Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SERMON SUR LA MONTAGNE
Transposé dans notre langage et pour notre temps



CHAPITRE VI

LES CONDITIONS DU SUCCÈS
(Matthieu VII, 7.27.)

1. La marche ininterrompue.

Le Sermon sur la montagne tire à sa fin. Après nous avoir fait jeter un coup d'oeil sur l'éclosion et le développement du nouveau devenir, Jésus nous a montré comment cette évolution intérieure produit une morale toute nouvelle, fait jaillir des profondeurs de l'être intime une vie personnelle originale, nous rend capables d'une conduite ferme et autonome, conforme à notre nouvelle orientation, et pose les fondements d'une vie en commun dont nous ne pouvons encore que pressentir l'incomparable beauté. Il va nous indiquer enfin, avec une énergique insistance, ce que nous avons à faire pour parvenir à cette rénovation totale de notre être et de notre vie. Avant tout, il nous faut rester en mouvement.

«Demandez et l'on vous donnera; cherchez et vous trouverez; frappez et l'on vous ouvrira. Car quiconque demande, reçoit; quiconque cherche, trouve; et à celui qui frappe, la porte s'ouvre. Lequel d'entre vous, lorsque son fils lui demande du pain, lui donnera une pierre, ou quand il réclame du poisson, lui donnera un serpent? Si donc, tout mauvais que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux, donnera-t-il ce qui est bon à ceux qui le prient! »

Plus les perspectives que Jésus nous ouvre s'éclairent à nos regards, plus elles nous transportent d'admiration, plus aussi il nous paraît inconcevable que d'un point de départ aussi imperceptible que notre recherche inquiète, nous puissions jamais atteindre ce but glorieux. La distance qui nous en sépare encore, les obstacles formidables qui se dressent devant nous, - car il n'y a rien qui ne puisse devenir un obstacle - dérobent toujours de nouveau à nos yeux la terre promise que nous avions entrevue. C'est pourquoi Jésus, se penchant vers ceux qui, dans leur saisissement, osent à peine croire à la gloire pressentie, leur dit : Cela se fera très simplement : «Demandez et il vous sera donné, cherchez et vous trouverez, frappez et la porte s'ouvrira. » Puis, chose étrange au premier abord, il motive cette assurance catégorique en la répétant sous une autre forme : « Car quiconque demande reçoit; celui qui cherche trouve; et la porte s'ouvre devant celui qui frappe.» Nous ne saurions voir dans cette répétition un développement oratoire qui serait tout à fait étranger à la manière de Jésus. Elle doit être l'expression d'une règle qui ne connaît pas d'exception, d'une loi sur laquelle se fondent son exhortation et sa promesse : Demandez et il vous sera donné, car il est impossible que celui qui demande ne reçoive pas.

Mais cela ne lui suffit point encore. En comparant plus loin la conduite du père terrestre avec celle du Père céleste, il nous affirme que nous pouvons compter absolument sur l'effet de cette loi, dont le Père lui-même garantit l'accomplissement. En effet, si nous ne saurions nous-mêmes donner à nos enfants des pierres au lieu de pain, à plus forte raison notre Père, auprès duquel nous ne sommes tous que des méchants, nous donnera-t-il les choses bonnes auxquelles nous aspirons. Il est tout à fait impossible qu'il laisse ceux qui cherchent la vie véritable se repaître de ce qui ne répond pas réellement à leurs besoins : de leurs illusions, de l'espoir d'un au delà, d'une croyance, d'une culture morale. La vie humaine réalisée dans la vérité deviendra sûrement leur partage.

Cette parole : « Quiconque demande reçoit », n'est donc pas un encouragement donné à l'aventure, une promesse sur laquelle on ne saurait compter en toute occasion «parce qu'elle n'a qu'une valeur générale », - ce qui a une valeur générale ne doit-il pas se vérifier précisément dans chaque cas particulier? - mais bien une assurance absolue, reposant sur une loi de la vie - quiconque demande, obtient et dont Dieu lui-même se porte garant. Cette loi est aussi positive que celle qui y correspond dans le monde physique : mange et tu seras rassasié, car quiconque mange apaise sa faim. Nous avons affaire, dans les deux cas, à des phénomènes conformes aux lois de la nature, à un enchaînement logique de cause à effet, et, dans l'un comme dans l'autre, c'est la puissance créatrice de toute vie qui répond du succès.

Le fait qu'il s'agit ici des phénomènes de l'évolution et de la vie personnelles, ne change rien à la chose. La vie spirituelle de l'homme est régie par certaines lois aussi bien que sa vie corporelle. Il faut nous en rendre compte, car les spéculations abstraites nous ont voilé jusqu'ici ces lois, en sorte que nous nous figurons volontiers que dans le domaine de la vie morale et de nos relations avec Dieu ne règnent ni l'ordre, ni la rigueur que nous trouvons dans la nature. Cette conception dualiste est erronée. Nous ne faisons droit à la déclaration de Jésus qu'en la comprenant et en l'admettant comme nous le ferions de cette affirmation : jette la pierre et elle tombera, car ce qu'on jette tombe.

Il faut la comprendre ainsi pour en mesurer toute la portée. Vous n'avez plus, déclare Jésus aux chercheurs, à vous mettre en peine des résultats; la nouvelle naissance, l'évolution véritable de l'être humain sont des processus naturels qui se produiront nécessairement si vous demandez, cherchez et frappez. Tout s'accomplira de soi-même, comme dans la nature. Vos aspirations, votre recherche, vos tentatives, vous mettent en contact avec la puissance de vie universelle, et son énergie créatrice réalise alors en vous tout ce pour quoi elles ont créé les conditions nécessaires. Elle n'évoquera point comme par magie des résultats impossibles, mais fera tout épanouir au fur et à mesure du possible. Tout mûrira graduellement et n'apparaîtra qu'en son temps. Mais le but sera certainement atteint. les milliers d'années encore indispensables peut-être à l'humanité pour parvenir à son développement intégral, n'infirment pas plus ce principe : « quiconque demande reçoit », que la durée incommensurable de l'évolution de la nature ne nous fait douter de ses lois, à l'oeuvre, malgré tout, dans tous les temps. Si, dans la pratique, le fait que demander c'est recevoir, chercher c'est trouver, essayer c'est réussir, ne se confirme pas de manière à nous apparaître aussi logique et inéluctable que n'importe quel enchaînement de cause à effet, cela tient à notre manière de demander, de chercher, de frapper, c'est-à-dire à la disproportion entre notre aspiration et l'effet espéré. Nous attendons toujours des effets démesurés.
Or nul effet ne saurait excéder sa cause; aussi l'exaucement est-il toujours exactement proportionné à notre désir. Nous recevons dans la mesure où nous demandons. Si notre prière n'est que l'élan chétif et intermittent d'une aspiration à demi étouffée, nous ne sentirons que de loin en loin vibrer en nous les élans d'une vie nouvelle. De même, si notre recherche n'est que le coup d'éperon d'un impératif catégorique, et non un mouvement impulsif, nous parviendrons peut-être, à force de volonté, à régler notre vie selon Dieu, mais elle ne sera pas renouvelée. Enfin c'est à nos tentatives que se mesureront nos succès. Mais certainement notre aspiration, quelle qu'elle soit, ne peut manquer d'enfanter ce qu'elle a conçu et porté par la prière - l'objet auquel tend notre vie doit devenir notre partage, nos efforts doivent aboutir. Il est tout à fait impossible qu'un homme qui s'est mis en marche, qui aspire, qui cherche et qui ose, une fois le chemin trouvé, n'avance pas sur la voie qui mène au but. Mais la distance parcourue dépendra naturellement de la' vigueur et de la rapidité de son allure. Cela est inévitable, car en demandant nous libérons l'énergie divine, en cherchant nous lui frayons la voie, et nos tentatives lui donnent l'occasion de se manifester.

Si tel est le sens de la promesse de Jésus, il est évident qu'elle ne peut, pas plus que le reste du Sermon sur la montagne, s'adresser à tous, mais seulement à ceux qui prient en esprit et en vérité, qui cherchent avant tout le royaume de Dieu, et qui font l'essai d'une vie conforme à l'état de choses nouveau. Elle ne se rapporte donc qu'au devenir et à la vie véritables, auxquels tout le reste est assuré par surcroît.

Cette conclusion ne nous est point suggérée par l'examen du contexte et de la place que cet enseignement sur la prière occupe dans le Sermon sur la montagne, on pourrait, dans ce cas, nous objecter qu'il n'en faisait point partie à l'origine. Elle ressort du fond même de la question. L'invitation à demander, à chercher, à essayer, et la promesse de l'exaucement, ne sauraient s'adresser à tous, parce qu'elles ne sont pas applicables à chacun. On ne saurait dire au premier venu : Demande ce que tu désires, et tu l'obtiendras. Ce serait un mensonge. On parvient, il est vrai, à force de subtilités, à démontrer que toutes les prières qui ne se sont pas accomplies ont été néanmoins exaucées, et à éliminer ainsi, en réalité, l'action déterminante de Dieu. Il faut, pour cela, se réfugier dans l'incontrôlable. Mais ces pieuses arguties sont tout à fait insoutenables en ce qui concerne les deux autres promesses équivalentes à la première, parce que pour ces dernières le contrôle est aisé. Comment dire à tous : «Cherchez et vous trouverez, frappez et la porte s'ouvrira », quand l'expérience prouve surabondamment que la plupart cherchent sans trouver et qu'un grand nombre essaient sans réussir? Pourquoi donc en serait-il autrement de la première assurance : « Demandez, et il vous sera donné » ?

À mon avis, se figurer que Jésus ait jamais prescrit à tous indistinctement de demander, et promis sans réserve l'exaucement, c'est commettre une erreur colossale qui rentre dans la conception païenne de la prière. Tout au contraire, la requête et l'exaucement dont parle Jésus sont dans un rapport organique étroit avec les phénomènes de la vie et de l'évolution nouvelles. Au reste, l'abus que l'on a fait de sa promesse en l'isolant de ce qui en est la condition, c'est-à-dire de la relation vivante de l'homme avec Dieu et avec la venue de son règne, trouve son châtiment dans la superstition, la fausseté, le doute et le désespoir auxquels il a donné lieu. Mais si cette promesse repose sur l'inflexible loi qui veut que toute cause produise un effet correspondant, nous comprenons l'insistance avec laquelle Jésus exhorte ceux qui sont en marche vers le royaume de Dieu, à demander, à chercher et à frapper. Car la victoire est certaine, pourvu qu'ils persévèrent dans le mouvement de la vie.

Si la prière est un contact conscient de l'homme avec Dieu, notre relation personnelle avec la puissance de vie universelle s'interrompt naturellement dès que nous ne demandons plus. Nous cessons de participer à J'évolution véritable, nous nous excluons du vivant organisme de la création nouvelle. Alors les éléments qui ne pouvaient subsister qu'à condition de se développer sans cesse, dépérissent fatalement. Mais si notre aspiration reste vivante, nous demeurons accessibles à l'action divine qui communique incessamment à notre être originel son énergie vitale. De là l'exhortation de l'apôtre Paul : « Priez sans cesse.»

« Ne cessez point de chercher »; cette parole de Jésus a été retrouvée récemment dans un vieux manuscrit. Qu'ils se le répètent, ceux qui se figurent qu'avoir trouvé dispense de chercher. En réalité chaque trouvaille ne fait que stimuler les véritables chercheurs et l'élan qui les entraîne s'accroît à mesure qu'ils découvrent l'étroit sentier qu'ils ont à suivre. Les paraboles du sel et de la lumière nous ont déjà montré la nécessité d'une recherche incessante et nous avons reconnu dans la poursuite du royaume de Dieu la force motrice indispensable à la vie nouvelle. Que rien n'arrête donc notre marche 1 Pour atteindre le but il faut avancer sans relâche.

Il n'en est pas autrement de la troisième promesse. Les chercheurs sont semblables à des gens qui se tiennent devant une porte fermée. «Frappez, leur dit Jésus, la porte s'ouvrira. » Essayez, le succès couronnera la tentative. Non pas, remarquez-le, les méditations, mais l'essai pratique. Jésus reste toujours sur le terrain de la vie. Il nous place dans l'atmosphère limpide de la vérité que ne trouble aucune théorie. Il ne nous dit que ce qu'il a vécu, ce qu'ont établi les faits. Il ne démontre rien, mais il renvoie chacun à ses propres expériences. Il est vain, en effet, de discuter des déclarations comme celle-ci : «Cherchez premièrement le royaume de Dieu et tout le reste vous sera donné par surcroît. » Il faut en avoir éprouvé l'exactitude pour en être convaincu. L'expérience correctement tentée confirmera le principe posé, aussi positivement que n'importe quelle démonstration de physique faite dans des conditions satisfaisantes.

C'est ce caractère purement réaliste de Jésus qui fait de lui le guide dont notre temps a besoin. Les faits seuls comptent pour nous, et l'expérience personnelle nous apporte seule la conviction. Aussi son invitation à frapper, son assurance positive que la porte s'ouvrira, acquièrent-elles pour les chercheurs de nos jours une importance vitale. À la différence de tous les sages et de tous les prophètes de ce monde, Jésus nous indique une voie toute pratique. Seul l'essai décidera si elle est praticable. Entrons-y; nous verrons si sa promesse se vérifie.

Lorsque nous avançons dans la direction indiquée par Jésus, l'être nouveau prend vie en nous, la lumière se lève dans notre âme. Mais les circonstances et les phénomènes ambiants contrarient le courant de vie qui nous anime, en sorte que notre mouvement est refoulé et tenté de se confiner dans notre vie intérieure. La victoire nous semble impossible. Elle ne l'est pas cependant : frappons et les portes s'ouvriront. Le génie propre de notre être originel saura trouver parmi l'économie ancienne l'accès de l'évolution nouvelle. Sachons porter les grands coups qui assurent le succès. À l'aspiration et à la recherche joignons l'action qui en est la réalisation pratique.

La promesse de Jésus nous garantit donc le succès. À une condition toutefois, c'est que, demandant, cherchant et frappant, nous soyons sur le vrai chemin, sur celui qui mène à la vie.


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