Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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MOODY
PÊCHEUR D'HOMMES - MILITANT DES U. C. J. G.




CHAPITRE VI
L'APOSTOLAT AMÉRICAIN (1875-1881)

Un peuple en évolution

Après une aussi longue absence, Moody retrouvait son pays natal entraîné par l'évolution rapide qui, dès la Guerre de Sécession, transformait la vie économique et sociale. On avait découvert de nouvelles sources de richesses, l'industrie se développait, grâce à la multiplication des voies ferrées ; une ère de prospérité sans précédent s'annonçait : mais tout cela n'allait point sans dangers.

Accroître sa fortune était pour nombre de gens la préoccupation dominante et, si répréhensibles fussent-ils, tous les moyens d'y parvenir étaient bons. Le torrent de l'immigration charriait toutes sortes d'éléments nouveaux. On voyait s'opposer les courants de pensée les plus divers. C'était le temps, observait un bon juge, où, comme dans l'ancienne Rome, le monde éprouvait un pressant besoin de régénération morale et religieuse autant que de consécration à un plus haut idéal, mais où les idées traditionnelles sur la Bible, la foi des pères, étaient battues en brèche. De plus en plus se répandait dans des cercles toujours plus étendus un agnosticisme dédaigneux et stérilisant. On se donnait un mal énorme pour mettre l'instruction à la portée de tous, mais, au-delà de ces efforts humains, beaucoup cherchaient dans le désarroi général à retrouver un terrain solide :

«Notre nation, écrivait le professeur Royle, de l'Université d'Harvard, a perdu contact avec les anciennes formes de sa vie religieuse. Depuis la guerre, noire Peuple, transformé et toujours remuant, cherche une direction pour sa vie morale comme pour sa vie spirituelle ! Quels principes doivent nous guider pour trouver une voie sûre dans ce désert de la nouvelle démocratie où il risque fort de s'égarer ?... »

On peut comparer ce temps à celui où Wesley et Whitefield, un siècle auparavant, s'étaient voués à l'évangélisation de leur peuple. La prédication des chaires officielles manquait trop souvent de simplicité. Elle était devenue parfois une sorte de dilution de systèmes théologiques, parfois aussi un simple cours de morale ; ailleurs, la proclamation de la Loi ; ailleurs encore, un appel à l'émotivité. « A peine», a dit quelqu'un, «pouvait-on distinguer la prédication des essais littéraires ou des harangues politiques ... »

Seul un grand mouvement de réveil devait révéler au peuple américain la gravité de la situation et l'amener à lutter contre les forces du mal qui menaçaient de le détruire. Aussi le retour des deux évangélistes fut-il salué avec joie par ceux qui espéraient et demandaient ce redressement spirituel. Les uns les attendaient avec curiosité ; d'autres gardaient une attitude critique. Il y avait des enthousiastes, il y avait des sceptiques. Mais, dans l'ensemble, l'accueil devait être favorable.

L'appel des campagnes et Celui des cités

À ce moment, D. L. Moody et sa compagne devaient, d'un commun accord, prendre une décision de haute importance. Pour eux, comme on l'a déjà vu, l'oeuvre entreprise à Chicago était achevée. La mission à laquelle ils se sentaient appelés débordait les cadres d'une cité ; elle était devenue mondiale. Aussi bien, sans revenir dans la métropole de l'Ouest, celui qui avait vu le jour dans l'humble village de Northfield voulut-il y établir sa famille. Sa mère y vivait encore ; souffrant d'avoir été si longtemps séparé d'elle, il désirait la voir plus souvent et l'entourer davantage ; ses enfants grandiraient dans l'atmosphère du foyer ancestral. Et de là, qui l'empêcherait de rayonner dans tout le pays ? Northfield serait la retraite où, entre les missions qui lui seraient confiées, il reviendrait, dans le cadre d'une nature qu'il aimait, renouveler ses forces.

Car cet établissement à la campagne n'impliquait nullement la suspension de ses voyages. Il devait modifier sa méthode de travail en ce sens qu'au lieu de rester peu de jours en diverses localités, il concentrait désormais ses efforts sur des missions de réveil dans les principales cités du pays. «Les rivières descendent des hauteurs ; les grandes villes sont comme les hautes collines ; si nous pouvons les atteindre, nous atteindrons le pays tout entier».

C'est à Northfield même que Moody inaugura son «apostolat américain», pour employer le terme appliqué à cette période. Heureux de renouer connaissance avec ses voisins de campagne comme avec l'Église qui l'avait entouré dans son Jeune âge, ne se devait-il pas tout d'abord aux communautés rurales ? Contrairement à ses désirs, l'écho des succès remportés de l'autre côté de l'Océan ne tarda pas à s'amplifier : bientôt se multiplièrent les appels du dehors.

Il fallut donc inaugurer d'importantes campagnes à Brooklyn, Philadelphie, New-York, Chicago, visiter aussi plusieurs villes de moindre importance et terminer par Baltimore, Saint-Louis et la Californie. Boston, berceau de sa vie religieuse, ne fut pas oubliée, mais le courant rationaliste qui depuis longtemps y dominait, ne facilitait pas la prédication dé l'Évangile tel qu'il le comprenait.

Partout on vit se reproduire ce qui s'était passé en Écosse et en Angleterre. De lieu en lieu, l'intérêt allait croissant, comme le prouvait l'afflux de foules toujours plus denses. Sans doute, le prédicateur rencontrait partout les barricades que l'indifférence, l'hostilité, les intérêts particuliers, les railleries élèvent toujours contre l'Évangile, mais partout aussi, à sa grande joie, il voyait l'Esprit de Dieu changer les plus ardents adversaires en humbles et courageux serviteurs du Maître.

À Brooklyn, toutes les prévisions furent dépassées. Un grand organe local, la Tribune, prit ainsi la défense des prédicateurs du réveil :
«Que beaucoup d'auditeurs viennent en simples curieux, cela ne fait aucun doute ; qu'un plus grand nombre encore professent déjà le christianisme que prêchent les orateurs, cela est évident. Mais tous peuvent recevoir d'eux un encouragement pour leur foi, un stimulant pour leur vie. Des gens au goût délicat, critiquent la familiarité de la forme et du fond ; ils estiment que présenter ainsi des sujets qu'ils tiennent pour sacrés et vénérables entre tous, c'est vulgariser et rabaisser la Vérité. Admettons qu'ils voient juste : que faut-il donc faire pour la foule ? Ce n'est Pas aux classes cultivées que le Christ a prêché mais aux travailleurs, aux pécheurs, aux péagers. Il s'est servi de mois et d'images qui pouvaient les frapper. Si Moody et Sankey réussissent à faire pénétrer Christ dans les coeurs et amènent les gens à changer de vie par amour pour Lui. bénissons-en Dieu sans nous attarder à des erreurs de goût ni à des fautes de style ! Le christianisme n'est pas une question de grammaire ». Ce trait final, parfaitement juste, rappelle un mot de Moody à l'un de ses interlocuteurs qui lui reprochait de ne pas parler correctement :
«- Je le déplore moi-même, croyez-le. Mais Je fais pour Dieu tout ce que je puis avec ce que j'ai.»

Plus il avançait, moins le grand évangéliste se montrait disposé à rester en marge des Églises, car nul ne croyait davantage à « la sainte Église universelle». La valeur d'une oeuvre d'évangélisation devait, à ses yeux, se mesurer au nombre de personnes qu'elle déciderait à se rattacher à une communauté. Dans ses campagnes, on l'entendait protester contre toute arrière-pensée séparatiste. «Si j'avais dans les veines», s'écriait-il, «une seule goutte de sang sectaire, je la ferais aussitôt disparaître !».

L'attitude qu'il prit à l'égard de l'Armée du Salut est, à cet égard, très significative. L'occasion lui fut fournie de s'en ouvrir au général Booth en personne. Comme il désapprouvait la prétention du chef à régler personnellement la conduite de chaque soldat de son armée (ce qui lui semblait contraire aux directions de l'Esprit et aux ordres de la conscience), il entra de suite dans le vif du sujet :
- Quelle est votre position à l'égard des Églises? demanda-t-il au général.
- J'entends ne pas me confondre avec elles.
- Allez-vous constituer une nouvelle communauté
- Non.
- Mais si, par exemple, une jeune fille se convertit à l'Armée et si ses parents la pressent de se rattacher à leur Église, quel conseil lui donnerez-vous?
- Je lui demanderai où elle a trouvé le salut.
- Sa réponse sera sans doute : dans l'Armée !
- Eh bien ! déclara Booth, je lui dirai de rester là où elle a trouvé la vie.
- Vous créerez ainsi fatalement une nouvelle communauté ! ...

Malgré les dénégations de son illustre interlocuteur, cet entretien détermina l'attitude de Moody à l'égard d'un mouvement qui, resté en marge des Églises constituées, lui paraissait manquer d'un élément essentiel : la permanence de l'effort spirituel.

Aussi, lorsqu'en 1878 on l'appela à Baltimore, décida-t-il d'y passer tout l'hiver en accordant son concours plusieurs semaines à chacune des Églises et en insérant ses réunions dans le cadre de leurs services habituels. N'avait-il pas reconnu et déclaré ouvertement, en Écosse, que, sans le travail régulier et fidèle que les pasteurs accomplissent dans leur paroisse, jamais sa campagne d'évangélisation n'aurait abouti à de tels résultats?

Un champ nouveau

Entre ses séjours à Philadelphie et à New-York, au cours de l'hiver 1878-1879, Moody fit à l'Université de Princeton une visite qui lui ouvrit des perspectives nouvelles et fut décisive pour la suite de son ministère. Elle lui fit comprendre le rôle de premier plan que les hautes écoles pouvaient jouer dans la vie de son pays. Un contemporain en a fixé l'origine :
« Le réveil se fait sentir avec puissance parmi les étudiants. C'est un mouvement de date récente. Lors du séjour à Philadelphie de MM. Moody. et Sankey, les étudiants de l'Université de Princeton ont exprimé à leur président le désir unanime d'inviter les deux évangélistes à venir passer quelques heures avec eux. »

Acceptée d'enthousiasme, cette rencontre fut soigneusement préparée de part et d'autre. Parmi les élèves, elle suscita le plus vif intérêt.
Au surplus Moody ne fit pas d'effort spécial pour s'adapter à ce nouvel auditoire. On l'entendit parler comme il parlait ailleurs ; mais, grâce à sa façon simple et directe de présenter l'Évangile, il sut capter l'attention des intellectuels comme il captait celle des foules.
«J'ai trouvé plus de zèle à Princeton en un seul jour qu'ailleurs en une année entière, écrivait-il peu après. je parlai aux étudiants de leur âme, et bientôt je les vis se presser autour de moi. L'un d'eux déclara se donner à Christ ; je vis aussitôt vingt à vingt-cinq mains se tendre d'un même élan vers lui. Voilà bien ce qu'il nous faut : des hommes qui se réjouissent lorsqu'ils entendent parler de conversions ! ».

En face de tels succès, on peut se demander si Moody, malgré sa réputation croissante et en dépit des hommages qu'il ne cessait de recevoir, sut demeurer fidèle à lui-même sans se laisser griser. Il n'est qu'une réponse possible : il restait homme de prière et la prière le maintenait dans l'humilité.
«Quand Dieu veut déplacer une montagne, déclarait-il, ce n'est pas à l'aide d'une barre de fer, mais en se servant d'un vermisseau. Le fait est que nous sommes trop forts. Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes. Quand Dieu a fait sortir Israël de l'Egypte, Il n'a pas envoyé une armée comme nous l'aurions, nous, jugé nécessaire, une armée... ou un orateur ! Mais Dieu a envoyé un homme qui avait vécu quarante ans au désert et qui avait la langue embarrassée. C'est de faiblesse que Dieu a besoin. Nul n'est petit quand Dieu le prend en main... »

Moody prêche dans «L'Agriculture Hall» à Londres.

Moody prêche dans «L'Agriculture Hall» à Londres.

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