Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SERMON SUR LA MONTAGNE
Transposé dans notre langage et pour notre temps



CHAPITRE III

LA VIE PERSONNELLE
(Matthieu VI, 1-18.)

Dans le chapitre qui va nous occuper, Jésus aborde le sujet de la vie personnelle et oppose une fois de plus le caractère particulier de l'être originel à la nature faussée dont il doit triompher. Nous y apprenons comment vivent ceux qui ont été radicalement transformés.

Les trois fragments réunis ici projettent une vive clarté sur les divers domaines dans lesquels se déploie la vie personnelle des hommes nouveaux: l'instruction concernant l'aumône nous apprend comment s'exerce leur action au dehors, l'instruction sur la prière ce que sont leurs relations avec Dieu; enfin les déclarations se rapportant au jeûne, ce que doit être leur vie intérieure. Cependant, si ces trois morceaux sont ici groupés, ce n'est pas uniquement en raison de cette analogie, mais pour un autre motif encore.

Quelque divers, en effet, que soient les trois domaines dans lesquels doit se déployer la vie nouvelle, Jésus nous fait entendre au sujet de chacun d'eux la même recommandation, répétée à chaque fois en termes identiques : Quand vous faites l'aumône, quand vous priez, quand vous jeûnez, ne le faites point publiquement, comme les hypocrites, afin d'attirer les regards. Ils y trouvent leur récompense. Quant à vous, que cela se passe en secret et votre Père qui voit dans le secret vous le rendra.

Jésus énonce ici un seul principe fondamental, qui s'applique à tous les domaines de la vie personnelle. Pour en établir la portée générale, il nous en montre successivement les effets dans trois directions différentes, l'identité des termes renforce et intensifie sa démonstration. Cette loi de nature de la vie originelle est d'une rigueur absolue. Raison de plus pour ne point l'appliquer uniquement aux trois cas particuliers dont il est ici question, mais au contraire à tout l'ensemble de la vie. Ici, comme ailleurs, nous ne saisirons dans toute sa profondeur l'enseignement de Jésus, que si, au lieu de nous en tenir aux exemples concrets destinés à illustrer le principe, nous en discernons le sens plus étendu.

Pour les Juifs, chez lesquels la vie avait perdu sa signification intrinsèque et n'avait de valeur qu'en tant que champ de la religion, la vie. personnelle se confondait avec la piété. Devenue une pratique ascétique juxtaposée à la pratique de la morale, elle acquérait de ce fait le caractère d'une oeuvre religieuse qui venait s'ajouter à l'accomplissement du devoir. La piété comme telle faisait partie intégrante de la notion de «justice » qui enfermait tout l'idéal juif.

Mais le centre de gravité de la vie personnelle se trouvant ainsi déplacé, elle devait nécessairement dévier. Elle s'écartait de sa véritable fin, qui réside en elle-même et se subordonnait à des intérêts exclusivement religieux. Son objectif n'était plus « l'accomplissement » comme tel, mais le caractère méritoire qu'on lui attribuait et en vue duquel on la cultivait. Il en résultait qu'on faisait le bien, non en vue du bien même, mais afin de mériter la faveur divine et la récompense attendue, car ce qui importait, ce n'était pas la chose en soi, mais le but qu'on cherchait à atteindre par son moyen.

Il y avait plus encore. À mesure que les manifestations de la vie personnelle dégénéraient en « oeuvres », elles prenaient un caractère extraordinaire, tout exceptionnel. Elles procuraient ainsi à celui qui les pratiquait un sentiment croissant de sa valeur qui, en faisant miroiter à ses yeux ses mérites et sa dignité, exerçait sur lui une véritable séduction. Or, ce qui donne au mérite sa saveur, c'est la considération qu'il rencontre. En conséquence, cette commutation de la vie personnelle ordinaire en oeuvre religieuse extraordinaire devait nécessairement inciter le croyant à escompter l'impression qu'il produirait grâce à elle. À une insincérité subtile, succédait ainsi une faute grossière que Jésus qualifie d'hypocrisie.

Ce ne sont point là des phénomènes pathologiques inconnus de nos jours qui ne présenteraient qu'un intérêt historique, mais bien des maladies de la vie religieuse qui sévissent encore parmi nous. Dans nos cercles chrétiens aussi, la vie personnelle est absorbée par la piété et présente tous les symptômes de la dégénérescence. Parmi nous aussi, la piété tourne à l'hypocrisie partout où elle n'en est pas préservée par la conviction que tout est pure grâce et par une profonde sincérité. Et même lorsqu'elle en reste exempte' le sentiment d'être quelque chose de spécial y perce presque toujours.


Table des matières

 

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