LA
CRÉATION ou LA PREMIÈRE PAGE DE LA
BIBLE
CHAPITRE IV
L'ATMOSPHÈRE
« Et
Dieu dit : Qu'il y ait une
étendue entre les eaux et qu'elle
sépare les eaux d'avec les eaux. Et
Dieu fit l'étendue et sépara
les eaux qui sont au-dessous de
l'étendue d'avec les eaux qui sont
au-dessus de l'étendue. Et il
fût ainsi. Et Dieu appela
l'étendue Cieux. Et il y eut soir,
et il y eut matin : - second
jour. »
(Gen. I, 6-8).
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Quels sont les cieux dont il est question
dans le passage ci-dessus ? Ce ne sont
évidemment pas les cieux habités par
Dieu et ses anges et dont il est dit :
« les cieux des cieux ne sauraient le
contenir » ; mais c'est de
l'atmosphère qu'il s'agit, de la couche
d'air qui entoure le globe terrestre. Le terme
hébreu « rakiah »
signifie firmament ou étendue. La
désignation « cieux » ou
« ciel » que Dieu lui a
donnée et qui a passé dans presque
toutes les langues doit rappeler sans cesse
à l'homme qu'il n'appartient pas uniquement
à la terre, que le sol foulé par ses
pieds et les choses qui l'entourent ne
représentent pas tout son domaine, mais
qu'il existe au-dessus de lui un
univers immense, un monde de
lumière. Il nous semble tout naturel qu'il y
ait au-dessus de nous cette couche d'air, qu'on ne
saurait considérer comme une création
spéciale. Mais la lune, par exemple, ne
possède point ou presque point
d'atmosphère. Si nous nous y trouvions, nous
ne verrions pas sur nos têtes ce bleu
céleste qui fait le charme de nos belles
journées ; rien qu'un vide infini et de
noires ténèbres, sur lesquelles
tranche, avec une intensité
éblouissante, l'éclat du soleil et
des autres astres.
Soyons reconnaissants de ce qu'au-dessus
de nous il y a cette splendide voûte
azurée, pavillon de beauté et de
gloire étendu par des mains d'amour sur
notre petit globe terrestre. Sur ce point du reste,
la science est encore d'accord avec la Bible, et
dit : Il est hors de doute que pendant une
longue période, la terre en voie de
formation était entourée d'une
immense couche de vapeurs denses,
impénétrables, de sorte que les
ténèbres régnaient à sa
surface. Puis, à mesure que ces vapeurs se
refroidissaient, nombre d'éléments
contenus auparavant en dissolution dans
l'atmosphère lourde et chaude, se
condensèrent et tombèrent en torrents
de pluie. Par conséquent, l'air se
raréfiait graduellement et bientôt il
devint transparent ; le ciel bleu apparut et
les nuages purent se former. Il était
nécessaire que la création de cette
atmosphère précédât
celle des plantes et des animaux ; sa
constitution et sa richesse en acide carbonique
furent particulièrement favorables au
développement d'une immense et luxuriante
végétation.
Cette atmosphère, cette couche
d'air si léger, disons-nous, qui enveloppe
la terre comme un manteau ouaté, nous
paraît matériellement peu de chose.
Mais ici aussi nous nous faisons illusion, sa masse
est énorme. Composée, comme chacun
sait, d'oxygène, d'hydrogène et
d'azote - un peu moins, un peu plus de l'un de ces
éléments, quelle catastrophe pour
tous les êtres ! - elle contient en
outre quelques centièmes d'acide carbonique.
Eh bien ! ce gaz à lui seul pèse
dans notre air 2350 milliards de kilogrammes !
Cet air que nous croyons si léger, produit
sur un homme fait une pression d'environ 10,000
kilos à raison de 1 k. 033 par
centimètre carré ;
c'est-à-dire que le poids total effrayant de
notre atmosphère est de plus de cinq
milliards de milliards de kilogrammes !
Quel est le but de cette
atmosphère, ou
« étendue ? » C'est
tout d'abord, nous dit la Bible, d'effectuer une
séparation entre les eaux d'en haut, les
nuages, et les eaux d'en bas, les mers. Sans elle,
la masse aqueuse, au lieu de planer au-dessus de
nous, s'étendrait sur la surface de la terre
et des mers à l'état de brouillard
épais, qui nous cacherait le firmament
étoilé avec ses
révélations sublimes et nous
laisserait même ignorer la configuration du
pays que nous habitons ; toute notre existence
matérielle et intellectuelle en souffrirait.
Quelle triste existence alors, humide, grise et
froide, que celle de l'humanité ! Sans
la moindre connaissance des corps célestes,
même, sans doute, l'alternance d'un jour
blafard et de la nuit lui fût restée
une énigme insoluble ! Et dans
cet air opaque et brumeux, rien
de ce que nous appelons perspective, panorama
enchanteur, belle vue ! Notre horizon
intellectuel et spirituel n'aurait pas
été plus étendu que l'horizon
visuel !
Il pourrait paraître
étrange, en comparaison des énormes
masses d'eau qui remplissent les bassins des mers,
de désigner, en opposition avec elles, comme
« les eaux d'en haut » les
quelques nuages qui planent parfois sur nos
têtes. Mais sur la côte de l'Alaska par
exemple, dans l'Amérique du Nord, où
des torrents diluviens s'épanchent presque
sans interruption toute l'année sur la
terre, nous aurions bientôt une autre
impression de la quantité d'eau
emmagasinée au-dessus de nous. Un peu de
raisonnement du reste suffit à nous la faire
apprécier. N'est-ce pas de la pluie et de la
neige qui tombent des nuages que naissent tous les
ruisseaux, les torrents qui forment à leur
tour les rivières et les fleuves ? Le
Rhin, le Danube, la Volga sont déjà
des fleuves respectables et pourtant insignifiants
en comparaison des grands cours d'eau d'autres
continents, par exemple celui des Amazones dans
l'Amérique du Sud. Une trentaine de lieues
avant son embouchure il est déjà si
large qu'on ne voit plus d'une rive à
l'autre, et avec cela il a 200 mètres de
profondeur. Cette énorme masse d'eau se
jette dans la mer avec tant
d'impétuosité que le navigateur
étonné, en approchant de la
côte se trouve, avant de la voir,
entouré d'eau douce. Presque aussi grands
sont l'Orénoque, le Rio de la
Plata et le Mississipi en
Amérique, la Léna, le Yantsekiang et
le Gange en Asie, le Nil, le Congo, le Niger en
Afrique.
Or réfléchissons que ces
prodigieuses quantités d'eau viennent toutes
d'en haut, et qu'avant de pouvoir descendre il faut
qu'auparavant elles soient montées de la
terre au ciel. Sous l'influence des rayons
solaires, il se forme à la surface des eaux
de petites bulles remplies d'air, invisibles
à l'oeil nu. Cet air, échauffé
par le soleil, se dilate et devient plus
léger que l'air ambiant ; alors ces
bulles montent comme des ballons et forment les
nuages dont un seul contient quelquefois des
milliers de tonnes d'eau. C'est ainsi que Dieu
opère en silence de grandes choses et
obtient d'immenses résultats par des moyens
si peu apparents qu'ils échappent à
notre observation. Il lui eût
été facile d'installer, aux quatre
coins du globe, de gigantesques machines qui, avec
un fracas assourdissant, auraient pompé le
contenu des mers pour le déverser ensuite
sur les continents ; et devant un tel
spectacle toute l'humanité eût
été frappée d'admiration. Mais
que sans bruit et sans ostentation, Dieu ait
pourvu, par la création d'une
atmosphère presque invisible, à ce
que chaque minute, des milliers de tonnes d'eau
montent au ciel, d'où les vents les
dispersent sur toute la terre pour l'arroser, nous
ne voyons là rien que de très
naturel, et l'action divine et créatrice
nous échappe ! L'astronome Arago a
calculé que, si tous les habitants de la
terre, hommes, femmes et enfants,
puisaient incessamment l'eau de
la mer, il leur faudrait 70 mille ans pour en
retirer une quantité égale à
celle que, sans effort, le soleil pompe dans le
courant d'une seule année. Quelle image de
la souveraine action de Dieu, comparée aux
résultats de l'activité
humaine !
Comme les mers du globe sont parcourues
par d'immenses courants qui empêchent leurs
eaux de devenir stagnantes, de même
l'atmosphère est rafraîchie,
brassée, purifiée et vivifiée
par des courants continuels, par des vents qui en
agitent constamment les couches supérieures,
et dont la première cause est la
révolution de la terre autour de son axe.
D'immenses forces bienfaisantes sont
engendrées ainsi. Ces vents sont absolument
nécessaires à la répartition
des nuages et de la pluie, qui sans cela inonderait
certains pays et en laisserait d'autres
desséchés. Enfin, comme le vent a
pendant des siècles poussé les
navires d'un continent et d'une île à
l'autre, et rapproché les peuples, ce
symbole de l'esprit, qui souffle où il veut,
répand aussi des millions de semences de vie
sur des pays, des plateaux, des rochers, des
sommets qui sans lui resteraient toujours
privés de la plante.
La circulation de l'eau au moyen de
l'atmosphère est, selon les desseins de
Dieu, un trésor de force qu'Il a
préparé pour l'homme. De la
force ! voilà ce que demande
aujourd'hui cette faible créature. Eh
bien ! les vents seuls lui en donneront
déjà autant qu'elle voudra, quand
elle saura une fois l'emmagasiner, peut-être
à l'aide de l'électricité.
L'ouragan du 5 au 7 octobre 1844
sur Cuba a en trois jours développé,
pour mouvoir les masses d'air, une énergie
de 472 millions de chevaux-vapeur, ou, dit le
physicien qui a fait ce calcul, plus que, dans ce
même espace de temps, toutes les machines et
tous les hommes du monde. Et quelle source
inépuisable de force que les fleuves !
Le Doubs, dit E. Reclus, développe
près de Besançon, avec une chute de
75 mètres, sur un cours de 70
kilomètres, une force de 3,400,000 chevaux.
Que dire de l'Amazone ou du Mississipi, ou du Nil
dans ses cataractes ?
Toutes ces forces de la création
sont le souffle du Dieu qui s'appelle : El
Gibbor ! le Dieu fort.
« Éternel, mon Dieu ! tu es
merveilleusement grand, tu es revêtu de
majesté et de magnificence ! Toi qui
t'enveloppes de lumière comme d'un
manteau ; qui étends les cieux comme
une tenture ; tu joins les poutres de tes
chambres hautes dans les eaux ; tu fais des
nuées ton char ; tu te promènes
sur les ailes du vent ; tu fais de tes anges
des vents et tes serviteurs des flammes de
feu ! »
(Ps. CIV, 1-4.)
Quelle chose grandiose et magnifique que
cette circulation de l'air autour de la terre, et
de l'eau sur et dans la terre, analogue à
celle du sang dans notre corps ! Par une force
douce et irrésistible, le soleil attire
à lui les eaux des fleuves, des lacs, des
mers qui montent invisibles vers lui et vont former
les nuages. Les vents s'en saisissent, les
dispersent, et ces nuages laissent tomber la pluie.
Qu'elle est bonne et bienfaisante,
quand elle
désaltère la terre
desséchée et comme la plante revit et
reverdit par elle en peu d'heures ! Puis une
force invisible saisit chaque gouttelette qui
découle du glacier, qui suinte du rocher ou
dégoutte de la mousse, et elle se fraye
lentement son chemin et va aider à former
les ruisseaux, les torrents, les rivières,
les fleuves et grossir l'océan, sans qu'il
déborde jamais, pour en remonter sans cesse
et recommencer son voyage éternel.
« Le vent va vers le midi et il tourne
vers le nord ; il tourne et il retourne et le
vent revient sur ses circuits. Toutes les
rivières vont vers la mer, et la mer n'est
pas remplie ; au lieu d'où les
rivières venaient, là elles vont de
nouveau. Toutes choses travaillent, plus que
l'homme ne peut le dire »
(Eccl. I, 6-8). Et Dieu veille sans
cesse par la grande compensation de toutes ces
forces à l'équilibre du monde. Il
faut que les vents répartissent
également sur la terre les gaz qui se
forment dans l'air ; que les orages dispensent
et dépensent l'électricité
nécessaire ; que les courants
égalisent sans cesse la température,
la pression, la salure de l'eau dans les
mers ; que la circulation des eaux distribue
à tous les continents l'humidité
nécessaire. La moindre
inégalité des forces qui se
correspondent, un léger manque de l'un des
éléments, le plus petit arrêt
dans l'action incessante et dans le fonctionnement
du tout, une légère
prépondérance d'une force aux
dépens de l'autre, et c'en est fait de la
vie sur notre planète.
Les eaux supérieures, dont parle
la Genèse, les nuages,
constituent un monde à part. Pour bien les
observer il faut, comme les marins, les
étudier non sur la terre ferme, mais
au-dessus de la mer, à leur lieu de
naissance. - On en distingue 4 formes
principales : les cumulus, qui montent
souvent en été au ciel comme de
magnifiques coupoles de neige éblouissantes
sur un fond gris, annonçant l'orage ;
les stratus qu'on voit souvent, avant le
coucher du soleil, barrer de longues lignes toute
l'étendue de l'horizon ; les
cirrus, flottant comme des flocons de laine
effilochée dans l'air froid à des
hauteurs de 10,000 mètres et plus ; ce
sont les plus élevés, et ils se
composent, disent les physiciens, de fines
aiguilles de glace. Enfin les nimbus, vrais
réservoirs de pluie, enveloppent les
montagnes et voilent l'horizon de leurs linceuls
vagues et gris.
Cependant, pour connaître dans
toute sa beauté ce monde encore peu
exploré, il faut le visiter au moyen d'un
aérostat, comme le fit un officier anglais.
Par un temps gris et pluvieux il quitta la terre
pour s'élever dans les airs. Ayant atteint
la zone des nuages, il se vit enveloppé de
brumes et de vapeurs qu'il traversa rapidement pour
atteindre un océan limpide de flocons
lumineux qui nageaient autour de lui. Mais ce fut
à une plus grande hauteur que s'offrit
à lui un spectacle d'une beauté si
saisissante qu'il se déclara incapable de
rendre l'impression ressentie : au-dessus de
lui s'étendait le dôme céleste,
d'un bleu profond, intense, et autour de lui des
« Monts-Blancs » et des
« Himalaya »
de nuages blancs comme la neige, resplendissants de
lumière, changeant incessamment et
silencieusement de formes et de contours.
« Dans ce monde nouveau, splendide,
grandiose, écrit-il, c'est à peine si
j'osais respirer ou me mouvoir, craignant
d'interrompre le silence solennel qui m'entourait,
et me sentant, comme jamais auparavant, seul
avec Dieu ! »
Que sera-ce donc lorsqu'un jour Celui
dont nous attendons l'avènement glorieux,
apparaîtra « sur les nuées
avec puissance, au son de la trompette de
l'archange », accompagné de la
triomphante escorte de ses saints
rachetés !
L'air est le domaine, le royaume de la
température, cette chose complexe dont parle
l'habitant des villes, de laquelle dépend le
pain quotidien de l'homme des champs et souvent la
vie du marin et du pécheur. La pluie et le
soleil, la neige et la grêle, la gelée
et le givre, l'éclair la foudre, l'orage, le
cyclone sont de grandes et belles choses que nous
cherchons à coordonner et à expliquer
avec des maximas et des minimas de pression et dont
nous ignorons les causes ; car pourquoi une
année est-elle pluvieuse et froide, et la
suivante sèche et chaude, puisque la terre
décrit toujours la même orbite autour
du soleil ? Ici, comme partout, la Bible
remonte dans sa haute sagesse à la cause des
causes. « Dieu tonne merveilleusement de
sa voix, faisant de grandes choses que nous ne
comprenons pas. »
(Job. XXXVII, 5. Voir
Jean XII, 29 ;
Apoc. X, 3-4.) « Voici, Il
retient les eaux et elles tarissent ; puis il
les envoie et elles bouleversent
la terre. » Ce Dieu demande à
l'homme : « Es-tu allé aux
amas de la neige et as-tu vu les trésors de
la grêle, que j'ai mis en réserve pour
le temps de la détresse, pour le jour du
combat et de la guerre ? (voir
Apoc. XVI, 21.) Peux-tu
élever ta voix jusqu'aux nuées, afin
que des torrents d'eau te couvrent ? As-tu
lancé la foudre ensorte qu'elle soit
allée et ait dit : me
voilà ! Connais-tu les lois des cieux
et leur empire sur la terre ? »
(Job. XXXVIII.)
Comme à la création
matérielle correspond toujours la
création spirituelle, qui en est la cause,
il y a aussi une température de l'âme,
régie par les forces célestes, les
anges, et par les esprits qui sont dans les airs
(Eph. II, 2). L'âme a
également son soleil vivifiant et des
nuages, qui le cachent, ses pluies fertilisantes de
larmes et ses longues sécheresses ;
elle connaît les jours de calme, les orages
des passions et les furieux cyclones où
Satan et ses anges lui crient dans les
ténèbres : « Où
est ton Dieu ? Maudis-le et
meurs ! » Parfois les flots de
l'affliction la submergent, elle enfonce et ne peut
plus même s'écrier :
« Seigneur, sauve-moi ! Je
péris ! »
L'atmosphère, cette enveloppe
aérienne, n'a pas seulement pour but de
séparer les eaux d'en haut des eaux d'en
bas ; chacun sait qu'elle est
nécessaire à la respiration. Mais ce
qu'on sait moins, c'est qu'elle est aussi
indispensable à la vision. Si
l'atmosphère ne diffusait pas les rayons
solaires, de manière que les objets soient
éclairés de tous les
côtés, nous
n'apercevrions de ces objets que le
côté éclairé, tandis que
l'autre serait absolument noir, comme cela doit se
passer dans la lune par exemple. C'est à
l'atmosphère que nous devons l'harmonie des
teintes, les gammes graduées de nuances,
passant du plus clair au plus sombre, au lieu que
sans elle nous n'aurions que des contrastes
heurtés de lumière
éblouissante et d'ombre du noir le plus
profond. Elle sert encore d'enveloppe protectrice
à la terre et à ses habitants contre
les rigueurs du froid de l'espace, auquel rien ne
saurait résister. Les rayons solaires sont
réchauffants, il est vrai, et même
parfois torrides, mais sans l'atmosphère
nous verrions se produire le même
phénomène signalé plus haut
à propos de la lumière,
c'est-à-dire que toujours un
côté seulement des objets serait
exposé à la chaleur, tandis que
l'autre, plongé dans l'ombre, subirait
l'action du froid de l'espace sidéral,
c'est-à-dire une température de 2730
au-dessous de zéro, nous serions donc d'un
côté grillés par la chaleur et
de l'autre congelés. Mais grâce
à l'atmosphère, les dards du feu
décochés par le soleil sont
émoussés, et la chaleur dont elle est
pénétrée elle-même, se
répartit dans toutes les directions.
Un monde sans air serait sans force,
sans vents ni nuages, ni fleuves, ni sources d'eau,
sans règne végétal, ni
animal ; un globe de pierre immobile, une
momie.
Remarquons enfin que cette
étendue, préparée au second
jour pour la vie organique qui allait naître,
remplit encore un but de souveraine importance.
Elle rend possible le son, elle
transmet la parole, ces vagues invisibles qui
portent la pensée d'une âme à
l'autre. Sans air un silence absolu,
éternel, envelopperait la terre,
emportée silencieusement à travers
l'espace, peuplée de millions d'animaux sans
voix, d'oiseaux sans chant, d'ombres muettes !
Et l'homme, lui-même sans parole, sans rire
et sans pleurs, sans chant ni soupirs,
s'efforcerait vainement de faire comprendre par
gestes à son semblable pourquoi il
s'attriste ou se réjouit ; chacun irait
son chemin, solitaire et désolé.
De nouveaux appareils, le
téléphone, le phonographe, le
gramophone, nous révèlent toujours
plus les merveilles du son. Qu'une ligne
légèrement sinueuse tracée sur
un disque de métal puisse exprimer les
paroles, la voix individuelle, rendre le timbre,
l'accent d'un homme, un cri déchirant ou
suppliant, un rire joyeux ou moqueur, voilà
ce qui dépasse toute
compréhension ! Et Dieu, qui sait
à quelle minute précise de l'histoire
du monde et de l'humanité telle
découverte ou invention doit avoir lieu,
accorde, à notre génération la
conquête de forces inexplicables,
mystérieuses, comme contre-poids au culte de
la matière, à l'orgueil croissant de
l'homme. Il nous les donne aussi comme un
avertissement sérieux, car nos paroles, que
nous estimons si peu, que nous prononçons
souvent si à la légère, se
gravent dans le phonographe de la création
et sortiront au jour du jugement du grand
gramophone. « Je vous dis que les hommes
rendront compte au jour du jugement de toute parole
oiseuse qu'ils auront dite ;
car par tes paroles tu seras justifié et par
tes paroles tu seras condamné » (
Matth. XII, 36, 37).
Voilà quelques-unes des
merveilles de cette création du second jour,
absolument nécessaire elle aussi à la
vie organique et à la préparation
d'un monde habitable. L'air que nous respirons ne
proclame pas moins la souveraine sagesse de Dieu
que la lumière, création du premier
jour.
« Quand Dieu donnait
à l'air son poids et aux eaux leur juste
mesure, quand il prescrivait une loi à la
pluie et un chemin à l'éclair des
tonnerres, Il vit alors la sagesse... puis Il dit
à l'homme : Voici, craindre
l'Éternel, voilà la sagesse, et
s'éloigner du mal, voilà
l'intelligence. »
(Job XXVIII. 25.)
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