Nouvelles d'Israël
10 /
1994
|
.
Troubles politiques en
Israël
De nouvelles élections ou un
référendum avant la paix avec la Syrie?
Après que les nouvelles propositions
israéliennes pour une paix avec la Syrie aient
été portées à la connaissance du
public, les chefs de l'opposition insistent pour que l'on
dissolve immédiatement la Knesset et que l'on
procède à des élections
anticipées.
Pour la toute première fois, le
Premier ministre Yitzhak Rabin a avancé
récemment un plan pour un retrait en deux phases du
Golan et pour la paix avec la Syrie. Ce pays a
immédiatement rejeté cette proposition; mais
en même temps, son ministre des Affaires
étrangères a parlé de «possibles
chaleureuses relations» entre les deux Etats, et il
pense qu'Israël et la Syrie pourraient conclure un
accord de paix avant la fin de l'année.
Dans une interview avec Gale Tsahal,
la station radiophonique de l'armée, le Premier
ministre israélien a exposé ses nouvelles
idées sur un traité de paix avec la Syrie.
Selon lui, la première phase du retrait durerait
trois ans. Après cette période
intérimaire, pendant laquelle Israël pourrait
tester les arrangements de sécurité et les
relations avec la Syrie, un traité de paix
définitif serait conclu. jusqu'à
présent, Israël avait toujours insisté
pour que cette période intérimaire soit de
cinq ans.
©
Nouvelles d'Israël
|
Nouvelles d'Israël
11 /
1994
Texte intégral
|
.
L'affaire Deri
Après diverses manoeuvres
dilatoires qui se sont poursuivies pendant de longs mois, le
procès d'une des figures de proue de la politique
israélienne s'est ouvert à Jérusalem:
c'est l'affaire Arije Deri, ancien ministre de
l'Intérieur aujourd'hui député du parti
ultra-orthodoxe Shass à la Knesset.
Le réquisitoire fait
état de corruption pour des sommes s'élevant
à des centaines de milliers de dollars, d'escroquerie
et d'abus de confiance perpétrés par un
mandataire public. Selon ce réquisitoire, Deri se
serait rendu coupable de ces chefs d'accusation à
l'époque où il dirigeait le cabinet du
ministère de l'Intérieur ainsi que par la
suite, alors qu'il était déjà ministre
de ce même département.
Deri prétend pour sa part que
toutes les accusations sont des allégations
malveillantes émises par la police et divers membres
du ministère de la justice qui auraient
décidé de «liquider» (politique ment
parlant) son parti et sa personne. Selon lui, il n'aurait
jamais détourné le moindre centime pour son
propre compte, et aurait utilisé au profit de son
parti les sommes mentionnées dans le
réquisitoire - par des voies que ses homologues issus
d'autres partis utilisaient eux aussi volontiers.
La procédure sera de longue
haleine. Le réquisitoire dressé après
plusieurs années d'enquête contient des
dizaines de milliers de pages de documents et de
témoignages. Pendant ce temps, Deri conserve son
siège à la Knesset et reste le chef du
Shass.
Dans le contexte de l'affaire Deri, on
se souviendra que le Shass a quitté voici quelques
mois la coalition d'Yitzhak Rabin. Toutefois, le parti
ultra-orthodoxe ne se trouve pas réellement dans
l'opposition, et les six députés qui le
représentent à la Knesset ont continué
à soutenir le gouvernement à l'occasion de
plusieurs votes en échange de divers services
politiques, concernant principalement des compromis sur des
points d'ordre religieux.
Rabin lui-même multiplie les
efforts pour que le Shass réintègre la
coalition, conscient du fait que ce parti risque, dans les
mois à venir, d'acquérir beaucoup de poids sur
le plan parlementaire et dans l'opinion publique, lorsque la
Knesset devra faire de douloureux choix politiques au sujet
du plateau du Golan et de l'autonomie palestinienne.
ZL
©
Nouvelles d'Israël
|
Nouvelles d'Israël
11 /
1994
|
.
Les bons citoyens du kibboutz
El-Rom
Les colons juifs ont du mal à
accepter qu'Israël ne puisse obtenir la paix sans
céder le Golan
«La grande peur vient de
l'inconnu», explique calmement Carol Krugel. Au
kibboutz El-Rom, les enfants dorment mal, et les parents
hésitent à évoquer les «projets
alternatifs» qu'ils ont déjà
conçus. El-Rom se trouve tout au nord du plateau du
Golan, à quelques kilomètres à peine de
la ligne d'armistice et des villages druzes qu'Israël
va restituer aux Syriens. Si la Syrie accepte une solution
progressive et réclame, en signe de bonne
volonté, l'évacuation de colonies de
peuplement juives dès le début des
opérations, il se pourrait que l'idyllique
communauté d'El-Rom, forte de 300 âmes, soit la
première à
«disparaître».
Israël a proposé à
la Syrie une restitution progressive. On marchande, avec la
médiation des Etats-Unis, pour voir à quelle
distance et en combien de temps - cinq ans ou moins -
Israël va se retirer et à
quel moment les Syriens se déclareront prêts
à normaliser les relations. Depuis des mois, les
choses semblent piétiner. Mais à
présent qu'Yitzhak Rabin a dépassé la
moitié de son mandat et veut presque à tout
prix attirer la Syrie vers la paix, la lutte
israélo-israélienne pour le Golan fait
rage.
©
Nouvelles d'Israël
|
Nouvelles d'Israël
11 /
1994
Texte intégral
|
.
Contre les nazis
Des informations confidentielles sur
les unités spéciales juives, actives contre
les nazis après la Deuxième Guerre mondiale,
ont été portées à la
connaissance du public en septembre suite à la mort
d'un de leurs chefs, Shimon Avidan.
Avidan, qui, pendant la Guerre de
libération en 1948, fut l'un des principaux hommes de
l'armée israélienne, est mort d'un cancer en
septembre. Il y a bien des années, il a
raconté à l'écrivain israélien
Michaël Bar-Sohar qu'elles avaient été
ses activités en Europe, en obtenant de ce dernier la
promesse solennelle qu'elles resteraient secrètes
jusqu'à sa mort. Avidan, qui parlait un allemand
châtié, trouvait à la tête de la
branche allemande de la «Palmach» (une
organisation de défense juive, précurseur de
l'armée défensive israélienne); pendant
la guerre, il opéra dans le cadre de la Brigade
juive. A la fin de ce conflit armé, il fonda
immédiatement un «groupe de vengeurs», qui
se donna pour but de liquider des nazis. Par exemple, ce
groupe épia la femme d'Adolf Eichmann dans la ville
autrichienne de Linz. Ils purent ainsi découvrir
comment cette dame et quelques membres de sa famille se
rendaient dans un petit village près de Salzbourg
pour se glisser de là, la nuit, dans une petite
chaumière où habitaient plusieurs de ces gens.
Avidan et les membres de son groupe, déguisés
en soldats britanniques, dressèrent un guet-apens
près de la cabane et s'emparèrent d'un de ces
hommes, pensant qu'il s'agissait d'Adolf Eichmann. Ils lui
déclarèrent qu'au nom du peuple juif, ils
avaient décidé son exécution, et ils
l'abattirent. Il apparut plus tard qu'ils s'étaient
trompés sur l'identité de l'individu. Dans ses
entretiens avec l'écrivain Bar-Sohar, qui eurent lieu
en 1966, Avidan reconnut: «J'ai tué beaucoup de
nazis que je puis ni ne veux dénombrer.» Ces
conversations servirent de base au roman intitulé
«Frères», que Bar-Sohar a publié
récemment et dans lequel Avidan est l'un des
héros. ZL
©
Nouvelles d'Israël
|
Nouvelles d'Israël
11 /
1994
Texte intégral
|
.
Dédommagements pour les
familles des sportifs assassinées
Munich 1972
Vingt-deux ans après
l'assassinat de sportifs israéliens lors des jeux
olympiques de Munich, les familles concernées
réclament au gouvernement bavarois des
dédommagements d'un montant de quarante millions de
dollars pour sa responsabilité dans ce
meurtre.
Dans cette requête, les membres
de ces familles affirment que la police bavaroise est
responsable de toute une série de fautes qui
auraient, le 5 septembre 1972, conduit à la mort de
onze sportifs israéliens qui avaient
été pris en otages par des terroristes
palestiniens. Selon ces familles, presque tous ces sportifs
ont été abattus par des policiers allemands
qui essayaient de les sauver.
Le gouvernement de la Bavière a
rejeté cette réclamation en déclarant
que le comportement de sa police, lors de cette fameuse
journée, ne peut prêter le flanc à
aucune critique. En conséquence de quoi, ces familles
ont décidé d'intenter un procès qui,
d'après elles, leur permettra de recevoir des
dédommagements.
«Je me réjouis de ce que
la plainte suit son cours», a déclaré
Ilana Romano, la compagne de l'haltérophile Joseph
Romano, qui fut tué durant ces Olympiades.
«Toutes ces vingt-deux années, nous avons voulu
introduire cette plainte, mais on nous en a toujours
empêchés par des discours savants. Mais rien
n'a changé pour nous depuis cette catastrophe. Cette
réclamation est le seul chemin qui nous reste pour
trouver les coupables. jusqu'à ce jour, personne ne
s'est jamais excusé auprès de nous et reconnu
sa faute. » ZL
©
Nouvelles d'Israël
|
Nouvelles d'Israël
11 /
1994
|
.
Discorde
israélo-égyptienne
La première visite officielle
en Israël de M. Moussa, ministre égyptien des
Affaires extérieures, a une nouvelle fois
révélé toute la profondeur de
l'abîme qui sépare encore le Caire de
Jérusalem, tant au niveau des mentalités que
de la politique.
Depuis les accords de Camp David,
signés à la fin des années 1970, aucun
ministre égyptien des Affaires
étrangères ne s'était plus rendu en
visite officielle en Israël. La récente visite
était donc censée ouvrir une nouvelle phase
dans le rapprochement israélo-égyptien. Mais
dans la réalité, les choses se sont
déroulées autrement.
Les différends ont
commencé à se manifester avant même le
début de la visite. Etant donné que celle-ci
avait un caractère officiel, Israël avait
inscrit au programme la visite du «Yad Vashem»
généralement de rigueur en de telles
occasions. Mais après que le programme eut
été transmis aux Egyptiens pour approbation,
M. Moussa a fait savoir que par «manque de temps»,
il ne visiterait pas le Yad Vashem. Cette réponse a
choqué ses hôtes israéliens, qui ne
s'étaient encore jamais heurtés à un
tel refus.
©
Nouvelles d'Israël
|
Nouvelles d'Israël
11 /
1994
Texte intégral
|
.
La grande supercherie du
traité de paix
Le 13 septembre dernier, l'Etat
d'Israël a conclu la fin de l'année sans
cérémonies particulières après
que le traité de paix eût été
signé avec l'OLP sur la pelouse de la Maison
Blanche.
Selon les renseignements
publiés dans l'Etat hébreu, il est clair que
l'accord par lequel Arafat s'est engagé à
«faire cesser les actes terroristes contre
Israël» n'a pas conduit à leur diminution.
Au cours de cette année, il y a eu davantage
d'Israéliens assassinés ou blessés que
lors de chacune des précédentes années
- y compris au plus fort de l'Intifada. Voici quelques
chiffres: - Tués: 60 Israéliens, parmi
lesquels 10 soldats et un collaborateur des services de
sécurité généraux. Durant la
même période de l'année
précédente: 41 Israéliens furent
tués, dont 24 soldats.
- Blessés: 710, dont 451
soldats.
- Cocktails Molotov: 1263
lancés sur des soldats et des civils
israéliens, contre 1004 l'année qui a
précédé.
- Charges explosives: 163, contre
151.
- Grenades à main: 88, contre
64 l'année d'avant.
- Attaques au couteau: 274, idem
l'année précédente.
Le jour anniversaire du traité,
le chef du gouvernement, Yitzhak Rabin, s'est
présenté lors d'une émission
télévisée devant des dirigeants juifs
aux USA; il a averti qu'Israël - au cas où le
terrorisme palestinien ne serait pas refréné -
envisagerait de ne pas appliquer tous les points de l'accord
avec l'OLP.
Rabin a fait cette déclaration
pour exprimer son inquiétude sur l'incapacité
de Yasser Arafat de régler le problème
posé par les terroristes du mouvement Hamas, qui se
cachent surtout dans la Bande de Gaza. ZL
©
Nouvelles d'Israël
|
Nouvelles d'Israël
11 /
1994
Texte intégral
|
.
Groupuscules de droite
Israël est en état de
choc. Au cours du mois de septembre, les citoyens du pays
ont dû constater qu'un groupuscule
d'extrême-droite s'était à nouveau
constitué parmi eux; son objectif: l'assassinat
d'Arabes pour des motifs purement raciaux, dans le but de
réduire à néant toute tentative de
conciliation et d'entente en Israël.
C'est par les nouvelles du matin que
les citoyens israéliens ont appris l'existence de ce
groupuscule. Elles révélaient notamment que
les services généraux de
sécurité (ou «SchaBak») avaient
secrètement appréhendé plusieurs
habitants de Kiryat Arba soupçonnés du meurtre
de plusieurs Arabes. Parmi les inculpés se trouvaient
un officier de l'armée israélienne, deux
rabbins et quelques autres habitants des lieux. Au cours des
jours suivants, plusieurs d'entre eux ont été
relâchés faute de preuves, mais d'autres
arrestations ont suivi presque immédiatement: un
autre officier, un autre rabbin de Kiryat Arba et plusieurs
autres personnes. Selon diverses sources, le SchaBak
surveillait les membres de l'organisation depuis plusieurs
mois. La vague d'arrestations a débuté
après que deux membres du groupe - deux frères
de Kiryat Arba - aient été
appréhendés à l'instant même
où ils s'apprêtaient à assassiner un
jeune Arabe qui roulait à vélo sur un chemin
de campagne près de Jérusalem. Les deux
frères, ainsi qu'un rabbin de Kiryat Arba, enseignant
de son métier, sont accusés du meurtre de
quatre Arabes, perpétré en deux fois l'an
dernier. Les assassinats ont fait l'objet d'une
préparation minutieuse, bien que les victimes aient
été choisies au hasard, le simple fait de
passer par là au moment où les membres du
groupe attendaient leurs proies leur ayant
coûté la vie.
A l'opposé, les deux officiers
de l'armée israélienne
incarcérés n'ont pas participé
personnellement à des assassinats. Ils sont
accusés d'avoir mis à la disposition de leurs
complices des renseignements, des armes et des explosifs
provenant des casemates de l'armée. L'arrestation des
membres du groupuscule, d'abord tenue secrète, a
provoqué une tempête d'indignation lorsqu'elle
a été connue. Chaque jour a vu arriver son lot
d'arrestations et de nouvelles révélations
concernant l'organisation extrémiste de Kiryat Arba,
à laquelle le sait depuis lors qu'appartenait le Dr.
Baruch Goldstein, auteur du massacre de Hébron
perpétré voici six mois. Les questions
succèdent aux questions: Dans quelle mesure cette
organisation est-elle dangereuse? Que s'est-il
réellement passé? Qui sont les coupables? La
tâche des tribunaux au cours des prochains mois
consistera sans doute à fournir des
réponses.
Entre-temps, les esprits se sont
échauffés parmi les colons eux-mêmes. A
la suite des arrestations, un de leurs leaders, Aharon Domb,
lui-même habitant de Kiryat Arba, a publié une
lettre ouverte dans laquelle il exhorte les colons de sa
localité à renoncer personnellement et
publiquement à toute vengeance. Selon lui, il faut
revoir sur-le-champ le système d'éducation qui
a permis l'apparition d'assassins agissant au mépris
de toutes les lois du judaïsme. Les paroles de Domb ont
trouvé un immense écho, et de nombreux
extrémistes habitant Kiryat Arba s'en sont pris
à lui, allant jusqu'à le menacer de mort. Mais
d'autres colons juifs des «territoires
occupés» l'ont applaudi pour son courage et sa
droiture. ZL
©
Nouvelles d'Israël
|
|
ACCUEIL
|