Il est
écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
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Il est
écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
LA MAIN DE
DIEU
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Nous avons
avec nous quelqu'un de plus grand que
celui qui est avec lui ; avec lui est
un bras de chair. Mais avec nous est
l'Éternel notre Dieu, prêt
à nous assister et à
combattre avec nous. |
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LE BRAS DE CHAIR
ET LA MAIN DE DIEU
Devant la population qui soutient dans la ville
de Jérusalem un siège effrayant, les
paroles des envoyés de Sanchérib le
conquérant redoutable, retentissent comme un
avertissement sinistre : « Ne
savez-vous pas ce que nous avons fait à tous
les peuples des autres Pays ? Les dieux des
nations de ces pays-là ont-ils pu
délivrer leurs territoires de ma main ?
Et votre Dieu pourrait-il vous délivrer de
ma main ? Maintenant, donc, ne vous laissez
pas abuser ni séduire ainsi par
Ézéchias, et n'ayez pas confiance en
lui : car aucun dieu d'aucune nation ni
d'aucun royaume n'a pu délivrer son peuple
de ma main. Combien moins votre Dieu pourra-t-il
vous délivrer de ma
main ? »
Ainsi la main puissante et cruelle du
conquérant brandit la menace contre la ville
affamée et épuisée. Cette main
a fait ses preuves. Tous les peuples voisins ont
été les uns après les autres
brisés par sa violence. Ce serait folie que
de vouloir lui
résister ; tous les pays aux alentours
sont possédés par elle, et
terriblement serrés en son emprise.
Cependant cette main effrayante de
Sanchérib, qui veut cerner tout l'horizon et
cacher aux hommes la lumière de
l'espérance des nations, déjà
elle tremble. Car les menaces et les cris, la
jactance et l'orgueil, l'idolâtrie de
soi-même et le blasphème sont les
premiers tremblements de la main démoniaque
à qui commence à échapper
l'avenir, en un mouvement imperceptible, mais aussi
certain et aussi fatal que le mouvement par lequel
le sable glisse sans cesse des mains qui se
crispent et se ferment inutilement pour entraver sa
fuite. Ce n'est ni une preuve de force ni une
preuve de sagesse que de braver par ses actes et
par ses paroles le Maître du Temps et de
l'Espace. Rien ne sert à l'homme mortel de
défier les siècles et de
prétendre établir pour des
millénaires des conquêtes
immenses ; car il en est un plus grand que lui
qui peut anéantir en un an ou en une nuit le
plus grand royaume d'ici-bas.
Telle était la certitude du jeune
roi Ézéchias qui donna en ces
temps-là à son peuple un magnifique
exemple de foi : « Ne craignez rien
et ne vous laissez pas effrayer ni par le roi
d'Assyrie ni par toute la multitude qui
l'accompagne. Nous avons avec nous quelqu'un de
plus grand que celui qui est avec lui. Avec lui est
un bras de chair, avec nous est l'Éternel,
notre Dieu. »
Prononcer cette parole dans les
circonstances désespérées
où se trouvait le bastion de la
résistance de tout un peuple, était
déjà un acte de foi ; mais en
persuader tous ceux qui atteignaient les
dernières limites des forces humaines, ce
fut la tâche admirable du roi
Ézéchias et de son prophète
Esaïe. Car il ne faut pas dissimuler, mes
Frères, que les hommes, dans leur
impiété naturelle, dans leur
incrédulité foncière ou
simplement dans leur tiédeur religieuse,
croient, somme toute, beaucoup plus au bras de
chair qu'à la main de Dieu. Et
nous-mêmes, pratiquement,
dans notre vie de tous les jours, ne croyons-nous
pas davantage aux forces matérielles dont
nous craignons la brutalité qu'aux forces
spirituelles dont nous adorons, au cours de nos
exercices religieux,
l'éternité ? Il serait inutile
de nier que pendant toute leur histoire, les hommes
ont plus redouté la main de
Sanchérib, qu'ils ne se sont confiés
à la main puissante de Dieu.
C'est là, je dirai, le paradoxe
de notre incrédulité, sa position
vraiment stupéfiante, et radicalement
illogique. Un de nos modernes penseurs religieux,
après avoir consacré la plus grande
partie de ses écrits et de ses
prédications à scruter les
abîmes douloureux du problème du Mal,
a vu, au soir de sa vie, se dresser le beau et
solennel problème du Bien. Au cours d'un
ouvrage imposant, il relève dans notre vie,
dans notre histoire, sur notre terre, et dans notre
âme, toutes les merveilleuses et
inexplicables délivrances, tous les triomphe
fulgurants de la vie sur la mort, de l'esprit sur
la matière, de l'éternel sur
l'éphémère, en somme, toutes
les victoires définitives de la main de
Dieu. Notre histoire est sans doute celle d'une
humanité tourmentée,
martyrisée, asservie par une main de
chair ; mais c'est aussi l'histoire d'une
humanité bénie, gardée et
délivrée par la main de Dieu.
C'est la main secourable de son pardon
qui s'est tendue vers tout homme qui se repent et
qui croit ; c'est la main
miséricordieuse de sa compassion qui est
venue soutenir pas à pas, tout homme qui
souffre et qui pleure ; c'est la main
lumineuse de son espérance qui a
balayé de notre horizon les nuages les plus
épais de notre détresse et de nos
deuils ; c'est la main puissante de son
intervention qui a écarté de notre
chemin et enlevé comme un fétu de
paille tous les obstacles qui nous paraissaient
plus insurmontables que les plus hautes montagnes.
Et c'est elle qui a semé dans notre
âme le grain qui portera son fruit ;
c'est elle qui laboure, elle qui plante et c'est
elle qui au jour de la moisson lie les
gerbes et emporte dans ses
greniers le froment sans mélange.
Voilà pourquoi, mon Frère, c'est
à la main de Dieu et non a un bras de chair
qu'il faut regarder ; c'est dans la main de
Dieu qu'il faut se remettre ; c'est en elle
qu'il faut croire et c'est elle qu'il faut aimer,
servir et adorer.
Mais tu me diras peut-être :
le bras de chair est puissant et redoutable parmi
nous ; sa main cruelle me serre à la
gorge ; et si je veux vivre il faut bien que
je m'agenouille et que je le serve. Et je
réponds - la main de Dieu tu ne la crains
pas, alors ? Tu crois qu'on peut se moquer
d'elle ? Tu n'oses pas te moquer, même
en secret, de la puissance absurde du bras de
chair ; et ouvertement tu oses bafouer la main
de ton Dieu : ne sais-tu pas que cette main
peut exercer les jugements les plus solennels et
les plus terribles ? Ne sais-tu pas qu'elle
peut ouvrir les écluses du ciel,
déchaîner sur nous les torrents de la
terre, renverser les montagnes, soulever les mers,
précipiter sur toute une
génération d'hommes une de ces
grandes catastrophes géologiques qui
règlent pour quelques millénaires le
sort de ces misérables larves
humaines ? Mais tu me diras - en attendant, la
main de chair me serre à la gorge. Ne
sais-tu pas alors que tu es à tout instant
dans la main de Dieu, que seule cette main te tient
au dessus du néant ? Elle n'a
qu'à s'ouvrir en un mouvement
invisible ; et tu tombes dans le gouffre
d'où l'on ne revient pas. Ne sais-tu pas que
c'est cette main qui te prend, qui te pèse
et qui tient toute ta destinée ? Ne
sais-tu pas, que la main de chair ne pourra
t'enlever ce souffle passager que si la main de
Dieu le lui permet ? Crois-tu, enfin, que
lorsque sera venu ce jour inévitable de ta
mort, ce sera la main de chair qui viendra dans ton
tombeau te réchauffer, te nourrir, te
caresser, te réveiller, te garder et te
sauver de la main de Dieu qui s'approchera avec son
jugement ? Alors, roule-toi dans ton
impiété et dans ton idolâtrie
du bras de chair ; et dans ta
lâcheté lèche la main qui te
serre à la gorge avec l'inutile espoir de
lui faire desserrer son
étreinte, mais ne prétends pas agir
avec sagesse et nous donner des leçons de
prudence ; car c'est fou, c'est insensé
que de braver la colère de Dieu et de
déchaîner son courroux pour
échapper à la colère
tremblante et périssable des hommes mortels.
C'est bien là ce que j'appelais tout
à l'heure le paradoxe de notre
incrédulité et que l'on peut aussi
nommer la stupidité de notre
lâcheté.
L'histoire est pleine des merveilleuses
délivrances de l'Éternel ;
l'histoire est pleine de ses terribles punitions
qui ont frappé les hommes, les
régimes, les peuples les uns après
les autres ; mais dans leur égarement,
les hommes se laissent toujours troubler par les
paroles de Sanchérib ; ils
écoutent le blasphème et le
défi du bras de chair. « Quel est
celui de tous les dieux de ces nations
détruites, anéanties, qui ait pu
délivrer un peuple de ma main ?...
Combien moins votre Dieu pourra-t-il vous
délivrer de ma main ? » Ils
se laissent convaincre et séduire par cette
main qui menace et qui déjà
tremble ; par ce bras de chair pourri
intérieurement et qui va tomber par sa
propre pourriture. En effet, la fin de
Sanchérib, roi d'Assyrie, grand contempteur
des divinités, est particulièrement
édifiante ; un jour que le royal
blasphémateur était prosterné
dans la maison de Nisroc, son dieu - car cet impie
était naturellement superstitieux -
Achanimelec et Saretser, ses fils, le
tuèrent à coups d'épée.
Ainsi le bras de chair se détruisait
lui-même. Et celui qui avait
blasphémé Dieu, celui qui avait fait
trembler les nations, s'écroulait sous la
plus odieuse, la plus sinistre, sous la plus
infamante des tragédies humaines. Ce n'est
là qu'un exemple entre beaucoup d'autres,
dont finit l'empire de la chair.
Voilà pourquoi attacher sa foi
à ce qui n'est que charnel apparaît
avec évidence comme une absurdité que
les générations d'hommes
répètent les unes après les
autres avec un entêtement, avec un
acharnement qu'aucune expérience ne
paraît pouvoir guérir. Il y a
là une malédiction profonde
sur notre race. Pour mettre un
terme à cette malédiction, Dieu a
envoyé son Fils dans le monde, afin que les
hommes ne croient plus aux rois de chair, mais
qu'ils croient à la main de Dieu, et qu'ils
soient sauvés. Mais cette
génération
« incrédule et
perverse », comme l'appelait le Seigneur,
a cloué les mains de Dieu et, devant la
Croix, elle ricanait : Sauve-toi
toi-même. Alors Dieu a relevé le
défi ; Il a fait ce qu'aucun bras de
chair n'aurait pu faire ; Il a ouvert le
Tombeau, et Il a montré aux hommes la
Puissance efficace de la
Résurrection.
Désormais, il y a dans notre
histoire la Victoire définitive de l'Esprit
et de la Vie Éternelle qu'aucun croyant ne
saurait ignorer. C'est pourquoi, au jour du
jugement, les Chrétiens n'auront aucune
excuse s'ils ont faibli dans leur témoignage
et dans leur fidélité ; car ils
connaissent depuis l'Évangile toute la
puissance des jugements de Dieu, toute la
beauté de ses accomplissements, tous les
couronnements de ses victoires. Le jeune roi
Ézéchias, debout sur les remparts,
exhortant son peuple à toute la
fidélité et à toute la
résistance morale fermement dressée
contre le bras de chair, leur délivre comme
une parole prophétique dont
l'Évangile devait montrer ici-bas le
glorieux accomplissement pour le monde de
l'esprit
« Nous avons avec nous
quelqu'un de plus grand que celui qui est avec lui,
avec lui est un bras de chair, mais avec nous est
l'Éternel notre Dieu, prêt à
nous assister et à combattre avec
nous. »
3 mai 1942.
II
Un homme
tira de l'arc au hasard, et il atteignit
le roi au défaut de la
cuirasse... |
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DIEU JUGE ET CHÂTIE
Dans la bataille qui met aux prises deux grandes
armées, cette flèche est
minuscule ; elle est imprévisible. Un
homme - un de ces soldats inconnus et ignorants -
l'a tirée au hasard. Il avait eu un
réflexe d'habitude, de colère,
d'énervement, de peur, ou simplement de
lassitude, nous ne savons. Pas plus que des
milliers d'autres sur les champs de bataille, il
n'a eu à expliquer son geste ; car il
n'a pas suivi du regard le trajet de son arme.
Qu'était-ce dans cette fournaise, dans ce
ciel sillonné de javelots, sur cette terre
tremblante sous le roulement des divisions de
chars, cette petite flèche ? On ne la
distingue même pas parmi des milliers de
traits semblables qui se hâtent, vers
qui ? se demande-t-on. La plupart de ces
traits tomberont à terre sans avoir jamais
atteint aucun but ; d'autres se briseront
simplement sur les cuirasses ; quelques-uns
seulement blesseront quelques adversaires inconnus
également, quelques pauvres soldats
insignifiants moins bien protégés que
les capitaines et les rois aux
solides armures. Ce n'est pas en tout cas
celle-là qui abattra un gros gibier, pense
l'archer. Il tire de l'arc au hasard ; il ne
se donne même pas la peine de regarder la
suite ; il a plus à faire, il a
à se protéger, il a à se
garder. Cette flèche ne l'intéresse
plus ; elle ne lui appartient plus.
C'est vrai.
Elle appartient à quelqu'un
d'autre ; ce quelqu'un s'en empare, la prend
et la dirige, et ce quelqu'un sait où il la
mène ; il la conduit jusqu'à un
homme. Cet homme n'est pas sous sa véritable
identité ; il est
déguisé ; il est
camouflé ; mais quelqu'un le
connaît et le voit ; quelqu'un le
reconnaît à travers tous les
masques ; quelqu'un le scrute sous tous les
revêtements, et sait où est le
défaut de la cuirasse. Alors ce quelqu'un
conduit la flèche et lui indique
l'entrée dans la chair de l'homme pour le
châtier. Ce quelqu'un est Dieu ;
l'homme, c'est Achab, roi d'Israël ; et
le défaut de la cuirasse - ce par quoi somme
toute Achab est condamné et va périr
- c'est le meurtre juridique de Naboth.
Tel est un des jugements les plus
impressionnants, un des châtiments les plus
saisissants qui nous soient rapportés dans
toute l'histoire des hommes. Nous y voyons avec une
clarté aveuglante la puissance du Dieu juste
dont on ne se moque pas impunément. Ce grand
fait historique, qui nous est retracé en
termes à peu près identiques dans le
Livre des Rois et dans le Livre des Chroniques,
nous est conservé dans la Bible pour
rappeler à tous les hommes que le salaire de
leurs désobéissances leur sera
payé intégralement à une heure
imprévisible, mais à une heure
solennelle et fatale à laquelle on
n'échappe pas.
Ce serait nous arrêter sans avoir
épuisé toute la portée de ce
texte, si nous n'en dégagions pas
immédiatement et clairement la leçon
qui en découle pour les rois et les peuples.
Car il apparaît nettement dans toute cette
histoire d'Achab qu'un roi peut se mettre au-dessus
des lois de la justice de son
peuple ; qu'il peut se mettre au-dessus et en
dehors de toutes les lois humaines ; et qu'il
peut même trouver des courtisans pour
l'applaudir, des juges pour avaliser ses crimes,
des prêtres et des prophètes pour
prier pour lui et son succès, et tout un
peuple d'esclaves pour se courber et pour le
suivre ; mais lorsque l'heure sonnera, lorsque
l'échéance parviendra, lorsqu'enfin
le juge Souverain se lèvera pour
l'exécution de sa sentence, alors les
seigneurs et les courtisans, les
généraux et les chefs de guerre, les
magistrats et les prêtres, les fantassins et
les chars de guerre feront en vain des efforts
désespérés, dresseront
inutilement un rempart pour protéger leur
idole et leur roi, leur idole déjà
descendue de son piédestal, et leur roi
déjà découronné
puisque, l'âme angoissée, il va
à la bataille sous un déguisement.
En vain les hommes de guerre se
battront ; en vain les magistrats
persévéreront dans la
partialité de leurs arrêts ; en
vain les prêtres offriront des sacrifices et
les prophètes vaticineront-ils !
L'Éternel se moque d'eux tous ; et Il
accomplit son jugement de la manière qui est
la plus évidente, et en même temps la
plus ironique et la plus humiliante pour le tyran.
Il ne faut pas qu'il y ait de confusion. Le roi de
Syrie avait donné cet ordre aux trente-deux
chefs de ses chars : « Vous
n'attaquerez ni petit, ni grand, mais seulement le
roi d'Israël. » L'Éternel,
certes, aurait pu se servir d'un de ces trente-deux
chefs de chars et de leurs divisions, et leur faire
accomplir sa volonté. Achab ne
méritait pas d'être frappé
ainsi par un des chefs de cette armée et il
devait tomber d'une façon qui rendit plus
évidente encore aux yeux de tous sa
condamnation et son jugement.
« Les Chefs des chars
s'éloignèrent. Alors un homme tira de
l'arc au hasard, et il atteignit le roi
d'Israël au défaut de la cuirasse. Le
roi dit à son écuyer :
« Tourne bride ; conduis-moi hors
des rangs, car je suis blessé. »
Mais le combat fut si acharné ce
jour-là que le roi se trouva
retenu en face des Syriens. Il
mourut sur le soir ; le sang de sa blessure
s'était répandu sur le fond du
char... Ainsi mourut le roi. On le ramena à
Samarie où on l'ensevelit. Et selon la
parole que l'Éternel avait prononcée,
lorsqu'on lava son char dans l'étang de
Samarie, les chiens léchèrent son
sang, tandis que les prostituées se
baignaient. »
Et voici que la vue de ces chiens qui
lèchent le sang royal rappelle au peuple
frissonnant d'horreur, au peuple qui vient de
perdre son roi et de subir un de ses plus grands
désastres militaires, un autre sang qui a
été léché à
cette même place, et ils constatent en
tremblant l'accomplissement de la prédiction
apportée par le prophète Elie au roi
orgueilleux et jouisseur : Ainsi parle
l'Éternel : « Quoi ! tu
as assassiné et maintenant tu prends
possession ! Ainsi parle
l'Éternel : À cette même
place où les chiens ont léché
le sang de Naboth, les chiens lécheront
aussi ton propre sang... »
Eh oui ! Le meurtre de
Naboth ! Depuis si longtemps on l'avait
oublié. Oui, cette histoire de ce
paysan-là qui était d'ailleurs un
original et un entêté. Il avait une
vigne tout près du palais ; il n'a pas
voulu la céder au roi ; alors la reine
a tout arrangé ; et deux
scélérats ont témoigné
faussement contre lui ; des juges serviles et
complaisants l'ont condamné ; et il a
été lapidé. Le peuple n'a rien
dit. N'est-ce pas, on ne dit rien dans ces
cas-là ! Le peuple est lâche et
l'on appelle cela être prudent. Naboth
n'avait pas de famille et pas d'appui...
C'était un homme insignifiant. Il a disparu
ainsi. Et le roi a pris possession de sa vigne. Il
l'a occupée. Ses voisins le
félicitent. Les années passent ;
l'oubli se fait. Le règne d'Achab se
poursuit avec un mélange de bien et de mal,
avec des réformes heureuses, avec des
ordonnances et des mesures dont les unes sont
inspirées par un amour sincère de son
peuple et les autres ne sont que l'expression de sa
cupidité et de son orgueil. C'est bien
le cours de toute existence
humaine. Que d'événements se sont
succédé depuis cette insignifiante
affaire de la vigne de Naboth. Soyez-en sûrs,
ce n'est pas elle qui empêchait de dormir en
paix le roi Achab. Le seul homme qui aurait pu la
rappeler, le prophète Elie, était
mort. Elle n'existait plus non pas seulement dans
la conscience mais encore dans la mémoire
des hommes. Et aucun dans le peuple n'aurait pu
s'imaginer qu'il puisse y avoir un lien quelconque
entre cette affaire et le jugement, le
châtiment d'Achab. Il a fallu pour secouer
enfin ces âmes endormies un fait concret et
brutal : les chiens qui léchaient le
sang d'Achab à la place où d'autres
chiens avaient léché autrefois le
sang de Naboth !
Telle est, pourtant, mes Frères,
l'explication de la Parole de Dieu,
l'interprétation spirituelle du
désastre qui a atteint le roi et le peuple
d'Israël. Car Dieu prend en main la cause des
opprimés, des faibles et des petits. Et,
à son heure, Il juge et Il châtie.
Remarquons-le, il ne s'agit pas ici du tout de la
vengeance de Naboth soit par un membre de sa
famille, soit par un ami, soit par un parti
quelconque. C'est un homme, un inconnu qui a
tiré de l'arc au hasard, sans
connaître le roi, sans le voir ; et la
flèche mystérieuse est entrée
par le défaut de la cuirasse.
Et notre cuirasse à nous, mes
Frères, est-elle sans défaut ?
Nous pouvons, pour nous tromper nous-mêmes et
pour tromper les autres, revêtir tous nos
masques, nous recouvrir de toutes nos armures, nous
déguiser de toutes les manières. Et
surtout, nous pouvons, avec une facilité
incroyable, oublier : oublier tout le mal que
nous avons fait, toutes nos duretés, tous
nos manques de charité et toutes nos
déficiences dans l'ordre de la justice. Nous
pouvons oublier, mais cela n'efface pas, cela ne
supprime pas, cela ne pardonne pas notre
péché. Si nous n'y prenons garde, si
avant qu'il ne soit trop tard nous ne nous mettons
pas nous-mêmes devant la
justice de Dieu et son châtiment, alors il
peut suffire de bien peu de chose pour nous
arrêter ou pour nous briser à
toujours : une petite flèche qui
entrera par le défaut de la cuirasse et
qu'un inconnu aura tirée au hasard.
7 février 1943.
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