PETIT
FRÈRE
CHAPITRE XIII
Trouvé
- Jessie, je voudrais te parler un
instant.
C'était la voix d'Edith qui
appelait de la salle à manger et quelque
chose d'étrange dans le ton de cette voix
frappa Jessie. Elle descendit rapidement. M. Clarke
était parti pour Londres de bon matin. Edith
était debout près de la table, un
journal à la main.
- Regarde, Jessie, ce que je viens de
lire. Se pourrait-il qu'il s'agisse de notre
chéri ?
- Edith, que veux-tu dire ? Et elle
saisit le journal.
« Trouvé un petit
garçon, âgé probablement de
huit ans. Il porte un pantalon gris très
usé, une blouse bleue
décolorée ; cheveux bruns,
grands yeux bleus. Raconte qu'il s'est
échappé d'une roulotte. Ne garde
aucun souvenir de sa
première enfance, mais affirme n'avoir pas
toujours vécu avec des bohémiens.
Seul nom connu Tan ».
C'était ce dernier mot qui avait
attiré l'attention d'Edith et qui maintenant
excitait l'émotion de Jessie.
- Serait-ce donc notre petit
frère ? Oh ! Edith, qu'en
penses-tu ?
Edith ne répondit pas. Une
prière muette s'élevait de son cœur
vers Dieu : « Seigneur, aide-nous
à le retrouver ».
Après un instant, elle se
ressaisit et, les lèvres tremblantes, mais
avec un rayon d'espoir dans les yeux, elle
dit :
- J'irai immédiatement m'informer
de quoi il s'agit. Il y a une chance, car qui donc
pourrait porter le nom de Tan ? Dis simplement
à maman que j'ai dû aller en ville
pour une affaire urgente.
La gare la plus rapprochée se
trouvait à trois kilomètres de
distance. Fallait-il atteler le poney à la
petite voiture ? Mais que dirait sa
mère si elle s'apercevait de la chose ?
Était-il sage de partir ainsi ? Si
seulement papa était à la
maison ! Toutes ces pensées s'agitaient
dans le cerveau d'Edith, mais il n'y avait pas de
temps à perdre. S'habillant rapidement, la
jeune fille se rendit à l'écurie. Le
poney n'y était pas. Le
jardinier l'avait pris pour
aller au village voisin. Il fallait donc partir
à pied. Un train passait à
midi ; elle pourrait l'atteindre en marchant
rapidement. La journée était
délicieuse. Un vent frais soufflait
doucement, agitant le feuillage des grands arbres
que l'automne avait teintés d'or et de roux.
Tout en cheminant, Edith relut le paragraphe
qu'elle savait pourtant par cœur.
« Les cheveux de notre Tan
étaient dorés et ils disent que ceux
de cet enfant sont bruns ; puis ils supposent
qu'il a huit ans et notre chéri n'en a que
sept. Mais alors le nom ? Mais après
tout peut-être s'appelle-t-il Tom et l'agent
a-t-il mal compris le petit
garçon... » Ainsi raisonnait
Edith, mais toutes ces objections ne
l'empêchaient pas de presser le pas,
portée qu'elle était par l'espoir et
par la crainte. En quelques minutes le train la
conduisit à Bedford. Comme son cœur battait
en approchant de la ville !
Pendant ce temps Jessie était
retournée auprès de sa mère
qui était maintenant en assez bonne
santé pour s'occuper un peu de la direction
du ménage.
- Que te voulait donc Edith ?
demanda Mme Clarke. La réponse de Jessie ne
la satisfit pas.
- Qu'avait-elle donc à faire
à Bedford ce matin ? Nous n'avions
parlé de rien en déjeunant.
Jessie avait une nature absolument
droite, elle ne savait pas donner le change. Sa
mère attendait une explication et elle ne
sut que répondre :
- Vraiment, maman, je ne puis te dire
pourquoi Edith est allée à Bedford.
Elle te l'expliquera elle-même plus
tard.
Mme Clarke sourit.
- Je n'insiste pas, je devine un peu de
quoi il s'agit.
Jessie n'ajouta rien, toute heureuse en
elle-même de la supposition de sa
mère. L'anniversaire de la naissance de
celle-ci tombait sur le lendemain et elle supposait
naturellement qu'Edith s'en était
allée à la ville pour acheter
quelques cadeaux. Comme les heures de
l'après-midi semblèrent longues
à Jessie ! Vers le soir, elle proposa
d'aller à la rencontre d'Edith. La
mère acquiesça volontiers à
son désir.
Edith, de son côté,
s'était rendue au poste de police où
l'enfant trouvé avait été
recueilli momentanément jusqu'à ce
que les autorités compétentes eussent
statué sur son sort. Un agent d'une taille
imposante vint répondre à son coup de
sonnette.
- Avons-nous ici un petit garçon
qui n'appartient à
personne ? fit-il, répétant la
question posée par la jeune fille. Oui, sans
doute, et un charmant gamin, je vous assure.
Ça me dépasse de comprendre où
il a appris tout ce qu'il sait, après avoir
vécu dans une roulotte toute sa vie, autant
qu'il s'en souvient. Mais sûr il est trop
jeune pour avoir la mémoire bien
longue.
- Vous êtes certain qu'il a huit
ans ? questionna Edith.
- Oh ! ce n'est qu'une supposition.
Il se peut qu'il soit grand pour son
âge ; pour moi, il a les yeux d'un
bébé ou peu s'en faut ! Mais
entrez donc, mademoiselle, et prenez la peine de
vous asseoir pendant que je vais chercher le jeune
homme en question.
Edith avait déjà
expliqué comment son petit frère
avait disparu deux ans auparavant. Pendant qu'elle
attendait dans le bureau de l'agent, son cœur
battait à se rompre et peu à peu la
conviction se fit jour dans son esprit que Dieu
allait lui accorder la réponse à ses
ardentes prières. Bientôt elle
entendit un bruit dans le long corridor
dallé : les pas légers d'un
très jeune enfant accompagnant les pas
lourds de l'agent de police. Un instant encore et
la porte s'ouvrit : Edith se trouva en
présence d'un petit garçon à
la figure brunie par l'air et les
intempéries et couverte
de taches de rousseur ; de grands yeux bleus
la regardaient bien en face.
Edith ne vit d'abord que les taches de
rousseur et elle pâlit tant sa
déception était grande. Cet
étrange petit être ! Son Tan
avait été si
différent !
- Comment t'appelles-tu, mon
petit ? demanda-t-elle, en cherchant à
maîtriser son émotion.
- Seulement Tan, répondit une
voix douce et étrangement
harmonieuse.
Edith tressaillit. Sûrement
c'était là la voix de son petit
frère. Mais il fallait agir
prudemment.
- Te souviens-tu où tu demeurais
avant d'aller dans la roulotte ?
demanda-t-elle.
- Je ne me rappelle de rien d'autre,
mais Jack m'a dit que j'avais une fois une maman
qui était une vraie dame ; elle est
morte et maintenant elle demeure avec Jésus
dans le ciel. Ça a dû se passer quand
j'étais tout petit, je pense.
Pauvre Tan ! Il n'était
certes pas bien grand au moment où il
parlait ainsi, bien que le long pantalon dont il
était affublé le fît
paraître bien plus âgé qu'il ne
l'était en réalité.
Les yeux d'Edith se remplirent de
larmes. Quel son familier avait cette voix
claire et douce, une vraie
musique pour ses oreilles.
- J'avais un cher petit frère il
y a deux ans, mais ses cheveux étaient
dorés ; pourtant, je crois qu'il devait
te ressembler ; tu me le rappelles beaucoup et
son nom était Tan, ajouta-t-elle très
doucement en caressant la tête brune dont les
cheveux avaient été lavés et
brossés par le bon agent. Edith se penchait
vers le petit garçon quand, tout à
coup, elle éclata en larmes, mais
c'étaient des larmes de joie. Elle serrait
l'enfant abasourdi entre ses bras et l'embrassait
tendrement.
- Tu es notre petit Tan, dit Edith
dès qu'elle put parler. Regardez
ajouta-t-elle, en se tournant vers l'officier de
police, la cicatrice est bien visible sous ses
cheveux, et elle soulevait d'une main tremblante
l'épaisse toison bouclée.
- Je vois encore une autre marque qu'il
avait depuis son enfance ; aucun doute n'est
possible ; la seule chose qui ait
changé, c'est la chevelure. Elle
était dorée autrefois, maintenant
elle est foncée. Je reconnais ses traits et
n'ai plus aucun doute sur son
identité.
- Je suis très heureux de vous
entendre, Mademoiselle, et, si j'ose vous le dire,
il est fort naturel que l'absence des soins de
propreté, comme aussi le
soleil et le vent, aient pu changer la couleur des
cheveux d'un jeune enfant, fit le brave
policier.
- Je n'avais pas pensé à
cela, mais je crois que vous avez raison,
répliqua Edith qui ne pouvait se lasser de
caresser son petit frère qu'elle avait assis
sur ses genoux.
- Veux-tu venir à la maison avec
moi, mon chéri ? demanda-t-elle
tendrement, tandis que les yeux bleus la
regardaient en face avec l'expression qu'elle
connaissait si bien.
- Je l'aimerais beaucoup, si je le puis,
répondit Tan.
- Eh bien ! commençons par
remercier le bon ami qui t'a retrouvé, et
Edith glissa une pièce d'or dans la large
main de l'officier de police. Elle prit rapidement
congé sans attendre la conclusion des
remerciements du brave homme.
Dans la rue, Edith héla un fiacre
et pria le conducteur de les conduire dans un
magasin de confections. Quelques minutes plus tard,
Tan et sa sœur entraient dans le plus grand
établissement de la ville.
- Veuillez trouver pour ce petit
garçon un habillement complet, du linge, des
bas et des souliers, fit Edith.
Le vendeur regarda avec
étonnement l'étrange petit personnage
qu'une jeune dame très
correctement vêtue tenait par la
main.
- Certainement, Madame,
répondit-il, se demandant sans doute ce qui
avait pu engager sa cliente à acheter un
beau costume marin pour un mendiant.
Mais lorsque Tan eut revêtu son
nouveau costume de serge bleue avec son grand col
et son béret assorti, il avait si bonne
façon que le vendeur en conclut qu'il ne
fallait pas se fier aux apparences.
Edith regardait son cher petit
frère avec un bonheur que nous n'essayerons
pas de décrire et de son cœur montait vers
Dieu un vrai cantique d'actions de grâces.
N'avait-Il pas, au temps voulu, rendu aux siens
celui qu'ils avaient cru perdu pour toujours ?
.
CHAPITRE XIV
Enfin !
Edith pouvait à peine croire à la
réalité de ce qui venait de se passer
et pourtant elle tenait bien serrée dans la
sienne la petite main dont la pression lui
était si familière. Les larmes
étaient bien près de couler, mais
c'étaient des larmes de joie. Son cœur
était trop plein ; pas une parole ne
pouvait sortir de ses lèvres et c'est en
silence qu'elle conduisit l'enfant à la gare
du chemin de fer. Il lui semblait marcher dans un
rêve.
Quelques heures auparavant elle avait
quitté la maison en proie au doute et
à l'incertitude et maintenant elle revenait
avec le petit frère qu'elle
n'espérait plus revoir ici-bas. Les paroles
du Psaume lui traversèrent l'esprit :
« Il les conduisit dans un chemin
droit. » Puis cet autre passage :
« Toutes choses travaillent ensemble au
bien de ceux qui aiment Dieu. »
Une reconnaissance infinie remplissait
le cœur d'Edith, et le petit Tan, marchant
bravement à
côté de sa sœur, était heureux
aussi, mais un peu ahuri. Il ne babillait pas comme
il le faisait jadis dans les jours de son enfance
joyeuse et insouciante, mais dans son petit cerveau
il tournait et retournait une phrase qu'Edith avait
échangée avec l'agent de police.
« Quelle joie ce sera pour sa mère
de savoir que son chéri est
retrouvé ! »
Dans son for intérieur l'enfant
se disait :
« Comment, dans le ciel, maman
peut-elle être contente que je sois
retrouvé ? »
Tandis qu'il cherchait en vain la
solution de ce problème difficile, Edith
regarda le petit visage pensif et dit enfin d'une
voix tremblante d'émotion :
- Maman sera si contente de revoir son
petit garçon.
Ces paroles rompirent le charme.
- Maman est morte ; alors comment
saura-t-elle que tu m'as trouvé ?
Est-ce que Jésus le lui dira ? Ou bien
peut-être m'ont-ils raconté ce qui
n'était pas vrai pour que je ne pense plus
à elle, ajouta-t-il d'un ton posé qui
n'était pas de son âge.
- Oui, mon chéri, toute cette
histoire était un mensonge. Maman a
été malade, mais maintenant elle
t'attend pour te serrer bien fort dans ses
bras.
Alors la langue de Tan se délia.
Il avait mille questions
à poser. Dans quelle sorte de maison
vivait-elle ? Avait-il un bon
père ? Ou ressemblait-il à M.
Smith ? L'aimerait-il ? Et patati et
patata. L'enfant ne s'arrêtait plus et peu
à peu Edith se fit une idée assez
juste de ce qu'avait été la vie de
Tan dans la roulotte. Il parlait très
tendrement de Jack et Edith se prit à aimer
le rude gamin qui avait témoigné tant
de bonté à son petit
frère.
- Le retrouverons-nous ? demanda
Tan.
- Nous demanderons à Dieu de nous
conduire auprès de lui, fut la
réponse d'Edith.
- J'ai prié pour cela chaque
jour, continua Tan.
Quelle joie c'était pour Edith de
constater que la semence répandue dans ce
jeune cœur par une mère chrétienne
avait germé et porté du fruit pour la
gloire du Seigneur !
Ils n'eurent pas longtemps à
attendre sur le quai de la gare, mais, lorsqu'ils
se retrouvèrent sur la longue route
poussiéreuse qui devait les conduire
à la maison, Edith commença à
se demander si les petits pieds fatigués de
Tan pourraient fournir la course. En effet,
l'enfant semblait à bout de forces ; il
se ressentait de l'émotion et des fatigues
de ces derniers jours. Aussi grand fut le
soulagement d'Edith lorsqu'elle aperçut
dans le lointain sa sœur
conduisant la petite voiture, attelée du
joli poney à la longue
crinière.
- Edith ! fut tout ce que Jessie
put articuler lorsqu'elle eut rejoint les voyageurs
et, lâchant les rênes, elle serra Tan
dans ses bras. Il n'était pas besoin de
demander qui était le petit garçon.
Maintenant qu'il avait mis de côté sa
défroque de mendiant aucun doute
n'était possible.
- Mon cher petit Tan ! Que notre
Père céleste est bon de te renvoyer
à nous ! furent les
premières paroles de Jessie et, les yeux
pleins de joie, elle souleva Tan et le plaça
dans la petite voiture entre Edith et elle. Assis
ainsi près de ses sœurs, il raconta une fois
de plus son histoire et, plus d'une fois, les deux
jeunes filles essuyèrent leurs larmes en
entendant le récit des épreuves
qu'avait supportées leur petit
frère.
- Que dira maman ? était la
question qui revenait sans cesse sur leurs
lèvres. Comment lui annoncer la bonne
nouvelle ? Et qui lui en ferait
part ?
- Il n'est que juste que tu aies le
plaisir de le lui annoncer, dit Jessie, car c'est
toi qui l'a trouvé. Et ainsi ce fut Edith
qui s'en alla à la recherche de sa
mère, tandis que Jessie et Tan continuaient
leur promenade pour laisser à Mme Clarke le
temps de se remettre.
Le thé était servi et le
père et la mère qui ignoraient
absolument ce qui venait de se passer accueillirent
Edith avec quelque surprise.
- N'as-tu pas rencontré
Jessie ? Elle est allée à ta
rencontre il y a plus d'une heure.
Edith répondit aussi
naturellement que possible :
- Jessie rentrera bientôt, elle
fait encore une courte promenade.
- Seule ? demanda Mme
Clarke.
- Non, maman, elle a pris avec elle un
petit garçon que nous avons trouvé et
qui nous a beaucoup
intéressées.
- Un des fils de cousine Annie sans
doute, fit M. Clarke ; c'est l'heure où
ils rentrent de Bedford.
- Non, papa, dit Edith, dont les yeux ne
quittaient pas le visage de sa mère, c'est
un plus proche parent que mon cousin.
Mme Clarke pâlit.
- Qui est-ce ? dis-le-moi,
Edith.
- Peux-tu supporter de très
bonnes nouvelles, maman ?
M. Clarke prit la main de sa femme dans
les siennes et dit doucement :
- N'aie pas peur, chérie, Edith
dit que ce sont de bonnes nouvelles.
- Tan est-il retrouvé ?
murmura Mme Clarke.
Edith jeta ses bras autour du cou de sa
mère et répondit :
- Oui, maman chérie, et il sera
bientôt auprès de toi.
La fin de la phrase fut perdue pour Mme
Clarke. Le choc avait été trop grand
pour elle et elle perdit connaissance. Mais
bientôt elle rouvrit les yeux et ses
premières paroles furent :
« Dieu soit
béni ! »
M. Clarke était très
agité, lui aussi, mais,
maîtrisant ses propres
sentiments, il s'appliqua à s'occuper de sa
femme.
Pendant ce temps Jessie, qui
commençait à s'inquiéter,
avait entr'ouvert la porte et bientôt,
répondant à un signe d'Edith, elle
entra doucement, conduisant le petit Tan par la
main.
- Va embrasser maman, chéri,
dit-elle tendrement et, tout simplement, comme il
le faisait autrefois, l'enfant s'approcha du
fauteuil et appuya sa joue brunie contre celle de
sa mère.
- Je suis revenu à la maison et jamais,
jamais plus je ne partirai, dit Tan et, tandis que
sa mère le serrait dans ses bras et que des
larmes de joie inondaient son visage, elle
répondit
- Non, mon chéri, tu ne partiras
de la maison que lorsque Jésus t'appellera
et alors ce sera encore pour être à la
maison, dans la maison du Père pour
toujours.
Quelle heureuse soirée que celle
qui suivit ! Raymond et Vincent, avec leur
mère, apprirent bientôt le grand
événement. La surprise des
garçons ne connut pas de bornes en entendant
que le petit bohémien auquel ils avaient
aidé le matin même, était leur
propre cousin.
Les trois garçons se
lièrent très vite.
- Il est bien gentil et je l'aime
beaucoup, dit Raymond à sa mère en
allant se coucher ce soir-là.
- Tu devras t'occuper de lui, mon
garçon et essayer de lui enseigner beaucoup
de choses qu'il n'a pas pu apprendre chez les
bohémiens, car il ira à
l'école avec Vincent et toi.
Mais avant que bien des semaines se
fussent écoulées, Tan remis de ses
émotions et heureux plus qu'on ne peut le
dire, put enseigner à Raymond ce qui vaut
mieux que toute la sagesse humaine : la
connaissance de l'amour de Dieu
révélé dans le don de son Fils
unique, venu ici-bas pour chercher et sauver ce qui
était perdu.
Bien des années se sont passées
depuis que Tan a été perdu et
retrouvé, mais une troupe de joyeux enfants
ne se lassent jamais d'entendre l'histoire du petit
garçon volé par des
bohémiens.
- A-t-il vraiment été
retrouvé ? ne manquent-ils pas de
demander à la fin du récit et maman
de répondre invariablement :
- Naturellement, puisque Tan est devenu
votre oncle Stanley !
Peut-être mes petits lecteurs se
demandent-ils ce qu'il advint du pauvre Jack et
s'il fut jamais retrouvé.
Oui, grâce à Dieu. Bien des
années plus tard, lorsque le petit Tan fut
devenu l'oncle des joyeux enfants d'Edith, il
visitait un jour un hôpital comme il le
faisait souvent, cherchant à conduire de
pauvres pécheurs perdus au Sauveur qui les
aime. Ce fut là qu'il trouva le pauvre Jack
étendu sur un lit de souffrances. Il eut la
joie d'apprendre que la semence répandue en
faiblesse par sa main enfantine avait germé
et porté du fruit pour la gloire du Seigneur
Jésus. Le pauvre Jack était mourant,
mais il savait où il allait car il avait mis
sa confiance en Christ, Lui qui est le chemin, la
vérité et la vie.
Durant toutes les vicissitudes de son existence
agitée, Jack n'avait jamais oublié
les deux années que le petit Tan avait
passées dans la roulotte des
bohémiens.
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