PETIT
FRÈRE
CHAPITRE III
À quoi aboutit l'insouciance
Le petit Stanley prospéra
rapidement et devint un enfant gai et vigoureux. Il
apprit bien vite à reconnaître ses
soeurs et, à l'âge de six mois, il
agitait ses bras et poussait des cris de joie
lorsqu'elles revenaient de l'école. Mais
c'était Edith qu'il préférait.
Elle était toujours prête à
s'occuper de lui, ses devoirs de classe
étant faits avec rapidité. Ce fut
elle qui lui apprit à se tenir sur ses
petits pieds et à articuler ses premiers
mots intelligibles. La première syllabe que
prononça le petit garçon fut une
abréviation de son propre nom,
« Tan » (prononcer Tanne), et
dès lors il ne fut plus connu dans la maison
que sous ce nouveau vocable, moins lourd que le
solennel prénom de Stanley.
Tan faisait la joie de la famille. Sa
mère s'occupait continuellement de lui,
mais, le soir ou pendant les vacances, les grandes
soeurs étaient trop
heureuses de la décharger de ce soin. Edith
et Jessie le déshabillaient à tour de
rôle, et que d'éclats de rire
résonnaient dans la chambre du petit
garçon pendant cette opération !
Tantôt il se rejetait en arrière avec
malice au moment où l'une de ses soeurs
voulait lui laver la figure, tantôt, remuant
avec vigueur bras et jambes, il envoyait au loin
les couvertures dont on venait de l'envelopper
soigneusement dans son joli berceau.
Le petit garçon était
charmant à voir avec ses grands yeux bleus
pétillant d'intelligence, ses joues roses et
son épaisse chevelure ; à
dix-huit mois sa tête était couverte
de boucles dorées qui excitaient
l'admiration de chacun. C'est à cet
âge-là que sa surveillance exigeait le
plus d'attention et on ne pouvait le laisser seul
un instant, car sa vivacité était
extrême. Mme Clarke avait
réservé une chambre à son
usage particulier, afin qu'il pût y courir et
y crier à coeur-joie. Edith et Jessie
passaient habituellement leur temps ensemble dans
cette pièce jusqu'à six heures et
demie ; Tan alors, fatigué de jouer,
était prêt à se laisser mettre
au lit. Deux fois par semaine les fillettes avaient
à tour de rôle leur leçon de
musique après l'école, et ainsi
l'une ou l'autre avait ce
jour-là son petit frère tout à
elle. Tan préférait Edith qui
refrénait rarement sa joyeuse
turbulence ; mais Mme Clarke, qui savait
combien on pouvait se fier à Jessie, si
soigneuse, consciencieuse et maternelle, laissait
plus volontiers son petit Stanley à sa fille
cadette.
Un certain soir, Edith avait seule la
garde de son petit frère, Mme Clarke ayant
accompagné Jessie. Tan se livrait à
son passe-temps favori : il courait autour de
la chambre de toute la force de ses petites jambes
en imitant le bruit d'une locomotive. Edith, de son
côté, s'était absorbée
dans la lecture d'un nouveau livre, oubliant
complètement qu'elle était
chargée de surveiller son petit
frère.
Tout à coup un cri perçant
la rappela à la réalité.
Hélas ! c'était trop tard. Tan
gisait à côté de la
cheminée et sa tête avait
heurté le garde-feu. Déjà les
boucles blondes se teignaient de rouge. Edith
bondit vers lui, terrifiée, saisit l'enfant
presque inconscient et le coucha sur le
canapé, puis se hâta de courir
chercher du secours.
Elle espérait trouver son
père, mais il n'était pas encore de
retour ; Marie, la bonne, venait de sortir
faire une commission. Que faire ? Edith, la
figure aussi pâle que celle de son petit
frère, serrait ses mains
avec angoisse. Heureusement une pensée lui
traversa l'esprit. Dans la maison voisine habitait
une de ses camarades d'école, Ella Lang.
Elle consentirait sûrement à aller
chercher le docteur, si seulement elle était
à la maison. Par bonheur Ella se tenait
appuyée à la grille de son jardinet,
guettant une de ses amies. Edith se
précipita vers elle :
- Oh, Ella ! Cours aussi vite que
tu le peux chez le docteur. Tan s'est blessé
à la tête, et il n'y a personne
à la maison.
Presque avant qu'elle eût
terminé, Ella était
déjà loin, et, dix minutes plus tard,
- minutes qui parurent un siècle à
Edith - le docteur arriva. En l'attendant, la
fillette avait rejoint son petit frère et,
voyant qu'il paraissait revenir un peu à
lui, elle commençait à le
déshabiller d'une main tremblante.
- Oh ! quel bonheur que vous soyez
venu, s'écria Edith, et les larmes
l'empêchèrent de continuer.
- Bon, bon, nous allons voir de quoi il
s'agit, et tout s'arrangera, dit le docteur d'une
voix encourageante ; mais, lorsqu'il se fut
penché sur le petit garçon, sa
physionomie devint plus grave.
- Finissez de le déshabiller, je
le panserai ensuite, dit-il.
Edith, aussi rapidement que ses mains
tremblantes le lui permettaient, acheva de
dévêtir l'enfant. Aussitôt qu'il
fut couché dans son berceau, le
médecin se mit à nettoyer la plaie.
Le pauvre bébé poussa de tels cris
qu'Edith s'enfuit hors de la chambre ; mais le
docteur la rappela.
- Cela ne va pas ainsi, ma petite fille,
il vous faut être brave. J'ai besoin de votre
aide. Voulez-vous faire bouillir un peu
d'eau ?
Edith obéit et, pendant qu'elle
était ainsi occupée, elle entendit la
porte de la maison s'ouvrir. Un instant
après Mme Clarke se précipitait dans
la chambre, la figure pâle et les
lèvres tremblantes.
- Oh ! que s'est-il
passé ? s'écria-t-elle.
La pauvre Edith essaya de parler, mais
ses sanglots l'en empêchèrent.
- Ne vous inquiétez pas,
chère Madame. Un vilain accident, mais avec
des soins il s'en tirera.
Les cris perçants du petit Tan
s'étaient quelque peu calmés, et le
docteur prit tranquillement son aiguille pour
recoudre la blessure, ce qui fut beaucoup moins
douloureux que ne l'avait été le
sondage de la plaie. Puis il banda soigneusement la
petite tête, tandis que Mme Clarke et Edith
suivaient ses mouvements d'un regard
attristé.
- Te voilà soulagé
à présent, mon petit ami, dit le
docteur gaiement.
Se tournant vers Mme Clarke, il
ajouta :
- Il vous faut le garder très
tranquille des accidents semblables sont toujours
un peu dangereux pour le cerveau. Je reviendrai
demain. Adieu.
Prenant son chapeau, il suivit Mme
Clarke hors de la chambre.
Épuisée par ses
émotions, Edith resta assise auprès
du berceau, regardant la petite figure pâle
aux yeux fermés ; elle pensait
tristement au changement qu'une heure avait suffi
à amener dans cet enfant si plein de vie et
de gaîté.
- C'est ma faute, avoua-t-elle à
sa mère, lorsque celle-ci rentra dans la
chambre quelques minutes plus tard, l'air triste et
soucieux. C'est ma faute, je ne l'ai pas
surveillé, je ne pensais pas à lui.
Oh, maman j'en suis si
fâchée !
La petite fille pleurait
amèrement. Par les réponses qu'Edith
fit d'une voix entrecoupée aux questions de
Mme Clarke, celle-ci finit par comprendre comment
l'accident était arrivé. Elle ne fit
aucun reproche à sa fille ; elle voyait
que celle-ci était assez punie par le
chagrin que lui causait la vue des souffrances de
son frère chéri. Elle espéra
que la leçon serait salutaire et suffirait
à corriger Edith de son
étourderie et de sa négligence.
Hélas ! que de tristesses, que
d'années de deuil eussent été
épargnées aux uns et aux autres, si
la fillette avait tiré un profit durable de
cette première expérience.
Animée, au moment même, des
meilleures intentions, Edith promit à sa
mère d'être désormais toujours
attentive à son devoir et, ce
soir-là, elle pria comme elle ne l'avait
jamais fait auparavant, s'engageant, si Dieu
voulait guérir Tan, à se conduire
dès lors tout différemment. Mais, si
elle suppliait le Seigneur pour son petit
frère, elle ne voyait pas qu'elle-même
avait besoin d'un Sauveur et de sa grâce
toute-puissante pour l'empêcher de
broncher.
Les jours qui suivirent furent bien
sombres. Edith et Jessie trouvaient bien dur de
devoir faire leur travail d'école, alors que
toutes leurs pensées étaient
occupées de leur petit frère dont,
pendant un ou deux jours, la vie parut suspendue
à un fil. Mme Clarke ne quittait pas le
petit malade et le tenait souvent pendant des
heures dans ses bras, pour calmer ses douleurs de
tête. Edith se reprochait amèrement sa
négligence, et Jessie, dans son affection
pour sa soeur, souffrait presque autant qu'elle.
Enfin vint un jour où le docteur
déclara que tout danger était
passé, et où il donna la permission
de lever Tan. La figure du petit garçon
était pâle et amaigrie, mais ses yeux
bleus n'avaient rien perdu de leur expression vive
et intelligente. M. et Mme Clarke étaient
pénétrés d'une intense
reconnaissance et ce fut un bien heureux cercle de
famille qui accueillit ce jour-là le petit
convalescent.
- Tan veut jouer avec Edith, mais pas
tomber encore, balbutia-t-il.
Et Edith lui répondit avec
douceur :
- Oui, mon chéri, tu joueras avec
Edith, et elle ne te laissera plus jamais te faire
mal.
Edith était sincère dans
ses bonnes résolutions, mais elle n'avait
pas cherché le secours auprès de
Celui qui seul peut le donner ; et, au bout
d'une ou deux semaines, elle était redevenue
la fillette qu'elle était auparavant, vive,
impétueuse et insouciante. Ce n'est pas que
le souvenir de ces tristes jours ne lui
revînt pas de temps en temps à la
mémoire, et elle se disait parfois que, si
son petit frère était mort par suite
de sa négligence, elle ne s'en serait jamais
consolée ; mais chez une fillette de
quatorze ans les impressions s'effacent assez vite.
Pour sa mère il en était autrement.
La perte de son fils unique
aurait été irréparable, et
elle n'osait pas penser à ce qu'elle aurait
éprouvé s'il lui avait
été enlevé. Son coeur se
réjouissait de ce qu'il avait
été rendu à leur affection et,
à l'exception d'une cicatrice que les
boucles dorées ne pouvaient
entièrement dissimuler, Tan était
redevenu lui-même, aussi gai et
resplendissant de vie qu'auparavant.
.
CHAPITRE IV
La bohémienne
- Un beau balai, Madame ? Un panier ?
Voyez, il est joli et pas cher ! Achetez-moi
quelque chose, ma bonne dame.
Ainsi parlait une femme mal vêtue,
au visage basané, qui s'en allait de porte
en porte, répétant inlassablement la
même antienne ; sans grand
succès, du reste, car la lourde charge
qu'elle portait ne semblait pas diminuer.
Une bien mauvaise journée pour
les marchands ambulants ! À peine une
demi-douzaine d'articles vendus et encore parmi les
moins coûteux. La nuit tombait, une humide
soirée d'automne, et la femme se
décida à rejoindre sa famille qui
avait déjà établi son
campement dans un terrain vague à un
kilomètre de l'endroit où habitait M.
Clarke. Sur le gazon pelé un homme aux
traits durs et à l'oeil méchant
venait d'arrêter sa roulotte. À la
fenêtre de la voiture une jeune fille
était accoudée. Avait-elle douze ou
dix-huit ans ? on n'aurait pu le dire,
à la voir ainsi, avec ses cheveux mal
peignés, son expression
maussade et sa petite taille. Un
garçon, un peu moins
déguenillé que les autres, mais l'air
effronté et vicieux, complétait la
troupe. Deux chevaux efflanqués que l'homme
venait de dételer, et deux chiens hargneux
et affamés erraient autour de l'habitation
roulante.
C'était un misérable
souper que celui auquel participèrent les
marchands ambulants. Quelques tranches de pain que
le garçon avait été demander
dans une maison voisine, un reste de fromage
desséché et de l'eau bouillante dans
laquelle la femme jeta de rares feuilles de
thé. Le menu n'était pas toujours
aussi pauvre, car parfois les chiens rapportaient
un lapin ou une poule qu'ils avaient
dérobé au passage ; ils se
contentaient des os, tandis que la famille faisait
bonne chère.
- Dis donc, Meg, fit l'homme que nous
appellerons Jim Smith, m'est avis que les affaires
vont bien mal. Nous gagnons moins au jour
d'aujourd'hui que lorsque Sal et Jack
étaient petits.
- Sans doute, répondit la femme.
Les dames aiment les bébés ;
elles achètent par pitié. Maintenant
il n'y a plus rien qui les attire. J'en ai assez de
courir ainsi et pour ne rien vendre encore.
L'homme grommela, en avalant d'un
trait une tasse de l'insipide
breuvage que Sal lui tendait.
- Il faut que ça change. Il y a
assez de gamins par là et des jolis
encore...
Meg ne releva pas cette réflexion
et bientôt toute la famille se retira pour la
nuit dans la roulotte où ils dormaient comme
ils pouvaient dans l'espace trop étroit pour
eux.
Le lendemain le soleil se leva dans un
ciel sans nuages comme on en voit parfois en
septembre.
- J'aurai plus de chance aujourd'hui, se
dit Meg en se mettant en route.
Ce jour-là la petite troupe se
dispersa et chacun s'en alla dans une direction
différente. Sal, de mauvaise grâce
comme toujours, se chargea d'un panier ; Meg
en prit un plus lourd et Jack portait les balais.
L'homme, selon son habitude, resta assis sur
l'escalier de la roulotte, fumant sa pipe et
attendant les événements.
- Rentrez de bonne heure ; nous ne
voulons pas nous éterniser ici. Telle fut sa
dernière recommandation à ceux qui se
mettaient en route. Mme Smith ne s'en formalisa
pas. Si l'homme était morose, sa femme
savait lui tenir tête à l'occasion. Il
n'y avait pas grand'chose à choisir entre
ces deux êtres que rien ne recommandait.
Meg s'en alla donc de maison en maison
et, cette fois, avec plus de succès que la
veille. Était-ce l'effet de la belle
journée ? je ne saurais le dire, mais
le fait est que les gens se montraient moins
pressés de refermer leur porte et que peu
à peu la corbeille de la vendeuse devenait
plus légère, et plus lourde la poche
où elle glissait les gros sous qu'elle
recevait. Enfin, arrivée à l'endroit
où la route s'engageait en rase campagne,
Meg s'assit sur le talus et se mit à compter
sa monnaie. Le soleil déclinait à
l'horizon, tout était tranquille autour
d'elle. Alors la réflexion formulée
par son mari le soir précédent lui
revint à l'esprit.
- Pourquoi pas ? se dit-elle. Nous
allons partir et n'en aurons pas d'ennuis.
Au même instant, la voix claire
d'un petit enfant rompit le silence.
- Permets-moi d'aller, Edith. Je ne me
perdrai pas.
- Non, mon chéri, maman ne serait
pas d'accord.
- Rien qu'un petit bout, supplia la
voix ; regarde, la route est toute
droite ; tu me verras tout le temps.
Meg leva les yeux et, sur la route,
à deux pas de l'endroit où elle
était assise, elle vit passer une jeune
fille tenant par la main un petit garçon de
cinq ans environ. Le visage de
l'enfant était un de ceux qui attirent
forcément l'attention. Une forêt de
boucles blondes, des joues roses, des yeux bleus
pétillant de vie et de malice et
ombragés par de longs cils, formaient un
ensemble qui ne pouvait passer inaperçu. La
femme le suivit du regard ; elle évalua
mentalement le prix du costume de velours, des
souliers bien vernis.
- Ça a dû coûter un
joli denier, se dit-elle.
Les deux passants ne l'avaient pas
remarquée ; ils semblaient scruter du
regard la route qui se déroulait devant eux
comme s'ils attendaient quelqu'un. La femme les
suivit des yeux un instant encore, puis elle se
leva, reprit son panier et s'en alla dans une
direction tout opposée de celle qu'avaient
prise les promeneurs qui, eux, semblaient vouloir
retourner du côté de la ville.
Mes lecteurs auront sans doute reconnu
Tan, bien que trois ans aient passé depuis
les événements narrés dans le
chapitre précédent. Le petit
garçon a du reste moins changé
qu'Edith qui est maintenant presqu'une grande
personne. Elle a dix-sept ans et elle est devenue
le bras droit de sa mère. En effet, Mme
Clarke, de santé délicate, est trop
heureuse de se décharger des soins du
ménage sur sa fille aînée.
Jessie, de son côté, s'est
développée d'une façon
inattendue. À force de
persévérance, elle a réussi
à vaincre sa timidité et maintenant
elle se prépare à devenir
maîtresse dans une école maternelle.
Une des grandes joies de Tan consiste à
aller à la rencontre de sa soeur lorsqu'elle
sort de son cours. Quelquefois Edith lui permet de
courir seul en avant et il arrive le premier
à la porte de l'établissement
à moins qu'il ne rencontre Jessie sur le
chemin. C'est cet exploit qu'il désire
renouveler ce soir.
- Eh bien, mon chéri, finit par
dire Edith, je resterai ici, sur ce banc, avec mon
livre, et tu pourras courir jusqu'au coin de la
rue. Je te verrai tout le temps.
Le petit garçon, enchanté
de la permission, partit à toutes jambes.
Edith le surveilla pendant une minute. Jessie
allait arriver ; c'était son
heure ; elle serait au tournant avant que Tan
y fût arrivé. Ouvrant son livre, Edith
se mit à lire et oublia tout jusqu'au moment
où une horloge voisine sonna cinq
heures.
« Tiens, pensa la jeune fille,
voilà dix minutes que Tan est parti. Il aura
rencontré Jessie qui avait des commissions
à faire en ville. »
Elle se leva et reprit le chemin de la
maison. Les distances étaient courtes et
l'idée ne l'aborda pas que
les choses pussent se passer autrement que
d'habitude. Si souvent déjà Tan avait
accompagné Jessie dans ses courses. Edith
passa chez l'épicier, puis rentra chez elle
à cinq heures et demie et trouva la maison
vide. Une heure plus tard, Jessie arriva.
- Tu n'aurais pas dû garder Tan
dehors si longtemps, furent les premières
paroles d'Edith. La réponse de sa soeur
chassa toute couleur de ses joues.
- Tan ? Où est-il ? Je
ne l'ai pas vu.
- Tu ne l'as pas vu ? Oh !
Jessie. Il y a deux heures que je l'ai
envoyé à ta rencontre, pendant que je
lisais sur la promenade. Où est papa ?
Il faut aller aux informations.
- Ne t'inquiète donc pas, fit
Jessie. Je suis rentrée par un autre chemin.
Sans doute Tan sera-t-il allé jusqu'à
l'école et on nous le ramènera. Du
reste, on sonne.
Edith descendit en courant et ouvrit la
porte d'entrée pour se trouver en
présence de son père.
- Qu'as-tu donc, petite ? demanda
M. Clarke avec bonté.
Alors, Edith éclata en
pleurs.
- Tan est perdu, dit-elle, au milieu de
ses sanglots.
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