La
Bénédiction de la Pentecôte
dans sa plénitude
La seule
chose nécessaire
VII. - COMMENT CONSERVER CETTE
GRÂCE
Mais vous, priant par le
Saint-Esprit, maintenez-vous dans l'amour de
Dieu.... Or, à Celui qui peut vous
préserver de toute chute.... à Dieu
seul, notre Sauveur... soit gloire.... dans tous
les siècles. Amen.
(Jude 20, 21, 24.)
Après avoir reçu la
plénitude de la bénédiction de
Pentecôte, peut-on la perdre ? Bien
certainement. Dieu ne la confère pas de
telle façon qu'on soit contraint de la
conserver bon gré mal gré. C'est un
talent à faire valoir, et dont on ne jouit
qu'à cette condition. Après avoir
été baptisé du Saint-Esprit,
Jésus eut encore à tendre à la
perfection par l'obéissance aux directions
de l'Esprit. De même, le chrétien doit
veiller à ne point perdre la
bénédiction reçue.
Comment cela ? Simplement en la
confiant à la garde du Seigneur. C'est ainsi
que Paul écrit à
Timothée : « Il a la
puissance de garder mon
dépôt » et :
« Garde le bon dépôt, - par
le Saint-Esprit qui habite en nous »
(2 Tim. 1 : 12, 14). Et Jude de
même : « Maintenez-vous dans
l'amour de Dieu », ajoutant la
doxologie : « À Celui qui
peut vous préserver »....
(Jude 21, 24). Il en est de cette
bénédiction comme de la manne au
désert : elle doit descendre du ciel
toute fraîche chaque matin. Comme la vie
naturelle, la vie spirituelle a constamment besoin
de l'air pur et vivifiant qui vient du dehors et
d'En-Haut. Examinons comment peut se maintenir ce
contact perpétuel.
1. C'est Jésus qui nous a
donné la bénédiction :
à Lui de nous la garder.
Il est « Celui qui garde
Israël », et Il est fidèle
à Son nom. Comme Dieu garde et soutient le
monde qu'Il a crée, Jésus maintient
aussi de moment en moment la grâce
donnée à la Pentecôte. Le
Saint-Esprit n'est pas une puissance qui nous soit
en une façon quelconque subordonnée
et dont nous puissions disposer à notre
gré ; c'est Lui qui domine sur nous et
qui agit en nous, et c'est par Lui que Jésus
accomplit Son oeuvre en nous. La seule attitude qui
nous convienne est celle d'une absolue
dépendance, dans le sentiment de notre
néant et de notre impuissance, de sorte que
Jésus puisse faire en nous Son
oeuvre.
Faute de le comprendre, on redoute
parfois d'entrer en possession de la
bénédiction promise, de peur de ne
pouvoir persévérer. Comment se
maintenir à un niveau si
élevé ? C'est avoir une bien
pauvre idée de la réalité. Si
Jésus vient établir Sa demeure dans
mon coeur, c'est pour prendre toute ma vie
intérieure sous Son contrôle et en
faire l'objet de Sa sollicitude. Sans doute, nous
avons à veiller, mais sans
anxiété, et sans cesser d'être
joyeux.. C'est en Souverain que le Seigneur est
entré dans Son sanctuaire, et tout ce qu'Il
demande, c'est que l'âme Le reconnaisse et
L'honore comme son fidèle Berger, son
tout-puissant Gardien.
2. C'est par la foi que
s'obtient la bénédiction, et par la
foi qu'elle se maintient.
À tous les degrés de
la vie spirituelle règne la même
grande loi du Royaume : « Qu'il vous
soit fait selon votre foi ». Grain de
moutarde au début, la foi va grandissant
sans cesse, s'emparant à chaque pas de
trésors nouveaux, « Je vis, non
plus moi-même, mais Christ vit en moi, et ce
que je vis encore dans la chair, je le vis dans la
foi »....
(Gal. 2 : 20). La foi de
l'apôtre s'accroissait avec les besoins
de sa vie et de son oeuvre, vaste
et puissante en face des richesses
inépuisables de son Maître. Ce
n'était plus lui qui vivait, il laissait
Jésus agir librement en lui.
La plénitude de l'Esprit
n'est pas un don accordé une fois pour
toutes, une sorte de bloc de vie divine. Elle est
plutôt semblable à ce torrent d'eau de
la vie qui jaillit de dessous le trône de
Dieu et de l'Agneau. C'est une communication
incessante de la vie et de l'amour de Jésus,
qui n'est possible que dans une intime communion
avec Lui. Il ne demande qu'à poursuivre et
à mener à bien l'oeuvre
commencée, pourvu qu'on se livre avec une
joyeuse confiance à Son sceptre
souverain.
3. Il faut donc demeurer dans la
communion avec Jésus pour qu'Il puisse nous
conserver cette grâce.
Le but même de la
bénédiction de Pentecôte est de
nous révéler Jésus comme un
Sauveur tout-puissant. Le Saint-Esprit n'est pas
venu prendre la place de Jésus, mais Lui
unir Ses disciples plus étroitement, plus
profondément et plus parfaitement. Cette
puissance d'En Haut ne devenait pas leur
propriété : elle restait
inséparable du Seigneur Jésus et du
Saint-Esprit. Toute opération de cette
puissance était l'oeuvre directe de Dieu en
eux, et avait pour effet de rendre plus
étroites leurs relations
précédentes avec leur
Maître.
De même, l'Esprit glorifiera
toujours Jésus en nous, comme l'unique
Seigneur de qui vient tout ce qui est glorieux. Une
étroite communion avec Dieu, une vie de
sanctuaire, la recherche de Sa volonté dans
Sa Parole, le sacrifice de notre temps, de nos
affaires, de nos rapports de société,
seront souvent indispensables pour ne pas perdre la
bénédiction. C'est celui qui met Sa
communion au-dessus de tout qui sait ce que c'est
que d'être gardé.
4. C'est dans le sentier de
l'obéissance que nous serons
gardés.
En promettant le Saint-Esprit, le
Seigneur Jésus réclama par trois fois
l'obéissance. « Si vous M'aimez,
vous garderez mes commandements, et je prierai le
Père, et Il vous donnera un autre
Consolateur »
(Jean 14: 15, 16 ; voir aussi
versets 21 et 23). Pierre parle du
Saint-Esprit « que Dieu a donné
à ceux qui Lui obéissent »
(Actes 5 : 32). Du Seigneur
Lui-même il est écrit qu'
« Il s'est rendu obéissant
jusqu'à la mort.... C'est pourquoi aussi
Dieu L'a souverainement
élevé » (Phil. 2 : 8,
9). L'obéissance est ce que Dieu se doit
d'exiger, comme étant le devoir et le
bonheur de la créature. Seule, elle
relève les ruines accumulées par la
chute. Aussi Jésus est venu la
rétablir : c'est Sa vie
même.
Il y a deux sortes
d'obéissance : l'une, très
défectueuse, bonne volonté
impuissante, celle des disciples avant la
Pentecôte, acceptée par le Seigneur en
considération de leurs bonnes
intentions ; l'autre, celle d'après la
Pentecôte, obéissance filiale, abandon
sans réserve à la volonté de
Dieu. À cette école, on apprend
à discerner la voix de Jésus, la voix
de l'Esprit, et la voix de la conscience, et
à se laisser docilement conduire. Le vrai
moyen d'affermir en nous la vie de Pentecôte,
c'est d'aimer Jésus, le divin Modèle
d'obéissance, l'obéissance
incarnée, qui ne faisait jamais que ce qui
était agréable à Son
Père.
L'exercice de cette
obéissance affermit puissamment notre
confiance en Dieu, de sorte que nous en venons
à pouvoir tout attendre de Lui. Pour que la
foi soit forte, il faut que la volonté soit
forte, et il n'y a rien de tel pour fortifier la
volonté que l'obéissance, l'unique
vole du progrès indéfini.
5. C'est par la communion fraternelle
que se maintient la bénédiction
reçue.
Au début, on ne pense
guère qu'à soi ; et même
après avoir reçu la plénitude
de l'Esprit, on se préoccupe d'abord de ne
pas la perdre. Mais on ne tarde pas à
apprendre sous la direction de l'Esprit qu'aucun
membre du corps ne saurait jouir d'une santé
florissante en se tenant à l'écart
des autres. On commence à comprendre qu'il y
a « un seul corps et un seul
Esprit », une seule sève
vivifiante qui circule dans tout le
corps.
De ce principe découlent des
leçons de la plus haute importance. Tout ce
que nous avons reçu appartient aux autres et
doit s'employer à leur service. De
même, tout ce qu'ont les autres nous
appartient aussi et nous est indispensable. Il faut
que les membres du corps de Christ agissent
à l'unisson pour que l'Esprit puisse faire
Son oeuvre. Il nous faut déclarer ce que le
Seigneur a fait pour nous, réclamer
l'intercession des autres, rechercher la communion
avec eux, les aider selon notre pouvoir avec ce que
nous avons reçu, en prenant à coeur
l'état misérable de l'Eglise, non pas
dans un esprit de jugement et de
récriminations, mais bien plutôt dans
un esprit d'humilité et de prière, de
bienveillance et de douceur. Nous apprendrons
à l'école de Jésus comment
« la Plus grande de ces choses, c'est
l'amour »
(1 Cor. 13 : 13), et Il se
servira de notre dévouement à Sa
cause pour faire abonder en nous l'action de
l'Esprit.
6. Mettons au service du
Royaume toute grâce reçue, et elle
nous sera conservée.
Nous l'avons dit déjà,
l'Esprit a été donné comme un
moyen d'action, une force pour servir. Le nom
même de Jésus-Christ implique une
entière consécration à
l'oeuvre de Dieu, un amour des âmes allant
jusqu'au sacrifice : Il n'a vécu
ici-bas que pour cela, Il ne vit au ciel que pour
cela. Comment pourrait-on s'imaginer avoir l'Esprit
de Christ alors qu'on n'a pas
l'amour des âmes ? Il nous faut donc
d'emblée rattacher étroitement unies
l'une à l'autre ces deux opérations
de l'Esprit : il n'agit en nous qu'en
vue de ce qu'il veut faire par nous. Nous
n'obtiendrons quelque bénédiction
réelle et durable que si nous nous mettons
nous-mêmes au service de l'Esprit pour
accomplir Son oeuvre.
Cette bénédiction
n'est pas toujours accordée avec la
même intensité, ni toujours tout
entière à la fois. Il se peut qu'on
ne l'obtienne qu'à la suite
d'expériences préparatoires, dont on
perdrait le bénéfice en voulant en
jouir égoïstement. Qu'on se livre au
contraire au Seigneur pour se laisser utiliser par
Lui comme il le jugera bon, et l'on constatera que,
loin d'épuiser ou d'appauvrir le
trésor reçu, le travail le conserve
et l'enrichit.
7. Relevons un dernier point. C'est
en demeurant Lui-même en nous que
Jésus nous maintient en possession de la
bénédiction de Pentecôte.
Il peut sembler presque incroyable
qu'étant sur la terre, nous restions en
communion ininterrompue avec le Seigneur du ciel.
Mais cela devient tout simple dès que
l'Esprit nous apprend à chercher Christ, non
plus dans les profondeurs du ciel, mais dans notre
coeur, devenu Sa demeure, Son sanctuaire ; et
cela de telle sorte qu'il devient comme l'âme
même de notre âme, qu'il façonne
à Son image, qu'il inspire et qu'il anime.
Comme le soleil, du haut du firmament, fait
pénétrer sa chaleur jusque dans mes
moelles, ainsi, du haut du ciel, le Seigneur agit
en moi de telle façon par Son Esprit que ma
nature même, ma manière de vouloir, de
penser et de sentir, en est transformée. Je
ne suis pas sous la protection d'un Gardien
extérieur ; c'est du dedans que
l'Esprit communique à ma
personnalité le caractère, la nature
divine de mon Sauveur.
Que personne donc ne se laisse
arrêter par la crainte de ne pouvoir
persévérer. C'est Jésus qui se
charge de nous conserver la grâce promise.
Qu'on ne s'achoppe pas non plus au fait qu'on n'en
saisit pas bien le secret. Comme aux jours de Sa
chair Jésus-Christ était constamment
avec Ses disciples, de même Il veut par Son
Esprit être tous les jours et tout le jour
votre vie, vivre en vous Sa vie. Nul ne peut se
rendre exactement compte de la vue dont on jouit du
sommet d'une montagne avant d'y avoir
été lui-même. Sans attendre de
tout comprendre, croyez que le Seigneur
Jésus n'a envoyé Son Esprit que pour
vous avoir et vous garder à Sa disposition.
Rejetant donc toute entrave, laissez-Le
répandre en vous à flots et dans sa
plénitude la bénédiction de
Pentecôte, pour qu'elle jaillisse en vous en
vie éternelle.
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