Nous
les jeunes
VIII.
CONCLUSION
« LES SOLUTIONS
DES ÉNIGMES DU MONDE NE PEUVENT
ÊTRE ENSEIGNÉES, ELLES
DOIVENT ÊTRE
EXPÉRIMENTÉES. »
HEINRICH VON
STEIN.
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Ne croyez pas que je veuille vous faire un
sermon ; rien n'est plus loin de ma
pensée, car ne pouvant pas, moi-même,
supporter qu'on m'en adresse, j'agis d'après
le principe : Ne fais pas à autrui, ce
que tu ne voudrais pas qu'on te fît. Le sujet
dont je veux vous entretenir en dernier lieu est,
il est vrai, presque toujours traité dans
les sermons ; c'est peut-être ce qui lui
a fait du tort. Mais soyez tranquilles ! Je ne
prêcherai pas, je veux, si possible, dire
quelque chose. Cela me semble plus
important.
On ne refusera pas de me rendre le
témoignage que j'ai traité les choses
sexuelles comme des choses absolument naturelles.
J'ai loué la force sexuelle, et
recommandé la manifestation naturelle de
l'instinct sexuel dans le mariage. Je ne me suis
lamenté ni sur les jours mauvais, ni sur la
méchanceté des hommes. Je n'ai
condamné ou réprimandé
personne. Je n'ai cherché à
humilier qui que ce
soit ; je n'aime pas ceux qui ne savent
rien faire de mieux. J'ai essayé de venir en
aide à ceux qui désiraient
s'élever et atteindre le but. Je me suis
présenté à vous comme un
compagnon d'armes plus âgé, ayant des
choses graves à discuter avec vous. Je ne me
suis pas posé comme quelqu'un pour qui le
problème de la vie sexuelle n'est plus un
« problème. » Aussi ne
vous ai-je pas parlé sur un ton de
paternelle condescendance, mais comme un camarade
et un ami. J'espère donc n'avoir pas
été pour vous un compagnon de route
désagréable. Nous avons
déjà gravi ensemble maintes hauteurs,
d'où nous avons pu jeter de joyeux regards
dans le pays de la force et de la pureté.
Encore un peu de patience ! Encore une
ascension, et nous toucherons au but !
Je sais il est vrai, que tous ne me
suivront pas jusque-là, et pour cette fois,
je n'en voudrai à personne, car nous avons
déjà mis à l'épreuve la
persévérance de notre volonté.
Si nous avons résolu de pratiquer la
pureté, par égard pour notre honneur,
par respect pour la femme en général,
comme pour celle qui nous appartiendra un jour, et
en vue de l'avenir de nos enfants et de notre
peuple, - alors, nous pourrons nous accorder un peu
de repos, et nous réjouir
d'avoir, en tout cas, fait un grand pas en avant.
Peut-être même, serait-il bon de ne pas
aller plus loin pour le moment, afin de
reconnaître à fond le chemin parcouru.
Dans ce cas, nous pourrions prendre congé
les uns des autres, et nous donner rendez-vous pour
plus tard, afin de nous communiquer nos
expériences et nos opinions. Mais je ne sais
ni où, ni quand il nous sera possible de
nous rencontrer de nouveau. C'est pourquoi, je
voudrais au moins vous laisser un guide qui vous
aidera à gravir le dernier sommet, et vous
prier de le suivre, - fût-ce même
tardivement.
Que celui donc qui a le sentiment
qu'au-dessus du but atteint, il y a encore un but
plus élevé, non moins digne
d'efforts, me suive pendant cette dernière
étape, afin que, nous élevant
ensemble, nous acquérions la conviction que
notre voyage n'aura jamais de fin. Chaque pas en
avant est un but atteint, mais, en même temps
un nouveau pas vers un autre but, plus
élevé encore.
Nous nous souvenons que, plus d'une
fois, nous avons nommé
« saint » ce qui est naturel.
Nous devons avouer que, plus nous avons
considéré d'un oeil pur ce
qui est naturel dans notre
être, plus cela nous est apparu pur et digne
de respect. L'ardent désir de rapprocher
notre vie et notre être de ce qui est
naturel, la volonté de rester pur, nous ont
semblé être une partie essentielle du
grand progrès de la civilisation. La
nouvelle culture, cette éducation
personnelle nouvelle qui germe doucement parmi
nous, qui ne veut pas procréer des valeurs
matérielles, mais des personnalités,
ne peut agir autrement ; elle doit se
débarrasser de l'impureté comme d'une
lèpre. La volonté de rester pur s'est
transformée en volonté de se
développer ; je parle ici de la culture
comme d'un mouvement qui, préalablement, est
parti de profondeurs encore inconnues pour conduire
à des hauteurs incommensurables. Si nous
participons à cette culture, dans laquelle
l'homme est forcé de prendre sa place, nous
sommes, alors, au sein d'une histoire
éternelle de l'humanité dont les
facteurs échappent à nos
investigations et ne se plient pas à notre
volonté ; nous entrons en contact avec
des puissances qui ne font pas partie de notre
être, et par lesquelles nous devons, tout
simplement, nous laisser porter.
Et maintenant, il faut qu'au travers de
toutes les tentations et de tous les dangers, nous
gardions intacte la
volonté de rester purs, et que
nous ne nous contentions pas d'en avoir
uniquement l'intention. Alors, non seulement
nous verrons s'éveiller en nous de nouvelles
forces qui rendront notre travail fructueux, nos
coeurs joyeux, et nous apporteront la
prospérité, mais nous verrons
s'opérer comme un réveil d'esprits
endormis, une résurrection d'instincts
atrophiés qui nous ouvriront des domaines
dont nous n'avions jusqu'ici pas la moindre
idée.
Mais soyons sincères et vrais en
toutes choses, et ne nous leurrons pas de
résolutions passagères et de
sentiments vagues ! Restons fixés au
sol de la réalité, et ne
commençons pas à parler de choses
dont nous n'avons pas fait l'expérience.
Car nous ne pouvons pas, malgré toute notre
pureté, toute notre volonté, et tout
notre travail forcer l'éveil de sens
nouveaux. Une procession n'a encore jamais pu
chasser la pluie et faire luire le soleil !
Se reconnaître étranger au monde
dans lequel nous nous préparons à
jeter un coup d'oeil, vaut mille fois mieux que la
grossière familiarité avec laquelle
beaucoup de personnes croient pouvoir s'y
introduire en contrebande.
Nous pouvons expérimenter
nous-mêmes que la
pureté sexuelle, la
maîtrise de toutes nos forces réunies,
de la force sexuelle en particulier, aiguisent
notre faculté de discerner le bien du mal,
le vrai du faux. Nous nous rendons compte que ce ne
sont pas des impulsions matérielles qui, au
fond, poussent les choses vers le progrès.
Nous devenons conscients de l'esprit, de la force
de volonté, de la puissance spirituelle qui
sont en nous. Exprimons-le
brièvement : Le monde spirituel
commence à s'ouvrir pour nous. Du chaos,
dans lequel ne se mouvaient que de la
matière et des forces, nous nous sommes
élevés au monde de la
personnalité. Nous voulons rester dans
l'ordre et la beauté de ce monde ; car
nous sentons que c'est là notre
patrie.
Mais, n'y pénétrons pas
sans avoir auparavant ôté nos
chaussures, souillées de la poussière
de ce qui est vil. Ce monde est une terre sainte,
c'est là que DIEU habite.
« Ta sincérité
ne doit pas être basée sur la religion
c'est ta religion qui doit se baser sur elle. Ta
sincérité doit être
établie comme le soleil dans
l'univers ; elle doit planer comme les
luminaires qui, dans le ciel, gouvernent le jour et
la nuit. Si tu demandes pourquoi tu dois être
honnête, tu t'es toi-même
déshonoré par La
question. « Parce que
tu es un homme », voilà l'unique
réponse. » (Ruskin).
Nous n'avons pas fait, de la
pureté pour laquelle nous combattons, une
idole sur les autels de laquelle nous nous
offririons bien inutilement en sacrifice, mais
notre but suprême a été, en
l'appelant à nous, de rejeter tous les
fardeaux qui rendaient notre ascension difficile,
pour les remplacer par des forces capables de nous
entraîner vers les hauteurs. Enfin, si la
pureté est un bienfait, nous serons les
premiers à en récolter la
bénédiction. Mais nous ne voulons pas
restreindre cette bénédiction, par un
sentiment de vaine satisfaction, comme si elle
était une récompense bien
méritée. Nous la sèmerons
comme une graine, dans le champ de notre vie, et
nous jouirons de ses fruits.
Lorsque tu plantes un noyau dans ton
jardin, et que tu entoures de ta sollicitude
l'arbre naissant, dis-tu, quand cet arbre te le
rend ensuite en fleurs et en fruits : C'est
mon oeuvre ? Tu n'as fait que remplir les
devoirs extérieurs, sans lesquels la nature
ne se laisse rien arracher. Mais la croissance et
les fruits ont été un cadeau
royal.
Si tu es devenu pur, et par
là-même une personnalité
qui doit être sûre
d'elle-même et joyeuse, et si en
considérant la nature - peut-être de
nuit, - cette nature qui, maintenant est sainte
pour toi, tu as rencontré le regard de la
Personnalité primordiale, si tu te sais
créé par elle et te sens
entouré des bras d'un Dieu vivant, diras-tu
que c'est ton oeuvre ? Par amour pour la
sincérité qui doit régner dans
nos actions et nos impressions, tu dois
répondre : Non ! Ce fut un don
d'une main inconnue, et nous n'avons pas honte de
prononcer humblement le mot antique dont on a si
souvent abusé, et de dire : Ce fut une
grâce.
Mais alors, cherchons le donateur et ne
nous éloignons plus de lui. Dans cette
recherche de Celui qui a fait croître dans
notre vie ce fruit inattendu, nous rencontrerons
Celui qui a dit : « Heureux ceux qui
ont le coeur pur, car ils verront
Dieu. »
Nous venons d'atteindre un nouveau
sommet. Nous avons été soulevé
vers les hauteurs. Maintenant regardons en
arrière. Qui nous a donné la force de
progresser sans être cependant frappé
de vertige ? Qui nous a donné la
volonté d'être pur, pour nous et pour
les autres ? Nous l'avons nommé
culture ce courant individualiste de notre
époque, mais nous sentons maintenant que la
force de toutes ces impulsions
était le Dieu inconnu, auquel nous
élevions nos autels. Maintenant Il nous a
touchés, maintenant son regard est
tombé sur nous !
Le reste se manifestera plus
tard.
Mais si Celui qui nous était
inconnu nous a élevés si haut,
comment, alors qu'Il nous est devenu familier, ne
nous aiderait-Il pas encore....
Fuyez
l'impudicité.
Quelque autre
péché qu'un homme commette, ce
péché est hors du corps; mais celui
qui se livre à l'impudicité
pèche contre son propre corps.
Ne savez-vous pas que
votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est
en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que
vous ne vous appartenez point à
vous-mêmes?
1 Corinthiens 6: 18-19
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