Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Nous les jeunes

VII.
LE PEUPLE

« CE SONT LES INDIVIDUS QUI FORMENT LE PEUPLE. »

ARNDT.

 Peut-être l'échappée que nous avons eue sur l'humanité, à propos de notre enfant, a-t-elle paru trop vaste à beaucoup de personnes. Peut-être, aussi, beaucoup d'autres sont-elles disposées à nier que l'humanité forme un tout. Il n'y aurait, pour ces dernières, que des peuples, des nations différant les unes des autres, des histoires nationales distinctes, mais jamais une humanité ne serait apparue dans l'histoire. Il y a là matière à discussion. Pour ma part, je tiens l'humanité pour un tout, et je puis assurer que j'ai de bonnes raisons pour le faire.

Mais comme on ne s'est pas encore mis d'accord sur ce point, au lieu de nous occuper d'une humanité qu'il nous serait difficile d'étudier dans son ensemble, occupons-nous d'une humanité à portée de notre observation, de notre peuple. Un peuple est toujours une réalité historique, possédant un caractère défini, et ayant une tâche précise à remplir. Un peuple qui est parvenu à l'unité politique de sa race, révélera toujours très nettement l'unité des éléments qui constituent sa nationalité. Les mêmes facteurs de développement qui agissent sur l'individu isolé : origine, ambiance, climat, situation géographique, etc., ont aussi leur importance pour le peuple dont ils contribuent à façonner l'âme.

L'âme ? Un peuple a-t-il une âme ? N'est-il pas déjà assez difficile de croire que l'homme en ait une, faut-il donc croire que le peuple en a une aussi ? Certainement ! Il en est de l'âme du peuple comme de l'âme de l'individu. Dans le rythme engourdissant de la vie journalière, dans sa monotonie machinale, nous courons le danger d'oublier que nous avons une âme. Plus d'un, dont la tranquillité n'est jamais troublée, peut l'avoir oubliée et perdue. Mais lorsqu'un bonheur immense nous arrive et nous remplit d'une joie débordante, ou lorsqu'un malheur nous atteint, nous ébranle jusqu'au plus profond de notre être, ou encore, lorsqu'une tâche nous est confiée, exigeant toutes nos forces disponibles, et ne pouvant être accomplie que par un travail et un effort personnels, alors, le prisonnier oublié se réveille en nous. On le disait mort et en décomposition, mais il se rue contre les barreaux de son cachot ; il appelle à grands cris l'air et la lumière, car, sans air et sans lumière, il ne peut vivre. Joyeuse ou désolée, notre âme se dresse devant nous, et nous rappelle que nous ne devons pas l'oublier, parce qu'elle est la meilleure partie de nous-mêmes.

Un peuple peut aussi végéter pendant des années, même des dizaines d'années, lorsque celles-ci ne sont pour lui qu'une somme de jours dont l'un ressemble à l'autre. Aucune souffrance profonde, aucune joie, ne viennent remuer les flots de la vie populaire ; aucun grand sacrifice n'est exigé, aucune grande tâche ne demande à être accomplie. Alors les traits caractéristiques du peuple s'effacent, son individualité s'amoindrit, son âme s'endort. Mais qu'un appel à se libérer d'une domination étrangère retentisse, ou que le peuple ait à combattre pour sa liberté et son unité, chacune des individualités qui le composent se donne au tout, s'abandonne, se sacrifie pour la nation. Tous les désirs, toutes les espérances, toutes les craintes particulières se taisent, et toutes les âmes de la nation, confondues dans un même sentiment, n'en forment plus qu'une, l'âme du peuple, grande, forte et joyeuse. Cette âme populaire ne se révèle pas seulement, dans les grandes époques, par l'action commune ; elle cherche aussi des représentants dans lesquels elle puisse s'incarner. Parmi ces représentants, nous pouvons citer les réformateurs, comme Luther, Calvin, les grands poètes, tels que Shakspeare, Goethe, Victor Hugo, et les grands hommes d'État des différents peuples.

Il y a une occasion accessible à tous, de lire dans l'âme du peuple. Nous n'avons qu'à montrer un peu moins d'orgueil, à être un peu moins blasés. Il faut qu'une fois, au moins, nous sentions que nous faisons partie du peuple ; il faut que nous l'aimions davantage. Alors les contacts que nous aurons avec lui ne seront plus uniquement des occasions de déclamations insensées et vides sur les « masses », mais nous découvrirons des réserves inépuisables de force et de fidélité, d'amour maternel et d'aspirations au développement, dont l'absence serait la mort de notre peuple. Qui a donc rendu les artistes capables de nous peindre le peuple dans ses joies et dans ses douleurs ? C'est l'amour avec lequel ils l'ont regardé, écouté ! Le génie n'est pas l'orgueil le génie, c'est l'amour.

Et nous voulons apprendre à connaître ceux qui ont été les représentants et les protecteurs de l'âme de notre peuple. Quelque différents qu'ils puissent être les uns des autres, dans la mesure où ils ont rencontré cette âme et parlé par elle, ils toucheront et enrichiront nos âmes ; ils nous identifieront avec cette âme, sans que cela soit au détriment de notre caractère personnel. Tout véritable intérêt individuel bien compris, est aussi un intérêt national.

Nous tiendrons aussi à connaître l'histoire de notre peuple, afin de savoir d'où nous venons, et d'y trouver des indications sur la voie que nous aurons à suivre dorénavant.

Nous apprendrons encore à connaître notre pays, et malgré le cosmopolitisme envahissant, nous conserverons notre amour de la patrie. C'est avec amour que nous contemplerons ses plaines et ses montagnes. Il y a en elles un esprit qui nous parle, et qui, lorsque nous le comprenons bien, ne nous quitte plus. Notre pays doit nous devenir sacré, lui qui a vu changer les temps et les générations, qui ont assisté aux joies et aux douleurs de l'âme du peuple. Je suis convaincu que plus nous apprendrons à connaître intimement notre pays et notre peuple, plus nous surveillerons attentivement ses émotions, et mieux nous le comprendrons et l'aimerons. Nous n'aurons pas un patriotisme aveugle, un orgueil national, qui s'imagine qu'il n'y a point de peuple comme le nôtre, mais un amour éclairé. Loin de nous le patriotisme qui, dans les festins, crie jusqu'à s'enrouer, et s'enivre, pour aller ensuite, se calmer auprès des plus malheureuses filles de ce même peuple, à la santé duquel il vient de boire ! Arrière de nous, cette misérable hypocrisie ! Mais honneur à celui qui sait s'absorber avec amour dans l'étude de son peuple, au contact duquel son âme deviendra grande, forte, indépendante ! Honneur à celui qui baigne son âme dans les flots de l'histoire de la patrie, tellement qu'elle en sort forte, pure et fidèle !

Étudions aussi la question sexuelle à ce point de vue très élevé qui est celui de ses relations avec la vie nationale. Nous ne nous bornerons pas à compter les innombrables millions d'individus qui, annuellement, sont sacrifiés sur l'autel de Vénus, capital géant perdu pour la civilisation, le progrès de notre peuple, et qui surpasse en tout cas de beaucoup ce que l'on nous demande à titre de sacrifice national. Nous ne penserons pas seulement que le poison des maladies vénériennes réclame d'innombrables victimes, hommes et femmes, qui auraient pu rendre encore des services à la collectivité, - quoique ces points de vue aient une grande importance et qu'ils pèsent, probablement, dans la balance plus que nous ne pouvons le supposer maintenant.
Ce que nous voulons, c'est aimer notre peuple de cet amour qui l'aidera et l'encouragera, en le gardant de cette dépravation morale et de cette faiblesse organique qui ont conduit à la ruine les peuples anciens. Les femmes qui sont au service de la prostitution ou de toute autre satisfaction charnelle, ne sont-elles donc pas des enfants de notre peuple ? Nous ne pourrons plus regarder sans souffrir la vulgarité de leurs traits flétris, ni porter la responsabilité de les rendre encore plus vulgaires en nous servant d'elles. Nous ne nous excuserons plus en prétendant qu'il n'y a en elles plus rien à corrompre et plus rien à sauver. On retire de l'eau, même un noyé. Et pour remplacer la prostituée dont tu te sers, et dont tu as contribué à précipiter la ruine, il y a encore l'innocente qui sera foulée aux pieds à la place de celle dont tu as abusé. Ainsi tombe encore l'excuse, souvent avancée, que l'on ne s'est jamais servi de filles pures.

Dans le domaine de la prostitution, l'offre monte et baisse proportionnellement à la demande.

Mieux encore : Le peuple, la collectivité, n'ont-ils pas des droits bien fondés sur nos corps et nos forces, à nous, jeunes hommes ? Ce principe individualiste qui caractérise le courant intellectuel moderne que nous avons résolument adopté, ne nous empêche en rien de nous unir à l'âme de notre peuple. Nous ne voulons pas être des entêtés, de froids égoïstes qui renient l'esprit de corps, qui n'ont plus d'amour pour le peuple, mais des personnalités fortes, dont l'énergie s'emploiera, dans les positions élevées comme dans les plus humbles, à aider et à protéger la collectivité. Nous ne nous persuaderons pas que notre conduite est indifférente à la communauté, et que notre activité n'a pas d'importance pour elle. En réalité, notre existence peut lui être utile ou nuisible, et une commode indifférence est le plus grand méfait que nous puissions commettre à son égard. Ce que nous acquérons en pureté, en joie et en bonheur, pour nous et pour nos enfants, se répand par les canaux des mille relations que nous possédons et constitue finalement un apport indispensable à l'âme populaire.

À quoi sert un patriotisme qui ne s'exprime qu'en phrases ? Au début de toute chose, on trouve une action, et c'est encore une action qui détermine le résultat final.

C'est donc une illusion de croire que nous pouvons passer sans transition, du domaine de ce qui est purement individuel au domaine de ce qui appartient à l'humanité en général. Notre personnalité s'est formée sur le terrain national, d'après le caractère de notre race ; elle est liée à l'existence politique de notre peuple. Annuler cela d'un trait, ce serait vouloir séparer le corps de l'âme. Notre langue, notre façon de penser, de sentir, de travailler et de posséder, tout cela est le patrimoine du peuple, l'expression de l'âme du peuple. Intérieurement, organiquement et naturellement, nous sommes liés à notre peuple par d'innombrables fibres et téguments, et nous nous devons à lui, de toutes façons.

C'est pourquoi, nous lui témoignerons notre reconnaissance en prenant une résolution virile, en nous consacrant à une vaillante activité. Il vaut la peine de travailler pour le bien-être et l'avenir de notre peuple. Soyons purs, par amour pour lui !


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