Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



UNE VOCATION
(THWARTED)


SECONDE PARTIE
CHAPITRE XI

LA RÉCOMPENSE D'UNE SOEUR.

Cette difficulté vaincue, tout marcha facilement. Le jour où les objets devaient être envoyés, il mit la dernière main à son oeuvre, et voulut la montrer à sa mère, avant de l'emballer.
Celle- ci avait, depuis le début, témoigné la même indifférence, et Bessie et son frère se décidèrent à placer la boîte sur une table, comme à Big-House, avant de demander l'opinion de Mme Tarver.

Le matin du jour où ce petit arrangement avait été fait, Bessie aidait sa mère à la buanderie, lorsque Mme Herbert fit dire à Mme Tarver, de venir lui parler sans retard. Cette demande causa à la veuve une surprise mêlée d'indignation. Ne pouvait- on pas attendre le soir, au lieu de la déranger au milieu du jour ? disait- elle avec colère tout en retirant ses bras d'un grand bassin d'eau de savon.
Une demi- heure plus tard, elle revint haletante, le visage radieux, les yeux étincelants.
- Bonnes nouvelles, cria- t- elle à ses enfants qui l'attendaient à la porte, merveilleuses nouvelles auxquelles je puis à peine croire ! La petite demoiselle Herbert est si enchantée de vous, Bessie, depuis sa visite à l'école qu'elle veut vous avoir comme gouvernante et Mme Herbert m'a fait demander pour savoir si, moyennant une rétribution convenable, vous consentiriez à abandonner votre place. Laissez- moi m'asseoir, car je suis tout émue et toute surprise.

Le coeur de Bessie battait si rapidement que la voix lui manqua ; elle approcha en silence une chaise à sa mère, attention que Willam ne remarqua pas.
- Continuez, maman, dit- il, ne vous arrêtez pas, dites- nous tout depuis le commencement, sans omettre un mot.
- Mme Tarver dit que depuis sa visite à l'école, la petite fille n'avait pas cessé de demander à aller s'instruire avec les autres enfants, ou tout au moins, à avoir chez elle, Bessie pour maîtresse.

Mme Herbert avait d'abord considéré cette requête comme une fantaisie passagère, mais voyant les instances réitérées de sa fille, elle l'avait prise en sérieuse considération. Elle redoutait seulement quelques difficultés, ne sachant pas que Bessie eût quitté l'école et ne supposant pas qu'elle voulût abandonner sa place.
Fatiguée de la persistance d'une enfant qu'elle ne contrariait jamais, elle se décida à faire venir la veuve pour lui soumettre ses propositions, et la joie avait été grande en voyant combien un arrangement était facile. Bessie devait aller à Big-House de neuf heures à deux heures et recevoir 8 schellings par semaine.
- Vous irez cette après- midi voir Mme Herbert et prendre ses ordres, continua Mme Tarver. Quel bonheur inattendu !

À l'heure indiquée, Bessie se présenta chez la pauvre malade.
Jouer avec l'enfant, l'amuser et la rendre heureuse tandis que sa mère était encore au lit, l'instruire un peu, sans la fatiguer par des leçons sérieuses, voilà ce qui lui fut demandé d'une voix languissante et ce qu'elle promit volontiers.
La pauvre mère regardait avec joie et surprise la figure radieuse de sa petite fille pendant cet entretien.
- Vous aimez beaucoup l'enseignement, n'est- ce pas ? dit- elle à Bessie avec une curiosité mêlée d'envie.
- Oh oui, Madame, j'ai tant regretté de quitter l'école que je suis bien heureuse d'enseigner de nouveau, je suis seulement fâchée

Elle hésita en remarquant l'expression de Mme Herbert.
- De quoi, s'écria la malade, avec anxiété.
- J'espérais que vous ne feriez aucune objection et je croyais que tout était arrangé.
- Comment ferais- je des objections, Madame, je suis seulement fâchée de vous priver d'un plaisir.
- Ce n'est que cela ? dit Mme Herbert en s'appuyant sur ses coussins avec un soulagement évident, ce n'est pas un plaisir pour moi, mes nerfs sont trop malades.
- Vos nerfs ? demanda Bessie surprise. Mais Mme Herbert lui fit signe de se taire, car l'enfant venait d'entrer dans la chambre.
- Vous serez ma gouvernante, n'est- ce pas ? dit- elle en s'élançant vers la jeune fille, vous m'apprendrez de petits jeux et de jolis chants en battant des mains.
- J'espère que vous ne ferez pas trop de bruit, reprit la mère avec agitation.

Bessie la rassura et prit congé d'elle, accompagnée par l'enfant qui la suivit jusqu'à la porte.
- Pourrez- vous me faire aimer mes leçons ? maman n'y parvient pas, elle est toujours triste et, parce qu'elle a tout de suite mal à la tête elle ne supporte jamais le moindre bruit. J'aimerais cependant quelquefois à en faire un peu. Avez- vous mal à la tête aussi ? dit- elle en regardant Bessie avec anxiété.
- Non, jamais, répondit- elle en souriant ; j'espère que vous aimerez vos leçons et que nous serons heureuses ensemble, vous et moi. L'enfant rit joyeusement, et lui envoya des baisers de la main, dès qu'elle se fut éloignée. Venez bientôt, de bonne heure, et restez tard, lui criait- elle.

Bessie regagna gaîment sa demeure.
Le soir, la boîte fut posée sur une table dans la chambre de Willam et éclairée de chaque côté par une bougie. Après l'avoir admirée, Bessie alla chercher sa mère en lui disant que Willam désirait lui montrer quelque chose, dans sa chambre.
La veuve entra. Ses enfants la regardaient attentivement, lorsqu'à leur grande surprise, elle tressaillit à la vue de la boîte, comme si elle avait aperçu un spectre et parut très agitée.
- Willam, dit- elle sévèrement, quel tour me jouez- vous là ? Comment vous l'êtes- vous procurée ?
- Que voulez- vous dire, maman ? répondit- il.
- Vous me comprenez parfaitement, vous avez pris cette boîte à Big-House.

Les enfants semblaient enchantés tandis que la mère les regardait l'un après l'autre, avec un profond étonnement.
- Willam l'a sculptée, maman, dit Bessie.
- C'est mon travail pour l'exposition de Bournhy, ajouta le jeune homme.
- C'est impossible, reprit- elle vivement, ne me dites pas cela. Croyez- vous donc qu'on puisse me tromper ainsi ? Cette boite était sur la table de la petite bibliothèque.

La veuve était dans un état d'agitation difficile à décrire et à maîtriser, aussi Willam s'empressa- t- il de lui donner l'explication désirée, explication qui augmenta encore son agitation, puis elle quitta précipitamment la chambre.
- Bessie, dit alors Willam, quel est ce mystère ? Quel rapport y a- t- il entre cette boite et la vie passée de maman, qu'elle ne puisse même pas supporter la vue de mon travail
- Peut- être, répondit sa soeur, que tout ce qu'elle a vu à Big-House lui rappelle douloureusement la mort de notre père et l'affecte péniblement.

Willam trouva plausible cette explication, dont il était au fond peu satisfait.
- En tout cas, dit- il, je me console par la pensée que maman l'a prise pour l'original. Elle lui ressemble donc plus que je ne l'espérais.

Le lendemain matin, Willam porta sa précieuse boîte au chemin de fer.

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CHAPITRE XII

LA BOITE A BONBONS.

 

Dès le lendemain matin, Bessie entra en fonction à Big-House, tandis que Willam cherchait à aider sa mère au jardin, en attendant des nouvelles de Bournhy.
L'attente le remplissait tour à tour de crainte et d'espérance, et à partir du 7 avril, l'arrivée de chaque courrier faisait rapidement battre son coeur.
- Nous aurons peut-être des nouvelles aujourd'hui, disait-il trois jours plus tard, à Bessie qu'il accompagnait à Big-house. Je suis plein d'espoir ce matin, et c'est peut-être ce beau temps qui me rend si confiant, ajouta-t-il en contemplant les prairies émaillées de fleurs, et ornées de touffes de primevères et de jacinthes bleues éclairées par un brillant soleil.

Bessie s'arrêta, jouissant aussi de cette splendide matinée de printemps et écoutant avec ravissement le concert de milliers d'oiseaux mêlé au chant plaintif du coucou.
- Adieu, cher frère, dit Bessie quand ils eurent atteint Big-House, venez me chercher après dîner, je serai impatiente de savoir si vous avez des nouvelles.

Elle le suivit du regard, admirant avec l'orgueil d'une soeur, sa taille élancée et sa physionomie ouverte.
- Il fera son chemin dans le monde, j'en suis sure, murmura-t-elle tendrement.

Le cri du coucou, caché dans les arbres, sembla dire amen à ses paroles ; elle sourit et entra.
- Mme Herbert vous prie d'aller lui parler dans une heure, dans sa chambre, dit la domestique, en ouvrant la porte et à la grande surprise de Bessie qui voyait rarement la pauvre malade.

La petite fille ignorait le motif de cet entretien ; elle dit seulement, en passant, que sa mère avait eu le matin une lettre de sa tante Mary de Bournhy.
Bessie, intriguée par cet entretien, surveillait la pendule d'un oeil anxieux en soupirant après le moment, qui arriva enfin, de se rendre auprès de Mme Herbert.
L'heure sonnée, elle gravit l'escalier et frappa à la porte de la chambre.
- Entrez, dit une voix faible.

Mme Herbert couchée sur un canapé, tenait à la main une lettre ouverte. Asseyez-vous, dit-elle, j'ai reçu ce matin une lettre de ma belle-soeur de Bournhy qui me surprend beaucoup, et j'espère que vous m'aiderez à sortir d'embarras.
Bessie s'assit.
- Il paraît que le prix de sculpture de l'exposition de Bournhy a été gagné par votre frère.

Bessie joignit les mains avec transport et rougit jusqu'à la racine des cheveux.
Mme Herbert paraissait mal à l'aise.
- C'est une nouvelle et une bonne nouvelle pour vous, je le conçois, mais ne vous agitez pas, ma pauvre enfant. Ma belle-soeur ajoute qu'il a beaucoup d'avenir et un entrepreneur de décorations d'églises, à Londres, trouve qu'il a des dispositions étonnantes. Vous êtes heureuse d'apprendre cela... oui... mais... ce n'est pas tout. Votre frère a reproduit, de mémoire, une boîte antique après l'avoir vue une fois. Questionné à ce sujet, il dit avoir vu l'original à Big-House, ici, dans ma maison ! voilà ce que je ne puis comprendre et ce qui me rend si nerveuse.
- Je puis vous expliquer ce mystère, madame ; mon frère a vu la boite dans votre bibliothèque où on l'avait fait entrer pour attendre une commission.

La pauvre malade parut plus satisfaite.
- Ce n'est pas tout encore, reprit-elle. Le comité a prié ma belle-soeur de me demander d'où venait cette magnifique boîte ; il attend une réponse immédiate, ce qui m'agite encore, car je ne puis souffrir les comités. Je ne sais de quelle boîte il est question, ajouta-t-elle avec angoisse.

L'enfant venait de se glisser alors silencieusement dans la chambre et s'était assise aux pieds de sa mère.
- Mlle Herbert pourra peut-être vous aider, suggéra Bessie, qui, avec l'assentiment de la mère, expliqua le tout à l'enfant.
- C'est ma boîte à bonbons, répliqua la petite fille.
- Votre boîte à bonbons ? répéta la pauvre mère, mais je ne me souviens de rien aujourd'hui. Cette lettre arrivée de si grand matin, cette prompte réponse, ce comité ; tout cela me met hors de moi. Soyez une petite fille sage et obéissante, ma chérie, et allez chercher la boîte.

L'enfant courut jusqu'à la bibliothèque et Bessie frappée de l'exactitude et de la beauté de la reproduction de Willam, croyait voir le travail même qu'elle avait vu faire sous ses yeux.
Son coeur battait d'une joie profonde qu'elle s'efforçait de contenir à cause de Mme Herbert qui ajouta d'une voix haletante :
- Je crains de ne pouvoir rien dire à cet égard, et il est très désagréable pour moi d'intervenir au sujet de cette boîte. Mais au moment où elle l'aperçut, elle s'écria : cette boîte, mais c'est votre mère qui me l'a vendue !
- Ma mère ? reprit Bessie.
- Oui, dit-elle, mais ne vous agitez pas, je la lui ai achetée, par charité, quand elle s'est établie comme blanchisseuse.

Appuyée sur ses coussins, Mme Herbert paraissait très soulagée, puisque toute responsabilité pesait sur une autre tête ; ne s'inquiétant plus de rien, elle tressaillit sous le regard ému et troublé de la jeune fille.
- Le mieux est que vous alliez tout de suite chez vous, chercher ces renseignements auprès de votre mère ; prenez ma lettre et rapportez-la-moi avec la réponse pour que j'écrive cette après-midi à ma belle-soeur ; maintenant, je vais essayer de dormir avant le lunch.

Bessie prit congé d'elle, trop heureuse de retrouver sa liberté et de revoir Willam. Prenant donc, à travers les jardins, le chemin le plus court, elle marcha rapidement jusqu'à la porte du cottage.
Willam cria-t-elle joyeusement. Personne ne répondit, la maison semblait abandonnée.
Willam ! répéta-t-elle en allant de la cuisine dans la chambre de son frère, également déserte. Elle s'arrêta, stupéfaite de voir les traces d'un départ précipité, le vestiaire vide et les habits de travail sur les lits.
- Qu'était-il arrivé ? Étaient-ils partis tous les deux ?

Charlie n'était-il pas revenu de l'école ? Que ce départ soudain, sans un mot d'adieu pour elle, était étrange ! Elle ne pouvait le comprendre et se perdait en vaines conjectures, mêlées de désappointement, puisqu'elle avait tant de choses à dire.
Elle venait de s'asseoir tristement, quand elle entendit un bruit de pas, et courant à la porte, elle trouva Charlie, un télégramme à la main.
- Bravo, s'écria-t-il, vous êtes là ? Je ne sais comment je vous ai manquée. Nous avons eu de bonnes nouvelles, Willam a le prix, il est parti pour Bournhy. Je suis allé directement à Big-House, mais vous veniez de partir. Lisez ceci.

Bessie prit le télégramme et l'ouvrit, il était adressé à Willam, par son oncle, et contenait ce qui suit :
« Vous avez gagné le prix. Venez à Bournhy par le premier train. « Apportez tout ce que vous avez sculpté. Toutes vos dépenses seront payées. »

Willam avait eu à peine le temps de prendre l'indispensable et de partir avec la voiture d'un voisin, pour arriver à l'heure indiquée. Il regrettait beaucoup de n'avoir pas vu Bessie à qui il envoyait les adieux les plus affectueux. Sa mère l'avait accompagné pour le voir partir et ramener la voiture.
Bessie se décida à attendre tranquillement le retour de sa mère, puisqu'il était inutile de retourner sans réponse auprès de Mme Herbert. Elle expliqua à Charlie que, dans son désir d'arriver plus vite, elle avait traversé le jardin, au lieu de suivre la route.
La veuve arriva enfin, rouge, agitée, triomphante en dépit d'elle-même !
Bessie lui dit tout ce qu'elle savait et la veuve fut très flattée de l'avis de l'entrepreneur de décorations.
Mais elle changea de visage en écoutant le message de Mme Herbert. Elle s'impatienta, dit que Bessie n'avait pas besoin d'aller à Big-House, et ajouta enfin qu'elle irait donner, elle-même, la réponse demandée.
Vous ne voulez donc pas me le dire, maman ? dit tristement la jeune fille.
- Je la dirai un jour, mais pas avant le retour de Willam, répondit la mère.

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CHAPITRE XIII

LE MYSTÈRE DÉCOUVERT.

Le journal de bournhy, adressé par l'oncle Édouard, arriva au cottage deux jours après. Le récit de l'exposition était encadré tout entier, mais un certain paragraphe était souligné avec soin.
Un racontait comment le prix de sculpture avait été gagné par le fils d'une pauvre blanchisseuse, qui n'avait jamais eu ni direction ni même d'outils convenables pour un semblable travail, et Bessie eut le plaisir de lire cela, à haute voix, à sa mère et à Charlie.

Le visage de la veuve valait vraiment la peine d'être étudié pendant ce temps. Une indifférence calculée se mêlait à son orgueil maternel, et quoiqu'elle eut l'air d'être plus occupée de son repassage que de la lecture, elle n'en perdait pas un mot ; Bessie remarqua même, avec joie que le fer resta plus d'une fois immobile, pendant que toute son attitude dénotait une profonde attention.

Bessie était désappointée de ne pas avoir de lettre de son frère, par le même courrier, mais avant qu'elle ait eu le temps d'exprimer son étonnement, Willam arriva, si joyeux, si triomphant, qu'il était métamorphosé. Il semblait avoir grandi, dans les deux jours ; le succès l'avait fait passer de l'enfance à l'adolescence, sa tête était droite, sa physionomie pleine de vie et d'indépendance. Ce n'était point étonnant : le but de son ambition était atteint, ses espérances et ses rêves étaient enfin réalisés !
L'entrepreneur de décorations l'avait engagé comme ouvrier et lui donnait des gages qui suffiraient à son entretien et lui permettraient d'envoyer quelque argent à sa mère.
Mais ce n'est pas tout encore. Ses sculptures avaient été déclarées remarquables et on lui avait assuré que s'il continuait à travailler comme par le passé, il se ferait un nom et une position.
Willam dépeignit sa joie à l'ouïe de ces bonnes nouvelles, puis se tournant vivement vers sa mère et la regardant en face, il lui dit affectueusement :
- Petite mère, d'où vient la boîte qui a occasionné tant de choses et qui est une copie remarquable de Gibbons, reproduite sûrement d'après la belle collection d'un Anglais opulent. Le comité s'est adressé, à ce sujet, à Mme Herbert, qui a répondu...
- Que je la lui avais vendue, s'écria précipitamment la veuve, j'ai dicté moi-même la réponse.
- Oui, reprit Willam, et le comité m'a chargé de vous poser la même question. Le souvenir de cette boîte est mêlé à votre vie passée, et à tout ce que vous nous avez caché jusqu'à ce jour ; maintenant, ma mère, il faut nous dévoiler ce double mystère, le temps d'une explication est venu : elle ne peut être plus longtemps différée.

Sa voix exprimait à la fois la tendresse et la fermeté et il ajouta, comme pour justifier son ton résolu :
- Mon grand-père m'a offert de me révéler tout ce que j'ai besoin de savoir, mais je lui ai dit que je l'apprendrais de ma mère seule.
- Il est d'ailleurs inutile de rien cacher, s'écria la veuve et je vous dirai tout : cette boite a été sculptée par votre père.
- Par notre père ? s'écrièrent-ils très émus, Willam surtout.
- Oui, dit-elle, avec orgueil et tristesse à la fois, le talent de Willam est un héritage, mes enfants, car votre père aussi était sculpteur.

À leurs questions multipliées, elle répondit que Willam Tarver, le plus jeune fils d'une famille allemande, très considérée, avait quitté la patrie de ses pères, pour venir en Angleterre, acquérir par son talent une fortune et un nom, double ambition cruellement déçue.
- Mais pourquoi a-t-il été si malheureux ? demanda Willam, avec un pareil talent on doit réussir.
- Ah ! mon enfant, vous êtes jeune, vous ignorez les épines de la vie, vous croyez que tout est possible, mais je connais mieux que vous les difficultés et les luttes. Cependant je vous dirai, en entier, son histoire et la mienne et vous jugerez vous-mêmes.

Soupirant profondément, comme si ce retour vers le passé réveillait ses angoisses, elle dit :
- Je n'avais pas tout à fait 17 ans, quand je vis votre père pour la première fois, et je me souviens de cette soirée aussi bien que de celle d'hier. Après une journée brillante, j'aspirais avec bonheur la brise du soir, à la porte du cottage de mon père, quand je vis, suivant la route, un étranger, grand et mince, comme Willam maintenant. Ce n'était point un vagabond, quoiqu'il fut fatigué et couvert de poussière, et je me demandais qui il était, tant il ressemblait peu aux personnes que j'avais toujours vues. Il s'arrêta près de moi et d'une voix épuisée et avec un accent étranger, il me dit :
- Je suis extrêmement fatigué, voudriez-vous être assez bonne pour me donner un verre d'eau ?

- Mon père sortit aussitôt, en entendant parler et il se mit à parler avec l'étranger, tandis que j'allais chercher de l'eau. À mon retour, je les trouvai à la cuisine, il but avec avidité, appuya sa tête sur sa main, et s'évanouit, car il avait reçu un coup de soleil. Le docteur qu'on fit venir, dit qu'il ne devait pas quitter la maison. Il fut pendant longtemps très malade, et ma mère et moi, nous partageâmes les soins à lui donner.

Quand il fut mieux, il nous raconta son histoire ; il nous dit qu'il avait fui son pays pour échapper à la conscription, ce qui avait profondément offensé son père, car depuis des générations, les Tarver étaient militaires, de père en fils. Ses compatriotes émigraient, par centaines, chaque année, vers l'Amérique ou l'Australie, mais il avait préféré l'Angleterre, espérant y acquérir de la renommée.
Son père lui avait cependant donné son héritage, petite fortune, disait-il, mais qui nous semblait considérable, à nous pauvres villageois.
Lorsqu'il fut assez bien pour partir, il me demanda de l'épouser. J'étais forte et active, comme la femme dont il avait besoin, disait-il, pour être son aide et sa compagne, dans la vie qu'il allait entreprendre.
Il était si reconnaissant de ce qu'on faisait pour lui, et si aimable, qu'on s'attachait facilement à lui ; j'avais appris à l'aimer et je l'aurais suivi au bout du monde.

Mon père et ma mère étaient peu disposés à cette union, mais puisque j'étais si résolue, ils n'essayèrent pas de s'y opposer, et nous nous mariâmes. Nous ne partîmes cependant pas tout de suite pour Londres, parce qu'il y avait près de Stamford de magnifiques sculptures qu'il voulait voir.
Je me rappelle le jour où nous allâmes à Stamford, et ce n'est pas étonnant, car ce fut le plus heureux jour de ma vie ; dans les sombres heures qui ont suivi, y reporter ma pensée a été un soulagement pour mon pauvre coeur.

C'était par une magnifique journée du milieu de juin. Nous mimes nos vêtements de fête et nous partîmes tous les deux pour Burghley.
Nous traversâmes doucement cette superbe allée ombragée, en riant, causant et écoutant le gazouillement des oiseaux : nous étions heureux. Nous visitâmes cette antique demeure, ouverte à tous ce jour-là, et après avoir traversé bien des vestibules et des appartements, nous arrivâmes enfin à une pièce où tous les murs étaient couverts de sculptures. Mon mari s'arrêta ravi, il semblait hors de lui ; il se parlait, à lui-même, en allemand.
Mais tout cela ne me paraissait pas aussi beau que les magnifiques tapis, les rideaux, les meubles somptueux. Je voulus les lui faire admirer, mais il ne bougea pas, il parla seulement d'un M. Gibbs ou Gibbins dont je n'ai plus jamais entendu le nom, jusqu'à ce que vous l'ayez mentionné tout à l'heure, Willam. Puis prenant un crayon, il se mit à dessiner, tandis que je lui parlais sans cesse. Mes enfants, combien j'aime à me reporter par le souvenir à cette journée-là ! et voilà pourquoi j'aime tant cette boîte. Le moindre motif, la seule vue de cette boîte m'apporte un souffle de bonheur, un rayon d'espérance, comme un petit pot de mignonnettes que j'avais à Londres, dans ma triste mansarde, me parlait de mon pays. Je vendis enfin cette boîte à Mme Herbert, pour payer les objets nécessaires à l'installation d'une blanchisseuse, et il me semblait que je ne m'en séparais pas complètement, puisque je pouvais la revoir souvent à Big-House.
Nous passâmes le reste du jour à errer dans ce parc splendide et le lendemain nous partîmes pour Londres.

Ici la veuve s'arrêta et soupira. Comment révéler aux enfants de Wilhem Tarver, ses fautes, l'indécision de son caractère, son manque de persévérance, sa paresse égoïste pendant qu'elle travaillait comme une esclave pour gagner le pain de sa famille ! Comment leur dire son insouciance, ses négligences dans l'exécution des commandes qui lui étaient faites, ses retards inexcusables qui avaient, peu à peu, éloigné de lui tous ceux qui l'employaient, et ses propres angoisses en découvrant chaque jour tant de défauts, et de défauts funestes ?

Elle atténua les torts de son mari autant que possible, accusant beaucoup sa mauvaise santé et l'état déplorable des affaires à Londres. Puis, la maladie et les dettes, augmentées par la naissance des enfants, étaient venues rendre plus lourde encore la croix de la pauvre femme ; avec son mari malade, et sa jeune famille qui réclamait ses soins, elle n'avait pu suffire à payer le loyer, la nourriture, les vêtements de tous, et la misère les avait accablés.
Peu après la naissance de Charlie, les huissiers les avaient poursuivis, et toute la famille avait été mise dans une maison de charité, où son mari était. Elle avait quitté Londres pour toujours.

Était-il étonnant, disait-elle, dominée par ce triste passé et en pleurant amèrement, était-il étonnant qu'en découvrant le talent de Willam, elle eût voulu l'éloigner du précipice où son père était tombé ?
Les enfants émus par cette sombre histoire, et remplis d'admiration pour son énergie, lui assurèrent qu'elle avait agi pour le mieux. Ils la caressèrent, l'embrassèrent et la remercièrent de tout ce qu'elle avait fait.

Quoiqu'elle eut glissé sur les fautes de son mari et laissé dans l'ombre ses efforts héroïques et sa persévérance infatigable à retarder seule par son travail quotidien la catastrophe finale, ses enfants comprirent parfaitement quelle activité inouïe elle avait déployée.
Mais le lecteur qui n'éprouve aucune reconnaissance pour la pauvre blanchisseuse comprend sa méprise grossière : elle avait attribué son malheur et la ruine de sa famille au talent de son mari et non à sa faiblesse de caractère, sans tenir compte de la différence profonde qui existait entre le père et le fils. Elle avait oublié la résolution inébranlable et la persévérance indomptable de Willam, qui, unie au talent paternel, leur assurait un succès que son père n'avait ni atteint ni même mérité.

Dès la plus tendre enfance, elle l'avait détourné autant que possible de cette voie funeste, et maintenant ses propres projets étaient renversés, et ses efforts anéantis, par l'exposition industrielle d'un village.

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CHAPITRE XIV

LA PLUS GRANDE OEUVRE D'UN GRAND SCULPTEUR.

Willam partit peu après pour Londres où son talent se développa rapidement. Il se hâta d'entrer en communication avec des Allemands, parents de son père, qui furent heureux de voir en lui le représentant de la famille et qui l'engagèrent à venir se fixer auprès d'eux, dès qu'il aurait fait des progrès suffisants pour s'établir à son compte.
C'est ce qu'il fit, au bout d'un certain temps, puis il prépara une maison pour sa mère et lui écrivit en l'engageant à venir auprès de lui..

« Vous ne travaillerez plus avec tant d'ardeur, chère mère, disait-il, vous « serez reine chez moi et vous ferez ce que vous voudrez.
« Charlie ira dans une école militaire et deviendra soldat ; quant à Bessie, « dites-lui qu'il y a ici beaucoup de petits enfants à instruire elle pourra « donc faire revivre et réaliser sa « vieille ambition. »

Cette invitation vint à point. Bessie avait appris à sa petite élève l'amour de l'étude et l'habitude du travail ; son éducation allait être confiée désormais à une personne plus capable. La veuve de son côté aspirait au repos, car les soucis de la vie avaient lourdement pesé sur elle ; elle soupirait ainsi que sa fille après Willam dont elles n'avaient jamais été séparées auparavant ; Charlie aussi était enchanté de la perspective qui s'ouvrait devant lui ; ils accédèrent donc joyeusement aux sollicitations de Willam et furent reçus avec cordialité, par lui, dans le pays de leur père.

La pauvre veuve mena là une vie paisible ; délivrée des angoisses qui l'avaient accablée, entourée de ses enfants et petits-enfants, elle partageait avec orgueil les succès de son fils.

Les rêves de Charlie se réalisèrent aussi, il rejoignit l'armée de son pays, et devint un brave et honnête soldat.

Bessie, plus heureuse qu'elle n'eût osé l'espérer, vit ses souhaits les plus chers se réaliser aussi. Comme son frère le lui avait prédit, elle fut encore entourée d'enfants qui grimpaient sur ses genoux et l'accablaient de caresses, en l'appelant « maman » ; et elle était bien réellement leur mère.

Les Tarver quittèrent donc Grinfield, mais non sans y laisser un doux souvenir des quinze années qu'ils y avaient passées ; car nous ne pouvons vivre nulle part sans imprimer une trace de notre passage , et sans y exercer une influence, bonne ou mauvaise.
Quoiqu'elle eût quitté sans retour le pays, l'active blanchisseuse ne fut pas oubliée ; son énergie et sa persévérance furent souvent proposées en exemple à la jeunesse de Grinfield, tandis que le souvenir de Bessie resta gravé dans le coeur de ses élèves, comme un modèle de douceur, de dévouement et de savoir-faire dans l'enseignement.
Et Willam Tarver, qui avait si amèrement déploré les mauvais côtés de Grinfield, quelle trace y laissa-t-il ? Quelle influence y avait-il exercée par son travail persévérant ?
En quittant ce paisible village il le laissait sale, arriéré, dépourvu de tous avantages, mais quelques années y apportèrent de bien grands changements.
Des concours d'horticulture, des écoles du soir, des salles de lectures, des bibliothèques publiques furent créés ; le village perdit son aspect négligé, la population devint plus propre, plus soigneuse, plus instruite et, par suite, plus prospère.

Un pasteur jeune et actif succéda au vieux recteur, l'église fut restaurée et le culte régulièrement suivi.
De jolies maisons furent construites, un chemin de fer fut établi et la station placée tout près de l'ancienne habitation des Tarver. Mais tout cela avait-il quelque rapport avec Willam ?
Oui, assurément. N'était-ce pas son oeuvre, indirecte il est vrai, la trace bénie qu'il avait laissée derrière lui, et qui lui avait coûté tant de force de volonté ?

Le souvenir de Grinfield s'effaçait de son esprit, tandis qu'il travaillait avec tant d'ardeur en Allemagne, mais cependant ces fruits abondants n'étaient-ils pas dus à l'influence indirecte, merveilleuse puissance dans le monde, à cette semence qu'il avait jetée sans même en avoir conscience ?
Si la première révélation de l'art véritable avait produit une impulsion profonde dans l'âme de l'artiste enfant, les paroles de celui-ci avaient laissé un ineffaçable souvenir dans le coeur de la petite fée de Big-House. Aussi ce court entretien dans la petite bibliothèque, produisit-il un double effet.
Il révéla à l'un, un monde d'harmonie et de beauté idéale qu'il n'avait jamais entrevu ; et il découvrit à l'autre un monde d'ignorance et de privations de tous genres, qui lui était inconnu et qui l'entourait cependant.
L'un s'était senti initié, par une conviction intime, à un talent qu'il pouvait acquérir et l'autre avait vaguement deviné qu'elle pouvait travailler au bien-être et à l'amélioration de ceux qui l'entouraient.
La corde sacrée de l'inspiration et du génie ignoré avait vibré chez le jeune homme, tandis que la compassion et la charité s'étaient éveillées, pour ne plus s'éteindre, dans l'âme naïve de l'enfant.

Quelques semaines suffirent pour révéler au jeune artiste les visions qui l'avaient hanté, l'idéal qu'il avait rêvé, et son nom fut bientôt entouré d'une auréole, car la gloire est plus bruyante que l'amour.
Mais il fallut à l'enfant de longues années pour réaliser ces progrès entrevus, ce bien à accomplir dans l'ombre, sans que le monde connût son dévouement et sa charité, car l'amour travaille en silence et ne demande ici-bas aucune récompense.

Les reproches plaintifs de Willam confiés à cette mémoire enfantine, à demi compris, à demi oubliés parfois, ne s'effacèrent jamais complètement du souvenir de la petite fille, et à mesure que les années s'écoulaient, elle entendait plus clairement ce reproche implicite. Elle comprenait mieux son devoir, elle était, de jour en jour, plus résolue à travailler de toutes ses forces et dès qu'elle le pourrait, aux améliorations nécessaires, et cette résolution qui avait grandi en elle et avec elle, se fortifia avec les années dans les méditations solitaires de l'enfant.
Dans ses longues promenades que nul ne venait troubler, dans la demeure silencieuse de sa mère malade, dans ses rêveries douloureuses sur la tombe de ses jeunes soeurs et de ses petits frères, la même idée remplissait toujours et partout son esprit et son coeur. Ce merveilleux changement confusément rêvé par l'enfant et accompli par la jeune fille ne fut-il pas, après tout, l'oeuvre la plus grande de Willam Tarver ?
Si l'on avait demandé à Willam quelle était son oeuvre capitale, il aurait assurément montré dans une vieille église, ou dans une cathédrale allemande, des sculptures magnifiques, admirées de tous les connaisseurs et de tous les artistes ; mais les plus humbles fruits de la charité chrétienne ne dépassent-ils pas de beaucoup, aux yeux de Dieu, les travaux d'art les plus précieux accomplis par un être humain

Les dons périssent : la main qui crée s'affaiblit et disparaît, la vue qui l'a dirigée s'évanouit sans retour, et l'incrédule meurt de même que le sage, tandis que la charité demeure à jamais et que l'amour subsiste à toujours.

« Désirez avec ardeur des dons plus utiles, » dit saint Paul à la fin du 12e chapitre aux Corinthiens.

Cultivons donc autant que possible les talents que Dieu nous a confiés, mais recherchons par-dessus tout la charité, qui est dans les cieux et sur la terre la plus excellente des vertus chrétiennes.

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CHAPITRE XV

DIX ANS APRÈS

Willam marcha de succès en succès et obtint gloire et fortune ; cependant il se rappela toujours avec joie cette conversation de la bibliothèque de Big-House, qui, sans qu'il s'en rendît compte, avait pourtant exercé une si grande influence sur son avenir.
Au milieu des fougères et des feuillages naissant sous ses doigts agiles, il revoyait toujours une petite figure délicieuse et enjouée.
L'image de cette gracieuse créature était gravée en traits indélébiles dans son esprit, elle était inséparablement unie à sa première révélation de l'art vraiment digne de ce nom, puisque c'était elle qui lui avait ouvert la voie du succès et de la gloire.
Pouvait-il donc l'oublier ?
Il la revoyait parfois à ses côtés, sa petite main tendue vers lui, avec sa chevelure luxuriante et ses grands yeux doux et brillants, tandis qu'elle lui disait d'une voix plaintive :
- Pourquoi ne voulez-vous pas me serrer la main ?

Bientôt une figure de chérubin, à l'expression délicieuse, naquit sous ses doigts, il travaillait avec soin les yeux et les traits, en essayant de perfectionner la ressemblance cherchée, puis il resta immobile, à côté de ses outils, comme s'il eût cherché à entendre le murmure de cette petite voix aimée.
Oubliant le présent, il se reportait vers un passé qu'il était si loin d'oublier, et après de nouveaux efforts, il termina, avec un visage radieux, cette jolie tête d'enfant.
Depuis ce jour, tous ses chérubins eurent la même ressemblance et les artistes s'étonnèrent de lui voir sculpter, sans modèle vivant, des traits aussi animés.
À cette remarque, il souriait en silence. L'expression seule changeait dans ces figures ; elle était tantôt mélancolique et sombre, tantôt timide et réservée, parfois elle souriait d'un air malicieux ou empreint d'énergie.
Mais il affectionnait les physionomies spirituelles ou mélancoliques ; il les recommençait sans cesse, puis fermant les yeux et songeant au passé, il entendait encore la voix argentine murmurer :
- Pourquoi ne voulez-vous pas prendre ma main ? Est-ce parce qu'elle est sale ? vous êtes bien original.

Pendant un long hiver, les habitants de Grinfield furent remarquablement occupés.
Dans tous leurs moments de loisirs, les hommes peignaient, sculptaient, faisaient de petits ouvrages de charpentiers, tandis que les femmes tricotaient ou s'occupaient activement d'autres travaux féminins.
Le but de cette activité mystérieuse fut enfin révélé, vers le milieu de l'été, au 18e anniversaire de miss Herbert, jour solennel où eut lieu la première exposition industrielle de Grinfield.
Les objets exposés par tous les cottages environnants furent très nombreux et vraiment fort jolis et ingénieux.
Mais le plus bel objet, celui dont tous les villageois étaient fiers, à juste titre, était une magnifique chaire sculptée et envoyée d'Allemagne pour l'église du village, par Willam Tarver ; aussi chacun répétait-il en choeur, aux visiteurs étrangers, qu'elle avait été faite par un sculpteur célèbre, enfant de Grinfield.

Au bas de la chaire, on voyait une profusion de fleurs et de feuillages magnifiques qui avaient presque la légèreté de la nature et au milieu desquels on apercevait un chérubin, orné d'une forêt de cheveux.
Outre la beauté de cette oeuvre d'art, quelque chose d'indéfinissable attirait l'attention des villageois, qui la regardèrent à diverses reprises : ils ne la connaissaient pas, croyaient-ils, et cependant, chose étrange, cette figure leur semblait familière !
Quelques-uns, croyant d'abord découvrir une ressemblance, l'examinèrent avec attention, puis s'imaginant être le jouet d'une illusion chimérique, ils passèrent en secouant la tête.

. . . . . . . . . . . . . . . .

Pour eux tous, miss Herbert est une grande et belle jeune fille, aux yeux profonds, au front pensif, dont la présence apporte le repos et la consolation, dont la voix sympathique est connue et aimée dans toutes les demeures.

Pour un seul, elle est toujours la petite fée, la reine de la beauté et des arts, aux yeux magnifiques et doux, à la chevelure luxuriante et sauvage, créature délicate et délicieuse qui lui tend malicieusement sa mignonne petite main.

FIN.

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