Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LA MAIN DE DIEU


La Main de Dieu a paru à Aix-en-Provence au début de l'été 1943, mais le rationnement du papier n'a pas permis aux éditeurs de nous fournir les exemplaires commandés à votre intention. L'auteur nous a donné alors toute liberté pour la réimpression de ces prédications, et nous sommes heureux de pouvoir, au nom de l'Eglise, vous faire parvenir cette bouffée d'air de France et vous permettre d'entrer en communion plus, étroite par la pensée et la prière, avec les membres de vos familles qui, au pays, trouvent dans la lecture de ces prédications fortes et viriles, un réconfort et un encouragement dans les difficultés de l'heure.

Nous profitons de l'occasion pour vous renouveler l'assurance de notre fraternelle affection et l'offre de vous envoyer toutes les Bibles, Nouveaux Testaments et livres religieux dont vous pourriez avoir besoin pendant ce temps de solitude physique et morale. C'est là notre seule raison d'être : au nom des Églises, apporter à chacun, dans la mesure du possible, aide et réconfort.

La Commission oecuménique pour l'Aide spirituelle aux Prisonniers de Guerre.

Genève, 41, avenue de Champel.
Olivier Béguin, secrétaire.

PRÉFACE

Voici, en pleine tourmente, un livre de Sermons. Des auditeurs, et parmi eux, des jeunes, ont désiré cette publication. C'est bon signe. On comble leur souhait.

Des auditeurs ? En quelque sorte, des collaborateurs. Le « sermon », d'après l'étymologie, est un ensemble de paroles « qui s'enchaînent », d'où le sens ancien de « conversation », disent les philologues. Et n'est-ce pas, en effet, une manière d'entretien entre le prédicateur et les fidèles, entretien où un seul parle à haute voix, tandis que les autres répondent, par la parole intérieure, dans le silence de leur coeur ? Il reste, toutefois, que c'est une composition « oratoire », même si l'on entend ce mot dans son sens le meilleur, celui qu'indiquait Pascal lorsqu'il disait : « La vraie éloquence se moque de l'éloquence. »

Le sermon, discours parlé, est fait pour être entendu. Et pourtant, les meilleurs sermons, ceux qui ne s'évanouiront pas à la limite des vibrations de l'air engendrées par la parole articulée, doivent pouvoir être lus, et lus avec intérêt. Le Protestantisme français possède, sans excès, des recueils de sermons qui méritent d'être élevés au rang de livres de chevet. Il est souhaitable que, par une louable émulation, cette collection soit enrichie. Aux jeunes prédicateurs de s'y employer. M. le pasteur Henri Manen affronte aujourd'hui, courageusement, l'épreuve de l'impression. Il met sa pensée noir sur blanc. Nous sommes heureux d'en faire la présentation.

Il y a plusieurs genres de sermons. Tous sont bons, sauf le genre défini par Mme de Sévigné écrivant à sa fille : « je sors du sermon, je m'y suis ennuyée pour l'amour de Dieu. » Pendant de nombreuses années, nous avons entendu dans une grande Église de Paris, prononcés par quatre pasteurs se succédant dans la même chaire, le sermon christologique, brûlant d'amour, édifié sur une vaste pensée créatrice ; le sermon de fine, pénétrante et émouvante psychologie religieuse ; le sermon de morale évangélique d'une profonde spiritualité ; le sermon fortement étayé par l'histoire de la Réforme. Pas un seul qui se confinât dans la dogmatique, qui risque de diviser. Tous centrés sur la rayonnante personne du Christ. C'est que le sermon de l'Unité réformée française doit, non pas parquer les fidèles dans des compartiments étrangers à la foi commune, mais les rassembler dans un même élan de confiance, d'amour, autour des principes éternels proclamés par l'Écriture, et, principalement, par l'Évangile. Il doit inspirer et fortifier. Inspirer, pour nourrir la conscience morale, la conscience chrétienne ; fortifier, afin de porter à l'action.

M. Manen est un homme d'action. C'est sa pente. Un impératif joyeusement accepté lui dit de la suivre sans faiblir dans un temps où il n'est pas permis de sommeiller lorsqu'on a le vif sentiment du message dont on est comptable. Ses sermons reflètent cette primordiale tendance. Il parle donc avec vigueur des décisions viriles de la foi ; de la fidélité qui permet de vaincre la peur de souffrir ; de la lutte, état normal du chrétien ; de l'obéissance à la vocation qui lui est adressée ; de la justice de Dieu, qui juge et châtie, qui avertit, qui juge et pardonne ; de l'amour du Christ qui, par sa souffrance volontaire, absorbe et abolit la haine des hommes : sommet de l'action rédemptrice.

L'action efficace, capable de prolonger en profondeur ses effets, n'est pas l'activité superficielle que l'on rencontre parfois dans les « oeuvres », et qui n'est qu'agitation. C'est un feu qui surgit d'un foyer central inextinguible, allumé par l'Esprit. Cette action-là, génératrice de pensée, formule au tréfonds de l'être intime ce que nous appellerons une « pensée d'action », qui fait passer de la puissance à l'acte, l'éternelle spiritualité que le prédicateur puise dans la Bible, soit qu'elle s'exprime, dans l'Ancien Testament, par des « vies », représentatives des révélations divines progressives, qui se sont insinuées, qui ont trouvé passage, pour parler comme Bergson, dans la masse confuse, souvent impure, constituant telles personnalités de l'Ancienne Alliance ; soit qu'elle jaillisse des injonctions, des enseignements des grands prophètes ; soit enfin qu'elle rayonne, éclatante et chaude, du foyer même du christianisme authentique, de l'Évangile, où, dans la personne du Christ, elle atteint l'Absolu.

Cette spiritualité ne concerne pas exclusivement tel peuple et telle époque, et, singulièrement, l'époque d'angoisse et de souffrance que nous vivons. Elle est valable pour toutes les périodes de l'Histoire, pour toute la caravane humaine, dans le Temps et dans l'Espace. Sa pérennité ne peut être mise en doute. Le témoignage intérieur de l'Esprit nous l'assure.

Les prédications qui composent ce volume sont donc des prédications d'action, fondées sur cette « Pensée d'action » que nous venons d'esquisser. Remercions-en M. le pasteur Manen. Quelque goût que nous ayons pour la spéculation théorique, il nous plaît de trouver dans ces pages, une pensée non pas « assise », mais « debout », qui fait front, qui est en marche, et qui montre, dans le déroulement des siècles, « la main de Dieu ». « Un de nos modernes penseurs (1) - déclare M. Manen dans son sermon Le Bras de chair et la main de Dieu - après avoir consacré la plus grande partie de ses écrits et de ses prédications à scruter les abîmes douloureux du problème du Mal, a vu, au soir de sa vie, se dresser le beau et solennel problème du Bien. Et au cours d'un ouvrage imposant, il relève dans notre vie, dans notre histoire, sur notre terre, et dans notre âme, toutes les merveilleuses et inexplicables délivrances, tous les triomphes fulgurants de la vie sur la mort, de l'esprit sur la matière, de l'éternel sur l'éphémère. Somme toute, toutes les victoires définitives de la main de Dieu. »

L'Apocalypse dessine en quelques traits la figure éblouissante de ce cavalier, montant un cheval blanc, armé d'un arc et déjà couronné au départ, avant même d'avoir combattu : car « il partit en vainqueur et pour vaincre. »

Telle doit être l'allure triomphante du Ministre de l'Évangile. S'il est fidèle, et dans la délivrance de son message et dans sa vie personnelle, il se confère des droits : le droit d'enseigner, le droit d'avertir, le droit de reprendre et de protester, au nom de son souverain Maître. Il peut alors s'approprier l'affirmation magnifique, à la fois humble et fière, du cardinal Lavigerie : « je suis le serviteur d'un Maître qu'on n'a jamais pu renfermer dans un tombeau. »

PAUL LIQUIER,
Inspecteur honoraire de l'Enseignement de la Seine.

Aix-en-Provence, avril 1943.


Table des matières

1 Wilfred Monod.

 

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