Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE MONDE ET L'HUMANITÉ
DE LA CRÉATION AU DÉLUGE



CHAPITRE III
L'IMAGE DE DIEU EN L'HOMME

Genèse I

 On connaît la vogue grandissante de la théorie moderne de l'animalité primitive de l'homme et de son évolution graduelle, physique, intellectuelle et morale. Quelques crânes humains préhistoriques exhumés des cavernes où ils dormaient sous d'épaisses couches de détritus étaient pourvus d'arcades sourcilières saillantes et d'une mâchoire inférieure proéminente et énorme. L'on en a conclu, un peu à la légère, que l'homme descend du singe, et l'on a bâti sur ces données insuffisantes une théorie complète de l'origine de l'être humain tout entier, qui aurait évolué au cours des âges millénaires. Cette hypothèse est loin, du reste, de faire autorité, elle est repoussée par nombre de savants de première valeur. L'idée d'un développement progressif continu, physique, intellectuel et moral, nous laisse sceptiques. Sans doute, le contenu de la connaissance s'est extraordinairement accru ; mais l'aptitude à comprendre, à saisir, à savoir, est-elle plus grande aujourd'hui qu'autrefois ? Le doute est permis. Notre génération a-t-elle dépassé, par exemple, celle des anciens Égyptiens, dont les sciences avaient évidemment acquis un développement prodigieux ? La somme des connaissances s'augmente naturellement avec les siècles, mais cela n'implique pas le moins du monde une amplitude plus considérable de l'intelligence elle-même. Au point de vue moral, sommes-nous plus développés que les premiers hommes ? Après la guerre mondiale, on a enregistré un recul général à la barbarie. Survienne une nouvelle tourmente comme celle-là, où en serons-nous alors ?

La Bible nous offre un terrain plus sûr. Nous avons vu comment les six jours de la création concordent avec les affirmations générales de la science. Examinons ce que dit le récit génésiaque de l'origine et de la nature de l'homme.

La terre était prête à recevoir celui pour lequel elle avait été aménagée. Avant de poser sur son oeuvre ce qui doit en être le couronnement, Dieu semble s'arrêter et se recueillir : « Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance. » L'oeuvre arrive à son terme ; l'être qui va paraître appartient à une économie supérieure ; il dominera sur la terre et tout ce qu'elle contient, inanimé ou vivant. Dieu ne dit plus : « Que la terre produise ! » Il ne s'agit pas ici d'un développement organique spontané, d'une évolution naturelle. L'être nouveau sera façonné des mains mêmes de Dieu.

Le Créateur se servit pourtant de la poussière de la terre, donc d'une matière existant déjà. Qu'était-elle ? Faut-il y voir de la poussière même, ou un organisme vivant qu'Il aurait modifié ? Quoi qu'il en soit, cette expression implique que, au point de vue de la substance, il y a homogénéité entre le corps de l'homme et celui de l'animal. Saint Paul dit aussi : « Il est semé corps animal... » Mais Dieu lui imprima le sceau de sa ressemblance, et souffla dans ses narines une respiration de vie, créant entre Lui-même et l'être animé sortant de ses mains un lien qui ne l'unit pas aux autres créatures vivantes.

En quoi consiste ce sceau divin ? A-t-il quelque chose de physique ?
De prime abord, on est tenté de répondre vivement : non ! Cependant, que l'on ne se hâte pas trop de conclure par la négative.

Il y a dans la stature de l'homme une caractéristique qui s'impose à l'observation. Un historien latin, vivant au premier siècle avant Jésus-Christ, écrivait : « Omnis hornines, qui sese student praestare ceteris animalibus, summa ope niti decet, ne vitam silentio transeant veluti pecora, quae natura prona atque obedientia ventri fixit" : « Il importe que tous les hommes qui s'étudient à surpasser les autres êtres vivants, fassent tous leurs efforts pour ne pas passer leur vie dans le silence comme les bêtes, que la nature créa penchées vers la terre et obéissantes à leur ventre. » Cette stature dressée est comme un reflet de la souveraineté divine, cette parole intelligente comme un écho de la voix du Créateur, cette tête droite et ces yeux capables de sonder l'immensité des cieux sont comme un lien avec le monde supérieur.

Il y a plus. Dieu est esprit, sans doute, Il est invisible, assurément. Mais Il s'est manifesté à quelques-uns de ses serviteurs. Du sein du buisson ardent, Moïse entend sortir une voix qui prononce des paroles intelligibles. L'Éternel apparaît à Abraham sous forme humaine, quand, se rendant à Sodome, Il lui dit : « Cacherai-je à Abraham ce que je m'en vais faire ? » Le patriarche est saisi d'émotion quand il comprend qu'il s'entretient avec l'Éternel lui-même. Le prophète Esaïe a une vision : « Je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple. Des séraphins se criaient l'un à l'autre : Saint, saint, saint est l'Éternel ! »

Évidemment, Dieu lui apparaît sous forme humaine. Et les chérubins eux-mêmes, quoique pourvus d'ailes, ont aussi des traits d'hommes.
Daniel (VII, 9) contemple l'Ancien des jours s'asseyant sur son trône ; son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête étaient comme la laine pure. Et voici sur les nuées des cieux arriva quelqu'un de semblable à un fils de l'homme. On lui donna la domination, la gloire et le règne ; sa domination est éternelle.
Autant d'anthropomorphismes.

Quand Jésus fut transfiguré et qu'il apparut à ses disciples dans la gloire du ciel, son visage était devenu resplendissant, mais ses traits n'avaient pas changé.
Philippe lui dit : « Montre-nous le Père. » Jésus répond : « Qui m'a vu a vu mon Père. » - Étienne voit le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu. - Dans l'île de Patmos, Jean contemple le Seigneur de gloire, mais c'est encore le Fils de l'homme. - Saint Paul écrit aux Colossiens : « C'est Lui qui est l'image du Dieu invisible. » L'Épître aux Hébreux dit : « Il est le reflet de la gloire de Dieu et l'empreinte de sa personne. » (I. 3)

Si nous rappelons le prologue du quatrième Évangile : « La Parole était avec Dieu ; et cette Parole était Dieu, la Parole a été faite chair et a habité parmi nous - nous comprendrons mieux le mot de la Genèse : « Faisons l'homme à notre image et selon notre ressemblance », et nous conviendrons qu'il y a, entre l'homme et son Créateur, une affinité profonde, qui pourrait bien se donner à connaître déjà dans sa constitution physique.

Un théologien profond a écrit : « L'expression créé à l'image de Dieu » ne s'applique pas seulement à la partie spirituelle de l'homme, mais à son être tout entier, dans ce sens que si Dieu veut se manifester, il ne peut le faire sous aucune autre forme que sous la forme humaine (ce qui s'est accompli en Jésus-Christ). Les membres donc et les organes de l'homme, sa vue, son ouïe, aussi bien que ses facultés (mémoire, intelligence, volonté), et même les traits fondamentaux de son caractère moral (amour paternel, maternel, conjugal, compassion, indignation, jalousie), ne sont que le reflet matériel et imparfait de ce qui existe spirituellement et parfaitement en Dieu. L'homme est donc comme un petit miroir de Dieu. Seulement, le péché ayant terni et brisé ce miroir, nous ne pouvons plus y trouver que des images fragmentaires, confuses et défigurées. Mais Jésus-Christ, l'homme parfait, pourra dire :
« Qui m'a vu a vu mon Père. » (Jean XIV, 9.)
Parlant de l'achèvement de notre carrière, saint Jean dit (I Jean III, 2) : « Nous serons semblables à Lui parce que nous Le verrons tel qu'Il est. »

Voilà, quant à l'image divine dans l'être physique de l'homme.
Mais il est évident que ce n'est pas l'essentiel, et que la vraie ressemblance est autre et va plus profond. Si, par son corps charnel il tient de l'animal, par son être intime il s'en dissocie profondément. Dieu est esprit ; son image est une étincelle de cet esprit, qui fait de l'homme une personnalité consciente et disposant d'elle-même, tandis que l'animal n'agit que comme représentant de l'espèce à laquelle il appartient. Cette étincelle d'En-Haut lui confère des facultés constituant autant de caractères qui le distinguent de l'animal : l'intelligence, capacité de penser et de raisonner, la parole, la conscience qui lui permet de discerner entre le bien et le mal et qui présuppose la liberté morale, enfin et surtout la faculté de progresser, de se perfectionner.
Chacun de ces traits de l'image divine est d'une ampleur immense et pourrait être détaillé à l'infini.

On a prétendu qu'il n'y a point de différence essentielle entre l'intelligence de l'homme et l'instinct de l'animal. Sans doute, l'instinct est merveilleux, lui aussi. Le Créateur a semé partout, même dans les plantes, des étincelles de sa sagesse. Mais l'instinct même le plus développé a des limites infranchissables, tandis que l'univers entier s'offre aux recherches de l'intelligence.
« Mettez un singe à Paris pendant cent ans, dit la boutade, il n'en restera pas moins un singe. » Oui, un singe, c'est-à-dire l'animal qui se rapproche le plus de l'homme, à Paris, la ville-lumière. Un siècle tout entier ne le sortira point de ses ténèbres, qu'il n'a même jamais su éclairer en allumant le moindre feu.

Tandis que l'histoire des missions est riche en traits prouvant avec quelle rapidité l'homme sauvage, même le plus dégradé, retrouve au contact des missionnaires, sans sortir de son milieu dépravé, toute sa dignité et devient en peu de temps un gentleman accompli.
C'est l'image divine en l'homme qui lui conférait sa royauté : « Faisons l'homme à notre ressemblance et qu'il domine sur toute la terre et sur tout animal. »
Mais cette royauté, il devait la conquérir ; il devait établir lui-même son empire sur le monde, en mettant en valeur toutes les énergies, physiques, intellectuelles et morales que lui conférait son origine divine. « Mon Père agit jusqu'à présent », dit Jésus ; le rôle de l'homme était d'agir aussi, d'agir toujours ; la couronne était à ce prix.

Extraordinaire destinée, en vérité. « L'homme, a dit Pascal, n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature. » Son organisme, en effet, est d'une délicatesse infinie : un rien le détraque. Une vapeur, une goutte d'eau suffit à l'étouffer. Il n'est pas le plus grand, ni le plus fort, ni le plus agile des êtres vivants ; il est sans défense naturelle contre leurs attaques ; la morsure d'un serpent, le venin d'un scorpion, la piqûre d'une mouche, il n'en faut pas plus pour le tuer.

Roseau fragile... mais roseau pensant ! L'intelligence qui l'anime, reflet du génie divin infini, lui fournira les armes dont il a besoin pour se défendre. Il attaque l'éléphant gigantesque, le rhinocéros monstrueux, le lion, le tigre, le requin ; il poursuit le serpent répugnant. Bien plus, il asservit tout le monde animal.
Le fabuliste a dit.

Le premier qui vit un chameau
S'enfuit à cet objet nouveau.
Le second approcha ;
Le troisième osa faire un licou pour le dromadaire.

L'intelligence est en l'homme comme la clarté que la luciole porte en elle et qui la dirige dans l'obscurité, lui permettant de traverser le fouillis inextricable des ronces et des taillis. Toute la nature s'offre à lui, cachant jalousement les richesses mystérieuses enfouies dans son sein. La lumière de l'intelligence le guide dans ses recherches, et la nécessité qui l'aiguillonne le rend industrieux. À mesure que l'humanité se multiplie et que ses besoins augmentent, le génie humain suffit à découvrir les moyens d'y satisfaire. Après avoir tiré parti de ce qu'il trouvait à la surface du sol, il a brisé les rochers, puis il a foui les entrailles mêmes de la terre pour leur arracher les minéraux nécessaires à son industrie. Il a sondé les abîmes, visité le fond des mers. Lui, dont le corps est lourd et incapable de voler comme l'oiseau, il s'est élancé à la conquête de l'air.
Il n'y a point de limites à son audace, point de bornes fixes à son intelligence. L'histoire humaine est celle d'un progrès continu. Quelqu'un oserait-il affirmer que ce progrès ait des limites ?
« Remplissez la terre, soumettez-la et assujettissez-vous tout animal qui se meut sur la terre. »
Mais ce n'est pas là toute la destinée de l'homme. Son être n'y est pas tout entier ; il manque encore l'essentiel, le couronnement, la royauté morale, spirituelle.
Eût-il assujetti toutes les forces de la nature, conquis toutes les richesses du globe, gravi tous les sommets, il ne serait encore en cela que le plus intelligent des animaux. Sa royauté vraie est d'un ordre plus élevé.
Sa tâche essentielle était, tout en développant son industrie, de reproduire sur la terre, et dans les limites posées au début à l'existence humaine, les perfections divines.

Il devait régner à l'instar de Dieu, c'est-à-dire dominer la matière et se l'assujettir, tout en demeurant supérieur à elle, libre de s'en servir, sans jamais en être dominé, la pliant, avec une indépendance souveraine, aux fins glorieuses qui lui étaient proposées, dans la seule dépendance du Créateur dont il tenait sa vie et ses biens. La nature devait être devant lui comme un merveilleux livre ouvert ; en le feuilletant, il devait y épeler le nom de Dieu. En s'élargissant, son intelligence devait s'illuminer toujours davantage des clartés d'En-Haut. En voyant le soin avec lequel Dieu avait pourvu d'avance à tous ses besoins, son coeur aussi devait s'ouvrir, comprendre l'amour dont il était l'objet, et y répondre en aimant à son tour. Sa conscience, écho de la voix divine, devait le guider, le préserver des pièges inévitables et le conduire toujours plus près de Celui dont elle proclame la Sainteté. En un mot, il devait s'unir de plus en plus étroitement à Celui qui est la source de la vie et réaliser toujours plus complètement cette ressemblance dont il portait le sceau.

Glorieuse carrière, chemin royal.
Quel en eût été le terme ?
La mort ?
Non point. La mort est un accident ; c'est une tragédie qui s'est déroulée en cours de route. Une déviation de la ligne droite proposée. La mort ne rentrait point dans le programme du Créateur. Elle est une anomalie, une malédiction qui a troublé le plan de Dieu.

Quelques hommes ne furent pas ses victimes. Enoc ne mourut pas ; il avait marché avec Dieu, et Dieu le prit sans qu'il passât par cette lugubre vallée. La fin de Moïse demeure mystérieuse, les rabbins juifs avaient coutume de dire : « Il s'en est allé d'un baiser de l'Éternel, car il avait marché comme voyant Celui qui est invisible, et il s'était entretenu avec Lui comme un ami parle avec son ami. »
Le prophète Elie fut enlevé au ciel dans un tourbillon de feu.

Le Fils de l'homme eût pu ne pas mourir. Sur le Thabor, tandis qu'il priait, il fut transfiguré et apparut à ses disciples dans la gloire du Ciel, parlant avec Moïse et Elle. Sa carrière terrestre était achevée ; il en avait franchi les étapes sans broncher, repoussé victorieusement les assauts du diable. Ce jour eût pu être celui de son ascension. Mais il s'entretenait avec Moïse et Elie de la mort qu'il devait subir à Jérusalem : celle-ci était une offrande volontaire, un sacrifice expiatoire pour délivrer ceux sur qui la mort avait étendu son empire.

Et l'on connaît les enseignements de saint Paul les croyants qui vivront à la Parousie, c'est-à-dire au retour de Christ, ne se coucheront pas dans le tombeau : ils seront transmués en un clin d'oeil, au son de la dernière trompette, et enlevés dans les airs à la rencontre du Seigneur pour être à jamais avec Lui. Tel était le plan de Dieu, révélé par Jésus dans la parabole du jugement dernier (Matth. XXV) : « Venez, vous les bénis de mon Père, et possédez en héritage le royaume qui a été préparé pour vous dès la création du monde. »

Le terme de cette destinée est décrit Apoc. VII :
« Ils sont devant le trône de Dieu et ils Le servent jour et nuit dans son temple ; et Celui qui est assis sur le trône les abritera sous sa tente. L'Agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie ; et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. »

Lamartine avait fort bien dit :

Borné dans sa nature, infini dans ses voeux,
L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux.


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