Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LA BIBLE


 2 On reproche à la Bible de nuire au développement intellectuel des enfants, en leur apprenant à croire au surnaturel.

Ici encore, Messieurs, c'est une question de fait. Avez-vous remarqué que les enfants placés le plus complètement sous l'influence biblique fussent plus ignorants, plus fermés, moins aptes à comprendre les lois de la nature et à progresser dans tous les domaines ouverts à l'esprit humain que les autres enfants ? Si cette accusation était fondée, le peuple israélite devrait être le moins avancé de tous les peuples, dans les arts, dans les sciences, dans l'industrie, dans le commerce, et nous savons tous quels savants, quels artistes, quels commerçants sont sortis de cette nation. L'Allemagne est le pays de la science ; en Allemagne, les Israélites sont à la tête du mouvement scientifique et littéraire ; il y a 20 ans, le professeur le plus distingué de chacune des quatre facultés de l'université de Berlin était juif. « Je ne me suis jamais senti particulièrement attiré par le peuple juif, écrit M. Ad. Desbarolles, mais il faut pourtant dire la vérité : les journalistes les plus intelligents, les médecins les plus habiles appartiennent, sinon tous, du moins en grande partie à cette nation. On retrouve les Israélites parmi les professeurs les plus distingués des universités. On peut dire que si les Israélites quittaient l'Allemagne tous à la fois, l'Allemagne descendrait d'un degré et retomberait dans la torpeur et l'apathie. » En France, il en est tellement de même que le Gaulois publiait l'autre jour cette boutade : « Napoléon s'est trompé quand il a dit: dans 50 ans, la France sera républicaine ou cosaque; la France est juive. » A Paris, et ailleurs sans doute encore, les enfants juifs remportent la plupart des prix aux concours annuels. Les grands musiciens modernes, Mendelsohn, Meyerbeer, Halévy, Weber, Offenbach sont juifs. Et c'est ainsi que la Bible éteint l'intelligence ! ...

Le savant moderne, que ses travaux ont placé sinon an premier rang, au moins à l'un des premiers rangs, Michel Faraday, que ses glorieuses découvertes ont fait mettre au nombre des huit associés étrangers de l'Institut de France, et qui est mort il y a un an, Michel Faraday était chrétien. Dans une Conférence sur l'éducation de l'esprit, il s'exprimait ainsi :

« Si élevé que soit l'homme au-dessus des créatures qui l'entourent, il a en perspective une position bien plus élevée encore et plus magnifique; sa pensée est occupée d'une manière infiniment diverse des craintes, des espérances, des attentes d'une vie future., Je crois que la vérité de cette vie future ne peut lui être communiquée par aucun effort de son intelligence, si grande soit-elle ; elle lui est révélée par un enseignement autre que le sien, elle est reçue par la simple foi au témoignage rendu. Que personne ne pense que l'éducation de soi, que je voudrais recommander en ce qui concerne les choses de cette vie, s'étende en aucune manière à l'espérance qui nous est proposée, comme si l'homme pouvait, par le raisonnement, trouver Dieu. Ce n'est pas ici le lien d'aborder ce sujet autrement que pour établir une distinction absolue entre la croyance ordinaire et la croyance religieuse. Je serai taxé de faiblesse pour refuser d'appliquer les opérations de l'esprit que je crois utiles dans les choses élevées à des choses plus élevées encore, mais j'accepte volontiers ce reproche : même dans les matières terrestres, j'estime que les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité se voient comme à l'oeil depuis la création du monde, quand on contemple ses ouvrages, et je n'ai jamais rien vu d'incompatible entre les choses de l'homme qui peuvent être comprises par l'esprit de l'homme, qui est en lui, et les choses plus élevées qui concernent son avenir, et qu'il ne peut saisir par cet esprit. » Ces paroles sont tirées d'une Conférence où se peint l'homme tout entier, son esprit net, positif, si parfaitement équilibré, et cette inaltérable humilité qui est un des traits les plus saillants de son caractère. « J'espère que vous ne trouverez rien, écrivait-il quelque temps après à M. E. Naville, dans aucune autre partie de mes recherches, qui contredise ou affaiblisse d'une manière quelconque le sens de ce passage. »

En présence de telles paroles, d'un tel homme, peut-on soutenir que la foi au surnaturel biblique étouffe l'intelligence ? Et que voyons-nous, Messieurs, autour de nous ? Les pays bibliques sont précisément ceux où l'instruction est le plus répandue. M. le professeur Lorain, qui est catholique, en a fait l'aveu : « Les partisans du culte réformé sont infiniment plus avancés que les catholiques, sous le rapport de l'instruction primaire. » L'Alsace, la Lorraine, le Languedoc, les Hautes-Alpes, la Charente-Inférieure, le Montbéliard, pays plus ou moins protestants, se détachent, sur la carte qui indique le degré d'instruction auquel sont parvenus les départements français, en traits de lumière sur le fond ténébreux des départements voisins. La Bible s'oppose si peu au développement de l'intelligence que, partout où elle est reçue, les écoles sortent comme de terre; les missionnaires fondent des écoles; Luther réclame la création d'écoles: « Le diable a son affaire, dit-il, quand il trouve partout gens ineptes et grossiers; car les choses alors en vont bien plus mal sur la terre, et il sait bien que les écoles qui, ça et là, commencent à poindre et à grandir, sont les semences de l'Eglise... » « Magistrats, disait-il encore, rappelez-vous que Dieu commande qu'on instruise les enfants. Cet ordre sacré, les parents, soit indifférence, soit inintelligence, soit surcharge de travaux, l'oublient et le négligent. C'est à vous, magistrats, qu'appartient le devoir de le leur rappeler et d'empêcher le retour des maux dont nous souffrons. Sont-ce les sommes d'argent qui vous arrêtent ? On dépense chaque année tant de sommes pour les arquebuses, pour les chemins, pour les dignes, pourquoi n'en dépenserait-on pas quelque peu pour donner à la pauvre jeunesse quelques maîtres d'école... Ce qui fait la prospérité d'une cité, ce n'est pas qu'on y assemble des trésors, qu'on y bâtisse de forts remparts, qu'on y élève de riches maisons,... son bien véritable, son salut et sa force, c'est qu'on y compte beaucoup de citoyens formés au bien et cultivés... » Qui parle ainsi, Messieurs? Luther, l'homme de la Bible. Et l'on dit que la Bible nuit au développement intellectuel des enfants !

On se retourne d'un autre côté, je le sais, et pour combattre les faits qui prouvent que les peuples bibliques sont moins ignorants que les autres, et que les hommes bibliques peuvent, au point de vue de la science, soutenir saris désavantage la comparaison avec les autres, on dit: « Mais la Bible jette dans l'esprit les idées les plus fausses et les plus absurdes; comment enseigner sérieusement aux enfants qu'un serpent a parlé à Eve ; que le soleil est immobile, après qu'on leur a raconté le miracle de Josué; que les corps sont attirés vers la terre en vertu de la loi de la pesanteur, après qu'ils auront la l'ascension d'Elie ou celle de Jésus-Christ ? »

Ici, Messieurs, je demande dans quel livre, dans quel chapitre de la Bible, se trouve le passage qui menace de la damnation les enfants qui ont le malheur de douter d'un seul mot, de contester un seul miracle, de nier une seule ligne de la Bible? Comment peut-on ignorer que la foi aux miracles n'est jamais présentée dans la Bible comme la foi qui sauve? Pour ce qui me concerne, je crois, - jugez de mon obscurantisme, je crois à tous les miracles que raconte la Bible, oui, même à l'ânesse qui parle, même au miracle de Josué, môme à la manne, même au passage de la mer Rouge ; je crois à ces miracles, parce que je crois à la résurrection de mon Sauveur, et que je ne peux pas comprendre, - pardonnez mon défaut d'intelligence, - pourquoi ces miracles-là seraient plus impossibles que celui-ci; mais je sais aussi, et c'est ce que l'on enseigne partout, que cette foi ne sauve pas, mais seulement la foi en Jésus-Christ. - Pourquoi donc faire dire à la Bible ce qu'elle ne dit pas?

Eh bien, Messieurs, il est vrai, la Bible raconte des miracles, mais chacun de ces miracles qu'elle raconte, elle le présente comme une suspension des lois naturelles, et par le fait même elle établit l'existence de ces lois. Le surnaturel biblique n'est pas le surnaturel des mythologies; les lois qui régissent le monde ne sont pas, pour elle, comme dans les mythologies, le caprice de dieux fantasques ; pour elle, les lois naturelles existent, mais au-dessus de ces lois, il y a le Dieu vivant, personnel, tout-puissant, souverainement bon, qui n'est pas plus l'esclave de la nature qu'il a créée, que l'horloger de la montre qu'il a faite; qui est l'esclave, si j'ose ainsi dire, de ses brûlantes compassions envers les hommes, qui vent les sauver, et qui les sauvera, dût-il pour cela suspendre toutes les lois qu'il a établies, dût-il même briser son ouvrage, comme l'horloger n'hésiterait pas à briser sa montre, si cette ruine pouvait sauver son enfant.

Ce qui me frappe, Messieurs, c'est combien cette Bible, qui n'est pas un livre de science, est pourtant scientifique, et évite les erreurs grossières dans lesquelles sont tombés tous les peuples, et dont plusieurs n'ont été dévoilées que par les progrès de la science moderne. Messieurs, la Bible gagne à être connue.

Ce livre, dont les premières pages ont été écrites 900 ans avant les Thalès, les Pythagore, les Zaleucus, les Xénophanes, les Confucius; ce livre qui n'a point pour mission de nous faire connaître les lois et les faits de la nature, et qui laisse. ce soin aux savants; ce livre, quand il aborde ces sujets, en parle avec une sagesse, une exactitude, une science qui étonnent l'esprit et le remplissent d'admiration.

Quand l'Ecriture parle de la forme de la terre, elle en fait un globe ( Esaïe XL, 22) ; quand elle parle de la position de ce globe, elle le suspend sur le néant (Job XXVI, 7); quand elle parle de son âge, elle en place la création au commencement (Genèse I, 1), avant des siècles qu'elle ne veut pas nombrer, avant le débrouillement du chaos; quand elle parle de l'âge de la race humaine, elle lui assigne une date relativement très-rapprochée. Quand elle parle des Cieux, elle emploie, pour les désigner et les définir, l'expression la plus philosophique et la plus belle, expression mal traduite par les Septante et par la Vulgate; elle les appelle l'étendue (Genèse I, 1, le vide, l'éther, l'immensité, et non pas le firmamentum des latins ou le stéréôma des Grecs, une chose solide. Quand elle parle de la lumière, elle nous la présente comme indépendante du soleil et antérieure au soleil; et je crois que c'est bien là le résultat auquel la science est arrivée. Quand elle parle de l'air dont la pesanteur était méconnue avant Galilée, elle nous dit que Dieu lui donna son poids (Job XXVIII, 25). Quand elle parle de l'intérieur de notre globe, elle nous dit qu'il est en feu ( Job. XXVIII, 5). Quand elle raconte la création des oiseaux (Genèse I, 20)et des poissons, elle leur donne une origine commune, et l'on sait que les naturalistes modernes ont constaté, entre ces deux classes d'animaux, des rapports intimes, que rien n'indique à nos yeux, mais qui se révèlent dans leur anatomie, et jusque dans la forme microscopique des globules de leur sang. Quand elle parle de la race humaine, elle la fait descendre d'un seul couple, et quand elle parle du langage des hommes, elle lui assigne une unité primitive que confirme l'examen approfondi de ce grave problème. Vous ne trouverez rien dans la Bible qui accrédite l'astrologie, et ce n'est pas là que le sceptique Montaigne a appris que les astres ont domination et puissance, non-seulement sur nos vies et conditions de notre fortune, mais sur nos inclinations même, nos discours, nos volontés ; qu'ils les régissent, poussent et agitent à la merci de leurs influences. Les solutions que donne la Bible des grands problèmes qui agitent la pensée humaine sont aussi raisonnables que toutes celles qu'on a proposées, et avant de repousser le récit que la Genèse nous fait de la chute, il serait bon qu'on se donnât d'abord la peine de le comprendre, et ensuite que l'on nous indiquât une solution qui rendît mieux compte de ce fait universel, anormal, incontestable : l'existence du mal, - péché et souffrance, - dans un monde oeuvre d'un Dieu tout sage et tout bon.

Je me résume donc sur ce point, en disant - la Bible, qui ne se donne point pour un livre de science, et qui est un livre de religion et de morale, parle des faits et des lois de la nature, quand l'occasion s'en présente, comme les connaissant; les miracles qu'elle raconte supposent toujours l'existence des lois naturelles; la Bible n'est donc point un livre empêchant le développement intellectuel des enfants ni de personne, et les faits prouvent que si les hommes bibliques ne sont pas plus ignorants que les autres, les peuples bibliques sont plus avancés en instruction que les autres peuples, que la lumière se répand avec la Bible et que son intensité est en rapport direct avec. la diffusion de la Bible.

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§ 3. On reproche à la Bible d'être l'ennemie de la liberté, l'instrument du despotisme et de façonner des caractères serviles.

Messieurs, les faits contredisent cette troisième assertion comme les deux précédentes ; si elle était vraie, il en résulterait que plus un homme, plus un peuple est soumis à l'autorité de la Bible, plus cet homme, plus ce peuple est esclave. Or, que voyons-nous? Des chrétiens, élevés à l'école de la Bible, ne s'abaissant devant aucune tyrannie. « Il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, » disaient les apôtres ; et cette parole de liberté a retenti dans le coeur des hommes de la Bible; appuyés sur la conscience, forts du sentiment du devoir, rien ne les arrête, ni persécutions, ni gloire des hommes. Ecoutez Penn, pouvant racheter sa liberté et la faveur du roi d'Angleterre au prix de quelques paroles, et disant : « Ma conscience ne m'appartient pas, je ne peux la vendre à aucun prix. » Voyez Lincoln, puisant chaque jour dans la prière et dans la lecture de la Bible la force de soutenir la lutte gigantesque entreprise au nom de la liberté ; et ces prisonniers dans les cachots de l'inquisition ; ces galériens sur les galères du Grand Roi ; ces martyrs sur les échafauds; ces hommes, ces femmes, ces enfants, c'étaient des esclaves ! N'êtes-vous pas frappés d'une chose, c'est que la liberté fleurit surtout là où la Bible est reçue ; vous ne l'allez pas chercher là où la Bible a été enchaînée, mais vous la trouvez sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations là où elle règne. Hume, qui n'aimait pas les puritains, leur tend ce beau témoignage dans son histoire d'Angleterre : « Le pouvoir de la couronne était si absolu que le noble feu de la liberté se fût complètement éteint, si la secte puritaine n'en eût rallumé et entretenu de précieuses étincelles : c'est à cette secte exclusivement que l'Angleterre est redevable de toute la liberté de sa constitution. » D'où vient, Messieurs, que les trois seules grandes révolutions des temps modernes qui aient abouti à fonder des peuples libres, soient celle des petites provinces de Hollande et de Zélande au XVIe siècle, celle de l'Angleterre au XVIIe, et celle des Etats-Unis au XVIlle siècle ? C'est qu'elles s'appuyaient sur un fond de croyances religieuses. D'où vient que la Révolution française n'a pas donné tout ce qu'elle promettait, et qu'elle ne s'est relevée de la boue et du sang où elle était tombée que pour subir l'embrassement de César ? C'est qu'au lieu du Dieu de la Bible, elle n'avait que l'Être suprême ou la déesse Raison. Ici, Messieurs, je cède la parole à M. Quinet, qui, dans son livre « la Révolution, » explique tout à la fois, en une page remarquable, l'insuccès de la Révolution française, et le succès de la Révolution de Hollande.

« Combien, dit éloquemment M. Quinet, les sans-culottes se sont lassés plus vite que les gueux de Hollande. Ceux-ci, après quatre-vingts ans de supplices, étaient aussi âpres à la lutte que le premier jour. De là je crois pouvoir conclure qu'un immense dommage pour la Révolution française fut d'avoir été privée du peuple proscrit à la Saint-Barthélemy et à la révocation de l'édit de Nantes. Quand vous voyez dans l'esprit français de si grands vides qu'il serait désormais puéril de nier, n'oubliez pas que la France s'est arrachée elle-même le coeur et les entrailles par l'expulsion on l'étouffement de près de deux millions de ses meilleurs citoyens. Quelle nation, quelle société résisterait aujourd'hui à une expérience de ce genre? Ce sont là de ces plaies que les siècles ne guérissent pas. Ces hommes éprouvés par le fer et le feu, ces caractères de granit, qui n'avaient fléchi sous aucune des tyrannies du passé, combien ils devaient nous manquer plus tard en toutes choses ! Quelques années n'auraient pas suffi pour les décourager et les rejeter dans le moyen âge ; ils n'auraient pu rien ajouter à la violence et à l'héroïsme des passions : peut-être ils les eussent tempérées et sans doute ils eussent fourni cette base: le caractère, la persévérance dans l'énergie, seules choses où l'on ne dépasse pas les limites connues. Qui n'aime voir nos réfugiés porter en masse à la Révolution française l'appui qu'ils ont donné aux Révolutions de Hollande, d'Angleterre, de Suisse et d'Amérique. Partout ils ont aidé, éclairé, affermi l'esprit moderne dans ses luttes civiles. Ce n'est que dans leur patrie qu'ils n'ont pu se montrer. »

Prétendrez-vous encore que la Bible est un agent de servitude?

Et comment le serait-elle, Messieurs, quand elle apprend aux hommes deux choses, qui sont les deux éléments constitutifs de la liberté : la valeur de chaque être humain et sa dépendance de Dieu. Laissez ces deux vérités faire leur chemin dans les coeurs et les consciences, et vous verrez bientôt se lever une génération que n'effraie aucun despotisme, pas plus celui d'un seul que celui d'une majorité ou d'une minorité, parce qu'elle croit au Dieu vivant, et qui ne voudra pas non plus confisquer la liberté d'autrui, parce qu'elle respecte chez les autres la personne humaine. Laissez ces deux vérités faire leur chemin, et la liberté naîtra, malgré les résistances et les intérêts contraires, et s'épanouira pour tous. On a reproché à la Bible de n'avoir pas un mot qui ordonne l'affranchissement des esclaves ; elle a fait mieux que de l'ordonner, elle l'a rendu possible, elle, l'a fait nécessaire pour celui qui écoute sa voix ; il est certain que des chrétiens mêmes ont été longtemps avant de reconnaître que la liberté de l'esclave découlait nécessairement des principes bibliques , aveuglés qu'ils étaient par des préjugés, une éducation incomplète, des intérêts peut-être, la peur, la politique ; mais enfin la victoire est restée à la vérité, et c'est à la Bible qu'est dû cet affranchissement, à la Bible qui dit que Dieu a fait d'un seul sang tout le genre humain, à la Bible qui enseigne que l'âme du nègre est autant que celle du blanc, quoique M. Renan ne voie pas de motifs d'admettre qu'un Papou est immortel; à la Bible, à son influence, à son esprit, et non à la philosophie. Nul n'ignore que si des chrétiens se sont trompés grossièrement sur ce point, Voltaire ne dédaignait pas les bénéfices que lui rapportait le commerce des noirs, et M. Cousin, jugeant un philosophe ancien, s'exprime ainsi : « On est confondu de voir l'imperturbable sang-froid avec lequel Aristote analyse la nature de cette propriété spéciale qu'on nomme l'esclave, comme il ferait tel ou tel objet d'histoire naturelle... sans qu'aucun scrupule d'humanité trouble un moment sa triste analyse et arrête ses impitoyables déductions. L'esclave est en quelque sorte une propriété animée,... selon lui, la nature fait des hommes libres et des esclaves, comme elle fait des animaux et des hommes, des âmes et des corps. »

Appuyé sur les faits et sur les enseignements de l'Ecriture sainte, j'affirme donc non-seulement que la Bible n'est point un instrument de servitude et de despotisme, mais que c'est elle qui a fondé la liberté, la liberté de l'individu, le droit pour chacun d'agir suivant sa conscience; ne craignez pas de donner la Bible aux enfants; elle leur apprendra à ne courber la tète et à ne ployer les genoux que devant Dieu, et rappelez-vous, comme le dit Benjamin Constant, qu'aucun peuple irréligieux n'est demeuré libre.



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