Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LA MAIN DE DIEU



I

Nous avons avec nous quelqu'un de plus grand que celui qui est avec lui ; avec lui est un bras de chair. Mais avec nous est l'Éternel notre Dieu, prêt à nous assister et à combattre avec nous.
II Chroniques 32 : 8.


Lectures :
II Chronique 32: 1-20. Luc 12: 16-21



LE BRAS DE CHAIR
ET LA MAIN DE DIEU

Devant la population qui soutient dans la ville de Jérusalem un siège effrayant, les paroles des envoyés de Sanchérib le conquérant redoutable, retentissent comme un avertissement sinistre : « Ne savez-vous pas ce que nous avons fait à tous les peuples des autres Pays ? Les dieux des nations de ces pays-là ont-ils pu délivrer leurs territoires de ma main ? Et votre Dieu pourrait-il vous délivrer de ma main ? Maintenant, donc, ne vous laissez pas abuser ni séduire ainsi par Ézéchias, et n'ayez pas confiance en lui : car aucun dieu d'aucune nation ni d'aucun royaume n'a pu délivrer son peuple de ma main. Combien moins votre Dieu pourra-t-il vous délivrer de ma main ? »

Ainsi la main puissante et cruelle du conquérant brandit la menace contre la ville affamée et épuisée. Cette main a fait ses preuves. Tous les peuples voisins ont été les uns après les autres brisés par sa violence. Ce serait folie que de vouloir lui résister ; tous les pays aux alentours sont possédés par elle, et terriblement serrés en son emprise. Cependant cette main effrayante de Sanchérib, qui veut cerner tout l'horizon et cacher aux hommes la lumière de l'espérance des nations, déjà elle tremble. Car les menaces et les cris, la jactance et l'orgueil, l'idolâtrie de soi-même et le blasphème sont les premiers tremblements de la main démoniaque à qui commence à échapper l'avenir, en un mouvement imperceptible, mais aussi certain et aussi fatal que le mouvement par lequel le sable glisse sans cesse des mains qui se crispent et se ferment inutilement pour entraver sa fuite. Ce n'est ni une preuve de force ni une preuve de sagesse que de braver par ses actes et par ses paroles le Maître du Temps et de l'Espace. Rien ne sert à l'homme mortel de défier les siècles et de prétendre établir pour des millénaires des conquêtes immenses ; car il en est un plus grand que lui qui peut anéantir en un an ou en une nuit le plus grand royaume d'ici-bas.

Telle était la certitude du jeune roi Ézéchias qui donna en ces temps-là à son peuple un magnifique exemple de foi : « Ne craignez rien et ne vous laissez pas effrayer ni par le roi d'Assyrie ni par toute la multitude qui l'accompagne. Nous avons avec nous quelqu'un de plus grand que celui qui est avec lui. Avec lui est un bras de chair, avec nous est l'Éternel, notre Dieu. »

Prononcer cette parole dans les circonstances désespérées où se trouvait le bastion de la résistance de tout un peuple, était déjà un acte de foi ; mais en persuader tous ceux qui atteignaient les dernières limites des forces humaines, ce fut la tâche admirable du roi Ézéchias et de son prophète Esaïe. Car il ne faut pas dissimuler, mes Frères, que les hommes, dans leur impiété naturelle, dans leur incrédulité foncière ou simplement dans leur tiédeur religieuse, croient, somme toute, beaucoup plus au bras de chair qu'à la main de Dieu. Et nous-mêmes, pratiquement, dans notre vie de tous les jours, ne croyons-nous pas davantage aux forces matérielles dont nous craignons la brutalité qu'aux forces spirituelles dont nous adorons, au cours de nos exercices religieux, l'éternité ? Il serait inutile de nier que pendant toute leur histoire, les hommes ont plus redouté la main de Sanchérib, qu'ils ne se sont confiés à la main puissante de Dieu.

C'est là, je dirai, le paradoxe de notre incrédulité, sa position vraiment stupéfiante, et radicalement illogique. Un de nos modernes penseurs religieux, après avoir consacré la plus grande partie de ses écrits et de ses prédications à scruter les abîmes douloureux du problème du Mal, a vu, au soir de sa vie, se dresser le beau et solennel problème du Bien. Au cours d'un ouvrage imposant, il relève dans notre vie, dans notre histoire, sur notre terre, et dans notre âme, toutes les merveilleuses et inexplicables délivrances, tous les triomphe fulgurants de la vie sur la mort, de l'esprit sur la matière, de l'éternel sur l'éphémère, en somme, toutes les victoires définitives de la main de Dieu. Notre histoire est sans doute celle d'une humanité tourmentée, martyrisée, asservie par une main de chair ; mais c'est aussi l'histoire d'une humanité bénie, gardée et délivrée par la main de Dieu.
C'est la main secourable de son pardon qui s'est tendue vers tout homme qui se repent et qui croit ; c'est la main miséricordieuse de sa compassion qui est venue soutenir pas à pas, tout homme qui souffre et qui pleure ; c'est la main lumineuse de son espérance qui a balayé de notre horizon les nuages les plus épais de notre détresse et de nos deuils ; c'est la main puissante de son intervention qui a écarté de notre chemin et enlevé comme un fétu de paille tous les obstacles qui nous paraissaient plus insurmontables que les plus hautes montagnes. Et c'est elle qui a semé dans notre âme le grain qui portera son fruit ; c'est elle qui laboure, elle qui plante et c'est elle qui au jour de la moisson lie les gerbes et emporte dans ses greniers le froment sans mélange. Voilà pourquoi, mon Frère, c'est à la main de Dieu et non a un bras de chair qu'il faut regarder ; c'est dans la main de Dieu qu'il faut se remettre ; c'est en elle qu'il faut croire et c'est elle qu'il faut aimer, servir et adorer.

Mais tu me diras peut-être : le bras de chair est puissant et redoutable parmi nous ; sa main cruelle me serre à la gorge ; et si je veux vivre il faut bien que je m'agenouille et que je le serve. Et je réponds - la main de Dieu tu ne la crains pas, alors ? Tu crois qu'on peut se moquer d'elle ? Tu n'oses pas te moquer, même en secret, de la puissance absurde du bras de chair ; et ouvertement tu oses bafouer la main de ton Dieu : ne sais-tu pas que cette main peut exercer les jugements les plus solennels et les plus terribles ? Ne sais-tu pas qu'elle peut ouvrir les écluses du ciel, déchaîner sur nous les torrents de la terre, renverser les montagnes, soulever les mers, précipiter sur toute une génération d'hommes une de ces grandes catastrophes géologiques qui règlent pour quelques millénaires le sort de ces misérables larves humaines ? Mais tu me diras - en attendant, la main de chair me serre à la gorge. Ne sais-tu pas alors que tu es à tout instant dans la main de Dieu, que seule cette main te tient au dessus du néant ? Elle n'a qu'à s'ouvrir en un mouvement invisible ; et tu tombes dans le gouffre d'où l'on ne revient pas. Ne sais-tu pas que c'est cette main qui te prend, qui te pèse et qui tient toute ta destinée ? Ne sais-tu pas, que la main de chair ne pourra t'enlever ce souffle passager que si la main de Dieu le lui permet ? Crois-tu, enfin, que lorsque sera venu ce jour inévitable de ta mort, ce sera la main de chair qui viendra dans ton tombeau te réchauffer, te nourrir, te caresser, te réveiller, te garder et te sauver de la main de Dieu qui s'approchera avec son jugement ? Alors, roule-toi dans ton impiété et dans ton idolâtrie du bras de chair ; et dans ta lâcheté lèche la main qui te serre à la gorge avec l'inutile espoir de lui faire desserrer son étreinte, mais ne prétends pas agir avec sagesse et nous donner des leçons de prudence ; car c'est fou, c'est insensé que de braver la colère de Dieu et de déchaîner son courroux pour échapper à la colère tremblante et périssable des hommes mortels. C'est bien là ce que j'appelais tout à l'heure le paradoxe de notre incrédulité et que l'on peut aussi nommer la stupidité de notre lâcheté.

L'histoire est pleine des merveilleuses délivrances de l'Éternel ; l'histoire est pleine de ses terribles punitions qui ont frappé les hommes, les régimes, les peuples les uns après les autres ; mais dans leur égarement, les hommes se laissent toujours troubler par les paroles de Sanchérib ; ils écoutent le blasphème et le défi du bras de chair. « Quel est celui de tous les dieux de ces nations détruites, anéanties, qui ait pu délivrer un peuple de ma main ?... Combien moins votre Dieu pourra-t-il vous délivrer de ma main ? » Ils se laissent convaincre et séduire par cette main qui menace et qui déjà tremble ; par ce bras de chair pourri intérieurement et qui va tomber par sa propre pourriture. En effet, la fin de Sanchérib, roi d'Assyrie, grand contempteur des divinités, est particulièrement édifiante ; un jour que le royal blasphémateur était prosterné dans la maison de Nisroc, son dieu - car cet impie était naturellement superstitieux - Achanimelec et Saretser, ses fils, le tuèrent à coups d'épée. Ainsi le bras de chair se détruisait lui-même. Et celui qui avait blasphémé Dieu, celui qui avait fait trembler les nations, s'écroulait sous la plus odieuse, la plus sinistre, sous la plus infamante des tragédies humaines. Ce n'est là qu'un exemple entre beaucoup d'autres, dont finit l'empire de la chair.

Voilà pourquoi attacher sa foi à ce qui n'est que charnel apparaît avec évidence comme une absurdité que les générations d'hommes répètent les unes après les autres avec un entêtement, avec un acharnement qu'aucune expérience ne paraît pouvoir guérir. Il y a là une malédiction profonde sur notre race. Pour mettre un terme à cette malédiction, Dieu a envoyé son Fils dans le monde, afin que les hommes ne croient plus aux rois de chair, mais qu'ils croient à la main de Dieu, et qu'ils soient sauvés. Mais cette génération « incrédule et perverse », comme l'appelait le Seigneur, a cloué les mains de Dieu et, devant la Croix, elle ricanait : Sauve-toi toi-même. Alors Dieu a relevé le défi ; Il a fait ce qu'aucun bras de chair n'aurait pu faire ; Il a ouvert le Tombeau, et Il a montré aux hommes la Puissance efficace de la Résurrection.

Désormais, il y a dans notre histoire la Victoire définitive de l'Esprit et de la Vie Éternelle qu'aucun croyant ne saurait ignorer. C'est pourquoi, au jour du jugement, les Chrétiens n'auront aucune excuse s'ils ont faibli dans leur témoignage et dans leur fidélité ; car ils connaissent depuis l'Évangile toute la puissance des jugements de Dieu, toute la beauté de ses accomplissements, tous les couronnements de ses victoires. Le jeune roi Ézéchias, debout sur les remparts, exhortant son peuple à toute la fidélité et à toute la résistance morale fermement dressée contre le bras de chair, leur délivre comme une parole prophétique dont l'Évangile devait montrer ici-bas le glorieux accomplissement pour le monde de l'esprit

« Nous avons avec nous quelqu'un de plus grand que celui qui est avec lui, avec lui est un bras de chair, mais avec nous est l'Éternel notre Dieu, prêt à nous assister et à combattre avec nous. »

3 mai 1942.



II

Un homme tira de l'arc au hasard, et il atteignit le roi au défaut de la cuirasse...
I Rois 22 : 34.


Lectures : 1 Rois 21: 17-20 ; 22: 10-39.



DIEU JUGE ET CHÂTIE

Dans la bataille qui met aux prises deux grandes armées, cette flèche est minuscule ; elle est imprévisible. Un homme - un de ces soldats inconnus et ignorants - l'a tirée au hasard. Il avait eu un réflexe d'habitude, de colère, d'énervement, de peur, ou simplement de lassitude, nous ne savons. Pas plus que des milliers d'autres sur les champs de bataille, il n'a eu à expliquer son geste ; car il n'a pas suivi du regard le trajet de son arme. Qu'était-ce dans cette fournaise, dans ce ciel sillonné de javelots, sur cette terre tremblante sous le roulement des divisions de chars, cette petite flèche ? On ne la distingue même pas parmi des milliers de traits semblables qui se hâtent, vers qui ? se demande-t-on. La plupart de ces traits tomberont à terre sans avoir jamais atteint aucun but ; d'autres se briseront simplement sur les cuirasses ; quelques-uns seulement blesseront quelques adversaires inconnus également, quelques pauvres soldats insignifiants moins bien protégés que les capitaines et les rois aux solides armures. Ce n'est pas en tout cas celle-là qui abattra un gros gibier, pense l'archer. Il tire de l'arc au hasard ; il ne se donne même pas la peine de regarder la suite ; il a plus à faire, il a à se protéger, il a à se garder. Cette flèche ne l'intéresse plus ; elle ne lui appartient plus.
C'est vrai.
Elle appartient à quelqu'un d'autre ; ce quelqu'un s'en empare, la prend et la dirige, et ce quelqu'un sait où il la mène ; il la conduit jusqu'à un homme. Cet homme n'est pas sous sa véritable identité ; il est déguisé ; il est camouflé ; mais quelqu'un le connaît et le voit ; quelqu'un le reconnaît à travers tous les masques ; quelqu'un le scrute sous tous les revêtements, et sait où est le défaut de la cuirasse. Alors ce quelqu'un conduit la flèche et lui indique l'entrée dans la chair de l'homme pour le châtier. Ce quelqu'un est Dieu ; l'homme, c'est Achab, roi d'Israël ; et le défaut de la cuirasse - ce par quoi somme toute Achab est condamné et va périr - c'est le meurtre juridique de Naboth.

Tel est un des jugements les plus impressionnants, un des châtiments les plus saisissants qui nous soient rapportés dans toute l'histoire des hommes. Nous y voyons avec une clarté aveuglante la puissance du Dieu juste dont on ne se moque pas impunément. Ce grand fait historique, qui nous est retracé en termes à peu près identiques dans le Livre des Rois et dans le Livre des Chroniques, nous est conservé dans la Bible pour rappeler à tous les hommes que le salaire de leurs désobéissances leur sera payé intégralement à une heure imprévisible, mais à une heure solennelle et fatale à laquelle on n'échappe pas.

Ce serait nous arrêter sans avoir épuisé toute la portée de ce texte, si nous n'en dégagions pas immédiatement et clairement la leçon qui en découle pour les rois et les peuples. Car il apparaît nettement dans toute cette histoire d'Achab qu'un roi peut se mettre au-dessus des lois de la justice de son peuple ; qu'il peut se mettre au-dessus et en dehors de toutes les lois humaines ; et qu'il peut même trouver des courtisans pour l'applaudir, des juges pour avaliser ses crimes, des prêtres et des prophètes pour prier pour lui et son succès, et tout un peuple d'esclaves pour se courber et pour le suivre ; mais lorsque l'heure sonnera, lorsque l'échéance parviendra, lorsqu'enfin le juge Souverain se lèvera pour l'exécution de sa sentence, alors les seigneurs et les courtisans, les généraux et les chefs de guerre, les magistrats et les prêtres, les fantassins et les chars de guerre feront en vain des efforts désespérés, dresseront inutilement un rempart pour protéger leur idole et leur roi, leur idole déjà descendue de son piédestal, et leur roi déjà découronné puisque, l'âme angoissée, il va à la bataille sous un déguisement.

En vain les hommes de guerre se battront ; en vain les magistrats persévéreront dans la partialité de leurs arrêts ; en vain les prêtres offriront des sacrifices et les prophètes vaticineront-ils ! L'Éternel se moque d'eux tous ; et Il accomplit son jugement de la manière qui est la plus évidente, et en même temps la plus ironique et la plus humiliante pour le tyran. Il ne faut pas qu'il y ait de confusion. Le roi de Syrie avait donné cet ordre aux trente-deux chefs de ses chars : « Vous n'attaquerez ni petit, ni grand, mais seulement le roi d'Israël. » L'Éternel, certes, aurait pu se servir d'un de ces trente-deux chefs de chars et de leurs divisions, et leur faire accomplir sa volonté. Achab ne méritait pas d'être frappé ainsi par un des chefs de cette armée et il devait tomber d'une façon qui rendit plus évidente encore aux yeux de tous sa condamnation et son jugement.

« Les Chefs des chars s'éloignèrent. Alors un homme tira de l'arc au hasard, et il atteignit le roi d'Israël au défaut de la cuirasse. Le roi dit à son écuyer : « Tourne bride ; conduis-moi hors des rangs, car je suis blessé. » Mais le combat fut si acharné ce jour-là que le roi se trouva retenu en face des Syriens. Il mourut sur le soir ; le sang de sa blessure s'était répandu sur le fond du char... Ainsi mourut le roi. On le ramena à Samarie où on l'ensevelit. Et selon la parole que l'Éternel avait prononcée, lorsqu'on lava son char dans l'étang de Samarie, les chiens léchèrent son sang, tandis que les prostituées se baignaient. »

Et voici que la vue de ces chiens qui lèchent le sang royal rappelle au peuple frissonnant d'horreur, au peuple qui vient de perdre son roi et de subir un de ses plus grands désastres militaires, un autre sang qui a été léché à cette même place, et ils constatent en tremblant l'accomplissement de la prédiction apportée par le prophète Elie au roi orgueilleux et jouisseur : Ainsi parle l'Éternel : « Quoi ! tu as assassiné et maintenant tu prends possession ! Ainsi parle l'Éternel : À cette même place où les chiens ont léché le sang de Naboth, les chiens lécheront aussi ton propre sang... »

Eh oui ! Le meurtre de Naboth ! Depuis si longtemps on l'avait oublié. Oui, cette histoire de ce paysan-là qui était d'ailleurs un original et un entêté. Il avait une vigne tout près du palais ; il n'a pas voulu la céder au roi ; alors la reine a tout arrangé ; et deux scélérats ont témoigné faussement contre lui ; des juges serviles et complaisants l'ont condamné ; et il a été lapidé. Le peuple n'a rien dit. N'est-ce pas, on ne dit rien dans ces cas-là ! Le peuple est lâche et l'on appelle cela être prudent. Naboth n'avait pas de famille et pas d'appui... C'était un homme insignifiant. Il a disparu ainsi. Et le roi a pris possession de sa vigne. Il l'a occupée. Ses voisins le félicitent. Les années passent ; l'oubli se fait. Le règne d'Achab se poursuit avec un mélange de bien et de mal, avec des réformes heureuses, avec des ordonnances et des mesures dont les unes sont inspirées par un amour sincère de son peuple et les autres ne sont que l'expression de sa cupidité et de son orgueil. C'est bien le cours de toute existence humaine. Que d'événements se sont succédé depuis cette insignifiante affaire de la vigne de Naboth. Soyez-en sûrs, ce n'est pas elle qui empêchait de dormir en paix le roi Achab. Le seul homme qui aurait pu la rappeler, le prophète Elie, était mort. Elle n'existait plus non pas seulement dans la conscience mais encore dans la mémoire des hommes. Et aucun dans le peuple n'aurait pu s'imaginer qu'il puisse y avoir un lien quelconque entre cette affaire et le jugement, le châtiment d'Achab. Il a fallu pour secouer enfin ces âmes endormies un fait concret et brutal : les chiens qui léchaient le sang d'Achab à la place où d'autres chiens avaient léché autrefois le sang de Naboth !

Telle est, pourtant, mes Frères, l'explication de la Parole de Dieu, l'interprétation spirituelle du désastre qui a atteint le roi et le peuple d'Israël. Car Dieu prend en main la cause des opprimés, des faibles et des petits. Et, à son heure, Il juge et Il châtie. Remarquons-le, il ne s'agit pas ici du tout de la vengeance de Naboth soit par un membre de sa famille, soit par un ami, soit par un parti quelconque. C'est un homme, un inconnu qui a tiré de l'arc au hasard, sans connaître le roi, sans le voir ; et la flèche mystérieuse est entrée par le défaut de la cuirasse.

Et notre cuirasse à nous, mes Frères, est-elle sans défaut ? Nous pouvons, pour nous tromper nous-mêmes et pour tromper les autres, revêtir tous nos masques, nous recouvrir de toutes nos armures, nous déguiser de toutes les manières. Et surtout, nous pouvons, avec une facilité incroyable, oublier : oublier tout le mal que nous avons fait, toutes nos duretés, tous nos manques de charité et toutes nos déficiences dans l'ordre de la justice. Nous pouvons oublier, mais cela n'efface pas, cela ne supprime pas, cela ne pardonne pas notre péché. Si nous n'y prenons garde, si avant qu'il ne soit trop tard nous ne nous mettons pas nous-mêmes devant la justice de Dieu et son châtiment, alors il peut suffire de bien peu de chose pour nous arrêter ou pour nous briser à toujours : une petite flèche qui entrera par le défaut de la cuirasse et qu'un inconnu aura tirée au hasard.

7 février 1943.


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