aussi surpris qu'elle. « Rien n'est impossible au Seigneur », se répétait-il en marchant.
Daniel l'avait dit, et il semblait au caissier, qu'en dépit de sa conduite indigne, Dieu Lui-même se levait pour le secourir.
Il était fermement résolu à tout confesser à Madame Néville avant qu'elle fît la moindre chose pour lui. Que penserait-elle de lui ? lui retirerait-elle son secours ? Peu importe ; la vérité avant tout !

Cette longue promenade du soir jusqu'au château fit époque dans la vie de Charles. La générosité de Madame Néville lui avait parlé avec puissance de ce Dieu prompt à lui pardonner et à le recevoir. Elle avait illustré les paroles lues souvent dans son Testament souligné: « Lorsque nous étions encore sans force, Christ, au temps marqué, est mort pour des impies ».

Madame Néville le reçut avec bonté, mais Charles refusa de s'asseoir avant d'avoir tout confessé. Il raconta sa triste histoire d'un bout à l'autre, en reconnaissant ses fautes ; il ne blâma personne que lui-même. Puis il parla aussi de la journée qui venait de s'écouler et du résultat que la visite de Madame Néville avait eu pour lui ; il la remercia cordialement de la grande bonté qu'elle lui avait témoignée malgré son indignité.
- Vous m'avez prêché le plus magnifique sermon que j'aie jamais entendu. Il m'a amené au Sauveur.
- Oh, Dieu soit béni! dit-elle tout bas.

Puis, prenant du papier et un crayon, elle fit asseoir le jeune homme.
Elle fut bientôt au courant de la situation de Charles et lui remit de quoi liquider toutes ses dettes.
- Vous ne me devez rien. Voulez-vous accepter ceci comme un don ?

Charles fit un geste négatif.
- Je ne puis y consentir. Si vous m'offrez cette somme comme un prêt, je serai des plus reconnaissants et je vous paierai par acomptes. Quant à votre bonté, rien ne peut la payer.

Elle le regarda anxieusement.
- Je maintiens mon offre. Peut-être changerez-vous d'idée. Vous désirez informer votre directeur de vos détournements, et cela pourrait entraîner...
- Oui, je prévois les conséquences, mais je parlerai quand même. Je veux commencer cette merveilleuse vie nouvelle avec la conscience claire, même si je dois passer quelques mois en prison, ce qui est probable. La chose la plus, dure sera d'informer ma chère femme de tout cela ; elle n'a jamais soupçonné que je sois un homme déshonnête.
- Non, répondit Madame Néville avec douceur, mais vous aurez aussi la joie de lui dire que vous êtes un homme nouveau en Jésus-Christ. Quelle reconnaissance sera la sienne !
- Oui, balbutia Charles, je crois que cela compensera presque le déshonneur qui pourrait rejaillir sur elle, car elle a soupiré après le salut de mon âme. Et, Madame, je vous en prie, ne me jugez pas ingrat parce que je refuse votre don. Je crois que Dieu m'aidera. Maintenant je puis compter sur Lui.
- Vous le pouvez. Mais, dit-elle en souriant, prenez garde : ne choisissez pas la manière dont Il doit vous aider. Laissez-Le faire. Quand votre directeur revient-il ?

Il l'en informa et prit congé d'elle. Tout en marchant, il se sentait l'homme le plus heureux de la terre, en dépit du gros nuage qui planait sur lui.

.

CHAPITRE VIII
Daniel visite une malade

Un jour de marché, deux personnes vinrent parler au colporteur. L'une d'elles était le fermier qui avait acheté une Bible pour sa femme et une pour lui. Il dit à Daniel que sa Bible lui avait « fait passer un mauvais moment ».
- Dieu soit loué, fut la réponse. Lisez d'abord le troisième chapitre de l'Épître aux Romains, vous y verrez ce que vous êtes aux yeux de Dieu, puis le troisième de l'Évangile de Jean, qui dépeint Son amour pour vous.

Le fermier nota ces deux passages.
Peu après, il fut converti. Et maintenant il achète des Bibles, des Nouveaux Testaments et les meilleurs livres évangéliques pour les offrir à ses amis, quand l'occasion s'en présente.

L'autre nouvelle réjouissante venait de la dame qui avait acheté un livre pour son mari incrédule, en promettant à Daniel de lui en faire connaître le résultat.
- J'ai grand espoir qu'il se donnera au Sauveur, dit-elle. Ce livre a produit un réel changement en lui. Et vous pouvez être assuré de ma reconnaissance envers les colporteurs. Vous faites une belle oeuvre, j'en ai eu des échos de divers côtés.

Donc, si Daniel connaissait l'insuccès (Satan ne lâche pas facilement ses captifs), il avait aussi des résultats encourageants.
Mais il pensait beaucoup à Suzanne et se sentait pressé de retourner la voir aussi vite que possible - c'était une impulsion à laquelle il ne pouvait résister.

Il alla donc. Cette fois, elle vint à sa rencontre et lui causa une joie inexprimable en disant :
- Monsieur Bonnet, j'ai donné mon coeur au Seigneur Jésus. Comment ai-je jamais pu le traiter si mal?

Son visage était rayonnant, mais portait si nettement des traces de faiblesse et de maladie, que Daniel se réjouit à la pensée que la jeune fille était maintenant prête à rencontrer son Dieu.

Lorsqu'il partit, la pauvre mère s'arrangea pour lui dire sans être remarquée :
- Revenez bientôt ; je crois que ma Suzanne est très malade.

C'était bien la pensée de Daniel, mais il ne dit rien et revint peu de temps après.
Cette fois, Suzanne était au lit, mais elle insista pour que le colporteur montât jusqu'à sa chambre. Il s'y rendit avec la mère, et les trois eurent une heure bénie, car la jeune fille, qui allait bientôt voir le Seigneur face à face, était joyeuse en dépit de ses souffrances.
Peu de jours après, il apprit que Suzanne avait cessé de vivre, non toutefois sans laisser un message pour lui : « Dites à Monsieur Bonnet que je suis allée vers mon Sauveur. Tout a été lumière jusqu'au bout ».

Quel merveilleux témoignage à la puissance de Dieu de la part de celle qui avait d'abord salué le colporteur de ces mots « Il n'y a ni Dieu, ni résurrection ! »

Ce même jour, retournant chez lui à bicyclette, il remarqua un visage familier. C'était Abel Brun, le pauvre esclave de l'eau-de-vie, assis sur un, tas de pierres au bord du chemin.

En entendant le timbre de la bicyclette, il leva rapidement la tête et s'écria :
- Vous avez laissé un traité sous ma porte, l'autre jour ?
- J'en ai laissé plusieurs, répondit Daniel en s'approchant.
- Oui, mais ce traité-là était pour moi. Il me décrivait exactement. Je ne bois plus maintenant.
- Ce n'est pas la première fois que vous dites cela, Monsieur Brun !
- Je le sais, mais avant je comptais sur ma propre force ; maintenant, je me confie au Seigneur Jésus. Il m'a gardé durant plusieurs semaines.
- Et il peut vous garder pour le reste de votre vie; Son saint nom soit béni !

Puis il s'assit et parla à Abel de la jeune Suzanne. Le vieillard fut très impressionné.
- Il est puissant, ce Sauveur, dit-il d'un ton sérieux : « Il peut briser les coeurs les plus durs ».

Puis il acheta au colporteur un « Testament souligné » et un « Guide du Voyageur », en disant :
Il y a peu de temps, cet argent m'aurait servi à boire...

Par ces livres vous aurez peut-être la joie d'amener des âmes à Christ, dit Daniel. « Vous vous amassez des trésors dans les cieux », et « Là où est votre trésor, là aussi sera votre coeur ».

Le vieillard regarda s'éloigner le cycliste avec un regard affectueux et ému. « Il n'a jamais abandonné ni Suzanne ni moi, murmura-t-il tout bas. Elle est au ciel, et moi je n'en suis pas loin. J'ai plus de soixante-dix ans, la fin ne peut tarder. Mon Dieu, je te remercie de ce que mon voyage terrestre s'achèvera dans le ciel ».


Table des matières

Page précédente:
Chapitre V - VI
Page suivante:
 

- haut de page -