Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SERMON SUR LA MONTAGNE
Transposé dans notre langage et pour notre temps



CHAPITRE III

LA VIE PERSONNELLE
(Matthieu VI, 1-18.)

2. Nos relations avec Dieu. (Suite)

« Notre Père qui es aux cieux. »

Quelle allégresse débordante respire ce cri du coeur! Il faut la connaître pour en mesurer l'étendue. Dans la vie universelle, ardente, intarissable, qui nous pénètre et nous porte, et dont l'action créatrice et vivifiante s'insinue en nous par chacun des événements journaliers, nous découvrons la source de notre être et le salut de notre existence. Pour exprimer ce mystère ineffable, il n'est qu'un mot, un balbutiement : «Père ! » Dans l'énergie vitale universelle, nous distinguons l'amour infini qui est l'atmosphère même de notre âme, et dans son action une puissance paternelle patiente et sage, qui nous soutient, nous conduit et nous secourt. Ce que nous sommes procède de lui. Ce qui se meut au tréfonds de notre être émane de sa vie. Nous lui appartenons indissolublement. Il 'est notre Père céleste parce qu'il est l'auteur de l'être originel qui germe en nous. Nos aspirations à la vie nouvelle, l'impulsion irrésistible qui nous pousse à la perfection et à « l'accomplissement » portent son caractère, Certes, nous sommes ses enfants, véritablement nés de lui, puisque nous sommes de ceux qui cherchent et qui n'auront de repos que lorsque sa vie qui nous presse aura remporté la victoire. C'est pourquoi de notre âme transportée s'échappe ce cri : Notre Père!

Mais qui dira ce que renferment ces deux mots? La certitude triomphante du jour qui se lève, car à l'instant où nous avons reconnu en Dieu notre père, le monde entier sortant des ténèbres s'est illuminé de sa gloire; la révélation soudaine du sens de notre existence, car elle s'éclaire maintenant du rayonnement de notre être véritable qui commence à palpiter en nous; le sentiment d'une sécurité absolue, car nous reposons en paix dans les bras de notre père; la béatitude du paradis, car nous l'avons reconquis en entrant dans la sphère de la vie divine.

Telles sont les émotions qui nous submergent lorsque nous nous tenons devant Dieu, subjugués par sa grâce, heureux dans son amour et dans le pressentiment de sa gloire, plongés dans le courant de vie qui procède de lui et qui nous entraîne vers le but de l'humanité.

Ce cri de joie, expression instinctive de la vie divine qui vient de sourdre en nous, ne peut naturellement devenir la note dominante de notre existence que lorsque nous avons passé de la recherche inquiète à l'expérience claire et immédiate de Dieu, lorsqu'il est apparu en Jésus à notre âme avide de lui, et par son appel créateur a éveillé en nous l'être originel. C'est en contemplant Jésus-Christ que nous apprenons à lire dans le coeur de notre père céleste. Alors les écailles nous tombent des yeux; délivrés de l'aveuglement qui nous dérobait la vue du monde réel et de la vérité située par-delà, nous contemplons toutes choses à sa divine lumière. Alors de notre coeur débordant d'une joie filiale et s'oubliant dans la contemplation de sa gloire, cet ardent souhait monte à nos lèvres :

« Que ton nom soit sanctifié ! »

Le nom de Dieu est l'expression, la révélation de son être. Il résume tout ce que nous savons de lui. Ainsi l'entend tout l'Ancien Testament. Son «nom» marque donc son caractère d'auteur de toute vie, de père de tout être originel. C'est en cette qualité que nous souhaitons le voir universellement tenu pour saint.

Être sanctifié ne signifie évidemment pas être mis à part de tout ce qui est profane, ordinaire, simplement humain. Il ne s'agit point d'adorer ce nom, de lui rendre un culte. de le craindre, le respecter, le préserver de tout usage abusif et de tout mépris. Le nom de Dieu est saint, il est impossible d'entrevoir quelque chose de ce qu'il exprime sans en ressentir une impression solennelle; il n'a donc nul besoin d'être rendu saint, et Jésus a en vue tout autre chose. Lui-même a, ici encore, apporté le parfait accomplissement : en face de la vénération officielle du nom de Dieu, qui était alors poussée si loin qu'on s'abstenait même de le prononcer, il a révélé Dieu par sa personne et par son activité, il a été l'organe parfait de son action. C'est ainsi qu'il a sanctifié le nom divin qu'il annonçait.

Sanctifier ce nom, c'est laisser transparaître le Père qu'il représente dans tous nos actes et dans tous les traits de notre caractère. La gloire et la beauté divines manifestées dans l'être et dans la vie personnelle, telle est la seule célébration véritable du nom de Dieu. En disant: « Ton nom soit sanctifié », nous exprimons donc le désir qu'il soit reconnu comme le Père, partout et toujours, nettement et pleinement. Cette aspiration s'éveille en nous aussitôt que nous nous sentons ses enfants et que nous découvrons ce qu'il est pour nous. Dans ce voeu déborde l'amour de Dieu répandu dans nos coeurs.

Son ardeur s'accroît à mesure que nous constatons le peu de place que Dieu tient dans l'existence humaine. En le voyant se révéler sans cesse aux hommes dans la nature, dans l'histoire et dans la vie, apparaître au milieu d'eux et leur témoigner son amour dans la personne de Jésus-Christ; en constatant d'autre part combien leur être et leur vie sont encore loin de porter son empreinte, nous ne pouvons que nous écrier avec ferveur : ton nom soit sanctifié !

Bien que sanctifiant officiellement le nom de Dieu, à la façon des Juifs, notre société chrétienne ne le profane-t-elle pas continuellement, n'en obscurcit-elle pas l'éclat? Combien ceux qui le confessent l'abaissent à leur insu au niveau de leur médiocrité ! Faire ce que l'on fait au nom de Dieu et de ce nom, n'est-ce pas chercher à le mettre de force au service de nos désirs arbitraires et de nos convoitises impures? La parole que l'apôtre Paul adressait aux Juifs : «Le nom de Dieu est blasphémé parmi les païens à cause de vous », ne s'applique-t-elle pas aussi bien aux chrétiens? Sous le couvert d'une civilisation chrétienne, confesseurs aussi bien que négateurs de Dieu ne vivent-ils pas en fait dans la nuit de l'athéisme? Il faut avoir ressenti le poids de cette douleur et de cette honte pour comprendre cette requête : Que les hommes trouvent en toi leur Père, se reconnaissent et se proclament tes enfants !

Si le Père était mis en lumière par notre être et par notre vie, ceux qui ont le coeur pur verraient Dieu. Les égarés le retrouveraient et rentreraient dans le chemin. Les enfants de Dieu dissiperaient les ténèbres, non par des enseignements et des paroles, mais par la révélation de la vie. Tant qu'on raisonne, qu'on discute, qu'on cherche à prouver Dieu théoriquement, au lieu de l'éprouver et de le faire éprouver en vivant de sa vie, on ne le démontre point victorieusement. Où sont-ils de nos jours ceux qui voient Dieu, ceux auxquels la nature ou l'histoire, la vie humaine ou la prédication communiquent l'impression immédiate du divin ? Les paroles et les pratiques qui sont censées le faire connaître, nos institutions et notre activité religieuses, ne sont-elles pas de nature à provoquer plutôt la négation, tant les manifestations qui se parent de son nom sont vulgaires, affectées, impies et mensongères.

Le sanctifier, c'est au contraire le laisser déployer largement en nous sa vie, pure de tout élément étranger, exempte de toute hypocrisie et de toute impiété, sans lâcheté et sans partage. Toutes ces choses sont aussi incompatibles avec elle que l'eau avec le feu. Ceux qui cherchent à les concilier ne rendent point hommage à Dieu, quel que soit d'ailleurs leur empressement à le confesser et à célébrer son nom.

Il règne parmi nous, sous ce rapport, une indifférence et une insensibilité tout à fait incroyables. La nature divine n'apparaît dans l'homme que travestie et obscurcie, mais cet état de choses ne fait point l'effet d'un sacrilège et d'une injure envers Dieu; on le déclare inévitable. La dégénérescence du caractère du Père dans ses enfants ne fait plus éprouver une impression pénible; on s'est si bien habitué à cette « imperfection humaine » qu'on la considère comme l'état normal. Le christianisme est ainsi devenu, sans qu'on s'en aperçoive, la profanation organisée et aveuglément pratiquée du nom de Dieu.

En présence de toutes ces choses, comment ceux qui ont trouvé le Père ne feraient-ils point monter vers lui cette ardente prière : Ton nom soit sanctifié ! et n'ajouteraient-ils pas :

« Que ton règne vienne! »

Quand le Père est reconnu et manifesté purement, la vie nouvelle s'épanouit, l'humanité s'organise selon la pensée divine, du chaos ténébreux surgit une terre nouvelle.

Voir le dessein poursuivi par Jésus se réaliser dans l'histoire générale comme dans l'expérience individuelle, l'évolution véritable s'accélérer, l'être humain se constituer selon sa vérité, la vie collective s'ordonner harmonieusement, et toutes choses se réédifier sur ces bases nouvelles, tel est le voeu exprimé dans cette seconde demande.

Car un même désir enflamme tous ceux chez lesquels commence à poindre la nature du Père: que le mouvement créateur se transmette à l'humanité, que la vie originelle devienne une puissance, que ses lois innées régissent notre existence, qu'en vertu d'une nécessité interne elle s'épanouisse sans obstacles dans tous les domaines, jusqu'à ce que la gloire divine soit enfin «faite chair » au sein de l'humanité.

Ce désir impétueux ne reste pas chez eux à l'état d'enthousiasme abstrait. Il revêt une forme concrète et une signification personnelle conformes à leurs expériences intimes. S'ils brûlent de voir se lever un jour nouveau, c'est qu'ils le sentent poindre en eux. Ils connaissent en quelque mesure la vie originelle et son instinct délicat de la vérité, les élans spontanés dans lesquels se révèlent les lois de l'être nouveau, la continuité de la transformation qu'ils subissent. Ils ont l'avant-goût d'une conduite nouvelle, de relations vivantes avec le prochain, du bouleversement de nos conditions d'existence qui en résulte, des forces et des clartés qu'on en retire. Ils pressentent, par conséquent, la révolution qu'opère la personnalité de Jésus, et sa portée incommensurable pour la régénération de l'humanité. Et chacune de leurs expériences nouvelles évoque dans leur âme une aspiration fervente en faveur de la grande famille humaine: Ton règne vienne!

Leur requête devient d'autant plus pressante que le spectacle de la prétendue « extension du royaume de Dieu » suffit moins à apaiser leur désir. Elle n'est en effet qu'une propagation du christianisme, d'une conception du monde et d'une manière de vivre imprégnées d'idées chrétiennes, mais qui ne créent point un ordre de choses nouveau, qui laissent au contraire dans l'état ancien les hommes et l'économie générale du monde. Leur sens de la vérité ne leur permet pas de s'accommoder comme on le fait d'une rédemption par Christ qui n'en est pas une en réalité, d'une nouvelle naissance qui n'a pas lieu véritablement, d'une vie chrétienne où ne se réalise aucune des lois naturelles de l'être originel, d'une constitution de la personnalité qui ne triomphe point du désaccord intérieur, d'un progrès de la vérité qui n'est qu'une acquisition théorique de la théologie, d'une religion qui relègue le royaume de Dieu dans un impénétrable au-delà.

On les accuse d'exaltation et d'orgueil. Cependant ils ne veulent que la vérité. Ils ne voient à l'oeuvre aucune des lois du royaume de Dieu : l'homme ne subordonne point tous ses intérêts au salut de son âme et à la réalisation de sa vocation divine; il ne prend point une position affirmative et créatrice à l'égard de la vie; il ne considère pas la fortune comme un dépôt, mais comme une propriété; il n'admet ni le droit absolu du prochain sur lui, ni la prééminence de l'union intérieure que crée la vie nouvelle sur les liens du sang, la recherche du royaume de Dieu ne prime pas pour lui toute autre considération; il ignore l'organisation nouvelle dans laquelle chacun ne veut exister qu'en tant que membre d'un corps et ne voit de grandeur et de dignité humaine qu'à s'assujettir aux autres pour les servir. Et cependant partout où ces lois de la vie originelle ne portent et ne modèlent pas la vie, il n'y a pas de règne de Dieu; il n'y a que le règne de l'être fermé à l'action divine, qui ruine et se ruine. C'est pourquoi l'élément nouveau que les hommes du devenir sentent fermenter en eux se révolte contre cette institution soi-disant fondée par Jésus, qui porte le nom de christianisme, et ils sont remplis d'une aspiration passionnée au règne de Dieu qui est vie et vérité.

«Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ! »

De même que dans la sphère infinie du divin, rien n'a de valeur déterminante à côté de Dieu, ni surtout contre lui, de même dans le monde fini, sa volonté doit régner exclusivement, totalement, absolument. Cette requête s'ajoute tout naturellement à la précédente : le regard du croyant passe de la constitution générale de la vie aux faits qui la composent, et de son coeur s'échappe ce soupir : Oh ! si les manifestations si variées et si multiples de la vie sur notre terre devenaient l'expression et l'accomplissement de la volonté de Dieu ! Si tous les hommes, à chaque instant de leur existence, et dans chacun de leurs mouvements, n'étaient que les souples organes de son action souveraine!
Si le vouloir du Père devenait le nerf moteur de l'humanité nouvelle !

L'expérience journalière des enfants de Dieu suffirait à leur inspirer ce voeu. Lorsque nous prenons conscience de la direction paternelle qui régit notre vie, nos yeux s'ouvrent pour apercevoir dans chacune des obligations qui nous sollicitent, dans tout événement qui surgit, dans toute impression du dehors comme dans toute impulsion du dedans, un désir, une volonté divine, un appel à « l'accomplissement ». Partout nous distinguons sa voix, nous prêtons l'oreille afin de la mieux saisir, et plus nous redoublons d'attention, plus son langage nous devient intelligible, jusqu'à ce qu'enfin nous discernions en toute chose ce qu'il veut nous dire. Ainsi notre existence, constante manifestation de la volonté du Père, prend un sens, une valeur, s'éclaire et se vivifie.

Cette expérience n'a rien de commun avec les efforts tentés pour mettre notre vie quotidienne en rapport avec les impératifs de la morale ou les préceptes de la religion. L'énergie créatrice de la puissance de vie universelle ne cesse de pousser l'homme vers sa perfection. C'est elle qui nous presse de réaliser en toute occasion notre humanité véritable, de résoudre le problème de l'existence dans chacune de nos obligations quotidiennes, et de faire épanouir les germes de vie que recèle chacun de nos instants. Dans cet attrait qui s'exerce sur nous, nous percevons l'appel du Père à devenir, par l'accomplissement du devoir et l'emploi intégral du moment, les instruments de Dieu, en sorte que, dans toute notre activité, s'inaugure la rénovation universelle que Jésus voulut apporter au monde.

Celui qui connaît ces expériences sent monter de son coeur ce soupir : Ta volonté soit faite! C'est la pulsation d'une vie nouvelle. Dans la mesure où la volonté divine est pressentie, comprise, et réalisée d'une manière actuelle et vivante, le règne de Dieu se constitue, il s'installe dans la vie et dans l'être humain, et le Père est pleinement manifesté. Tel est l'enchaînement interne des trois premières demandes de l'oraison dominicale. Elles traduisent les aspirations qui nous envahissent quand notre regard rencontre celui du Père. Elles sont l'expression toute spontanée des émotions que fait naître au coeur de l'homme la vie nouvelle qui s'épanouit en lui.

« Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien. »

Dans la demande précédente s'exprimait le sentiment des obligations diverses et multiples que Dieu, par le langage des événements journaliers, nous appelle à remplir. Celle-ci réclame le pain quotidien, condition indispensable de leur accomplissement. L'homme vit selon son être véritable de la «parole de Dieu », c'est-à-dire des manifestations de la vie et de la volonté du Père, qui deviennent pour lui l'objet d'une expérience immédiate et constante. Mais cette vie repose sur les conditions matérielles auxquelles nous sommes assujettis. Elles sont toutes impliquées dans cette demande, sans y être énumérées, cependant.

C'est une requête simple et enfantine, et non l'expression tumultueuse de nos angoisses, de nos soucis et de nos convoitises, ni un cri de révolte contre la détresse et la souffrance. Le Père sait de quoi nous avons besoin, avant que nous le lui demandions. À la confiance avec laquelle il attend de nous une parfaite obéissance à sa volonté, répond la confiance avec laquelle nous attendons de lui tout ce qui nécessaire à votre vie. Inutile de discourir longuement à ce sujet. si nous le mentionnons dans notre prière, c'est parce que notre abandon filial a besoin de s'exprimer. La brièveté même de notre requête en est le témoignage; de longues et pressantes supplications trahiraient une secrète défiance et contrediraient cette autre parole : Que ta volonté soit faite! Demander simplement notre pain quotidien, c'est dire : Nous remettons à ta sollicitude le soin de ce qu'il faut à notre vie; mieux que nous, tu sais ce qui nous est nécessaire.

«Et remets-nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs.»

Notre pensée se reporte aussitôt à notre vocation d'enfants de Dieu et le sentiment de la distance à laquelle nous restons de son accomplissement, qui, dans les trois premières demandes, s'élevait à Dieu en une ardente aspiration, devient une honte brûlante et, de nouveau nous jette aux pieds du Père: Pardonne, nous écrions-nous, ne nous tiens pas rigueur, ne permets pas que nos fautes fassent obstacles à ta vie en nous dans le monde.

Cette demande - sa teneur et son contexte en font foi - a é trait aux obligations que nous impose notre qualité d'enfants de Dieu. Noblesse oblige, la noblesse d'ordre divin plus que toute autre : elle nous oblige à glorifier le Père en toute occasion, d'une manière positive et complète à établir son règne en instaurant la vie humaine normale, et à réaliser sa volonté dans chacun des mouvements de notre vie. Ceux qui ont trouvé en Dieu leur père comprennent la rigueur sacrée de cette dette d'honneur, et leur supplication témoigne de l'humiliation qu'ils ressentent pour y avoir si insuffisamment satisfait : Pardonne-nous nos manquements envers nous-mêmes, envers notre prochain, envers la vie. Pardonne notre infidélité en face des exigences de la vie nouvelle. Prends pitié de notre faiblesse, de nos lenteurs, de notre tiédeur et de notre indolence, captifs que nous sommes trop souvent encore de notre vieille nature. Use d'indulgence, comme nous le faisons envers ceux de nos semblables qui ne remplissent point leurs obligations envers nous.

Il n'est nullement question dans cette demande d'une rupture de nos relations personnelles avec le Père, qui exigerait une réconciliation. On y sent vibrer, au contraire, une assurance filiale et une parfaite intimité. S'il en était autrement, elle figurerait au début de l'oraison dominicale, et non dans la seconde partie seulement. Comment cela serait-il possible, d'ailleurs? L'aspiration passionnée qui se fait jour dans les trois premières demandes ne témoigne-t-elle pas d'un contact vivant avec le Père? On y sent palpiter l'élan de sa vie, elles rayonnent de l'ardeur de sa grâce et sont toutes pénétrées de son esprit.

Nous ne saurions donc trouver dans cette prière la base d'une notion abstraite et dogmatique du péché. Elle est la confession spontanée de l'âme croyante qui s'humilie de son insuffisance et de ses infidélités sans en faire grand état, et qui, en présence des pièges qui l'environnent, implore le secours du Père avec la naïve certitude qu'il ne garde jamais rancune, mais ne vient que plus volontiers au secours de ses enfants.


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