Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SERMON SUR LA MONTAGNE
Transposé dans notre langage et pour notre temps



CHAPITRE II

LA MORALE NOUVELLE
(Matthieu V, 20-48.)

Dans le passage qui va nous occuper, Jésus passe du principe général qu'il vient de poser à son application à la vie morale personnelle.

Car je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume de Dieu.»

Jésus n'entend pas ici engager ses disciples à prendre le pas sur les pharisiens et les scribes. Il leur propose une justice de nature toute différente, supérieure à celle 'que pratiquaient les représentants officiels de la religion et de la morale, et dont l'accomplissement déborde l'idéal insuffisant auquel avaient tendu jusque-là leurs efforts. Cette justice nouvelle leur est indispensable pour entrer dans le royaume de Dieu, car il y faut une morale conforme à la nature de ce royaume, c'est-à-dire portant le caractère de l'être originel.

La morale des scribes et des pharisiens visait à dompter et à discipliner la nature humaine encore barbare; celle du royaume de Dieu est la morale spontanée de la nouvelle créature. Là où elle apparaît, se réalise le sens profond des commandements, s'accomplissent la loi et les prophètes là est le royaume de Dieu.

Si l'oeuvre de Jésus avait consisté, comme on l'enseigne, en une obéissance qui satisfit pleinement aux lois morales du mosaïsme, lui-même ne serait point entré dans le royaume de Dieu, car il n'aurait fait que porter à son point culminant la morale de l'ordre ancien; il ne l'eût pas accomplie. Son rôle a consisté, au contraire, à réaliser avec une splendeur immaculée la vérité absolue de l'être humain, et c'est là ce qui fait de lui la pierre angulaire de l'humanité nouvelle.

Si donc notre ambition se borne à surpasser les plus honnêtes, les plus austères, les plus pieux et les plus nobles de nos contemporains, nous restons, quelque excellents que nous puissions être d'ailleurs, dans le domaine de l'ordre ancien, nous n'avançons pas d'un pas sur la voie de la véritable évolution humaine. C'est une morale tout impulsive qu'il nous faut. Elle n'aura ce caractère que lorsqu'elle sera, non l'effet de notre travail sur nous-mêmes, mais celui de notre nouveau devenir. Elle doit être « le digne fruit de notre con version». Alors elle sera du même coup le témoignage du règne de l'être originel en nous. C'est là ce qui distingue l'état moral des satisfaits, à quelque stade qu'ils soient parvenus, de l'état moral des chercheurs, des « devenants », quel que soit leur degré de maturité.

Tout le passage suivant (Matthieu, ch. 5, v. 20-48) traite de cette morale nouvelle, et non pas d'une nouvelle loi. Jésus y développe, sur certains points spéciaux, ce qu'il entend par «accomplir» les commandements, non point les observer d'une manière irréprochable, mais les réaliser selon le principe posé plus haut. Ne voir dans cet accomplissement qu'une observation plus profonde, plus intérieure, plus spirituelle de la loi, c'est prouver qu'on n'a pas compris Jésus. il eût, dans ce cas, réformé, non accompli. Il eût renforcé les exigences de la loi, il ne les eût point rendues superflues. Il eût renchéri sur l'idéal des pharisiens et des scribes, il l'eût peut-être transfiguré et élevé à l'infini, il n'eût point révélé une vie nouvelle devant laquelle pâlit cet idéal, même porté à sa perfection.

Les déclarations qui vont suivre ne sont donc pas de nouveaux commandements. On ne saurait exiger de personne une nature spéciale portant ses fruits particuliers. Ce que nous sommes ne dépend point de notre volonté, et notre caractère individuel se rit de nos efforts sur nous-mêmes. On ne peut, dans ce domaine, que nous éclairer et nous montrer la vole. C'est ce qu'a fait Jésus dans les béatitudes, dans les similitudes du sel et de la lumière, et par toute la ligne de conduite qu'il nous a tracée. Nous nous sommes efforcés de suivre pas à pas ses indications. Maintenant, il nous fait jeter un coup d'oeil sur la terre nouvelle que Dieu nous prépare. Il ne nous impose donc point de nouveaux fardeaux, mais il nous découvre les perspectives de l'évolution nouvelle qui a commencé en nous.

Aussi ces instructions ne sauraient-elles concerner tous les hommes indistinctement, - sous peine d'être taxées avec raison d'«exigences insensées » et de « paradoxes extatiques », - mais uniquement ceux qui cherchent, ceux qui sont en marche. Dans cette parole : « Mais moi je vous dis», l'accent tombe aussi bien sur le vous, opposé aux autres hommes, que sur le moi, opposé aux anciens. C'est dans ce sens spécial qu'il faut comprendre tous les développements ultérieurs.

Jésus s'adresse à ceux qu'il a salués dans les béatitudes et leur apporte un message non moins joyeux. Il étale à leurs yeux la beauté et la richesse inépuisable des puissances qui sont en germe en eux. Ils ne les possèdent peut-être que comme un talent qui leur est confié et qui doit être mis en valeur. Mais avec la croissance de l'être originel, l'aptitude se développe et la capacité grandit, par le fait seul de l'exercice et de l'expérience. Le «pouvoir » nouveau dont il s'agit ici ne peut procéder que d'un état nouveau de la personnalité, mais il en procède directement.

Il ne s'agit donc point en réalité dans ce qui va suivre des dix commandements, mais de divers aspects de la morale nouvelle et, qui plus est, non de son contenu, mais de son essence, non du quoi, mais du comment. Jésus veut faire ressortir le contraste absolu que présentent la justice ancienne et la justice nouvelle, qui confèrent chacune à un acte moral identique un caractère différent. Il ne fait qu'emprunter au décalogue des éléments de démonstration familiers à ses auditeurs et des formules connues qui leur rendent intelligibles les vérités nouvelles qu'il veut mettre en lumière. Ce ne sont donc là que des exemples, dont chacun relève et illustre un caractère spécial de la moralité nouvelle mais est destiné à éclairer du même coup tout le champ de notre vie morale.


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