Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



MOODY
PÊCHEUR D'HOMMES - MILITANT DES U. C. J. G.



CHAPITRE XI
SUR LE SEUIL... (1899)

 

Ultime campagne

«Cet hiver, j'ai demandé à Dieu de me donner une tâche difficile.. Il a entendu ma prière. J'ai trouvé ici le champ le plus ardu que j'aie jamais connu». Ces mots, Moody les écrivait à son fils, alors qu'il se trouvait dans le Sud-Ouest, au centre d'une région minière. Les auditoires étaient clairsemés. Il fallait d'abord réveiller l'intérêt pour les choses religieuses. Situation nouvelle : ailleurs, les foules accouraient d'elles-mêmes ; ici, il fallait les conquérir. Mais que le public fût nombreux ou rare, Moody mettait à son oeuvre la même sainte ardeur. Il eut la joie de voir les coeurs s'ouvrir et les salles se remplir. Ceux qui l'entendirent alors trouvèrent que sa puissance n'avait pas faibli.

Pourtant, une ou deux fois, n'arrivant pas à se débarrasser des suites d'un refroidissement, il dut se faire remplacer. À la fin du printemps, après une campagne en Californie et un séjour à Chicago pour inspecter l'Institut biblique, il rentrait à Northfield afin d'y préparer les conférences d'été et, la promotion des élèves.

La saison fut assombrie par la maladie et la mort de l'une de ses petites-filles, âgée de quatre ans. Agenouillé près du lit mortuaire, il donna libre cours à ses sentiments dans une prière de reconnaissance, bénissant Dieu pour toute la joie qu'avait apportée au milieu des siens la courte vie de l'enfant chérie et pour l'espérance du revoir. Il Lui demanda surtout de soutenir les parents dépouillés. C'était le second de ses jeunes descendants qui était ainsi enlevé de ce monde. Le jour des obsèques, il évoqua son souvenir, la douce voix, le sourire avec lequel, depuis sa prime enfance, elle l'accueillait chaque fois qu'il s'approchait d'elle. «Nous ne voulons pas la faire revenir... Christ a là-haut quelque emploi pour elle. Ma vie a été embellie par sa présence au milieu de nous. Elle nous a tous rendus meilleurs.»

Le nombre des participants à la conférence de vacances du mois d'août fut particulièrement élevé. On constatait un réel approfondissement de la vie religieuse. Un souffle nouveau passait. Des relations plus intimes s'établissaient entre frères, une conscience plus nette de l'unité dans l'obéissance s'était manifestée.

En novembre, Moody avait accepté de diriger une série d'assemblées à Kansas City, la grande métropole commerciale de l'Ouest. Il partit seul, sa femme restant, sur le désir qu'il en avait lui-même exprimé, avec les parents de la petite Irène, récemment enlevée à leur affection.
Son ami Wanarnaker, chrétien fort connu, qui avait été ministre des Postes des Etats-Unis, put aller le saluer à son passage en gare de Philadelphie. il revint de là, disant que Moody. lui était apparu comme un prophète, lorsque, les yeux remplis de larmes, il lui avait dit :
- «Oh ! si Dieu voulait me laisser conquérir Philadelphie cet hiver ! Je souhaiterais pouvoir le faire avant de mourir, et peut-être, de cette ville, le réveil se propagerait-il dans d'autres grandes cités... ».
«Il me semblait, ajouta Wanamaker, que j'assistais à une sorte d'agonie de son âme luttant pour l'Église dans l'attente d'un réveil. C'est avec ce poids sur le coeur qu'il entreprenait ce long voyage».

À Kansas City, l'orateur commença ses prédications avec vigueur, comme toujours, mais il eut à lutter contre une faiblesse croissante aggravée par des insomnies. Avait-il quelque pressentiment lorsque, l'un des premiers soirs, il parla de l'éternité?
«Je n'ai aucune sympathie, déclarait-il, pour l'idée que nos meilleurs jours sont derrière nous. On m'a appelé récemment le. vieux Moody. Pourquoi ? je n'ai que soixante-deux ans. Je ne suis qu'un enfant en face de l'éternité qui est à venir. Nous disons qu'ici-bas c'est la terre des vivants. Non ! c'est bien plutôt la terre des mourants. Qu'est-ce que notre vie ? Une vapeur. La mort s'avance au milieu de nous d'un pas dominateur. La mort est devant nous, derrière nous, à nos côtés, à droite, à gauche. Pensez aux hôpitaux, aux asiles d'aliénés, aux aveugles, aux asiles de vieillards...
Mais, regardez aussi à l'autre monde ! Plus de mort, plus de douleur, plus de chagrin ; plus d'yeux voilés, plus de larmes ! Joie, paix, amour, bonheur ! Ni décrépitude, ni maladie, ni corps débiles. Tous sont jeunes ! Le fleuve de la vie coule pour la guérison des nations. Pensez à cela : la vie ! la vie ! la vie sans fin ! Et voici que tant de gens choisissent la vie d'ici-bas, au lieu de la vie d'En-haut. Ne fermez donc pas votre coeur à la vie éternelle ! Acceptez ce don-là !»

Le mardi, l'un de ses collaborateurs remarqua sa pâleur. Il ressentait une vive douleur à la poitrine, mais - imprudent silence ! - n'en avait point parlé chez lui, de peur qu'on ne l'empêchât de partir. Il prêcha six fois encore, mais paraissait toujours faible. On dut, les deux derniers jours, le mener en voiture à la salle de réunions, cependant toute proche de son hôtel. Dès qu'il commençait à parler, nul n'aurait pu le croire souffrant, car il conservait sa flamme habituelle. Mais une fois dans sa chambre, ses forces l'abandonnaient. il refusa de prévenir sa famille avant la date fixée pour le retour.

Le dernier jour, surmontant sa fatigue, il parla l'après-midi à trois mille personnes, et le soir, devant un auditoire plus grand encore, il reprit un de ses sujets favoris : la parabole des invités (Luc XIV), énumérant les excuses que les hommes opposent si souvent et facilement à l'appel de Dieu, excuses dont il disait que ce sont les berceaux dans lesquels le diable sait endormir les âmes. L'heure de clore étant venue, il se pencha vers la foule. S'accompagnant du geste qui lui était familier, comme à Spurgeon : le bras étendu, un doigt montrant le ciel, il lança un vibrant
- Au revoir !

Ce devait être pour la dernière fois.

À la maison

Sur l'ordre exprès d'un médecin, bien à contrecoeur, il partit le lendemain pour faire d'une seule traite le voyage de retour qui demandait deux nuits et un jour. Le mécanicien, apprenant qu'il conduisait le grand évangéliste sérieusement atteint dans sa santé, lui fit transmettre ce message :
«Dites-lui que je me suis converti, grâce à lui, il y a quinze ans et que Je lui dois tout ! ».

Par bonheur, le voyage se fit sans accroc.
Mais le retour au foyer n'eut pas l'effet espéré. Le ressort était brisé. Dès lors, ses forces déclinèrent rapidement. Le moindre effort devint souffrance. Bien que l'inaction lui ait beaucoup pesé les premiers temps, le malade ne proféra aucune plainte. Il avait appris à se laisser diriger, faisant sien le mot de Gladstone : «Nos devoirs peuvent prendre soin d'eux-mêmes lorsque c'est Dieu qui nous en éloigne».

Chaque année, le 22 décembre était pour lui un jour de joie : «L'hiver a les reins cassés », disait-il volontiers, «les jours recommencent à grandir, le printemps sera bientôt là ». Le 22 décembre 1899, le printemps éternel allait commencer pour lui .
Au matin, Moody sortit d'un court sommeil et son fils, qui le veillait, l'entendit prononcer quelques mots distinctement, calmement:
«La terre recule... le ciel s'ouvre devant moi».

Il crut d'abord que son père rêvait, mais l'entendit ajouter :
«Non, ce n'est pas un rêve, c'est splendide ! c'est comme une extase. Si c'est là la mort, elle est très douce. Il n'y a pas de sombre vallée. Dieu m'appelle. Je suis prêt ».

Toute sa famille étant réunie autour de lui, il s'anima suffisamment pour dire à chacun une parole d'adieu. Puis, s'adressant à tous :
«- J'ai toujours été ambitieux ; j'ai eu l'ambition de ne laisser ni fortune, ni propriétés, mais de vous laisser beaucoup de travail à faire ... »

Un instant, il parut regarder comme au-delà du voile. «C'est mon triomphe. Ceci est le jour de mon couronnement. Voilà des années que je l'attends ». Puis son visage s'éclaira; d'une voix joyeuse il appela :
«- Dwight ! Irène !... je vois la face des enfants. »

Et encore :
«- Dites à tous mon affection, à tous.»

Et à sa femme : «Maman, tu as été si bonne pour moi ».
Puis il perdit connaissance.

Un moment plus tard, il revint à lui.
«- C'est curieux, murmura-t-il, j'ai dépassé les portes de la mort. J'ai été jusqu'à la porte du ciel et me revoici. C'est bien étrange ... »

Comme sa fille le suppliait de ne pas abandonner les siens, il répondit :
«- Je ne tiens pas à quitter la vie. je resterai tant que je pourrai. Mais, si mon heure est venue, je suis prêt... »

Puis, très paisiblement, il s'endormit pour ne se réveiller qu'en présence de Celui qu'il avait si fidèlement servi.

Le nouvel auditorium à Northfield, édifié en 1894. Lieu de rassemblement pour les conférences.


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