Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE DÉLUGE
ou
MÉDITATIONS SUR LES CHAPITRES VI ET VII DE LA GENÈSE.

VI
DIEU ORDONNE À NOÉ D'ENTRER DANS L'ARCHE. - LE PATRIARCHE OBÉIT. - L'ÉTERNEL FERME LA PORTE DE L'ARCHE SUR LUI. - LES EAUX ÉLÈVENT L'ARCHE QUI' FLOTTE AU DESSUS. - TOUT PÉRIT, EXCEPTÉ CE QUI EST DANS L'ARCHE.
(Suite)

En fermant Lui-même la porte de l'arche sur Noé et sur sa famille, l'Éternel nous donne, par rapport à ceux qui furent laissés dehors, une instruction que nous ne ferons presque que rappeler, vu que déjà précédemment nous l'avons présentée.
Il nous apprend qu'un jour la porte du refuge sera fermée de la main de Dieu Lui-même. À l'instant de la mort, au moment où un homme rend son dernier soupir, la porte du salut est fermée pour lui. Inutilement dirait-il au dernier jour : Seigneur, ouvre-nous ! La porte est fermée, pour toujours fermée, et nul ne peut l'ouvrir.

Lors même que Noé aurait voulu, par compassion, ouvrir la porte à ceux qui périssaient et qui peut-être le suppliaient de les laisser entrer, il n'aurait pu le faire. L'Éternel avait fermé la porte sur lui. Abraham était forcé de répondre au mauvais riche qui lui demandait une goutte d'eau pour se rafraîchir la langue « Il y a un grand abîme entre vous et nous ; tellement que ceux qui veulent passer d'ici vers vous ne le peuvent, ni de là passer ici » (Luc XVI, 26).

Au nom de Dieu et pour l'amour de vos âmes immortelles, profitez du temps pendant lequel la porte est ouverte. Il est un temps, c'est celui où nous sommes, où le Seigneur déclare qu'on ouvre à celui qui heurte (Luc XI, 10). Bien plus, Il dit à chacun : « Viens » (Apoc. XXII, 17) ; Il fait inviter aux noces par ses serviteurs tous ceux qu'ils rencontreront, tant mauvais que bons (Matth. XXII, 9, 10). Il veut même qu'on les presse d'entrer, afin que sa maison soit remplie (Luc XIV, 23). Bien plus encore, Il se tient à la porte et Il frappe, et Il déclare que si quelqu'un entend sa voix et Lui ouvre, Il entrera chez lui (Apoc. III, 20). Mais le temps viendra où, le Seigneur ayant fermé la porte, il n'y aura plus d'invitation miséricordieuse, plus de déclaration que « si quelqu'un vient à Christ Il ne le rejettera pas ; » plus de moyen d'entrer. La porte sera fermée de la main de Dieu, et fermée pour toujours.

Ceci est très-sérieux, plus sérieux qu'on ne saurait l'exprimer. Ceci regarde les enfants, les jeunes gens, aussi bien que les personnes âgées et les vieillards, car aux jours de Noé la porte fut fermée pour tous sans exception, tant jeunes que vieux.
Précédemment, nous avons présenté quelques réflexions sur le grand nombre de ceux qui périrent, et nous avons montré que le grand nombre ne fait pas la sûreté. Ici, méditons la pensée inverse. Dans le petit nombre de ceux qui furent sauvés par le moyen de l'arche, trouvons un motif à ne point nous laisser décourager dans le chemin de la vie éternelle par le petit nombre de ceux qui y marchent avec nous.

« Voyez ici combien peu furent sauvés, et cependant ne valait-il pas mieux être dans l'arche avec le petit nombre qu'avec la multitude dans les flots ? Laissez le monde qui veut périr murmurer et se moquer de ce que vous voulez vous sauver avec les huit personnes.
Quoi, s'écrie-t-il, vous pensez aller seuls au ciel, et tous les autres seront damnés ! - Que pourrons-nous répondre, sinon qu'un affreux déluge menace la multitude, et que certainement tous ceux qui ne se trouveront pas dans l'arche périront ? » (8) - « Fussions-nous seuls dans notre famille, dans notre village, dans le monde entier, oui seuls à nous occuper sérieusement de notre âme et à chercher le Seigneur, encourageons-nous par le souvenir de Noé. À son exemple, invitons du fond du coeur ceux qui nous entourent à se convertir, mais disons-nous bien qu'après tout il vaudrait mieux être sauvé. seul que de périr avec tout le monde.

Si l'on se moque de notre prétendue crédulité, de notre folie, hélas ! prions pour les moqueurs, pleurons sur leurs péchés, mais ne laissons pas de bâtir paisiblement et résolument notre arche. Les moqueurs ne se sauveront pas par leurs moqueries, et si nous leur permettons de nous détourner de la bonne voie, nous nous perdrons nous-mêmes sans aucun profit quelconque pour leurs âmes. » (9)

Après que Noé eut séjourné une semaine dans l'arche, les eaux du déluge furent sur la terre.
« En l'an six cent de la vie de Noé, au second mois, le dix-septième jour du mois, en ce jour-là toutes les fontaines du grand abîme furent rompues, et les bondes des cieux furent ouvertes. Et la pluie tomba sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits. Et les eaux crurent et élevèrent l'arche, et elle fût élevée au-dessus de la terre ; et les eaux s'accrurent et se renforcèrent fort sur la terre, et l'arche flottait au-dessus des eaux » (Gen. VII, 10-12, 17).

Ainsi pendant que tout périssait autour de l'arche, tout ce qui s'y trouvait renfermé flottait paisiblement au-dessus des eaux, et s'élevait glorieusement vers les cieux, à mesure que le déluge engloutissait les impies. Ainsi se vérifièrent par avance ces paroles prononcées plus tard par l'Esprit saint : « Ne crains point la frayeur subite, ni la ruine des méchants, quand elle arrivera » (Prov. III, 25) ; car ceux qui sont justes habiteront la terre, et les hommes intègres demeureront de reste en elle ; mais les méchants seront retranchés de la terre, et ceux qui agissent perfidement en seront arrachés. « Celui qui se tient dans la demeure du Souverain se loge à l'ombre du Tout-Puissant. Certes, il te délivrera de la mortalité malheureuse. Il te couvrira de ses plumes et tu auras retraite sous ses ailes ; tu n'auras point peur de la mortalité qui marche dans les ténèbres, ni de la destruction qui fait le dégât en plein midi. Il en tombera mille à ton côté et dix mille à ta droite, mais la destruction n'approchera point de toi. Seulement tu contempleras de tes yeux, et tu verras la récompense des méchants » (Ps. XCI, 1-8).

Quant aux impies, leur péché les trouva, et ils furent enlacés dans les filets de leur iniquité. Ils avaient fait la guerre à Dieu, et ils éprouvèrent qu'en une telle guerre il n'y a point de délivrance (Ecclés. VIII, 8). Ils avaient été rebelles à Dieu, ils avaient contristé l'Esprit de sa sainteté qui plaidait avec eux par le moyen de Noé ; c'est pourquoi Il devint leur ennemi, et Il combattit Lui-même contre eux ( Esaïe LXIII, 10). Ils avaient rejeté les eaux de Siloé, qui coulent doucement; pour cette cause le Seigneur fit venir sur eux les eaux grosses et fortes (Esaïe VIII, 6, 7). Ils s'étaient fortifiés les uns les autres dans leur impiété, ils s'étaient glorifiés de leur nombre, de leur renom et de leur puissance, mais le déluge vint les humilier et leur répondre de la part de Dieu

« L'homme ne sera point le plus fort par sa force, ceux qui contestent contre l'Éternel seront froissés, Il tonnera des cieux sur chacun d'eux » (1 Sam. II, 9, 10). - « Parce que j'ai crié et que vous avez refusé d'ouïr ; parce que j'ai étendu ma main et qu'il n'y a eu personne qui y prît garde, et parce que vous avez rejeté tout mon conseil et que vous n'avez point agréé que je vous reprisse ; aussi je me rirai de votre calamité, je me moquerai quand votre effroi surviendra comme une ruine et que votre calamité viendra comme un tourbillon ; quand la détresse et l'angoisse viendront sur vous. - Ils n'ont point aimé mon conseil, ils ont dédaigné toutes mes répréhensions. Qu'ils mangent donc le fruit de leurs voies et qu'ils se rassasient de leurs conseils. Mais celui qui m'écoutera habitera en sûreté, et sera à son aise sans être effrayé d'aucun mal » (Prov. I, 24, 25, 26, 27, 30, 31, 33).

Encore une fois, recevez instruction vous tous qui oubliez Dieu, de peur qu'il ne vous ravisse et qu'il n'y ait personne qui vous délivre. Si vous méprisez le grand salut qui vous est offert, comment échapperez-vous (Hébr. II, 3), et que ferez-vous au jour de la visitation et de la ruine éclatante qui viendra de loin ?
Vers qui recourrez-vous pour avoir du secours, et où laisserez-vous votre gloire ?

« L'arche de Noé, s'élevant doucement au-dessus des eaux qui détruisaient les impies, est le symbole de la puissance du jour de Christ à sa venue prochaine, jour d'angoisse et de malédiction pour les pécheurs impénitents, jour de délivrance finale et de joie ineffable pour les croyants. Rien n'était moins sûr en apparence que de confier sa vie à cette construction lourde et massive où Noé dut se réfugier, mais c'était là que Dieu avait mis le salut. De même la doctrine de la foi paraît une folie aux incrédules, à ceux dont le Dieu de ce siècle a aveuglé les yeux ; mais c'est la puissance de Dieu en salut à tout croyant. Croyons donc comme Noé ; avec lui, réfugions-nous vers Christ, l'arche de notre délivrance, et, comme lui, nous serons sauvés. »(10)

Au jour où la trompette dernière réveillera les méchants pour l'opprobre et l'infamie éternelles, la voix de l'archange criera aux justes : « Réveillez-vous et vous réjouissez avec chant de triomphe, habitants de la poussière ; la rosée de l'Éternel est comme la rosée des herbes, et la terre jettera dehors ses trépassés » (Esaïe XXVI, 19). « Alors nous serons enlevés tous ensemble dans les nuées au-devant du Seigneur en l'air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. C'est pourquoi consolez-vous les uns les autres par ces paroles » (1 Thess. IV, 16-18).

Déjà en ce monde, toutes les misères, toutes les calamités qui remplissent de terreur et d'angoisse l'âme des méchants qui les enfoncent de plus en plus dans leur impiété, qui les engloutissent sans consolation et sans remède, ces mêmes afflictions deviennent un moyen de salut pour les amis de Dieu. Elles les poussent à se réfugier dans l'arche, elles les engagent à y demeurer, elles leur font sentir le prix de ce refuge, elles les élèvent au-dessus de la terre pour les porter vers le ciel. Elles détruisent en eux le péché, elles les désabusent du monde, elles tournent leurs affections vers les choses qui sont en haut, et à mesure qu'elles abondent, elles font abonder la consolation dans l'âme des fidèles (2 Cor. 1, 5). - Élus de Dieu, race heureuse ! Toutes choses concourent ensemble à votre bien (Rom. VIII, 27) ! Ce qui est odeur de mort à la mort pour ceux qui périssent, est odeur de vie à la vie pour vous qui vous sauvez (2 Cor. II, 15, 16). « Retenez la profession de votre espérance sans varier, car Celui qui a fait les promesses est fidèle » (Hébr. X, 23). Persévérez jusqu'à la fin à suivre le Seigneur et à marcher avec Dieu, car votre oeuvre aura sa récompense,

Il est dit aux versets dix-neuvième et suivants que « les eaux se renforcèrent extraordinairement sur la terre, qu'elles s'élevèrent de quinze coudées par dessus les plus hautes montagnes, que toute chair qui se mouvait sur la terre expira, que toutes les choses qui étaient sur le sec moururent, que tout ce qui était sur la terre fut exterminé depuis les hommes jusqu'aux bêtes, jusqu'aux reptiles et jusqu'aux oiseaux des cieux. Ils furent exterminés de dessus la terre, mais seulement Noé et ce qui était avec lui dans l'arche demeura de reste. »
Ces expressions répétées, par lesquelles l'Esprit saint semble peser singulièrement sur cette pensée, que tout périt, excepté ce qui était dans l'arche, ces expressions sont, sans doute, destinées à nous faire considérer soigneusement ce contraste entre un monde entier qui périt, et huit personnes qui se sauvent dans l'arche.

Lorsque le déluge commença, les hommes enfoncés dans leur incrédulité crurent, sans doute, que ce n'était que quelque orage passager qui se dissiperait, et ils se préparaient à retourner à leurs occupations, à leurs fêtes, à leurs plaisirs, à la poursuite des objets terrestres qui captivaient leurs coeurs. Parce qu'ils n'avaient jamais vu de déluge, ils ne pouvaient se persuader qu'il y en eût un ; comme de nos jours il y a des gens qui ne croient pas à la fin du monde, parce que toutes choses sont conservées depuis long-temps dans le même ordre, et que rien ne semble annoncer la fin ; mais cette dernière incrédulité sera condamnée par les faits, comme le fut la première. On se berçait encore d'illusions trompeuses et funestes pendant que le déluge avait déjà commencé. On s'était dit si souvent que le déluge était impossible, qu'il était déjà là sans qu'on voulût y croire.
Cependant l'incrédulité fut forcée dans ses derniers retranchements lorsqu'on vit les eaux se renforcer, s'accroître extrêmement, soulever l'arche, et menacer jusqu'aux plus hautes cimes. Alors il fallut se dire avec désespoir : C'est le déluge, c'est la fin de toute chose, c'en est fait de nous, il n'y a plus d'espérance.

Peut-être qu'alors plusieurs cherchèrent à aborder l'arche au moyen des embarcations dans lesquelles ils s'étaient réfugiés. Peut-être qu'ils en sollicitèrent l'entrée avec des cris d'angoisse et de désespoir ; mais il était trop tard, Dieu avait fermé la porte, tout devait être exterminé : « Seulement Noé et tout ce qui était avec lui dans l'arche demeura de reste. »

Peut-être que plusieurs de ceux qui périrent avaient demeuré près de Noé, avaient soutenu des relations avec lui ; peut-être qu'un certain nombre d'entre eux avaient été employés à construire l'arche ; d'autres peut-être avaient aidé à l'approvisionner, d'autres l'avaient visitée, examinée avec curiosité ; ils en connaissaient les dimensions, la distribution, la forme ; ils pouvaient en raisonner habilement ; mais, tout cela ne leur servit de rien. Il fallait être dans l'arche ou périr : Seulement Noé et tout ce qui était avec lui dans l'arche demeura de reste.
Il n'est pas improbable que quelques hommes de cette mauvaise génération ne fussent moins corrompus que les autres, et qu'ils ne s'imaginassent qu'en tout cas, s'il venait un déluge, leur probité humaine les sauverait, et qu'ils trouveraient place dans l'arche. Quelques-uns d'entre eux avaient peut-être éprouvé quelques impressions à l'ouïe des prédications de Noé. Ils avaient peut-être formé quelque vague résolution de repentance, ils avaient peut-être conçu un certain respect pour le caractère vénérable de celui qui les avertissait de la part de Dieu. Mais tout cela ne leur servit de rien. Ils périrent avec les autres, et seulement Noé et ce qui était avec lui dans l'arche demeura de reste. - De même au dernier jour, « quiconque ne sera pas trouvé écrit dans le livre de vie sera jeté dans l'étang de feu; c'est la seconde mort » (Apoc. XX, 14, 15).

Pendant que Dieu attendait, et avant que le déluge fût là, on plaisantait, on raisonnait contre les déclarations expresses de l'Éternel Dieu. La science jointe à l'impiété les méprisaient. On s'entourait d'illusions, on se berçait d'espérances trompeuses, on s'endormait, on s'endurcissait, on disait : Paix et sûreté, et c'était à qui défierait le plus hardiment les menaces d'un Dieu auquel on ne croyait pas, ou qu'on croyait pouvoir braver.

Mais tout cela ne garantit personne au jour de l'indignation. Toutes les illusions, tous les faux raisonnements, toutes les impiétés allèrent s'engloutir dans les eaux du déluge, avec ceux qu'elles avaient trompé. Seulement Noé et tout ce qui était avec lui dans l'arche demeura de reste.

Qui ne s'écrierait : « Tu es terrible, toi ; qui est-ce qui pourra subsister devant toi dès que ta colère paraît » (Ps. LXXVI, 7) : « C'est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant » (Hébr. X, 31). « Seigneur, qui est-ce qui connaît selon ta crainte la force de ton indignation et de ta grande colère » (Ps. XC, 11) ? - Ne l'oublions pas, Dieu aura toujours raison, Il sera toujours trouvé véritable, et l'homme menteur. Ce qu'Il a dit aura infailliblement son effet. Il avait dit : « J'exterminerai de dessus la terre les hommes que j'ai créés ; la fin de toute chair est venue devant moi » (Gen. VI, 7, 13). Quand le temps déterminé dans ses décrets éternels fut venu, toute chair expira et tout ce qui subsistait sur la terre fut exterminé (Gen. VII, 21 - 23). selon que l'Éternel l'avait dit, et qu'Il en avait parlé.

Heureux donc celui qui, étant averti des choses qu'on ne voit point encore, craint comme Noé qui bâtit l'arche pour sauver lui et sa famille !

Avant de terminer la méditation de ce sujet éminemment instructif, entrons un moment dans l'arche avec Noé et cherchons à nous pénétrer du sentiment dont il devait être animé dans cette position solennelle. « Que faisais-tu, Noé, quelles étaient, les émotions de ton coeur dans la retraite où Dieu t'avait mis en sûreté ? C'est ce qui ne nous a pas été révélé, mais ce que nous savons de toi nous autorise à penser que, triste et joyeux tout ensemble, tu occupais ta pensée à méditer sur la sévérité et sur la bonté de l'Éternel ; sur sa sévérité envers les pécheurs impénitents et sur sa bonté envers toi. » (11)

Qu'on se représente en effet ce que dut éprouver Noé pendant les sept jours où, enfermé avec sa famille dans l'arche, il attendait le commencement du déluge. Que de prières, que d'angoisses, que de larmes sur le sort d'un monde qui allait périr et qui laissait perdre les derniers moments de la patience de Dieu ! Quelle reconnaissance et quelles actions de grâce envers Celui qui l'avait sauvé par grâce avec toute sa famille, qui lui avait donné de croire à ses menaces et, à ses promesses, qui avait soutenu sa foi au milieu de tous les découragements, qui lui avait donné la force d'achever son oeuvre et qui maintenant le gardait dans cette arche où il était avec les siens à l'abri de la colère à venir ! - Quelle nuit que celle qui précéda le dix-septième jour du second mois, par lequel se terminait la dernière semaine d'attente. Demain le châtiment, bientôt l'entière destruction ! 0 mon Dieu ! s'il était possible, retarde l'exécution de tes sévères châtiments ! Mais non, il est trop fard ; tu l'as déclaré, ta justice va avoir son cours.
0 mon Dieu, que te dirai-je ! Je m'humilie, j'adore, je tremble, et pourtant je te bénis, heureux d'être sauvé avec les miens !

Le lendemain les décrets de Dieu commencèrent à s'exécuter sur un monde que rien n'avait pu amener à la repentance. Représentons-nous quelle force durent prendre les saintes émotions de Noé et de sa famille, lorsqu'ils commencèrent à entendre tomber sur l'arche les torrents du déluge, lorsque l'arche soulevée, lorsque les cris de désespoir des hommes qui périssaient leur annoncèrent que le moment fatal était venu, que la sentence s'exécutait sur les coupables, et que des millions d'âmes passaient dans l'éternité !

Nous ne chercherons pas à dépeindre les sentiments que devaient exciter en eux une pareille situation ; ils étaient, sans doute, au-dessus de tout ce qu'on en pourrait dire. Nous vous demanderons seulement si vous pensez que dans l'arche, et au milieu de tous les objets solennels dont ou était entouré, ceux qui sentaient leur position auraient pu se laisser aller à la légèreté, à la plaisanterie, et s'ils n'auraient pas senti que c'étaient là des choses malséantes, au fond desquelles il y aurait eu même une sorte de cruauté envers ceux qui périssaient tout autour. Je vous demande plutôt, si l'on ne devait pas entendre retentir dans l'arche de continuelles actions de grâce : « 0 mon Dieu, nous sommes trop petits au prix de toutes les gratuités et de toute la bonté dont tu as usé envers nous ! Tu es notre asile, tu nous gardes de détresse. » Mon âme bénis l'Éternel et n'oublie pas un de ses bienfaits. C'est lui qui garantit ta vie de la fosse et qui te couronne de gratuités et de compassions. « Je bénirai l'Éternel durant ma vie ; » je psalmodierai à mon Dieu pendant que j'existerai. « Célébrez l'Éternel, car Il est bon, parce que sa bonté demeure à toujours. »

Je vous demande encore si vous pensez qu'au milieu d'une si merveilleuse délivrance, on eut l'idée d'être mécontent de quelque gène, de quelque privation qu'on pouvait éprouver dans l'arche ; si l'on eut l'idée de murmurer de quelque contre-temps, de quelque mal passager, de se plaindre de ce que tout n'allait pas au gré des désirs de chacun, de ce que la nourriture n'était pas assez délicate, et de mille autres choses dont nous, rachetés de Christ, nous avons la lâcheté de nous plaindre, an lieu de toujours louer, de toujours bénir, de toujours être content de l'état où nous nous trouvons, de toujours être disposés à dire : « Il ne m'a pas fait selon mes péchés, Il ne m'a pas rendu selon mes iniquités. »
La famille de Noé avait la vie sauve au milieu de la destruction générale ; c'était assez pour elle; tout lui était bon ; elle pouvait dire avec la Sunamite : « Tout va bien. »

Nous qui sommes sauvés d'un malheur éternel vers lequel se précipitent des multitudes, nous petit, troupeau, auquel il a plu au Père de donner le royaume, nous qui jouissons de la paix dans l'arche spirituelle, ne devons-nous pas être, comme la famille de Noé, contents, oui contents de tout. Nous sied-il bien de nous plaindre, de murmurer, parce que nous n'avons pas tout ce que notre chair souhaiterait d'avoir, ou parce que l'Évangile nous contrarie dans nos projets ou nous expose à quelque souffrance ? Ah ! malheureux que nous sommes ! Si pour nous punir Dieu ouvrait la porte de l'arche et la laissait inonder, que deviendrions-nous, et combien ne déplorerions-nous pas nos plaintes et nos murmures, Ah ! louons, louons, bénissons, soyons contents de tout. L'âme est sauvée ; le reste est comparativement de bien petite importance.

Je vous demande si vous pensez que dans l'arche on cherchait à satisfaire ces convoitises pour lesquelles la colère de Dieu criait sur les enfants de rébellion (Coloss. III, 5, 6), et si, au contraire, on ne cherchait pas à les faire mourir, comme des choses à l'égard desquelles Dieu manifestait par le déluge sa haine et son indignation. L'arche prêchait hautement la sainteté de Dieu. Le sang de Christ, qui est notre refuge, la prêche-t-il moins ? L'arche prêchait l'amour et le dévouement pour le Dieu qui sauvait par ce moyen Noé et sa famille. La charité de Christ, qui s'est donné Lui-même pour nous et dont la mort nous garantit de la colère à venir nous presse-t-elle moins fortement de ne plus vivre pour nous-mêmes, mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour nous ?

Enfin pensez-vous que ceux qui habitaient l'arche eussent l'idée d'employer leur temps à de vaines disputes ; qu'ils cherchassent à se rendre réciproquement pénible leur séjour dans l'arche ; qu'ils eussent l'idée de se dénigrer les uns les autres, de vivre chacun à part à cause de quelques différences de vues et de caractère, et de troubler la famille par mille petites intrigues domestiques, au profit de l'orgueil et au grand détriment de la charité ? On comprend facilement que rien de tout cela n'existait au milieu d'eux, et que, trop heureux d'être sauvés ensemble, ils vivaient ensemble dans la paix et dans l'harmonie, cherchant pendant l'espèce d'emprisonnement et d'exil, où ils étaient momentanément, le soulagement qu'on trouve dans la charité. - 0 vous qui êtes réunis dans le coeur de Jésus comme dans un commun refuge, ne recevrez-vous pas instruction ? Est-ce là qu'il faut se disputer, est-ce là qu'il faut se mordre les uns les autres, au risque de se détruire les uns par les autres (Gal. V, 15) ?.... Si vous ne comprenez pas ces choses, si vous ne les sentez pas, si ce refuge commun, le coeur de Jésus, continue à être pour vous un champ de bataille, si, sous le prétexte de la vérité, vous continuez à fouler aux pieds la charité, mon âme pleurera en secret et continuera à demander au Seigneur de meilleurs jours.

Il est temps de conclure. Nous concluons par ces excellentes paroles que prononça, il y a environ deux siècles, le pieux évêque Leighton méditant ce sujet solennel avec les hommes de son temps qui ont passé avec lui, tant ceux qui profitèrent de ses pieuses exhortations que ceux qui les méprisèrent.

« Quelle impression ces pensées doivent-elles laisser sur nos âmes ? C'est que nous devons nous réfugier sans retour en Jésus-Christ qui est pour nous la seule arche de salut. C'est que, hors de lui, il n'y a que destruction, car le déluge de la colère divine se répandra sur ce monde souillé par le péché. Oh ! c'est notre vie, notre sûreté, que d'être trouvés en Lui. La porte de cette arche vous est encore ouverte ; hâtez-vous d'y venir et comptez sur cette miséricordieuse promesse : « Je ne mettrai dehors aucun de ceux qui viendront à moi. »

Oh ! si les mondains pouvaient croire un tel danger et un tel salut, comme on les verrait se précipiter en foule aux pieds de Jésus-Christ ! Hélas ! ils croiront l'un et l'autre quand il sera trop tard, semblables aux hommes du déluge qui furent dévorés du regret de n'être pas dans l'arche, lorsqu'ils se virent engloutis par les flots.

Vous qui avez cherché votre refuge en Jésus, ne lui faites pas l'injure de douter de votre sûreté. Que, si les flots de vos péchés passés s'élèvent autour de vous, l'arche s'élève plus haut encore. Et si même vous retrouvez en vous des restes de péché comme, hélas ! il y en avait, sans doute, dans l'arche, cela ne fera point qu'elle s'enfonce dans les eaux. Elle vous portera malgré les vents et les tempêtes jusqu'aux rives éternelles où tout sera sainteté et entière délivrance.

Et si enfin vous croyez à votre salut, admirez la grâce et l'amour de Celui qui vous l'a assuré ; c'est à Lui que toute gloire doit être rendue. Noé était un homme juste ; mais d'où lui venaient et sa justice et sa délivrance, tandis que le monde périssait autour de lui ? Uniquement de ce qu'il avait trouvé grâce devant Dieu. - Sans aucun doute, c'était là le sentiment qui remplissait son coeur, quand, en paix dans son asile, il entendait autour de lui les cris d'agonie de ceux qui périssaient.

Et vous, afin d'embraser votre coeur de reconnaissance, adressez-vous fréquemment cette question, source à la fois d'humiliation et de joie.

Puisque si peu sont sauvés du milieu de la multitude qui périt, d'où vient, ô mon Dieu ! que je suis de ce petit nombre ? Pourquoi ai-je été choisi, moi, misérable pécheur, au milieu de tant d'autres qui ont été laissés ? Ta grâce, ta pure et libre grâce, ô mon Dieu, voilà mon unique réponse. Oh ! pourquoi mon coeur ne déborde-t-il pas de reconnaissance et d'amour ?

Un jour, un jour viendra au-delà des limites du temps ou tout en moi sera admiration, louange, amour infini »


Table des matières

Page suivante:

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8 Vie chrétienne, tome II, page
.
9 Études élémentaires, tome I, page 98.
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10 Études élémentaires, tome 1er, page 98.
.
11 Études élémentaires, tome 1er, page 96.

 

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