Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



PETIT FRÈRE

CHAPITRE I
Comment la nouvelle se répandit

- Je vais le raconter à Mlle Bland. Elle sera bien étonnée ! Et que diront nos camarades ? Elles vont nous envier !

Celle qui parlait ainsi était une fillette de douze ans qui se rendait à l'école en compagnie de sa soeur, de deux ans plus jeune. Quelqu'un qui ne les connaissait pas n'aurait pas deviné qu'il y avait une relation de famille entre elles, tant elles étaient différentes. L'aînée, Edith, était grande pour son âge et resplendissante de santé. Il n'était pas nécessaire de l'observer longtemps pour deviner qu'elle devait être énergique, entreprenante, mais aussi volontaire et parfois emportée. Jessie, la plus jeune, ne ressemblait pas du tout à sa soeur. Timide, réservée, souvent malade, elle cédait continuellement le pas à son aînée. On la jugeait parfois maussade et retardée, mais sous un extérieur peu avenant se cachait beaucoup de douceur et de dévouement.

Par cette belle matinée de printemps, tout, dans la contenance et les paroles d'Edith, montrait qu'elle avait un grand sujet d'excitation, tandis qu'elle s'écriait
- Je vais le raconter à Mlle Bland.
- Oh ! Edith, j'aimerais que tu me laisses le dire ! C'est toujours toi qui racontes tout.
- Eh bien, dis-le si tu veux ; mais tu es si lente ! et pendant que tu réfléchis, je ne puis pas m'empêcher de dire les choses.

Ici la conversation fut interrompue par quelques fillettes qui les rejoignirent en courant, et en faisant balancer leurs sacs d'école. L'une d'elles, plus âgée qu'Edith, s'aperçut aussitôt que les deux soeurs étaient très excitées et elle demanda :
- Que discutez-vous donc toutes les deux ? Je suis sûre qu'il s'est passé quelque chose d'intéressant.
- Je crois bien ! répliqua Edith. Nous avons un petit frère ! Papa nous l'a dit ce matin, mais nous ne l'avons pas encore vu.

Les fillettes entourèrent aussitôt les deux soeurs, avides d'en savoir davantage.
- Quand est-il né ? Comment s'appellera-t-il ? Êtes-vous contentes ? questionnaient-elles toutes ensemble.

Elles savaient combien leurs compagnes devaient être heureuses, car Edith et Jessie avaient souvent exprimé leur désir d'avoir un bébé à choyer. Tandis qu'elles poursuivaient leur chemin en bavardant gaiement, la pauvre petite Jessie restait seule silencieuse. C'était Edith qui répondait à toutes les questions. Toujours Edith la première. Pourquoi était-ce toujours elle qu'on recherchait, toujours elle qui avait le plaisir de communiquer les nouvelles à ses compagnes ? Et ce n'était pas seulement auprès de ses camarades qu'elle avait du succès ; elle était aussi la favorite de sa maîtresse. Une ombre assombrit le pâle visage de Jessie, peu en accord avec le rayonnement de cette brillante matinée de mars. Un vent frais ébouriffait les cheveux des enfants et rosissait leurs joues. Mais il ne pouvait chasser l'amertume qui remplissait le coeur de Jessie ce matin-là. Lorsqu'elle avait quitté la maison, le joyeux événement qui venait de se produire absorbait entièrement ses pensées ; mais, chez les enfants, les impressions se succèdent rapidement, et il suffit de peu pour les attrister ou les égayer.

Mlle Bland accueillit la nouvelle avec autant d'intérêt que les enfants pouvaient le désirer, mais ce fut Edith qui la lui annonça, et ce fut encore elle qui, après l'école, se rendit chez une parente de sa mère pour lui faire part de l'important événement. Quant à Jessie, elle avait suivi les leçons, l'esprit partagé entre la joie d'avoir un petit frère et le chagrin de constater que, malgré ses efforts, elle restait toujours à la queue de la classe ; la veille encore sa maîtresse lui avait fait des observations à ce sujet. C'était en partie cela qui avait occasionné une discussion entre les deux soeurs sur le chemin de l'école. Edith n'avait pas l'intention d'être dure, mais elle avait parlé sans réfléchir, et avait involontairement peiné la sensible petite fille.

Jessie reprit donc seule le chemin du retour. Avant d'avoir atteint la maison, toute trace de mauvaise humeur avait entièrement disparu, car elle n'était pas une enfant à nourrir des sentiments amers envers sa soeur, à laquelle elle était tendrement attachée. Son père arriva juste au moment où elle atteignait la grille du petit jardin qui séparait la maison de la route.
- Eh bien, ma petite, où est Edith ? Je vois que tu es seule comme d'habitude.

Le ton était spécialement affectueux, car M. Clarke était tout réjoui de posséder un fils, quoique ce nouveau trésor n'eût pas encore vingt-quatre heures.
Edith est allée chez Mlle Baker, répondit Jessie. Tu avais dit qu'elle devait aller lui annoncer la nouvelle.
- Oh oui, c'est vrai ! Et qu'a dit Mlle Bland ? Naturellement tu le lui as dit. C'est toujours toi qui annonces toutes les nouvelles, n'est-ce pas ?

Et son père lui pinçait amicalement la joue tout en parlant.
Jessie baissa les yeux sans répondre. Elle savait que son père parlait ironiquement et une légère rougeur colora ses joues. Entrant dans la maison, elle monta directement l'escalier. Avant d'atteindre sa chambre cependant, elle s'arrêta avec hésitation devant la porte de sa mère et écouta. Tout était parfaitement tranquille, et son coeur battait tandis qu'elle pensait:
« Oh ! si je pouvais seulement entrer ! »

Juste à ce moment la porte s'ouvrit doucement et la garde sortit, portant un plateau. Elle tressaillit en voyant la figure pâle et pensive de la fillette qui recula brusquement, comme si elle avait été surprise commettant une mauvaise action.
- Eh, ma chère enfant, je ne m'attendais pas à te trouver là ! Aimerais-tu entrer voir ton petit frère ?

Toute la figure de Jessie rayonna.
- Oh ! puis-je le voir ?
- Oui, sans doute, si tu ne fais point de bruit et que tu parles tout doucement. Ta maman s'est informée si vous étiez rentrées toutes les deux. Elle pensait que vous auriez hâte de voir le bébé.

La garde s'éloigna et Jessie, entrant dans la chambre sur la pointe des pieds, fut accueillie par un sourire de sa mère qui lui indiqua de la main un petit paquet blanc tellement enfoui dans les couvertures du berceau qu'on le voyait à peine.
Jessie embrassa sa mère et murmura :
- Je suis si contente ! Puis-je embrasser le bébé ?
- Oui, ma chérie ; seulement recouvre-le bien ensuite ; il n'est pas encore bien vieux, tu sais.

Elle se pencha sur le joli berceau rose, écarta doucement les moelleuses couvertures et découvrit une petite tête ronde recouverte d'un soyeux duvet, et un poing minuscule reposant à côté.
- Oh ! comme il est mignon, notre bébé chéri ! murmura Jessie. Je voudrais qu'il ouvrît les yeux.

Alors, comme si le son de sa voix avait pénétré dans les oreilles finement découpées du bébé, deux yeux bleus la regardèrent, comme pour dire : « Qui es-tu ? »
- Mon chéri, comme nous t'aimerons et prendrons soin de toi !

Et Jessie couvrit de baisers la petite figure ; le résultat fut un cri prolongé qui ramena promptement la garde dans la chambre.
- Là, là, mon mignon, est-ce ainsi que tu parles à ta soeur ? dit la brave femme en le recouvrant avec des gestes caressants qui eurent l'effet désiré.

Les paupières se fermèrent et le bébé retomba dans son paisible sommeil.
Jessie aurait aimé rester auprès de sa mère, mais la garde lui dit que sa visite avait été suffisamment longue ; aussi, après avoir souhaité une bonne nuit à Mme Clarke, elle se préparait à quitter la chambre, lorsque son père apparut sur le seuil.
- Eh bien, Jessie, que penses-tu de ton frère ?
- Oh ! il est délicieux, papa, mais comment s'appellera-t-il ?

M. Clarke regarda sa femme et, faisant un signe de tête significatif, répondit :
- Je pense qu'il nous faudra l'appeler Pataud ; regarde comme il est gros.

Mme Clarke sourit, mais Jessie, ne voyant pas que son père plaisantait, s'écria :
- Oh ! non, ne l'appelez pas ainsi, ce n'est pas du tout joli.
- Eh bien, nous trouverons un nom plus distingué. N'est-ce pas, Dora ?

Et, embrassant affectueusement sa femme, il quitta la chambre.
Comme Jessie s'apprêtait à le suivre, sa mère l'appela auprès d'elle :
- Ma chérie, nous devons remercier Dieu pour le beau don qu'Il nous a fait, mais sais-tu quelque chose de bien plus précieux encore qu'Il nous a donné ?

Jessie répondit tout bas :
- « Le don de grâce de Dieu, c'est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur. »
- Oui, répondit sa mère, et nous voulons Lui demander que, quelle que soit la destinée terrestre de ce cher petit, il possède cette précieuse part, la vie éternelle.

Jessie baissa la tête. Elle connaissait bien l'histoire du Seigneur Jésus, les versets de la Bible lui étaient familiers, mais elle savait ces choses par l'intelligence et non par le coeur. Ce soir-là cependant, elle pria avec ferveur, demandant de recevoir, elle aussi, le don de Dieu. Elle ne comprenait pas encore qu'elle n'avait qu'à accepter immédiatement par la foi ce qui lui était offert depuis si longtemps.

Edith revint assez tard à la maison et fut fort désappointée d'apprendre que Jessie avait vu le nouveau bébé, tandis qu'elle-même devrait contenir son impatience jusqu'au lendemain, Mme Clarke s'étant endormie ; l'assurance que lui donna la garde, « qu'elle aurait tout le temps de voir son petit frère », ne suffit pas du tout à la satisfaire.

.

CHAPITRE II
Le nouveau bébé

La demeure de M. Clarke, le Clos des Fougères, était située à Bedford, petite ville à proximité de Londres, en un temps où la vaste cité laissait encore subsister dans son voisinage un semblant de campagne. La maison était petite sans doute, mais possédait une étroite bande de jardin où les enfants cultivaient quelques fleurs, et même, dans une rocaille en miniature, deux ou trois plants de fougères, « pour justifier le nom de la propriété », disaient-elles.

Les fillettes avaient l'habitude de se lever de bonne heure et, le matin suivant, elles étaient toutes deux prêtes avant que l'horloge du clocher voisin eût sonné sept heures. Edith avait décidé en elle-même qu'elle verrait le bébé avant de partir pour l'école. Ainsi, mettant à profit le moment où la garde était descendue déjeuner, elle se glissa dans la chambre de sa mère sans être vue. Mme Clarke avait été tenue éveillée une partie de la nuit par les cris du nouveau-né, et maintenant elle dormait si profondément qu'elle n'entendit pas la porte s'ouvrir lorsqu'Edith entra et s'approcha du lit en regardant les traits pâles et tirés de sa mère. Elle réalisait à ce moment combien cette mère bien-aimée lui était chère, et quelle terrible perte ce serait d'être privée de ses soins et de sa tendresse. À la seule pensée que cela pourrait arriver, son coeur s'arrêta presque de battre. Craignant de la déranger, elle se détourna doucement pour considérer le nouveau trésor. Les persiennes étaient fermées, mais, par une fente, pénétrait un brillant rayon du soleil levant qui, arrivant directement sur le berceau, éclairait la petite tête d'une lumière dorée. Edith considérait l'enfant sans faire un mouvement, comme immobilisée par un charme. Sa pensée prédominante était d'aimer et de protéger son petit frère. Étant l'aînée, cette tâche lui revenait de droit, et dans son coeur elle prenait la résolution de toujours veiller sur lui. L'avenir devait montrer comment elle s'acquitta de ce devoir. Imprimant un léger baiser sur la petite tête, et prenant soin de ne troubler ni la mère, ni l'enfant en donnant essor à ses sentiments, Edith quitta la chambre.

Il était étrange que la tranquille et douce Jessie eût montré tant d'émotion au sujet du nouveau-venu ; tandis que sa soeur, habituellement pleine de vivacité, avait pu contempler calmement le nouveau trésor de la famille. Sans doute était-ce la pensée solennelle de ce que l'enfant deviendrait pour elle en grandissant qui avait produit ce changement en Edith.

Pendant le déjeuner, la question du nom à donner au bébé fut soulevée. M. Clarke demanda à ses fillettes si elles connaissaient le nom de leur frère.
- Oh, dis-le-nous ! s'écrièrent-elles en même temps.
- Est-ce que je ne te l'ai pas dit hier, Jessie ? demanda le père.
- Tu as dit « Pataud ».

Il y eut un éclat de rire général.
- Non, mais sérieusement, papa, dis-le-nous, car nous voulons pouvoir le dire à nos camarades. Elles nous le demanderont sûrement.
- Et c'est sûrement toi qui le leur diras, reprit M. Clarke. Pourquoi ne laisses-tu pas ce plaisir à Jessie ?

Jessie rougit, mais sa soeur répondit gaiement :
- Elle a autant d'occasions que moi de parler aux autres, mais elle est trop lente. Maman le dit toujours aussi.
- Eh bien, puisque vous désirez tant le savoir, dit M. Clarke, nous appellerons le petit frère Stanley.
- Stanley ! répétèrent ensemble les fillettes. Mais nous ne connaissons personne de ce nom.
- C'est d'autant mieux, dit le père ; ce sera moins banal.
- Mais pourquoi Stanley ? demanda Edith.
- Parce que votre mère et moi nous aimons ce nom.

Comme l'avait prévu Edith, les camarades que les fillettes rencontrèrent sur le chemin de l'école s'informèrent avec intérêt du nom donné au bébé. Edith les renseigna d'un air d'importance.
Les deux soeurs pensèrent plus d'une fois au nom de leur frère ce jour-là, et Jessie le griffonna même dans son cahier de dictées, mais s'empressa de l'effacer, de peur que la maîtresse ne le vît et ne lui infligeât un pensum.

Quand Edith et Jessie rentrèrent à la maison cette après-midi, il y avait une visiteuse au salon, la soeur aînée de leur père. Mlle Clarke, grande, mince, d'aspect froid et sévère, n'était pas très en faveur au Clos des Fougères. Ce n'était que dans de rares occasions que cette dame condescendait à venir, quoique habitant à Londres. Quand M. Clarke avait présenté pour la première fois sa jeune femme à sa soeur, celle-ci l'avait ouvertement critiquée, en termes peu aimables, et il en était résulté une certaine froideur dans les relations. Mais il y avait une autre raison pour laquelle Mlle Clarke évitait sa belle-soeur et se tenait à l'écart. Mme Clarke était une chrétienne. Dans les premiers temps de son mariage, elle avait cherché à montrer à la soeur de son mari quelle est la seule chose pour laquelle il vaille la peine de vivre, et elle avait été repoussée presque grossièrement avec le reproche de se croire supérieure à sa belle-famille. Mlle Clarke ne voulait rien avoir à faire avec ces choses. Si son frère s'était laissé subjuguer, il n'en serait pas de même pour elle. Il était tout à fait vrai que Dora Hamilton, avant de devenir Mme Clarke, avait parlé des choses éternelles au jeune employé de son père, et il avait accepté l'Évangile et s'était tourné vers Dieu, confessant le Seigneur Jésus comme son Sauveur. Sara Clarke se railla de la conversion de son frère, mais ne put rien y changer.

Une fois Edith avait offensé sa tante lorsque, toute petite, elle avait dit dans son langage enfantin : « Aime pas tante Sara, méchante » ; sa tante ne le lui avait jamais pardonné. Jessie était moins opposée à la vieille demoiselle, mais il était certain qu'il n'existait pas d'affection entre les enfants et leur tante. M. Clarke avait écrit à sa soeur pour lui annoncer le grand événement, et Mlle Clarke avait jugé qu'il était de son devoir d'aller voir le bébé.
- Bonjour, tante Sara, je ne m'attendais pas à te voir ! s'écria Edith en entrant dans la chambre. Comment vas-tu ? ajouta-t-elle avec un effort pour être aimable, et en s'approchant de sa tante pour l'embrasser.

Mais celle-ci ne se dérida pas.
- Je suis venue voir votre frère ; puis-je monter ? répliqua-t-elle froidement.
- Je vais voir, répondit Edith en quittant la pièce.

Aussitôt que la porte fut refermée, Mlle Clarke se tourna vers Jessie en disant :
- J'ai pensé que, pour que tu n'embarrasses pas ta mère, tu pourrais venir passer les vacances de Pâques chez moi. Naturellement il faudra que tu te tiennes très tranquille ; mais tu es moins bruyante que ta soeur, et tu pourras m'aider à faire mes ouvrages de couture. Je ne suis pas d'avis que les enfants soient constamment dehors.

Elle avait dit tout cela de son ton froid et protecteur, s'attendant à voir sa proposition reçue avec gratitude par sa nièce, et elle n'était pas du tout préparée à la réponse de Jessie :
- J'aimerais mieux ne pas aller, merci, tante Sara. Maman et Edith auront besoin de moi, et je pourrai aussi bientôt m'occuper du bébé.
- Oh, très bien, rétorqua Mlle Clarke. Il est certain que je n'ai aucun besoin de toi.

La pauvre Jessie rougit. Elle se rendait compte que sa tante était très offensée et ne savait plus que dire ; aussi fut-elle très soulagée de voir la porte s'ouvrir et Edith entrer, suivie de la garde.
- Je regrette, madame, mais Mme Clarke ne peut vous recevoir aujourd'hui ; elle a mal à la tête et je ne puis encore permettre les visites.
- Je suppose que je puis au moins voir le bébé. Lui n'a pas mal à la tête, j'imagine ? rétorqua aigrement Mlle Clarke.
- Oh, certainement, je vais le chercher, répondit la garde, surprise du ton et des manières de la visiteuse.

Pendant son absence Mlle Clarke tint son regard obstinément détourné des enfants qui, rendues mal à l'aise par cette situation, furent très soulagées de voir arriver leur père.
- Eh bien, Sara, qu'est-ce qui t'amène ? dit-il en lui donnant une cordiale poignée de main.
- Le train, apparemment, répondit sa soeur de son ton glacé, quoiqu'elle eût pu dire avec vérité que c'était le bébé.
- Eh bien, je suis content de te voir. Voilà plusieurs mois que tu n'étais pas venue.

La garde, entrant à ce moment, interrompit une conversation qui risquait de n'être pas très agréable.
- Quel frêle petit être ! Et il est blond. Les garçons ne devraient pas être blonds. Dans notre famille tous les hommes sont bruns.
- Voyons, Sara, dit M. Clarke, il n'en vaudra pas moins pour être blond.
- Je n'en sais trop rien. J'espère qu'il ne deviendra pas efféminé. Avez-vous choisi un nom pour lui ? Naturellement il faut lui donner un nom de la famille Clarke, John ou William.

Edith et Jessie se regardèrent, mais leur père sourit.
- Nous l'appellerons Stanley. Cela te plaît-il ?

L'expression de Mlle Clarke suffisait à montrer sa désapprobation.
- Il est parfaitement ridicule de donner ce nom à un enfant ; vous auriez pu me consulter.

Et, tout en parlant, elle jetait un coup d'oeil de travers à Edith et à Jessie qui avaient peine à retenir un sourire, mais, juste à ce moment, on apporta un plateau, et la physionomie revêche de la tante se détendit un peu en voyant les appétissantes tartines et en respirant le parfum agréable du thé chaud. Elle se montra dès lors un peu plus aimable, mais ce fut pourtant avec un soupir de soulagement que ses nièces virent la porte se refermer sur elle.
- Pense donc, dit Jessie à Edith, elle voulait que j'aille faire un séjour chez elle. Je ne voudrais pour rien au monde m'en aller à présent, quand nous avons ce délicieux bébé à la maison.

Et Edith se montra pleinement d'accord avec sa soeur.



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