Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



MOODY
PÊCHEUR D'HOMMES - MILITANT DES U. C. J. G.



CHAPITRE VII
ÉDUCATEUR ET BÂTISSEUR

 Peu après son installation à Northfield, Moody put acquérir une assez vaste propriété que, grâce à des circonstances favorables, il agrandit par la suite. En peu d'années, son village natal allait devenir un centre, rayonnant au loin, une sorte de «ville sur la montagne ... ».

Se rappelant les expériences fâcheuses qu'il avait faites lui-même pendant son enfance, il désirait ardemment venir en aide à la jeunesse rurale. Aussi, toujours intéressé par les questions d'aide pédagogique, devait-il mettre sur pied, en deux ans au plus, des établissements scolaires qui, à peine créés, allaient prendre un essor exceptionnel. Ses décisions furent rapides («Je suis un impulsif», disait-il volontiers), mais elles étaient le fruit de sérieuses méditations.

L'école de jeunes filles

Un jour qu'ils visitaient une pauvre famille du pays, (le père était paralytique, mère et filles demandaient au tressage de la paille leur maigre subsistance), Moody et son frère Samuel furent émus par cette situation, Que serait, se dirent les visiteurs, l'avenir de ces adolescentes à l'intelligence éveillée qui n'avaient à leur portée d'autre possibilité de développement qu'une simple classe primaire? Moody vit alors s'imposer à sa conscience tout un problème d'éducation populaire.

L'automne suivant, se trouvant à Boston l'hôte d'un universitaire 'distingué, M. Henry Durant, il constata que ce problème avait été fort heureusement résolu par cet homme de coeur qui, frappé dans ses affections les plus chères, avait généreusement transformé sa propriété en un établissement d'instruction supérieure pour jeunes filles des classes peu aisées, assurant à celles-ci les avantages que les jeunes hommes pouvaient trouver à l'Université d'Harvard.

Le prix de pension s'élevait à deux cent cinquante dollars par an, chaque élève devant prendre sa part du service de maison. C'était l'école Wellesley qui devait devenir célèbre dans tout le Nouveau-Monde.
L'existence de ce collège féminin apportait à Moody une solution précise dont il ne pouvait que s'inspirer à Northfield.

La première chose à faire était de trouver un emplacement. Alors qu'il discutait de ce projet avec tel de ses amis, un propriétaire voisin vint à passer. Sur l'heure, Moody l'entraîne chez lui, et c'est, incontinent, un premier achat que d'autres vont suivre. Le voilà bientôt en possession de plus de quarante hectares de terrain d'un seul tenant dominant la vallée du Connecticut.
C'est là que, dès le printemps de 1879, il se mettra à construire. Moody veut d'abord une grande salle de réunions pour cent élèves au moins et, en attendant que les dortoirs soient prêts, il transforme les communs de sa propre demeure, si bien qu'en novembre déjà l'école pourra s'ouvrir. On comptait sur huit élèves ; il s'en présentera vingt-cinq et comme la grande salle n'est pas prête, les leçons seront données dans la salle à manger du fondateur.

À côté des heures de classe et de jeux et en dehors du temps réservé aux entretiens, Moody tenait à ce que ses élèves fussent, à tour de rôle, initiées à la tenue du ménage, aux soins du jardin et à d'autres travaux manuels. Il entendait développer chez elles, avec l'instruction proprement dite, le respect du travail, la connaissance de la valeur de l'argent et surtout le sens de la responsabilité personnelle. Les nouvelles arrivantes commençaient par les besognes les plus humbles ; l'avancement dépendait de l'application et constituait sa récompense. Venues de milieux assez divers, les jeunes filles étaient mêlées les unes aux autres ; associées pour les tâches communes, elles apprenaient à s'estimer comme à s'entr'aider. Les conditions d'admission étaient telles que personne ne pût être retenu par les frais de pension. Mais il était de règle que chaque élève payât sa part : cent dollars par an, le reste étant à la charge de l'institution... ou de Moody lui-même ! L'école devait néanmoins rester ouverte aux jeunes filles de condition modeste ; on n'écartait que celles en mesure de fréquenter des établissements plus coûteux.

Au début, Moody n'avait pensé qu'aux élèves domiciliées aux environs de Northfield ; très vite, les demandes d'admission affluèrent de tout le comté. Année après année, il fallut agrandir.
Quant au personnel enseignant, le fondateur entendait le choisir avec discernement, exigeant de ses seconds, non seulement les capacités pédagogiques, mais une connaissance approfondie de la Bible, celle-ci étant à ses yeux aussi importante pour l'instruction générale que pour la formation du caractère et le développement de la vie spirituelle. «On n'a pas le droit de prétendre qu'un homme ignorant la Bible est vraiment instruit ; en revanche, de celui à qui la Parole de Dieu devient familière, on ne pourra jamais dire qu'il est un illettré ! ».
«Deux choses, écrivait en 1896 le fondateur de ces écoles, sont nécessaires à la vie d'un peuple : l'instruction et la justice. L'instruction, les fondateurs de notre république en ont reconnu la nécessité et voulurent répandre largement ses bienfaits pour arracher le peuple à l'ignorance. L'instruction a été mise à la portée des plus pauvres. Elle ne cesse de progresser et de s'étendre. Mais l'instruction en elle-même n'a pas d'efficacité spirituelle ou morale. L'instruction ne prévient pas le crime. Ce qu'il faut pour changer un caractère, c'est un coeur nouveau avec la connaissance du Dieu vivant et vrai. Je crois que notre pays ne souffre pas d'un manque d'instruction ; il lui faut l'Évangile de Jésus-Christ, le vieil Évangile dans toute sa pureté et son intégrité».

Sentant avec justesse ce qui lui avait fait défaut au début de sa carrière, Moody ajoutait, en une autre occasion : «Mon défaut d'instruction a toujours été pour moi un grand désavantage. J'en souffrirai toute ma vie. J'espère que lorsque tous ceux qui sont ici seront partis pour un monde meilleur, celle école vivra encore et sera en bénédiction ; j'espère que des missionnaires en sortiront pour aller prêcher l'Évangile aux païens, et que l'on reconnaîtra sa puissance, pour amener des âmes au Christ».

Dans l'angle de la première maison construite, aussi bien que dans toutes celles qu'il inaugura par la suite, Moody déposa un exemplaire des Saintes Écritures. Comme on lui avait présenté, pour sceller la pierre, une truelle d'argent, il refusa de s'en servir et montra aux assistants un outil fatigué par l'usage qu'il venait de découvrir dans son grenier.
- Voici, dit-il, ce qui me convient...
C'était la vieille truelle de son père.

Les institutions de Northfield.

Mount-Hermon

À peine ouvert le séminaire pour jeunes filles, quelqu'un interrogea Moody :
- Et les jeunes gens, que ferez-vous pour eux

- Qu'un autre s'en charge ! répliqua-t-il, car il n'était pas partisan de la coéducation. Je ne puis ajouter quoi que ce soit à ce que j'ai déjà sur les bras.

Mais, au même moment, arriva un ami de récente date, M. Camp, de New-York. Après avoir largement pourvu à l'avenir de sa famille, cet homme de bien voulait faire de sa fortune un usage utile à la communauté ; il préparait son testament et venait chercher conseil auprès de Moody.
«- Pourquoi ne pas être votre propre exécuteur ? lui suggéra ce dernier. Vous avez eu la peine d'amasser votre argent - accordez-vous donc le plaisir de voir le bien qu'on en peut faire !
- Mais à quoi le destinerai-je
- Donnez-le aux oeuvres de votre Église ; elles sont sagement dirigées, l'emploi en sera judicieux.
- Hum ! je préférerais le consacrer à un but plus précis j'aime à voir ce que je fais.
- Bien ! continua Moody. En ce cas, j'ai votre affaire. On me supplie de prendre des garçons à Northfield ou de recommencer ailleurs ce que j'ai fait pour les jeunes filles. Mais je ne puis pas me charger davantage. Il faut pour cela quelqu'un d'autre que moi. À votre tour, Mister Camp !»


Camp était un homme d'âge ; il déclarait avoir perdu contact avec les jeunes. Mais l'exposé de Moody l'intéressa si vivement qu'il le somma de se mettre à l'oeuvre... en lui offrant un don initial de vingt-cinq mille dollars. Grand embarras de Moody ! Il s'était compromis en défendant la cause de la jeunesse masculine : impossible de reculer !

Bientôt, à quelques kilomètres de Northfield, il s'assure la propriété de deux fermes de cent dix hectares ; les maisons situées au haut d'une éminence sont adaptées à leur nouvel usage et M. Camp baptise l'Institut «Mount Hermon», en souvenir de l'école de prophètes bibliques.
«Car là, disait-il, repose la bénédiction, la vie à toujours »(Psaume CXXXIII. 3). Le 1er mai 1881, deux ans après l'école des filles, celle des garçons s'ouvrait avec... un élève !

Au début, on commit l'erreur d'admettre des jeunes gens au-dessous de seize ans dont la préparation insuffisante entravait le développement général. Plus tard on réserva la place aux candidats avides de compléter leur instruction et prêt à se soumettre à la discipline d'un internat.

À Mount-Hermon, les principes directeurs étaient les mêmes qu'à Northfield. Chaque élève payait cent dollars par an, Moody fournissant, là aussi, l'équivalent de cette somme. À la base du programme, était placée l'étude de la Bible. Sous l'égide de maîtres compétents, les internes faisaient des travaux manuels et pourvoyaient à l'entretien de la ferme. Leur nombre ne cessa de croître jusqu'à la mort du fondateur (1) .
«On me demande souvent, déclara Moody en 1898, lors de l'inauguration d'un nouvel édifice : «Avez-vous pour vos écoles des ressources suffisantes ? » Ma réponse est que nous avons un très riche capital d'amis. Si Christ a toujours la prééminence, jamais les fonds ne manqueront. Donnez-Lui la première place. Ces écoles n'existeraient pas sans Christ et la Bible. Vivez en Lui et la lumière sur la colline brillera sur le monde ! ».

À peu de distance de l'Institut, Moody aimait à conduire ses visiteurs sur une verte éminence d'où la vue s'étendait au loin. Il l'avait baptisée Temptation Hill, la Colline de la Tentation. Comme on s'étonnait d'un tel nom donné à un si beau point de vue :
« - J'espère, disait-il en souriant, que quelqu'un cédera ici à la tentation d'ériger une chapelle ! »

Bâtiments scolaires au Mount Hermon

Le temple construit au sommet de la Temptation Hill», en 1897.

Plusieurs années s'écoulèrent sans que personne y succombât. Mais en 1897, lors du soixantième anniversaire de Moody, on put grâce à des dons spéciaux, élever le lieu de culte espéré. À la demande expresse de l'animateur de n'être pas nommé, l'inscription dédicatoire porte ces simples mots : « Grâce aux dons d'amis chrétiens d'Amérique et de Grande-Bretagne, cette chapelle a été élevée pour la gloire de Dieu. Elle sera le témoignage perpétuel de leur unité au service du Christ».

Premières conventions chrétiennes

La sollicitude de Moody avait pour objet les jeunes gens et jeunes filles désireux de s'instruire et qui, jusqu'alors, n'avaient pas eu les moyens de le faire. Mais travailler à former une jeunesse plus cultivée ne lui suffisait pas ; il visait plus loin et plus haut. il ambitionnait que Northfield et Mount-Hermon devinssent des pépinières d'ouvriers chrétiens. Là aussi, il eut la joie de voir ses espoirs se réaliser. Plus de deux cents missionnaires et des centaines de pasteurs sont passés par ses écoles, et combien d'autres serviteurs et servantes fidèles !

Mieux que cela ! Moody comprit la nécessité de rapprocher les uns des autres ceux qui sont engagés dans les champs de Dieu. Pourquoi les installations qu'il était en train de créer ne serviraient-elles pas à de vastes assemblées ? Jusqu'alors, il avait groupé pendant ses vacances, les chrétiens du voisinage éprouvant le besoin d'affermir et d'enrichir leur foi ; il dirigeait pour. eux des études bibliques. L'idée lui vint d'offrir aux moniteurs d'Écoles du dimanche, aux secrétaires unionistes, (2) aux pasteurs et laïques actifs, la possibilité de mettre à part quelques jours, chaque année, pour assister à une retraite basée sur le recueillement, l'étude de la Bible et la prière. Sa conviction, puisée dans l'histoire de l'Église, était que le réveil doit commencer par la maison de Dieu.

Son idée se précisa au cours d'une mission à Cleveland. Il eut alors la vision de ce que pourrait être une rencontre de ce genre. Un pasteur, qui présidait l'une des séances, avait parlé de la prière pour l'Église. À peine l'auditoire dispersé, Moody fond sur lui, et lui dit à brûle-pourpoint :
- J'ai besoin de vous à Northfield l'été prochain.

Au début d'août, le pasteur recevait une lettre ainsi conçue : «Vous trouverez ci-joint une circulaire qui s'explique d'elle-même. je l'ai méditée lorsque J'étais dans votre ville en novembre dernier. Je le répète : j'ai absolument besoin de vous ».

Et voici le texte de la circulaire

Convocation à la prière

«Sentant profondément le besoin de nous unir pour la prière, et convaincus qu'il y a une récompense accordée à ceux qui la cherchent sincèrement, nous vous invitons à vous rencontrer à Northfield du 1er au 10 septembre prochain. Le but de cette rencontre est assurément d'étudier la Bible mais, avant tout, de nous consacrer solennellement à Dieu, de faire appel à Ses promesses et de nous attendre à Lui pour recevoir une nouvelle onction de la puissance d'En-Haut... Tous les ministres et les laïques, hommes et femmes, qui sont nos auxiliaires et nos collaborateurs dans l'oeuvre du Royaume et dans l'attente de notre Seigneur Jésus-Christ, de même que tous les chrétiens qui ont faim et soif d'une communion plus intime avec Dieu, sont cordialement invités.

Il est à souhaiter que ceux qui sont un avec nous dans ce désir d'un renouvellement de la force. d'En-Haut mais qui ne pourront être présents sachent en témoigner par l'envoi d'un message afin que, pendant les jours de préparation, nous puissions être en communion de prière avec eux dans le pays tout entier. »

D. L. MOODY.

Trois cents personnes répondirent à cette convocation. Plusieurs durent loger sous des abris de fortune. L'église étant trop petite, à côté d'elle une vaste tente fut dressée.
On voit d'où partit le mouvement des Conférences d'été qui, renouvelées dès lors chaque année, et, à une exception près, présidées par Moody lui-même, ont laissé dans la vie spirituelle des Églises américaines une empreinte profonde. Bien des hommes éminents y prirent part qui sont devenus chefs de file dans les champs de l'évangélisation et de la mission, tel John-R. Mott, Robert Speer, Wilder et tant d'autres. Qui dira tout ce qu'ils ont reçu là ?

Moody à 45 ans.

Table des matières

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1. En 1436, il y avait 548 élèves à Northfield, 583 à Mount-Hermon, total 1.131. A cette date, 11.076 étaient passés par Northfield, 15.153 par Mount-Hermon, total 26.229. Les deux établissements constituent la plus grande école secondaire privée des Etats-Unis.
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2. Les secrétaires unionistes ont des agents permanents travaillant à temps plein au service des Unions chrétiennes de jeunes gens.

 

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