Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



MARTIN NIEMÖLLER



 4. - « J'AI L'IMPRESSION... »

Quand le Conseil prussien ou allemand de l'Eglise confessante est réuni pour délibérer, il arrive souvent, après plusieurs heures de débat, que Niemöller, qui jusqu'alors s'est tu, obtienne la parole pour émettre son avis. Il commence alors l'exposé de son point de vue par cette formule qui lui est coutumière :
- « Eh bien ! chers frères, j'ai l'impression... ».

Ce détail est typique. Il nous montre de quelle manière Niemöller aborde les problèmes : non pas de façon théorique et abstraite, mais en partant de son intuition personnelle en présence d'une situation donnée et des exigences du moment. Très souvent cela veut dire :
- J'ai le sentiment que vous ne voyez pas les choses comme il faut et que vous faites fausse route.
- Niemöller n'est pas homme à céder simplement à une majorité, même bienveillante. Il garde son idée et sa manière. Rien n'est plus difficile que de le décider à signer une déclaration qu'il n'a pas contribué à rédiger ou sur laquelle il n'a pu s'expliquer. Aussi n'est-il pas fait pour les comités ou les commissions. Il est plutôt dans sa nature d'élaborer lui-même un projet, de le soumettre à l'assemblée et de le défendre jusqu'au bout.

Il y a, dans ce trait, pas mal de cette opiniâtreté propre à la fois au tempérament westphalien et au caractère des Niemöller. Ceux-là seuls la lui reprochent en général, qui sont incapables de rien faire par eux-mêmes. On pourrait, à vrai dire, blâmer cette obstination si, la plupart du temps, les faits ne lui donnaient pas raison et n'apportaient à son « impression » une étonnante confirmation.

Lorsque, en l'été de 1933, l'Eglise évangélique se vit contrainte de procéder hâtivement à des élections ecclésiastiques, qui devaient lui être fatales, Niemöller fut le seul à Berlin à mettre en garde ses supérieurs contre cette expérience, ce qui lui valut de la part de son superintendant une verte rebuffade. Mais quinze jours plus tard, les anciennes autorités de l'Eglise étaient balayées par la tempête et les « Chrétiens-allemands » prenaient le pouvoir. En 1935, il élève à nouveau la voix pour dénoncer le système des « commissions ecclésiastiques » instituées par le gouvernement. Que de déceptions on se serait épargnées, si on l'avait écouté !

Il n'y a que deux milieux dans lesquels il est entendu : ce sont les « Conseils fraternels » de l'Eglise confessante et les paroisses. Quel dommage que les termes de ses interventions dans les discussions de ces cercles restreints n'aient pas été consignés et publiés ! Ils mériteraient d'être conservés, car en plus d'une heure critique ils ont rendu à l'Eglise un service décisif. On doit en dire autant de ses « soirées publiques » du lundi, appelées aussi « catéchismes », qu'il tint à Dahlem tous les quinze jours, d'abord à son domicile, puis dans la salle paroissiale, toujours bondée de monde et finalement dans l'église même. De toute la ville, des membres de l'Eglise confessante y accouraient pour se renseigner sur les événements. Là, Niemöller était dans son élément. À l'impression très nette qu'il a sur la situation s'ajoute une documentation comme nul autre sans doute n'en possède en Allemagne et le don de condenser, en une vue d'ensemble, les mille petits faits quotidiens. Ces rapports du « champ de bataille » de toutes les parties du pays sont incontestablement ses plus remarquables tours de force. Qui ne l'a pas entendu ne le connaît pas.. Plus d'un s'y est rendu, poussé par la recherche du sensationnel. Lui-même a pu parfois se laisser aller à son goût juvénile pour la lutte. Mais il n'est pas douteux que ce travail, qui souvent lui a occasionné des démêlés avec la police et l'a finalement conduit en prison, il l'a fait par zèle pour la maison de Dieu et parce qu'il ne pouvait se dérober au devoir de dire, en tout temps et en tout lieu, la pure vérité, sans omission ni adjonction.

Aussi bien Niemöller ne prononce-t-il jamais les mots « j'ai l'impression » sans ajouter aussitôt : et « maintenant il nous faut faire ceci ou cela », ou bien en langage militaire : « il s'agit maintenant d'ouvrir le feu ! » Il ne veut pas que ses auditeurs ne soient que spectateurs du combat, il les appelle à l'action. Son exposé est de telle nature que chacun se sent obligé d'en tirer des conclusions pratiques et de s'enquérir de ses possibilités de faire quelque chose. Qu'il s'agisse de collectes pour les jeunes théologiens ou pour la famille d'un pasteur révoqué ou d'intercession pour les chrétiens en prison ou du devoir de renseigner les « neutres » ou encore de la recherche de logements à l'occasion de conférences, partout où Niemöller discerne un besoin immédiat et urgent, il lui suffit de l'exprimer simplement pour trouver aussitôt un écho et des mains tendues, si bien qu'il peut dire :
- « J'ai l'impression que l'argent est là, sur la rue. »

Cette locution n'a rien d'inusité. Des milliers de gens en Allemagne et dans l'Eglise évangélique en particulier se le disent journellement :
- « J'ai l'impression qu'il y aurait bientôt quelque chose à faire ». Or, voici un homme qui ne garde pas cette réflexion pour lui, mais qui la proclame et qui sait la traduire en actes.

Telle est la force d'impulsion qui émane de Martin Niemöller.


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