Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Histoire de Topsy
II

 

À l'ouest de la Chine, dans une ville située au sud de la Mongolie et au nord du Tibet, se trouve la demeure de trois dames missionnaires. Dans notre récit, elles sont nommées la Dame Grise, la Dame Bleue et la Dame Brune d'après la couleur de la robe chinoise qu'elles portent. Elles s'intéressent aux enfants pauvres de la ville et les réunissent chaque soir pour leur parler du Seigneur Jésus et leur apprendre à chanter des cantiques. Beaucoup de mendiants viennent aussi frapper à leur porte et, plus misérable qu'aucun d'entre eux, arrive régulièrement une petite fille mongole, sourde et muette. On l'appelait « Gwa Gwa », ce qui veut dire « Solitaire ». Les Dames décidèrent d'adopter la pauvre enfant. Par l'entremise du mandarin Lin, elles purent l'acquérir à prix d'argent, de la méchante femme à qui elle appartenait et qui n'était pas sa propre mère. On lui changea son nom de Gwa Gwa en celui d'« Ai-Lien », qui veut dire « Lien d'amour », mais on l'appelait ordinairement Topsy.

Dès sa sixième année, Topsy avait été sa propre maîtresse durant toutes les heures du jour. Chaque moment lui apportait tant de nouvelles difficultés à surmonter, c'est ce qui précisément avait développé chez l'enfant de la volonté, de l'assurance et de la confiance en soi. Elle avait dû apprendre à défendre ses droits et à garder férocement ce qu'elle avait gagné. On ne lui avait jamais enseigné à être serviable, aimable ou généreuse, à céder volontiers, ces vertus n'ayant aucun prix dans le monde qu'elle fréquentait.

Dans son nouveau genre de vie tout allait changer. On allait lui apprendre à partager avec les autres, à abandonner sa propre volonté et par-dessus tout à obéir à ses trois mamans et à grand-maman Fan. Elle était traitée avec bonté par toutes ces personnes qui l'aimaient, mais en retour on s'attendait à la voir faire ce qui lui était ordonné ; ce n'était pas une leçon facile à apprendre.

La première cause de sa résistance fut à propos de quelques bouts d'étoffe d'indienne. Quand grand-maman Fan cousait, elle permettait à Topsy de ramasser tout ce qui tombait de son ouvrage et d'en faire ce qu'elle voulait. La petite fille considérait cela comme un trésor précieux et, quand elle devint l'heureuse propriétaire d'une aiguille, elle se mit tout de suite à assembler quelques morceaux bariolés pour s'en faire un porte-aiguilles. Tout marchait à souhait quand on l'appela pour aller balayer le petit salon des Dames. Tranquillement elle leur fit comprendre qu'elle n'irait pas avant d'avoir fini son petit ouvrage. Cela amena une discussion très vive pour savoir qui était la maîtresse. Topsy dut convenir, bien à regret, que c'était elle qui devait céder et obéir. Elle le fit, mais avec la ferme intention d'en faire le moins possible.

Le deuxième débat survint un jour où l'on attendait des visites. Sur la table étaient disposés des plats garnis de gâteaux et de friandises. Topsy ne put résister à la tentation et, profitant de ce que tout le monde était occupé ailleurs, elle se servit de plusieurs bonbons qu'elle cacha dans la ceinture de son pantalon (1). Elle savait bien pourtant qu'après le départ des visites elle en aurait sa part. Quand ses mamans entrèrent dans la chambre, elle rougit si fort que son secret fut dévoilé. Avant même qu'on lui posât une question, elle faisait « non » de la tête, voulant indiquer par là qu'elle n'avait rien pris.

Elle portait ce jour-là son pantalon du dimanche, à cause des visites qu'on attendait ; il était large autour des chevilles, tandis que celui de tous les jours était serré par une bande ; pendant qu'elle secouait négativement la tête pour bien convaincre ses mamans qu'elle n'avait rien fait de mal, les bonbons dégringolaient tout le long de son pantalon et venaient rouler en cascade à ses pieds ! Elle avait oublié qu'il n'y avait rien pour les retenir. La preuve de son larcin était trop évidente ! La pauvre petite Topsy passa toute une heure à pleurer dans un coin.

Comme elle était vive et intelligente, elle ne fut pas longue à apprendre que, quand elle désirait une chose, il fallait la demander, et que se servir de gâteaux sans permission n'était pas bien ; mais c'était une petite offense comparée au fait d'avoir dit qu'elle n'avait rien pris quand vraiment elle l'avait fait !

Topsy aimait les gravures plus que tout autre chose et les murs de sa chambre devinrent bientôt une vraie galerie de tableaux. D'abord un morceau de papier bariolé ou l'enveloppe d'une boîte d'allumettes satisfaisaient son amour de la couleur, mais graduellement ces bouts de papier furent remplacés par des gravures découpées dans des journaux illustrés qui arrivaient quelquefois à la maison.

Un jour, la Dame Bleue la fit venir et lui montra la plus jolie gravure coloriée qu'elle eût jamais vue. Elle représentait un berger avec un troupeau de moutons. Il portait dans ses bras un petit agneau. Topsy vit tout de suite que l'agneau était bien fatigué et que le berger était très bon.
Elle ne put contenir sa joie quand on lui permit de suspendre le tableau au-dessus de son lit. Le soir, agenouillée aux côtés de grand-maman Fan qui priait à haute voix, la fillette fixait tout le temps de ses yeux la belle gravure.

Les Dames se demandaient ce qui se passait dans cette petite tête ; il leur semblait qu'un ange lui était envoyé pour lui faire comprendre certaines choses, car, quelque temps après, quand on lui donna une nouvelle gravure du Bon Berger, elle en comprit tout de suite la signification. Sur cette gravure on voyait un rocher élevé, au-dessus duquel planait un aigle immense. Au pied du rocher se tenait un pauvre petit agneau retenu dans les broussailles par des ronces dont il ne pouvait se débarrasser. Un berger se penchait pour le délivrer.
Topsy avait souvent vu un grand aigle descendre et saisir quelque chose sur le sol, elle savait fort bien que, si le berger ne s'était pas trouvé là, l'agneau aurait été emporté dans les serres cruelles de l'oiseau, jusqu'à son aire, où il aurait été dévoré.

Avec des gravures et des signes, la Dame Bleue faisait comprendre à Topsy, qu'au-dessus du ciel bleu, elle avait un Ami qui l'avait toujours aimée et, quand Il avait vu qu'elle était dans un danger terrible, Il avait envoyé Quelqu'un pour la conduire dans une demeure où elle serait en sécurité. Elle saisit la pensée en un instant et, dès lors, se vit toujours elle-même comme l'agneau délivré d'un grand danger par le Bon Berger qui avait dit à ses trois amies de prendre soin d'elle.

Évidemment un grand nombre de personnes savaient où et qui était la maman de Topsy, mais comme il avait été convenu entre elle et la méchante femme que personne ne devait savoir que l'enfant avait été vendue, on n'en parlait qu'à mi-voix. Quant au père de Topsy, c'était un chef mongol et chaque année il allait à cheval à la grande fête thibétaine, pour porter de la part de sa tribu un présent au « Bouddha Vivant » de la Lamaserie. Jamais il ne s'était intéressé au bébé Topsy, étant bien trop occupé avec ses grands troupeaux.
Bien qu'il ne donnât jamais une pensée à sa fille, elle existait, chaque année ressemblant davantage à une Mongole. Elle en avait la forte charpente et les manières vives et spontanées qui contrastaient avec celles des jeunes Chinoises de son entourage plutôt calmes et retenues.

Personne, en voyant Topsy à cheval sur son poney, ne pouvait douter de son origine mongole, tant elle montrait de sang-froid et de sûreté.

Dans la nouvelle maison de Topsy on parlait d'un voyage en Mongolie qu'on allait entreprendre sous peu. Pendant qu'on en discutait, grand-maman Fan eut une idée merveilleuse.
- Il y aurait une place dans ma charrette pour Topsy, dit-elle, nous pourrions la prendre avec nous, qu'en pensez-vous ? Elle serait des plus utiles pour garder la tente pendant les réunions.

Tout le monde fut enchanté de la proposition et, quand Topsy apprit qu'elle serait du voyage, elle ne sut comment exprimer sa joie. Tout de suite elle rassembla ses petits trésors avec soin pendant que grand-maman Fan emballait tout ce qui était nécessaire pour le voyage.
Grand-papa Fan désirait qu'on commençât le tour en Mongolie par « le Temple de la Colline Solitaire » où, une fois l'an, il y avait une grande fête en l'honneur d'une idole qui, disait-on, décidait du temps pendant la moisson. Aucun fermier n'aurait osé négliger une idole aussi importante ; tous ceux qui le pouvaient lui apportaient une offrande et lui brûlaient de l'encens dans le temple.
- Si nous partons mardi à midi, dit grand-papa Fan, nous pourrons fixer nos tentes sur « la Colline Solitaire » le soir même et passer les journées de mercredi et de jeudi à la foire.

La route qui conduisait à ce temple éloigné était généralement déserte, mais, ce mardi-là, elle était couverte de marchands et de colporteurs se rendant à la foire. Ils portaient leurs marchandises sur leurs épaules, ainsi que le bois destiné à monter leurs baraques ; les villageois qui viendraient à la foire seraient heureux de trouver à acheter un bonnet pour leur bébé, une lampe de cuivre, un tamis à grains, ou encore un joli baquet ; toutes ces choses allaient être bien exposées pour attirer la clientèle.

En haut, près du temple, on pouvait voir quelques hommes occupés à monter de petits fourneaux de boue, d'autres édifiaient des échoppes qu'ils entouraient de grands carrés de toile pour préserver les boutiquiers du soleil brûlant. Des cuisiniers pétrissaient de la pâte, hachaient de la viande et des oignons, raclaient des carottes et faisaient de la farce pour les beignets de mouton dont tout le monde était friand.

Un homme se tenait devant une poêle à frire pleine de graisse fumante et y faisait tomber avec adresse de la pâte à beignets. Un moment après il sortait les beignets dorés et croustillants. Ces délicatesses étaient du goût de Topsy qui resta une bonne demi-heure à se régaler, grand-papa Fan lui ayant donné trois pièces de cuivre pour en faire ce qui lui plairait.

Dès l'aube on avait pu voir des charrettes attelées de bouvillons, chargées de femmes et d'enfants, arriver de la plaine, tandis que les hommes, soit à cheval soit à dos d'âne, s'avançaient à toute allure.

À midi, les musiciens commencèrent à jouer en faisant un tintamarre assourdissant et sauvage, avec leurs cymbales, leurs tambours et leurs trompettes tonitruantes. Avant même que la première charrette ne soit arrivée, les missionnaires étaient prêts. Ils avaient dressé une grande tente blanche autour de laquelle ils avaient suspendu des gravures. Dans la tente on avait mis quelques tables sur lesquelles étaient disposés des livres aux reliures de couleurs vives. Il y avait des bancs où l'on pouvait se reposer en écoutant une des dames qui jouait de l'harmonium. Cette musique attirait beaucoup de monde. Ils entendirent, ce jour-là, des choses merveilleuses, car beaucoup d'entre eux ignoraient que Dieu les aimait jusqu'à donner son Fils unique qui était mort sur la croix pour sauver les pécheurs.
Parmi les gravures, il y en avait une série qu'ils aimaient particulièrement.
C'était d'abord l'image d'un jeune garçon qui s'était enfui de la maison et avait dépensé tout l'argent que son père lui avait donné. Finalement il était devenu si pauvre qu'il avait dû se mettre à garder des pourceaux.
On voyait ensuite comment, au bout d'un certain temps, se repentant de la façon dont il avait quitté son père, il rentra à la maison pour lui demander pardon. Alors le père lui pardonna et même fit une grande fête en son honneur, le revêtant d'habits neufs et de belles sandales.

Les gens pouvaient lire cette histoire eux-mêmes dans le livre relié en jaune appelé « Lu-gia Fuh-yin » (évangile de Luc en chinois). Après l'avoir entendu raconter, beaucoup de personnes désirèrent posséder le livre et achetèrent tant d'exemplaires qu'il n'en resta plus un seul sur les tables.
Tout était si merveilleux et surprenant. On leur avait toujours dit que les dieux étaient terrifiants et voulaient leur faire du mal toutes les fois qu'ils en avaient l'occasion ; cependant le prédicateur disait :
- Ce fils prodigue est comme vous et moi, et le Père qui pardonne, c'est Dieu.

Cela pouvait-il être vrai ? Quelques-uns d'entre eux s'approchaient de grand-papa Fan et lui posaient la question bien en face.
- Oui, répondait-il, c'est tout à fait vrai, je le sais parce que Dieu m'a pardonné.
- Alors vous ne brûlez pas d'encens dans le temple ?
- Non, répondait grand-papa Fan, je ne le fais pas. Dieu nous demande de l'aimer de tout notre coeur, de toute notre force et de toute notre pensée, et d'aimer notre prochain comme nous-mêmes. L'idole, bien qu'elle ait des oreilles, n'entend pas ; elle a des yeux, mais ne voit pas. Dieu, Lui, vous voit, vous connaît et vous aime.

Quelques-uns rentrèrent à la maison pour réfléchir à ce qu'ils avaient entendu, et presque tous achetèrent des Évangiles, car les dames avaient dit :
- Ce Livre vous dira tout ce que vous avez besoin de savoir concernant Dieu.

Ainsi, les gens emportèrent chez eux des portions de la Parole aux reliures jaunes, vertes ou roses, se promettant de les lire tranquillement pendant les longues soirées d'hiver.
Au coucher du soleil, Topsy rassembla les livres qui n'avaient pas été vendus et mit tout en ordre pour le lendemain.

Quand la foire fut terminée, que le dernier paysan fut rentré dans sa ferme, pendant que marchands et colporteurs tiraient en bas leurs baraques, que les petits serviteurs du temple balayaient et enlevaient la litière du sol, la grande tente blanche fut pliée et soigneusement fixée à l'arrière de la charrette. Avant le lever du jour tout le monde doit être prêt, car, plus tard, vers midi, le soleil est brûlant et, par amour pour les bêtes, on doit partir de bonne heure. Ainsi la caravane entière s'ébranla et se dirigea du côté du désert de sable vers le Nord, laissant derrière elle le temple déserté avec son dieu de boue.

Après quelques jours de voyage, les charrettes furent abandonnées. On loua des chameaux, qui seuls peuvent transporter les voyageurs à travers les sables mouvants. On en amena toute une rangée qu'on fit s'agenouiller de manière à ce qu'on pût attacher les bagages sur leurs dos. Ce travail accompli, chaque personne enjamba le cou du chameau qui lui était destiné. Les intelligentes bêtes, bien dressées, levèrent alors la tête, soulevant le cavalier pour le placer sur cette selle naturelle qu'a le chameau, entre les deux bosses. Topsy s'agrippa fermement à la touffe de poils du cou de sa monture afin d'éviter de tomber quand celle-ci déplierait ses longues jambes pour se tenir debout.

Quand tout le monde fut prêt, les conducteurs donnèrent une petite secousse à chaque rêne. À ce signal, les grandes créatures ayant déplié leurs jambes de derrière, puis celles de devant, se dressèrent et, hop ! voilà le cavalier élevé très haut sur sa bête. La caravane se mit alors en marche d'un pas égal. Topsy aimait beaucoup à être balancée deci delà tout en touchant son chameau d'une branche de saxaul (2).

On voyagea de cette manière pendant plusieurs jours avant d'arriver à proximité de tentes que les voyageurs n'auraient jamais remarquées s'ils n'avaient connu les signes qui en indiquent la présence. C'est pourquoi ils ouvraient tout grands leurs yeux pour voir s'il y avait peut-être une petite touffe de laine d'agneau attachée à une branche ou un fil écarlate dans un buisson. De tels signes montrent qu'on est près d'un campement et qu'il faut descendre de chameau pour traverser le taillis. Bientôt ils entendirent aboyer les chiens, les chameliers firent alors claquer leurs longs fouets. Quand les chiens virent les fouets, ils se tinrent à distance, grondant et montrant les dents.
Enfin les tentes furent en vue, camouflées avec des branches de tamaris entrelacées.

À la vue d'étrangères, les femmes appelèrent les hommes, car un nouveau venu peut être n'importe qui, du percepteur d'impôts au voyageur en détresse ou encore l'espion d'une bande de brigands. Les hommes ne tardèrent pas à arriver, chacun d'eux portant un fusil en bandoulière et un grand couteau dans la tige de sa botte ; mais quand les voyageurs levèrent les mains pour bien faire voir qu'ils n'étaient pas armés, tout soupçon s'évanouit, plus personne ne fut effrayé. Alors le chef, soulevant la portière de sa tente, invita les dames à entrer.

L'intérieur d'une tente a toujours l'air étonnamment confortable, tout spécialement quand le « blizzard » fait rage dehors.
Au centre, brûle un bon feu de fiente de vache, qu'on alimente avec des racines de tamaris quand on désire une flamme vive.
La fumée monte en spirales bleues et s'échappe par une ouverture pratiquée dans le toit de la tente. Tout près du feu il y a un grand coquemar de cuivre où s'infuse le thé dans l'eau bouillante ; à côté, suspendu par une chaîne sur l'âtre, se trouve le chaudron qu'on va remplir de lait de chamelle. Vis-à-vis de la porte d'entrée, on peut voir un siège surélevé, recouvert d'un tapis rouge, derrière lequel se trouve une table garnie de petits bols de laiton emplis jusqu'au bord d'eau fraîche. Le siège est la place d'honneur où seul le maître a le droit de s'asseoir et la table et les bols de laiton sont les offrandes qu'il fait à ses dieux.
Sur les côtés de la tente sont placés des coffres incrustés de métal brillant. C'est là qu'on serre les peaux, le cuir de réserve pour les chaussures et les lourds ornements d'argent dont les femmes aiment à se parer.

Quand les voyageurs entrèrent, le maître de céans leur offrit une prise de tabac, manière polie de leur souhaiter la bienvenue. Au bout de quelques minutes, tout le monde était assis par terre autour du feu. Alors le fils de la femme la plus âgée sortit des bols de porcelaine d'un des coffres incrustés. Les Dames, qui connaissaient les coutumes des nomades, furent bien contentes de voir que les bols avaient été proprement lavés - il arrive parfois qu'on les trempe simplement dans un peu de lait et la maîtresse de maison les polît avec sa langue !
Le maître ouvrit alors une belle boîte de laque et offrit à ses hôtes du « zamba » (céréales grillées et moulues). On le mélangea au lait de chamelle dans les bols et le tout fut trouvé excellent.

La tente était de feutre épais, garantissant du froid en hiver et maintenant de la fraîcheur en été. Ce feutre avait été foulé par les femmes, du poil de leurs chèvres ; il était disposé sur des treillis de bois habilement travaillés. À l'intérieur, cette carcasse était ornementée de lainages aux couleurs vives, tissés sur l'herbe drue du désert. Le tout avait fort bon air et était admirablement fait.

Les habitants des tentes sont toujours très occupés ; ils doivent faire sécher du fumier de vache pour le combustible, ils tannent les peaux, cousent leurs chaussures, tressent des cordes de poils de vache et tissent des étoffes pour embellir leur tente, en plus des travaux journaliers. Ceux-ci consistent en la traite d'une grande quantité de chèvres, de brebis et de chamelles. Pour faire le beurre c'est tout un travail. La crème doit être battue dans une baratte de cuir avec un grand battoir de bois, puis on serre ce beurre dans de petites poches de peau et on le garde ainsi un temps assez long avant de pouvoir s'en servir. Personne au monde, excepté les Mongols, n'aime le beurre fabriqué de cette manière. On ne lave jamais la baratte, aussi le beurre en acquiert-il un goût très bizarre.

Les petits des chameaux donnent beaucoup de travail. Quand les mères sont envoyées au loin pour pâturer, il faut nourrir les chamelons au biberon : on prend alors une corne de boeuf percée d'un assez grand trou auquel on adapte une embouchure de cuir.
Les hommes mènent leurs troupeaux de pâturage en pâturage et veillent à ce qu'ils ne s'éloignent pas trop. Pour cela, il faut tourner autour des troupeaux, les grouper. Cela se fait à cheval, les distances étant très grandes, mais les bergers aiment pardessus tout ces galopades.
Les nomades sont très bons et aimables envers les visiteurs paisibles, mais ils deviennent féroces s'ils sont attaqués. Ils ne sortent jamais sans leur grand couteau caché quelque part sur eux et leur fusil suspendu à l'épaule. En quittant leur tente, ils laissent devant la porte du lait et un peu de « zamba », afin que le voyageur affamé puisse se restaurer, c'est la loi de l'hospitalité mongole. Mais si quelqu'un vole quelque chose dans la tente ou une bête du troupeau, il est traqué et la poursuite durera jusqu'à ce qu'on trouve le voleur qui alors est condamné à une punition très sévère.






Table des matières

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1 En Chine le pantalon est le costume féminin, tandis que les hommes portent une large robe.
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2. Espèce de tamaris.

 

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